Symbiose ombilicale | avril 125 | Azores

De toutes les personnes qu’Azores aurait pu choisir comme amie, elle avait choisi Siobhan. Une froide dame trop pleine d’orgueil et qui ne se souciait pas d’autrui. Ou du moins, l’autrui dont elle se souciait était morte. Néanmoins, l’artiste se tenait là, assise à la même table, à partager un repas correct, échanger des histoires et parler d’autres choses. Discuter de tout, sauf de ce qui importait. Siobhan était une épreuve, une personnalité bien complexe qui attisait la curiosité de la Maitresse d’Art qui, heureusement, ne prenait pas personnel tout ce que son amie disait.

« Tu la payes. »

Pas d’hésitation, pas de questionnement de soi. Azores n’avait pas joué la carte de la fausse modestie et Siobhan paierait leur repas. L’artiste poussa sa chaise et se leva, glissa ses bras dans ses manches, enfilant lentement sa veste. Ses mains vinrent serrer le dossier et elle se pencha encore une autre fois vers Siobhan. Ses lèvres plissées et ses yeux petits jaugeaient à nouveau la blonde. Son visage, ses traits qui, étonnamment, elle connaissait par cœur. Par cœur car à chaque jour elle l’avait en face d’elle, au Conseil.

« C’est incroyable ce que la nature peut produire. Deux corps identiques pour deux âmes bien distinctes. » Sourire. « À l’époque, tu aurais pu échanger de place avec ta sœur que je ne saurais faire la différence. »

Elle se remit droite un peu brusquement, et prit son sac à main pour le mettre à son épaule. Azores succiona sa bouche et échappa :

« Mais je ne suis qu’un poisson clown, moi ! »

Avant de partir, agitant les doigts en signe d’au revoir.

« D’accord. » Répondait-elle simplement.
La scientifique sortait de son sac à main, des billets et elle disposait le tout dans la soucoupe à payement, laissant un pourboire, il n’était pas extravagant ou bien même digne d’une personne avare, mais tout simplement correcte.
Cinq pourcent du prix, c’était amplement suffisant.
Dès lors qu’elle avait fini cette action, elle rangeait son portefeuille dans son sac à main et elle mettait son manteau ainsi que son chapeau sur la tête. Tandis qu’elle glissait la hanse de son sac à main sur son épaule, elle fut surprise par les palabres du maître d’art.
Ses lèvres se plissaient.
« C’est ce qui s’appelle des jumelles poisson clown. La nature est ainsi faite. » Répondait-elle promptement en fermant les boutons de son manteau.
Les doigts agrippant le laiton de ses derniers, elle s’empressait de les refermer à un à, jusqu’à arrivé à son col, qu’elle resserrait contre sa poitrine. Siobhán la regardait ainsi partir affichant une mine sérieuse.
« Au revoir à une prochaine. » Soufflait-elle, en partant à son tour, dans le sens inverse pour retourner au travail.