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Du temps à soi |Novembre 125 (Isobel)
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« PELAGIA »
MESSAGES : 290 POINTS : 3161 PRÉSENTATION : HiéroglypheFICHE DE LIENS : Livre des MortsAUTRES COMPTES : Aucun DATE D'INSCRIPTION : 20/10/2015
| Sujet: Du temps à soi |Novembre 125 (Isobel) 19.01.16 17:59 par Eirlys S. Hilbilge | Citer Editer Supprimer |
| Les niveaux sont des courants qui passent les uns au dessus des autres, et parfois se croisent, se mêlent, seulement à des moments particuliers, à des endroits particuliers. Le Centre Commercial fait partie de ces endroits. C’est un lieu de rencontres à la fois d’esprits, d’objets et de gens. C’est un endroit presque égalitaire quelque part car chacun peut avoir accès à tout, s’il a de quoi payer évidemment. Mais cette fois, il n’était pas question de flâner – comme si elle avait eu le temps de flâner depuis son adolescence, mais passons – mais bien de rester dans son niveau de luxe et de beauté pour aller retrouver, à la fois une amie, et peut-être un peu de d’elle-même. Elle accéléra le pas, une besace de toile gonflée de surprises frappant ses hanches. Isobel était une sorte de réflexion d’elle-même. Un peu plus âgée mais pas plus heureuse, son mariage s’étiolant comme une algue privée de sable. Eirlys l’écoutait parler des hommes, du monde, du reste. Elle y ressentait comme l’écho de sa propre mélancolie. Son fiancé disait bien qu’il l’aimait mais elle avait du mal à y croire. Depuis la mort de son frère, elle avait du mal à croire qui que ce soit de quoi que ce soit. Le monde avait trop pris pour être totalement honnête. Elle secoua la tête, essayant de chasser le fantôme de Seisyll de ses pensées et de se concentrer sur le présent. Le SPA du Centre était un des plus beau. Son sol nacré reflétait les lumières de Pélagia jusqu’à ses murs aux coquillages d’or. Habituée et connue, la jeune femme entra dans le salon qu’elles avaient privatisées pour elles deux. Au menu, massages, papotage, coiffage, thé et douceurs. Un temps de femmes, rien qu’elles deux. Une bulle dans la tempête du monde extérieur. Elle était la première. Lissant sa jupe, elle s’assit en tailleurs à même le sol, attrapant son sac, sortant des sachets de plumes moirées et des perles dorées et noires importées directement de la surface. Son seul vrai luxe. Elle avait aussi des coquillages mais le thème marin était partout. Et puis sur la chevelure lisse de la jeune maman, ils ne tiendraient pas. Tranquille pour la première fois depuis plusieurs jours, elle fredonnait en déballant ses affaires lorsque la porte s’ouvrit. La chanson mourut instantanément sur ses lèvres. Elle tourna la tête, régale, retrouvant sa posture de petite poupée du niveau 1. L’ombre à travers la porte était familière. Elle sourit. « Bonjour ! Comment vas-tu ? » |
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« PELAGIA »
MESSAGES : 32 POINTS : 3125 PRÉSENTATION : [url=] www.[/url]FICHE DE LIENS : [url=] www.[/url]DATE D'INSCRIPTION : 17/01/2016
| Sujet: Re: Du temps à soi |Novembre 125 (Isobel) 20.01.16 15:49 par Isobel Darwin* | Citer Editer Supprimer |
| Elle avait attendu cette sortie avec impatience. Elle ne passait pas souvent de temps avec une femme, et encore moins avec une femme qu'elle appréciait. Elle avait préparé des gourmandises, cuisinées avec soin, du salé comme du sucré. Elle, elle préférait le sel, en tout cas. Un petit sourire flottait sur ses lèvres. Elle avait hâte de revoir Eirlys.
Isobel ne sortait pas encore très souvent. Elle n'osait pas vraiment, elle qui étouffait de claustrophobie. Paradoxalement, à la maison elle parvenait parfois à imaginer qu'elle n'était pas coincée au fond de l'océan. Ses cauchemars la faisaient souffrir. Elle en sortait avec des sensations impossibles qui disparaissaient en quelques secondes mais dévastaient sur leur passage.
Elle n'hésita pas avant d'entrer dans la salle. Elles n'avaient pas hésité sur la dépense pour cette sortie exceptionnelle, mais n'avaient pas non plus exagéré. Elle regarda autour d'elle. Il faisait chaud, et tout semblait confortable. Vêtue d'une robe noire à décolleté rond, Isobel était jolie, mais manifestement mal à l'aise par rapport à son propre corps. Elles en avaient parlé, toutes les deux. Isobel s'était confiée à propos de Saül, parlant de son envie d'être aimée, physiquement et mentalement, par quelqu'un à qui elle pourrait faire confiance... Et du fait qu'à ses yeux, ni son corps, ni son esprit n'étaient attirants.
« Bonjour ! Comment vas-tu ? »
Elle sourit à son tour, un regard plein de tendresse posé sur son amie, et l'enlaça avant de répondre. C'était devenu une sorte de rituel, de satisfaire un besoin de câlins avant toute chose. Elle nicha sa tête contre l'épaule de son amie, laissant échapper un léger soupir de soulagement. Cela lui faisait du bien. Elle la relâcha doucement et s'assit près de là où elle l'avait vue être avant qu'elle se lève.
« Je crois que ça va. Mais cette journée avec toi, ça va me faire un bien fou. Toi, comment te portes-tu ? »
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« PELAGIA »
MESSAGES : 290 POINTS : 3161 PRÉSENTATION : HiéroglypheFICHE DE LIENS : Livre des MortsAUTRES COMPTES : Aucun DATE D'INSCRIPTION : 20/10/2015
| Sujet: Re: Du temps à soi |Novembre 125 (Isobel) 27.01.16 11:43 par Eirlys S. Hilbilge | Citer Editer Supprimer |
| Souriant à son amie, Eirlys accueilli son étreinte avec une très légère raideur qu’elle fit disparaître aussitôt. Si, chez les Hilbilges, les marques d’affections étaient rares et toujours en privé, elle comprenait le besoin qu’avait Isobel d’un contact humain, tactile. La pauvre complexait énormément sur la marque qu’elle avait gardé de l’explosion du temple et l’éloignement de son mari ne devait pas beaucoup aider pour sa confiance en elle. Doucement, parce que ça ne lui était pas naturel, la jeune femme tapota le dos de sa compagne d’un jour, admirant ses cheveux clairs qui se mariaient si bien avec le reste de sa personne. Si seulement quelqu’un qui avait assez d’importance pouvait lui dire à quel point elle était belle, elle n’aurait plus besoin de sauter comme ça au cou de ses amies. Mais la cadette savait à quel point il était parfois difficile de passer certains complexe. Et puis l’étreinte se relâcha et les deux femmes, la blonde et la brune, s’assirent élégamment, reprenant une conversation convenable. Reprenant. Car les non-dits qui étaient passées entre elles restaient en suspens, bien à l’abri derrière des mots banals et sans intérêt. La plus jeune des deux eut un sourire. « Sur mes jambes. » C’était le genre de phrase qu’elle avait passé son adolescence à penser, parfois à sortir avec son frère quand ils se moquaient gentiment des us et des coutumes de leur milieu. Sauf que Seisyll le pensait souvent et qu’Eirlys, de son côté, comprenait l’importance de ce genre d’échange apparemment sans profondeur. « Je vais bien, merci. J’ai prévu des tas d’accessoires pour une nouvelle coiffure. Je pensais à un chignon sur le côté, pour dévier le regard et mettre l’ovale de ton visage en valeur. Tu penses qu’on peut tenter ? Tu vas voir, on va être tellement belles en sortant que personne ne pourra passer à côté de nous sans s’arrêter net d’émerveillement. » C’était un brin exagéré peut-être et son sourire était d’ailleurs teinté d’auto-dérision mais elle le pensait quelque part. Elles n’étaient pas Clio, elles n’avaient son charisme, son charme mais elles avaient leurs atouts et elles savaient les mettre en valeur. Et puis Isobel avait besoin d’exagération. Elle avait besoin qu’on recolle ses morceaux. Qu’on la reconstruise. Un peu comme elle si ce n’était que sa blessure à elle était plus profonde. Moins visible. Secrète. |
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