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still in their childhood ▬ Gil / Mars 125
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« Invité »
| Sujet: still in their childhood ▬ Gil / Mars 125 27.10.15 22:46 par Invité | Citer Editer Supprimer |
| Alba salue le dernier enfant de sa classe, accompagné de sa mère, et referme la porte derrière elle avant de regarder le désordre étalé sur les petites tables assemblées en carré pour accueillir six enfants par table. Elle observe les feuilles de dessins étalées partout sur les tables, au milieu des crayons de couleurs, des petits pots de gouache et des pastels. Il a également les chutes de papiers et les ciseaux miniatures, les pots de colle utilisés pour faire des collages. Alba passe une main sur son front en soupirant. A l’attaque. Elle s’avance vers le gramophone et dépose un disque sur la platine. Ranger ce foutoir sera beaucoup plus distrayant en écoutant de la musique.
Elle commence par rassembler les dessins qui n’ont pas été peints pour les suspendre sur une ficelle traversant la classe d’un côté à l’autre. Les dessins peints et n’étant pas encore secs, elle les dépose sur les appuis de fenêtre et les suspendra plus tard, avant de quitter la classe sans doute. Elle imagine la tête des dix-huit enfants entre trois et quatre ans quand ils arriveront le lendemain matin, au compte-goutte, et qu’ils découvriront leurs œuvres affichées. Elle se doute qu’ils voudront les partager avec leurs mères – ou avec leurs nourrices, parfois. Alba porte ses mains à son chignon et s’acharne à détacher chaque épingle de ses cheveux pour libérer une avalanche de longues mèches blondes. Elle passe une mèche dans ses cheveux avant de se remettre au boulot. Les papiers découpés ne se jetteront pas seuls – pour son plus grand malheur.
Les crayons de couleur et les pastels rangés dans les boîtes, les pots de colle et les pots de gouache en rang d’oignons sur les étagères colorées, Alba fait bouger sa tête sur le rythme de la musique sans vraiment faire attention à son environnement. Bien trop prise dans son travail ou dans sa danse improvisée, elle évolue rapidement dans son travail. Les papiers sont rangés, le matériel de bricolage est rangé. Elle n’a plus qu’à passer un coup de chiffon sur les tables pour laver les tâches de peinture et autres saletés dont nous tairons l’existence. Ensuite, il faudrait ranger les jeux que les enfants peuvent utiliser comme les poupées, les faux aliments dans le petit magasin, les boîtes de craie et les voitures en bois. Aligner les livres et cacher celui qu’elle a lu aujourd’hui pour ne pas qu’ils lui réclament la même histoire. Ils en choisiront une plus belle.
Elle se retourne pour aller chercher le seau nécessaire au nettoyage des bancs. Ses yeux rencontrent un corps d’homme appuyé contre le mur près de la porte. Alba a un mouvement de recul et se cogne contre le meuble de fournitures.
« Gil ! Tu m’as fait peur, idiot ! »
Un pot rempli de crayons profite du choc pour chuter et se renverser sur le sol. Alba se baisse en pestant pour ramasser les dégâts, vérifiant que les mines n’ont rien et séparant les crayons à la mine cassée pour les tailler plus tard. Elle se redresse en serrant le pot contre sa poitrine.
« Qu’est-ce que tu fais là ? Tu m’avais dit que tu travaillais, pourtant… »
Dernière édition par Alba Fawkes le 09.11.15 18:24, édité 2 fois |
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« PELAGIA »
| Sujet: Re: still in their childhood ▬ Gil / Mars 125 30.10.15 22:44 par Gil Dylman | Citer Editer Supprimer |
| Il laisse la bibliothèque derrière lui, grâce de son père qui l’a laissé partir plus tôt. Il ne sait pas pourquoi son père a consenti à lui laisser quitter le travail plus tôt que d’habitude, la question restait entière et il n’avait pas envie de la creuser. Il se contente d’enfoncer ses mains dans la poche de sa veste sans se demander pourquoi, aujourd’hui, son cher père était plus conciliant. Bien vite, la question ne l’intéresse plus. Gil pense juste à ne pas faire comme il fait d’habitude, les mains dans les poches de son éternelle veste, parfaite pour l’air ambiant, toujours doux, de Pelagia. L’un des avantages de vivre sous l’eau : pas de saisons, pas de variations de la température. Il faut juste qu’il fasse attention, qu’il ne se perde pas comme il a l’habitude de le faire. A chaque fois qu’il sort du travail, il aime se perdre avant de rentrer chez lui parce que sa conscience lui rappelle que Lâcheur a beau être un chat, c’est un chat de salon, et il ne sait pas encore ouvrir les boîtes tout seul.
Gil soupire un peu. Quitter le travail plus tôt est assez inhabituel pour lui. Jamais son père ne lui avait fait cette faveur, alors qu’il travaille pour lui depuis bientôt quinze ans. Tant pis, il arrête d’y penser. Sa destination est de toute façon toute trouvée, il sait où il va aller ce soir. Il fait juste attention de ne pas se perdre, il regarde le « paysage » autour de lui, les bâtiments et les noms de rues qui lui disent qu’il est sur le bon chemin. Il bifurque une dernière fois, et atteint la destination voulue. L’école où Alba enseigne. Il pousse la porte de l’entrée, salue d’un signe de la tête la fille qui s’occupe du secrétariat. Gil sait toujours où il doit aller, il sait se repérer, il connaît le numéro de la salle, au final il n’a pas grand’chose à faire. Il fait une surprise à Alba.
Quand il arrive près de la salle, il s’appuie au chambranle de la porte ouverte et il attend, sans rien dire. Quelques secondes passent, peut-être une minute, et finalement Alba se retourne. Elle sursaute légèrement, lui sourit. Il hausse légèrement les épaules et entre finalement dans la salle de classe.
« Désolé. Je ne voulais pas te déranger en plein rangement. »
Il y a des couleurs partout dans la salle. Des dessins sur les murs, des dessins en train de sécher, des crayons de couleurs dans des pots. Tout respire la joie de vivre dans cet endroit, ça change de la sobriété silencieuse de la bibliothèque dans laquelle il passe le plus clair de son temps. Il avance jusqu’à être à la hauteur d’Alba, incline de la tête de côté et soupire légèrement.
« Mon père m’a laissé partir plus tôt. Je ne sais absolument pas pourquoi, il est venu me voir alors que je rangeais des livres et il m’a dit que je pouvais rentrer. J’ai même eu droit à « fais ce que tu as à faire, Gil », je ne sais pas vraiment comment je dois le prendre… »
Il hausse de nouveau les épaules, sort les mains des poches de sa veste et les joint dans son dos en regardant un peu la salle autour de lui. Ça fait bizarre de se retrouver dans ce décor, encore plus de se dire qu’ils l’ont côtoyé il y a des années, assez longues, d’ailleurs. Il n’a pas vraiment de souvenirs de cet endroit. Si ça se trouve, depuis le temps, ça a changé.
« Qui sait, il a toujours été perspicace, il doit bien se douter de quelque chose… Mais bon. Toi, ta journée, c’était comment ? » |
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« Invité »
| Sujet: Re: still in their childhood ▬ Gil / Mars 125 02.11.15 11:55 par Invité | Citer Editer Supprimer |
| Elle agit comme si ça ne lui faisait pas plaisir, comme si elle n’aimait pas les surprises mais au fond d’elle, elle sautillait comme une gamine devant son cadeau d’anniversaire. Elle essayait seulement d’avoir de la tenue, de rester bien mise en toutes circonstances et si Alba agissait de la sorte, c’était pour ne pas passer pour une enfant. Elle secoue la tête en rangeant le pot de crayons qu’elle tient encore en main.
« Tu ne me déranges pas. Si tu étais apparu au moment où les enfants étaient encore là, tu m’aurais sans doute dérangé mais là, maintenant… Il n’y a plus que toi et moi, pourquoi me dérangerais-tu ? Je n’en ai plus pour longtemps, le temps de ranger les jouets et la bibliothèque, de nettoyer deux-trois trucs et je serai entièrement à toi. »
Elle se hisse sur la pointe des pieds, s’appuie sur les épaules de Gil et dépose un baiser sur sa joue avant de retourner ranger, écoutant Gil par la même occasion. Elle reprend ses occupations là où elle les avait laissées, c’est-à-dire au nettoyage des bancs. Récupérer les tâches de peinture, de crayons, la morve aussi. Elle prend le seau, dans le petit évier planqué dans un coin de la classe et revient nettoyer les tables. Avec un peu de chances, ils auront été propres pour une fois… Même si elle a peu d’espoir que ce soit le cas. Elle écoute Gil raconter son échange avec son père en arquant un sourcil. Toujours occupée à frotter une trace de peinture rougeâtre sur le bois, Alba relève la tête.
« Il le saura bien un jour ou l’autre, non ? Tout le monde le saura, autant commencer tout de suite par nos familles. Si nous le gardons trop longtemps pour nous, ils finiront par nous charrier davantage par la suite. Puis, c’est une bonne chose, non ? Qu’il se doute de quelque chose, s’entend. Il te laissera peut-être passer plus de temps avec moi. »
Alba décide que cette table est désormais suffisamment propre et passe à la seconde. Il y a moins de tâches de couleur mais plus de surfaces brillantes. Sans doute la table où Aeron s’est assis. Il avait un sale rhume pour le moment et Alba espérait que ça ne dégénérerait pas par la suite. Elle repousse une longue mèche blonde derrière son oreille droite en se remettant au boulot en souriant.
« J’ai passé ma journée à moucher des enfants. Je pense bien que la période des rhumes est revenue, pour mon plus grand bonheur. Sinon, j’ai de la bave sur ma jupe et de la peinture sous les ongles. Et sans doute d’autres tâches sur mon chemisier mais je préfère ne pas y penser. En soi, travailler avec des enfants, c’est fatigant mais j’adore ça. Ils ont une vision du monde tellement… Tellement naïve que c’en est presque rafraîchissant. Viens voir. »
Elle s’approche des dessins qu’elle a affichés sur la ficelle, à l’autre de pinces à linge. Elle pose les mains sur ses hanches en regardant en l’air avant de pointer un dessin du doigt.
« Je leur ai demandé de représenter ce qui les rendait heureux et celui-là – Robin, si je me souviens du dessin – a décidé qu’il était heureux quand il était avec sa famille. Là, c’est sa mère – elle est brune normalement mais il me dit que quand elle le met au lit, ses cheveux deviennent roux et c’est vraiment beau – et il y a son père. Et aussi son chat… Rufus, je crois. »
Elle tend la main vers un second dessin.
« Ici, c’est le dessin d’Euphrasie. Elle dit que ce qu’elle aime, ce sont les poissons. Elle m’a dit qu’elle avait un grand aquarium dans son salon et que, chaque année à l’occasion de son anniversaire, ses parents lui offrent un nouveau poisson. Mignon, pas vrai ? »
Elle repose sa main sur sa hanche en souriant devant toutes les petites créations. Dans quelques années, quand ils reverront leur dessin, certains se diront qu’ils se sont bien mieux améliorés en art qu’à l’époque où ils avaient trois ans.
« Je risque de te faire peur, mais je dis juste ça comme ça. Alors, pas pitié, ne prends pas la fuite. Tu veux un enfant, Gil ? »
Dernière édition par Alba Fawkes le 03.11.15 11:59, édité 1 fois |
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« PELAGIA »
| Sujet: Re: still in their childhood ▬ Gil / Mars 125 02.11.15 22:49 par Gil Dylman | Citer Editer Supprimer |
| Il laisse ses doigts effleurer les cheveux d’Alba au moment où elle s’éloigne, il les passe doucement entre les mèches blondes de la jeune femme et la laisse retourner ranger, continuant d’observer la salle de classe. L’endroit paraît nouveau, et sans doute nettement plus petit que lorsqu’il était enfant. Il hésite à bouger, à se balader entre les tables, mais finalement il décide de rester où il est. Bien sûr, que les gens finiront par savoir. C’est bien là, le problème, d’ailleurs, selon Gil. Impossible de vivre tranquille, dans le niveau 1, il faut toujours que les gens soient au courant de tout, sachent toute la vie de telle ou telle personne, juste pour la savoir. Le pire étant avec les jeunes couples et les jeunes mariés pour qui les questions ont l’air de n’avoir jamais de fin. Il appréhende ce moment où la terre entière le questionnera sur ses projets d’avenir en tant que futur père de famille. Très peu pour lui, il déteste le gratin, moins vite il saura, mieux ce sera. Il hausse vaguement les épaules.
« Si on pouvait se contenter de nos familles pour un petit moment, ce serait bien. Je t’avoue que je n’ai pas du tout envie que le niveau entier soit au courant tout de suite et se mette à papoter directement dans notre dos avant de venir nous harceler de questions en tous genres. »
Le gratin et ses mauvaises habitudes gluantes et minables ne l’enchantent guère, encore moins depuis qu’il fréquente Alba. C’est en partie pour ça qu’il vient la voir quand tout le monde est parti, quand les parents sont déjà tous venus chercher leur enfant. Ça évite les regards de personnes qu’il connaît, qui poseraient mille et une questions gênantes qui n’auraient de toute façon aucun rapport avec sa visite, qui seraient déplacées partout ailleurs, mais pas dans le niveau 1. Dans le niveau 1, la vie est routinière et facilitée par l’argent, le statut social, les gens s’ennuient vite. Pour s’occuper, ils charrient les autres, assassinent mentalement les personnes qu’ils n’aiment pas et s’enquièrent de toutes les nouveautés et autres potins pour éclairer un peu leurs soirées. Alba lui raconte sa journée, qui a l’air d’être la journée type d’une institutrice de maternelle. Et quand elle lui fait signe de s’approcher, il s’approche.
Ce sont des dessins. Des dessins d’enfants. Il les regarde, dans l’ordre qu’Alba lui donne. Des dessins d’enfants. Il ne sait pas vraiment quoi en penser. Le sujet lui donne l’impression d’être hermétique, mais c’est sans doute sa vision d’adulte qui passe ses journées enfermé dans une bibliothèque, entouré de bouquins, et qui n’a plus jamais feuilleté un livre « pour enfants » depuis un certain nombre d’années. Il hoche machinalement la tête. C’est vrai qu’au fond, c’est mignon, même si pour l’instant il a du mal à voir quel intérêt il y a à dessiner ce qui rend heureux. Un sourire lui échappe quand il pense certainement pas mon père.
Il regarde Alba et écoute sa question. Sur le moment, il ne sait pas quoi répondre. Il sourit nerveusement, se mordille la lèvre et se passe une main sur la nuque avant de triturer le tissu de son col, nerveux. La question piège. Un soupir lui échappe.
« Honnêtement ? Je ne sais pas. Pour l’instant j’ai un peu de mal à me projeter… aussi loin ? je ne sais pas vraiment, dans l’avenir. J’ai d’autres préoccupations en tête, comme mon père, le reste des gens qui apprendront un jour ou l’autre pour nous. »
Ça a l’air de rien comme ça, ça a l’air bien con comme manière de penser.
« Pour l’instant je ne me sens pas spécialement prêt à avoir un enfant. Mais… Hm, comment dire ça. Je ne pense pas non plus être catégorique si je dois dire « non » et je pense que si ça doit arriver, je réaliserais le moment venu. Je serais heureux de fonder une famille, surtout avec toi. » |
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« Invité »
| Sujet: Re: still in their childhood ▬ Gil / Mars 125 03.11.15 12:00 par Invité | Citer Editer Supprimer |
| Alba voulait des enfants depuis qu’elle avait l’âge de sept ans. A sept ans, c’était comme inné chez elle : elle serait maman. Elle avait découvert ce que ça faisait de tenir un bébé le jour où une collègue de sa mère avait accouché de son petit garçon. Alba avait sept ans, on lui avait promis qu’elle tiendrait le rejeton si elle se tenait tranquille dans le fauteuil de la chambre d’hôpital peinte dans une couleur abricot. A quatorze ans, elle avait choisi de devenir institutrice, malgré les allusions que ses parents faisaient vis-à-vis du domaine de l’art. C’est vrai qu’elle aurait pu être peintre ou dessinatrice. Elle aurait pu restaurer de vieilles choses aussi ou en bricoler de nouvelles. Alba avait toujours été manuellement douée. Et maintenant, elle était là, à demander aux enfants de peindre ce qu’ils aimaient. Et elle en était fière.
Alba effectue un pas sur le côté pour se rapprocher de Gil et passe un bras derrière son dos, en dessinant des motifs indistincts du bout de ses ongles. Elle pouvait comprendre les hésitations de Gil. Elle ne le pouvait que trop bien car elles étaient humaines et pleines de bon sens. Puis, il ne lui avait pas dit non sans lui avoir dit oui. Il avait exprimé un « Peut-être », no man’s land de la réponse et la jeune femme pouvait parfaitement s’en accommoder. Elle pouvait vivre avec ce peut-être, tout comme elle pouvait attendre. Alba avait toujours été très patiente, vertu nécessaire à sa profession. Puis, ce n’est pas comme si elle lui demandait de lui faire un enfant tout de suite.
« C’est bon, Gil. Il n’y a pas de quoi être nerveux, c’était seulement une question. Maintenant, je sais ce que tu en penses et moi, ça me va, je t’assure. Puis, ça me fait plaisir que tu me répondes aussi franchement, merci. »
La main d’Alba se déplace et se pose, accompagnée de la seconde main, sur la nuque de Gil au moment où elle bouge pour se mettre face à lui. Elle est obligée de lever la tête pour le regarder dans les yeux. Pourquoi fallait-elle qu’elle soit aussi petite, déjà ? Elle exerce une légère pression sur la nuque de Gil pour le forcer à s’abaisser et quand ses lèvres sont suffisamment proches des siennes, elle l’embrasse. Elle laisse ses doigts parcourir distraitement la peau de Gil avant de s’arracher à l’étreinte en souriant.
« Allez, remonte tes manches, homme ! Plus vite tu m’aideras, plus vite j’en aurai fini ici. Et plus vite j’en aurai fini ici, plus vite je pourrai passer du temps avec toi. Autant mettre à profit la plage horaire que ton père a dégagée pour toi. »
Elle repousse une mèche blonde de la main en se penchant sur la dernière table. Ensuite, elle rangera les livres et autres jouets. Elle mettra les chaises sur les bancs et passera un coup de balai. Après, elle remettra les coussins sur lesquels les enfants s’asseyent dans le grand coffre de bois. Elle aura probablement fini après ça.
« Pour en revenir aux autres, je suis d’accord. Commençons par nos parents. Dans le pire des cas, nos mères se chargeront de faire le commérage – je compte sur ma mère pour ça. Ça la désespérait tellement de me voir seule et elle s’en est si souvent plainte auprès de ses amies que ça ne m’étonnerait pas qu’elle répande la bonne nouvelle telle la prophète de l’Amour qu’elle est. Je peux la garder sous silence pendant un moment mais jusque quand… »
Elle dépose le seau d’eau sous l’évier et tord le torchon dans l’évier avant de l’étendre sur le côté. Elle avance rapidement vers le petit magasin en bois pour ranger les fruits et les légumes en bois étalés un peu partout. Les fruits dans un panier, les légumes dans un autre. Elle range les fausses pièces de monnaie, les autres aliments en bois.
« Pour nos parents. Comment l’annonçons-nous ? »
Dernière édition par Alba Fawkes le 05.11.15 10:54, édité 1 fois |
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« PELAGIA »
| Sujet: Re: still in their childhood ▬ Gil / Mars 125 03.11.15 18:46 par Gil Dylman | Citer Editer Supprimer |
| Alba pose ses mains sur sa nuque et le force à se pencher pour l’embrasser. Il ferme les yeux le temps de, pose ses mains sur la taille de la jeune femme et profite de l’instant. Un instant où ils sont rien que tous les deux, personne autour pour les observer, personne autour pour commenter. Les murs sont aveugles, et c’est très bien comme ça. Il la laisse rompre le baiser et s’écarter, la gratifiant simplement d’un sourire et retirant ses mains de ses hanches. Un petit rire lui échappe, et il hausse légèrement les épaules avant de retirer sa veste et de la poser à côté de l’évier, prenant Alba au mot et défaisant les boutons de ses manchettes pour remonter les manches jusqu’à ses coudes, à force de revers.
« Bien, mademoiselle, si vous pensez que je peux me rendre utile. »
Il attrape une petite pile de livres et va les ranger, flanquant une bise sur la joue d’Alba en passant. Ranger les livres, il a l’habitude, l’organisation d’une bibliothèque aussi. Machinalement, il regarde les titres des ouvrages avant de les remettre sur les étagères correspondantes. Aucun titre ne lui parle, aucun ne lui revient en mémoire, comme s’il ne les avait jamais connus. D’un côté, c’est sans doute le cas, de nouveaux livres pour enfants sont imprimés chaque année. Ceux-ci n’ont pas l’air d’avoir vécu tant que ça, ils doivent dater des cinq dernières années. Probablement publiés lorsqu’il côtoyait les bancs de l’université en travaillant pour son père la bibliothèque. Son cher père qui l’a laissé partir plus tôt. La question du pourquoi lui revient en tête alors qu’il va chercher les derniers livres à ranger. Pourquoi ? Gil reste sur sa première impression : Stieg Dylman doit se douter de quelque chose. Il ne sait pas vraiment si c’est une bonne chose, et demander à son père ne lui traverse même pas l’esprit. Moins il lui parle, mieux il se porte. Un vague soupir lui échappe.
Il va quand même falloir lui annoncer un jour ou l’autre, et le plus tôt sera le mieux.
« Ma mère sera assez discrète, surtout si on lui demande de ne pas ébruiter la nouvelle. Je sais qu’elle attend “ça” depuis des années mais elle comprend qu’on ait envie d’être un peu tranquilles avant de devoir subir les questions de tous les autres. Mon père, le connaissant, il ne dira absolument rien, c’est un vrai mur de glace doublé d’une tombe quand il s’y met. Je me demande même s’il va réagir quand on lui dira… »
Le dernier livre rejoint son étagère, et il attrape le balai dans un coin de la salle. Au final, c’est vrai. Gil ne sait pas comment son père réagira à l’annonce, s’il réagit. La palette des expressions de Dylman père que Dylman fils connaît est au final assez faible, se cantonnant aux expressions hostiles, de colère, d’agacement et d’aversion à peine masquée, de déception profonde même parfois. Comme si le bonheur ne lui allait pas. Pourtant, il l’avait déjà vu serein, lors des soirées mondaines où il se retrouve seul à danser avec son épouse. Mais il ne se souvenait pas de l’avoir vu sourire juste pour sourire, comme les gens ont l’air d’avoir l’habitude de faire.
Et comment l’annoncer. Là est toute la question. Gil se mordille la lèvre, en posant ses mains sur le bout du manche du balai, pianotant machinalement dans le vide.
« C’est une très bonne question… De toute façon, hors de question de l’annoncer en public, donc on sait au moins qu’on le fera chez ta mère et chez mes parents. »
Hors de question, aussi, d’amener Dylman père à visiter la tanière que son fils s’était créée au fur et à mesure pour s’éloigner de la pression et des exigences paternelles à son égard. Hors de question de l’entendre critiquer tout ce qu’il verrait dans cet appartement. A moins de dresser le chat à attaquer tout ce qui ressemble à Stieg Dylman, mais ce serait sans fin.
« Le plus simple, c’est qu’on y aille tous les deux à chaque fois. Après, pour comment l’annoncer, je t’avoue que je n’ai aucune idée. Et je me demande si c’est vraiment une bonne idée de planifier ce qu’on leur dira, ça risquerait peut-être de faire trop… carré ? Va savoir. Connaissant mon père, si on prévoit à l’avance il risque de se dire qu’on est en train de se payer sa tête et ça va moyennement lui plaire. »
Juste moyennement, rien que moyennement. |
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« Invité »
| Sujet: Re: still in their childhood ▬ Gil / Mars 125 05.11.15 11:01 par Invité | Citer Editer Supprimer |
| Alba n’osait tout simplement pas imaginer la réaction de sa mère. Sa mère avait toujours été excessive et pleine vie, pétillante. Elle voyait une vie en couleurs chatoyantes, une vie de grand luxe comme les intérieurs qu’elle était amenée à décorer, selon les lubies des employeurs. Alba avait toujours connu sa mère comme une femme qui voyait les choses en grand et rien que cette mégalomanie lui faisait peur. Éléanore n’avait aucune limite. Gil s’est chargé des livres, certainement avec plus de minutie qu’elle. Alba ne rangeait jamais les livres par ordre alphabétique. Elle les plaçait dans le bon sens, elle les alignait correctement. Parfois, elle les classait par ordre de grandeur mais c’était tout. Alba rejoint Gil devant la bibliothèque un cours instant, elle regarde l’étagère en souriant, les bras croisés dans son dos.
« Je remarque la déformation professionnelle. Tu n’es pas obligé de les ranger par ordre alphabétique, tu sais. En général, ce sont les enfants qui rangent les livres mais nous avons été pris par le temps aujourd’hui. Le bricolage, tout ça… Le temps qu’ils réfléchissent à ce qu’ils voulaient faire, le temps qu’ils le fassent. Certains ont eu fini plus vite que d’autres, je leur ai demandé de tailler les crayons – ils adorent jouer avec le gros taille-crayon. »
Alba attrape le livre qu’elle avait prévu de cacher et le dépose, en se hissant sur la pointe des pieds, au sommet de la bibliothèque, là où les petites mains ne se poseront jamais. Ainsi, elle aura autre chose à lire le lendemain que « Le vilain petit canard » qu’elle ne cesse de lire depuis le début de la semaine. Alba termine de ramasser des objets tombés sous les meubles et de mettre les petites chaises sur les tables avant de s’asseoir sur son bureau – si l’on pouvait vraiment appeler ça un bureau. C’était une simple table en bois couverte de cahiers et de feuilles derrière laquelle se tenait une chaise adulte. Elle passait peu de temps à cette table, devant constamment évoluer entre les enfants pour les aider. Elle laisse ses jambes se balancer doucement dans le vide en observant Gil passer le balai. Elle rit en l’entendant interdire une annonce publique.
« Comme si j’étais le genre de personnes faisant des annonces en public… J’ai déjà du mal à parler devant cinq personnes alors devant plus de monde, il en est hors de question. Puis ce n’est pas comme si c’était l’événement du siècle. »
Elle repousse une nouvelle mèche derrière son oreille. C’est agaçant, ces cheveux qui ne tiennent pas en place, qui se démettent constamment. Elle aurait sans doute mieux fait de les laisser attacher, dans un souci de présentation, de tenue. C’était sans doute plus correct. Elle tend les bras dans la direction de Gil pour l’inciter à venir jusqu’à elle.
« Nous n’avons qu’à… Improviser ? Ce n’est pas si mal que ça, après tout, l’improvisation. Puis, les grands discours, ce n’est pas forcément utile. Qu’est-ce qu’il y aurait de plus à dire ? Je pense qu’ils comprendront uniquement en nous voyant ensemble. Ce n’est pas comme si nous nous promenions souvent ensemble auparavant. »
Elle relève la tête en posant ses mains sur les avant-bras de Gil.
« Nous pouvons y aller. Je prends mon manteau et je te laisse choisir l’endroit où tu veux que nous allions. Je finirai de ranger demain matin, avant que les enfants n’arrivent. »
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« PELAGIA »
| Sujet: Re: still in their childhood ▬ Gil / Mars 125 08.11.15 13:48 par Gil Dylman | Citer Editer Supprimer |
| Et bim ! la suite est là ~ |
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