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Mars 125 | I'm not Bonkers, I'm free
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« To be Beautiful is to be almost Dead »
| Sujet: Mars 125 | I'm not Bonkers, I'm free 23.10.15 23:16 par Azores Lullaillaco | Citer Editer Supprimer |
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Sur un banc de bois clair, Azores s’y tenait droite, Presque immobile. Ses yeux voyaient tout et rien à la fois et, le long de son corps pendait un bras. Au bout de celui-ci, une main blanche aux veines marquées par la fatigue qui tenait mollement un large pinceau. D’un coup, comme si l’on venait de la pousser violemment, elle leva son outil et se mit à peindre avec frénésie la grande toile déjà tachée de couleur. Ses mouvements tremblotants créaient des courbes intuitives et les poils de son pinceau coloré de pourpre et d’un violet très foncé donnaient un rendu classique, mais à la fois inquiétant.
Azores se tenait là, à peine vêtue, dans un état second. Ses dessins paraissaient d’abords abstraits, mais un coup d’œil plus averti y verrait des formes figuratives, connues. La Maitre d’Art n’avait jamais tenté de copier la réalité, bien qu’elle en fut capable. Beaucoup n’y voyaient que des idées posées à plat, la démonstration d’un talent, de bon ou mauvais gout, alors qu’il s’agissait d’une lecture transparente de ce qui vivait au creux de l’esprit d’Azores.
Un grommellement et elle échappa son pinceau sur le sol. Ce n’était pas la première fois et les traces de peinture s’accumulaient à ses pieds depuis des années. L’artiste bougea lentement la tête, tournant les yeux pour voir une jeune blonde, lasse, qui siégeait sur son modeste divan, dans son modeste appartement. Son emploi au conseil devait lui permettre de vivre au premier niveau, comme de nombreux autres, mais la cage que cela constituait lui était déplaisante, et ses dépenses se montraient beaucoup trop nombreuses pour vivre dans un bâtiment potable. Elle préférait la noirceur du second niveau, avec ses murs qui tiennent et l’espace infini de ses habitations qu’elle pouvait se permettre.
« Siobhan ? » Que sa voix chantonna, douce.
L’observant réagir ou non pendant encore un moment, elle ramena son attention sur sa toile. De sa main qui n’était pas maitresse, elle la leva prestement pour griffer la surface de son tableau, laissant de longues traces blanche, peinture présente sur ses doigts. Il fallait être idiot pour croire qu’Azores ne peignait proprement qu’avec un pinceau. Elle attrapa un tube et le pressa agressivement pour en faire sortir un pigment d’un mauve délavé, presque brun et utilisa ses doigts comme armes, laissant aller les mouvements naturels que son esprit léger lui dictait. De temps à autre, elle venait donner un coup sur sa frange qui chatouillait son visage et, hélas, salissait plusieurs brins de cheveux.
Son élan de passion s’éteint aussi rapidement qu’il s’était avivé. S’essuyant les mains sur son vêtement pâle, léger, elle débarqua de son petit banc de bois et se précipita dans la cuisine. Elle sortit couverts et assiettes, plus quelques ingrédients qui, d’ici un instant, devenait un petit-déjeuner. Pour elle, et pour Siobhan. Au passage, elle ouvrit la charmante bouteille d’une essence et s’en abreuva, prenant même le temps de savourer le gout chimique du produit qu’elle consommait.
Pains, œufs, viandes, fruits et autres portions de nourriture fut ce qu’elle apporta près du divan. Elle posa les assiettes parterre et s’assied juste à côté, prenant le meuble moelleux comme dossier. Prenant d’abord une bouchée, elle se redressa rapidement pour se pencher vers la scientifique, laissant résonner sa voix grave :
« Siobhan ? Siobhan ! Mange ! »
Puis elle se rassied, avalant goulument ce qu’elle venait de préparer.
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« La marquée »
| Sujet: Re: Mars 125 | I'm not Bonkers, I'm free 24.10.15 2:02 par Siobhán Balfe | Citer Editer Supprimer |
| Une musique atteignait ses oreilles. Une douce mélopée qui s’infiltre lentement dans son conduit auditif. Un pied ballant dans le vide, elle restait allongée dans la méridienne. L’onctuosité du tissu enveloppé son crane, alors qu’elle était callé contre un coussin. La scientifique, plongée dans sa propre débauche, restait là à écouter une musique inexistante. Elle se sentait bien là, plongée dans son propre stupre. Elle n’avait pas besoin de plus, entendre de la musique et un verre d’essence dans les mains. Les effets secondaires étaient quelque chose de bien inoffensif lorsque l’on savait les bienfaits que cela pouvait produire. Elle entendait une voix qui l’appelait, tentant doucement de la sortir de sa torpeur. Siobhán était enveloppé dans un cocon inébranlable. Elle tournait la tête en direction de son amie, elle n’avait pas prit la même chose qu’elle, et cela se voyait bien. « Hum ? » Aussitôt qu’elle avait parlait, elle retournait la tête en direction du plafond. Elle avait l’impression que le blanc qui recouvrait cette immensité dansait alors qu’elle clignait des yeux. La scientifique fermait les yeux, commençant à s’endormir lentement, pour se faire bercer par les bras de Morphée. La musique revenait alors dans ses oreilles. Mais on l’appelait encore. « Mais quoi ? » Questionnait-elle en haussant la voix légèrement. Elle ouvrait les yeux et voyait les cheveux roux d’Azores, elle fronçait les sourcils, voyant ce qu’elle tenait dans sa main. Tournant la tête vers le sol, elle voyait l’assiette. Cela ne lui disait rien, Siobhán n’avait que très rarement faim. Et la dans cette assiette la seule chose qui lui faisait envie, et encore, c’était les fruits juteux, qui allaient lui tapisser la gorge de sucre. « [color=#86b6cc]La musique, c’est bien suffisant pour nous nourrir.[/colore] » Clamait-elle en posant son avant-bras sur son front. Elle se redressait, laissant sa robe bleu nuit tapisser le reste de l’assise, alors que ses jambes blanche comme un cadavre se choir sur le sol. Elle passait sa main dans ses cheveux, laissant ses boucles dessiner par des bigoudis s’emmêler. « Que ce passe-t-il donc Azores ? » Lui demandait-elle distraitement, en tendant le bras pour attraper une figue mure. La scientifique la cassait en deux pour en croquer à pleine dent le fruit, dont une goûte coulait le long de sa bouche. « Et pourquoi donc la musique c’est arrêtait ? » Continuait-elle en s’humectant les lèvres. Le verre devenait un peu plus vide, mais il restait encore un fond de son cocktail. Mais en bonne consommatrice d’essence, elle ne comptait pas en laissait une seule miette. Si bien que la scientifique vidait d’une traite le contenu de son verre. « Quelle heure est-il ? » Murmurait-elle complètement désorientée.
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« To be Beautiful is to be almost Dead »
| Sujet: Re: Mars 125 | I'm not Bonkers, I'm free 24.10.15 17:19 par Azores Lullaillaco | Citer Editer Supprimer |
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À grande vitesse, la nourriture se faisait avaler. C’était à croire qu’Azores ne prenait même pas le temps de gouter. Elle était affamée et, malgré sa corpulence maigre, son appétit ne semblait pas avoir de limite, comme si elle pouvait manger Pelagia au grand complet. Elle n’était pas de ces femmes au métabolisme rapide, qui pouvait dévorer ciel et Terre sans grossir, son corps fragile ne savait jamais où donner de la tête. Pendant quelques mois elle pouvait arborer une silhouette maladive, tout comme les courbes gracieuses pouvait également dessiner ses hanches et sa poitrine.
« Oh, la musique… »
Elle s’arrêta de manger, fourchette pendue près de ses lèvres, comme si elle venait de réaliser le bon sens des paroles de Siobhan. L’immobilité l’habita un instant, pendant que ses pensées handicapées tournaient difficilement.
« La musique, bien sûr ! » S’exclama-t-elle, laissant sa tête retomber vers l’arrière pour voir la blonde au sosie décédé. « Nous sommes chez moi, il n’y a pas de musique. »
Puis la fourchette trouva le chemin de sa bouche, son rythme s’était ralenti et elle découvrait enfin le fout qu’avait son petit-déjeuner. Azores envoya ses longs cheveux mal coiffés derrière ses épaules, pour ne pas que ceux-ci pendent au-dessus de son assiette. Un coup d’œil vers la scientifique et elle remarqua que celle-ci callait son vieux cocktail abandonné. Un frisson parcourut son échine, alors qu’elle imaginait le mauvais gout de la drogue descendre dans sa gorge. Cependant, il ne fallait pas se leurrer, Azores avait fait la même chose avec son propre breuvage à son réveil, une heure plus tôt.
La dernière question de Siobhan eut comme répondre un haussement d’épaules. Azores n’était pas la plus ponctuelle des habitants de Pelagia, et cela lui avait déjà causé quelques regards sombres et commentaires désobligeants auprès de ses collègues. Si en plus il fallait qu’elle soit constamment sous les effets de substances illicites, elle se permettait d’être en retard. Heureusement, ce n’était pas si fréquent, mais elle avait de loin battu le record des autres conseillers.
Molle, Azores se laissa retomber sur le côté, s’appuyant sur les jambes blanches de la scientifique. Sa tête reposait sur le bord d’une cuisse alors que, machinalement, elle avalait la nourriture qu’elle avait préparée. Soudainement, le bon sens la frappa. L’artiste baissa les yeux et vit que les belles gambettes aussi pâles qu’une toile vierge venaient d’être tachées par une mèche de cheveux rousse imbibée de peinture.
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« La marquée »
| Sujet: Re: Mars 125 | I'm not Bonkers, I'm free 24.10.15 21:12 par Siobhán Balfe | Citer Editer Supprimer |
| Un soupire se fait entendre qui s’échappe des lèvres de la scientifique agar. Elle fait aller ses épaules, les remues pour faire disparaitre cette sensation de coton qui s’empare de ses membres endoloris. Elle est ailleurs, sont corps est là, mais son esprit non. « Il nous faut de la musique ! » S’égosilla-t-elle dans un murmure. Le doigt en l’air, avant de le laisser retomber mollement. « Du jazz… Beaucoup de jazz, j’ai envie d’écouter du jazz. Je devrais arrêter de dire le mot Jazz. Jazz. C’est un mot magnifique ! » Parlait-elle en pensant que ses mots sont prononcés distinctement, alors qu’en faite elle traine trop sur les voyelles, laissant son message incompréhensible. Une tête venait de se poser sur le rebord de sa cuisse. Siobhán regardait se spectacle, se demandant ce que c’était cette masse informe et rousse sur sa somptueuse robe bleue. Une désagréable sensation venait à se faire sentir sur sa peau nue, elle se penchait pour voir ce qui la touchait, et un ralle sortait de sa bouche. « Enlève moi ses anguilles rousses de ma jambe, tu sais que je n’aime pas être sale. » Rallait-elle en soulevant sa jambe pour la faire partir de là. Les contacts humains lui devenait de plus en plus incommodant, surtout lorsqu’elle avait consommé de l’essence. Ses prunelles vitreuses se posaient sur sa tact, se demandant pourquoi elle tenait une moitié de figue entre ses doigts. La future quarantenaire haussait les épaules, et croquait à nouveau dedans. « Je veux danser et boire Azores ! » S’exclamait-elle vivement, en se redressant. Mais le tournis la prit aussi vite. Alors, elle se laisser tomber à nouveau mollement dans la méridienne. La tête en arrière et cognant le rebord à demi-dur, elle se frottait l’arrête du nez, cherchant à faire disparaitre se nuage qui encombrait son esprit et ses yeux. Il lui faudrait un bout de temps avant qu’il ne passe. Et la seule et unique chose qui lui revenait toujours et encore en tête était cet homme, et ses questions. Sa voix raisonnait dans cette caboche blonde, heurtant les parois de son crane. Elle pouvait lui donner des réponses, mais elle ne le ferrait pas. Mais surtout, qu’elle idée, avait-elle eut de l’embrasser. Une grosse bêtise, qui revenait sans cesse lorsqu’elle était éveillée. Elle en regretterait presque ses cauchemars quotidiens où elle rêve qu’elle se noie et où son reflet se révèle être celui d’Yseult. « Arg… Cet homme, je le hais. Qu’il disparaisse de ma tête… » S’accablait-elle le revers de la main sur son front chaud.
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| Sujet: Re: Mars 125 | I'm not Bonkers, I'm free 25.10.15 2:07 par Azores Lullaillaco | Citer Editer Supprimer |
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Azores ignore un peu ce que raconte Siobhan. Au moins, elle était vivante ! N’est-ce pas ? En grommelant, elle se redressa pour s’adosser à nouveau contre le divan, laissant au passage une belle trace de peinture sur la jambe de la scientifique trop précieuse pour ce monde. Et quand celle-ci clama qu’elle désirait se déhancher en rythme, l’artiste leva la main et lui indiqua un espace libre où elle pouvait laisser libre court à sa créativité dansante, si tel était son désir. L’appartement d’Azores était grand, très étendu. Cuisine et salon ne faisait qu’une seule et grande pièce, dont l’un des murs donnait sur le sombre océan dans lequel était plongé Pelagia. Sa chambre était une pièce à part, une toute petite pièce qui n’avait rien de spécial, seulement là pour qu’Azores ait un petit antre dans lequel se laisser aller au sommeil, lorsque celui-ci venait.
« Hm… Je me répète la même chose depuis quinze ans. » Fit-elle en plissant les yeux, suspicieuse un instant.
La Maitre d’Art abandonna son assiette déjà vide où siégeaient quelques miettes et se hissa sur le divan, aux côtés de la précieuse qui semblait en proie à beaucoup plus de souffrances qu’elle. Azores ne la regardait pas vraiment, comme si sa douleur ne la touchait pas. Oh, bien sûr elles étaient amies, mais l’artiste communiquait bien mal avec les autres, et son état ne lui permettait pas de faire preuve d’empathie ou de curiosité à l’égard de Siobhan. Azores ramena ses jambes contre elle et posa ses mains blanches sur ses jambes nues tachetées de sons.
Incapable de demeurer immobile plus de trente secondes, elle se leva et marcha rapidement jusqu’à un radio qu’elle possédait. Allumant l’appareil, elle tourna une pièce sur celui-ci pour faire taire les grincements qu’il produisait et capter comme il se devait une charmante chaine de Charleston. Les instruments résonnèrent à une allure pas trop agressive, ni trop forte pour ne pas tuer la scientifique. La voila, la fameuse musique !
« Ça c’est plutôt bien, non ? » Elle tourna la tête vers la désireuse de musique, un air de question sur le visage.
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« La marquée »
| Sujet: Re: Mars 125 | I'm not Bonkers, I'm free 25.10.15 2:47 par Siobhán Balfe | Citer Editer Supprimer |
| Siobhán restait ainsi la tête renversé et la main sur le front, observant le vide, où elle avait l’impression que les traits de Saül s’y dessinée. Une véritable horreur, une calamité, quelque chose qu’elle se devait faire disparaître le plus rapidement. Sans parler du fait que la méridienne n’arrêtait pas de bouger encore et encore. Elle avait l’impression d’être un bateau qui ne cessait de tanguer. Comme si ce simple meuble où elle était assise, faisait tout pour la narguer et lui donner ce qui ressemblée à un mal de mer puissant et venant de l’intérieur. En somme quelque chose qui lui tordait les boyaux. La scientifique déglutissait bruyamment. Tandis que la musique s’élevait dans les airs, crachotant d’abord un bruit horrible pour devenir plaisant et soyeux à l’oreille. Siobhán fermait les yeux. « Parfait. » Clamait-elle alors distinctement en séparant chacune des syllabes. Ainsi, elle faisait aller sa main, la faisant tourbillonner, puis virevolter, au rythme des instruments de musique. Pendant un instant, elle crut que le mauvais rêve qu’elle faisait en repassant en boucle le baiser qu’elle avait offert en gardien, ne pouvait cesser. Mais c’était peine perdue. Dès qu’elle ré-ouvrit les yeux, il était là, avec ses questions stupides sur Yseult. « Mais ce n’est pas vrai ! » S’énervait Siobhán en se redressant dans l’assise. Son poing venait de s’abattre sur la place libre juste à côté d’elle. Grommelant et se mordant la joue, la scientifique se redressait, marchant avec tant de difficulté, qu’elle dut prendre appuis sur les meubles qui se trouvaient à proximité. Elle crut même entendre le bruit de l’assiette qui était à ses pieds cliqueter contre le sol. C’était ainsi qu’elle avançait vers les bouteilles d’alcool. Sans réclamer son dût, elle se servait un verre de gin, et y versa quelques gouttes d’essences. Dans son état, elle ne faisait pas attention à ce qu’elle versait dans son verre. Ne prêtant guère allégeance aux déconseilles que l’on pouvait faire sur les mélanges. Un glaçon atterrit en plus au fond du verre. C’est ainsi, la verrerie en main, qu’elle se retournait vers Azores, laissant son cocktail tournoyer au fond du verre. Un rapide coup d’œil en direction du récipient. Un soupire vif. « Comment ais-je pu embrasser le gardien ! » S’en voulait-elle en abaissant ses épaules. Et le verre venait à sa bouche. Renversant la tête, elle le buvait d’une traite. « Mais quelle sotte suis-je donc ? » Se parlait-elle alors à elle-même, comme si elle était seule dans l’appartement. Le verre retournait alors auprès de ses autres congénères. Bientôt, il serait à nouveau plein, dans le seul but d’anesthésier se cerveau incapable de réfléchir et de penser à autre chose que ce baiser.
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« To be Beautiful is to be almost Dead »
| Sujet: Re: Mars 125 | I'm not Bonkers, I'm free 27.10.15 22:22 par Azores Lullaillaco | Citer Editer Supprimer |
| Siobhan était une grande femme et Azores, une mauvaise amie. La scientifique pouvait faire tout ce qu’elle désirait sans être jugée ni critiquée, et tant qu’elle en assumait les conséquences, l’artiste n’en avait rien à redire. De toute manière, outre le fait d’être très mal placée pour porter un jugement sur son amie, elle planait beaucoup trop pour y voir clair. En ce moment, tout le temps. Azores vivait en décalage avec le reste du monde, se foutant de la censure et du bon sens. Siobhan l’avait sûrement deviné, à voir cette femme qui peignait comme un ange tout en se mutilant avec pour seul prétexte l’art, que ce n’était pas elle qui lui poserait des interdits. Et si l’on hurlait souvent au manque d’attention, face à ses représentations souvent choquantes, le Maitre d’Art démontrait un manque d’intérêt flagrant pour sa petite personne. La nuit dernière, alors que les effets de la drogue qu’elle adorait tant se dissipait, plutôt que de se reprendre une bouteille, elle guidait Siobhan vers un endroit où celle-ci ne risquait rien, où le commun des mortels ne changeraient pas leur vision de la grande scientifique qu’elle était.
Azores sursauta à l’exclamation de son amie, la regardant avec ses petits yeux vitreux. Jouant avec une mèche de cheveux tachée de peinture, elle répondit, beaucoup plus calme, beaucoup plus bas : « N’y accorde pas d’importance et ce baiser n’aura aucune valeur. » Elle renifla, ses mains tremblotantes déjà parties tâter ailleurs, la surface du divan ou le tissu de son vêtement léger. Ses mots étaient simples. Il n’y avait que Siobhan qui rendait ce moment plus important qu’il ne l’était vraiment. Ce n’était rien de plus que deux bout de peau qui se touchent, et sans doute un échange de fluide, selon la passion de la situation. Le Gardien. Azores savait à qui cela faisait référence et, à connaitre l’histoire que ce dernier avait eu avec la Dame Blanche, elle compatissait presque avec lui de passer du temps avec la pâle copie de la femme qu’il avait aimé. L’amour, quelle hypocrisie, tout de même. Elle tenta une seconde fois d’aider Siobhan. Peut-être, de justifier son acte. Au bout d’un silence précieux que la scientifique brisait en entrechoquant les verres et clamant son désespoir, elle ajouta : « Le Gardien est esthétiquement intéressant. » Pas de Je trouve, de Il faut avouer que, seulement une affirmation qui la posait en-dehors du problème. Finalement, Azores se leva, glissant hors du confort de son divan et erra jusqu’à la cuisine où elle piocha dans sa petite réserve de bouteilles bien précieuses. Sans avertir, sans hésitation, elle en consomma une entière, comme s’il s’agissait d’un jus d’orange matinal ou d’un café. |
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« La marquée »
| Sujet: Re: Mars 125 | I'm not Bonkers, I'm free 28.10.15 0:31 par Siobhán Balfe | Citer Editer Supprimer |
| Le verre tournait encore et encore. Il n’y avait que les mots du maître d’art et le glaçon encore intact qui faisait du bruit dans les oreilles de la scientifique. Elle aurait du porter son attention sur la musique et danser, mais ses jambes lui disait non. A nouveau elle se servait un verre, la même chose. Et les mots d’Azores lui retournaient l’estomac. Esthétiquement intéressant. Qu’est-ce qu’elle voulait dire par-là. Il n’y avait rien d’intéressant chez lui. « Mon ex-mari Bauer, était esthétiquement intéressant. Mes cinq à sept sont esthétiquement intéressant, mais lui… » Murmurait-elle en regardant le fond de son verre. « Il n’y a rien d’intéressant chez lui. Esthétiquement et intellectuellement. Il pinaille trop, il pose trop de questions et son parfum, bon marché. » Elle portait le verre à ses lèvres. Cherchant du regard la présence de son interlocutrice, elle fut obligée de pivoter sur elle-même pour pouvoir l’avoir dans son champ de vision. Cela lui donnait le mal de mer. Et le contenu faisait un tour sur lui-même. Reprenant un haut le cœur, elle continuait de parler alors. « Et puis, qu’est-ce qu’il à me sortir qu’il était un bon ami à Yseult. » Pinaillait-elle en roulant des yeux. Siobhán s’approchait de la cuisine. Elle tanguait et ne manquait pas de tomber le nez en premier. Mais elle tenait le coup en s’appuyant sur le mur. « Et puis ami. » Elle signait le dernier mot, en imitant des guillemets. « Tu m’excuseras mais l’amitié entre un homme et une femme, je n’y crois pas une seconde. Je suis sur qu’il l’a fourrée. » Elle ne put s’empêcher de réprimer en fou rire, en imaginant la scène, avant de secouer la tête pour s’enlever cette image de la tête. Elle n’avait pas besoin de ça pour ce soir. « Je te jure, ma sœur un véritable cliché. » Lâchait-elle dans un hoquet. Sa main se tendait vers le maître d’art, le verre était encore à moitié plein, et l’alcool différent, mais elle s’en fichait pas mal des mélanges se soir. Elle avait besoin de se changer les idées. « Partage et sers-moi en. » Demandait-elle alors le plus simplement au monde. En y réfléchissant en bien. Le fait que sa sœur couché avec son collègue de travail, pourrait bien expliquer plusieurs choses, comme le fait qu’il se soit intéressé à sa condition. Ou bien même qu’il tente de découvrir la raison de son suicide. Mais cela pouvait engendrer tellement de choses, dont elle n’avait même pas idée…
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| Sujet: Re: Mars 125 | I'm not Bonkers, I'm free 29.10.15 3:10 par Azores Lullaillaco | Citer Editer Supprimer |
| Azores la laissa parler, s’exprimer. Siobhan était une femme bornée, orgueilleuse et ce n’était pas une artiste pas tout à fait là d’esprit qui la convaincrait de quoi que ce soit. Néanmoins, la scientifique s’exprimait et elle le faisait librement et sans doute, ou du moins elle l’espérait, cela lui faisait du bien. Comme un soulagement d’être entourée d’autres choses que d’hauts esprits rigides, de personnes qui continuaient de plaindre la perte de sa sœur. D’être près d’une personne qui ne l’écoutait pas seulement pour lui répondre ensuite.
Tandis que l’artiste se complaisait dans le silence, s’agitant sous les effets de ce qu’elle venait d’avaler et les mots emplis d’émotions de sa comparse, la bouteille changeait de main, continuant de propager son doux dommage qu’elle causait. Visiblement, Siobhan ne connaissait pas l’histoire du Gardien et de la Dame Blanche. Était-ce son devoir de la lui révéler ? Peut-être, peut-être pas. Azores ne se mêlait pas des histoires des autres, jamais. Un sourire se dessina sur sa bouche quand elle partit à rire. Oui, c’était drôle. Tout du moins ça en avait l’air.
Mais, pour le commun des mortels… Pour ceux qui s’imposaient des limites :
« Est-ce une bonne chose ou une mauvaise chose, ce qu’ils ont pu faire ? »
Azores n’était pas une femme mariée et n’avait jamais envisagé l’être un jour. Dans ses jeunes et naïves il avait été possible pour elle de s’imaginer officiellement unie à cet Anton, brièvement. Pensée qu’elle chassa aussi rapidement qu’elle était venue. L’artiste ne possédait pas non plus de relation fixe. Homme ou femme, elle avait depuis longtemps repoussé cette barrière sociétale. Parfois c’était un homme, parfois c’était une femme. Parfois… elle oubliait. Néanmoins, ce n’était pas souvent. Pas autant qu’on pourrait le croire. Ni trop ni trop peu.
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« La marquée »
| Sujet: Re: Mars 125 | I'm not Bonkers, I'm free 29.10.15 17:30 par Siobhán Balfe | Citer Editer Supprimer |
| Sa dent se plantait dans sa lippe inférieure, laissant un morceau de chair morte se décoller lentement de ses congénères. Elle pourrait très bien faire autre chose en se moment même au lieu de rester à boire comme un trou. Mais non, elle restait ici à s’auto-dévorer sous toutes les formes possibles. Mentalement et physiquement. Elle ramenait son verre contre sa bouche, laissant le verre tinter contre ses dents. Sa respiration lourde laissait un nuage de buée se refléter contre les parois transparentes. Qu’est-ce que cela pourrait donner si la déité et le gardien venait à coucher ensemble.. Beaucoup de choses. « Rien de bons. Et le pauvre Odéon souffre déjà bien assez sans qu’il est à savoir que ma sœur pouvait hypothétiquement le tromper avec un autre. » Soupirait-elle en mordillant la verrerie. La jumelle inspirait à fond, et bloquant sa respiration un instant, elle avalait une grande gorgée de son verre. Le liquide faisait un tour complet dans sa bouche, laissant ses papilles gustatives comparer et comprendre toutes les sensations et goût du breuvage. Mais il n’y avait rien à faire. La scientifique était beaucoup trop alcoolisée pour comprendre la totalité de ce qu’elle faisait ou ce qu’elle pouvait dire. Il y avait trop de chance qu’elle oublie. Si ça se trouve, quand elle sortira de cette torpeur d’alcool et d’essences, il y aura un trou noir dans son esprit. Alors elle tenterait de combler les trous en se dessinant un synopsis dans sa tête. Une simple discussion entre fille avec le maître d’art. « Ca serait aussi terrible que d’imaginer que le petit Alfonse soit le fils du gardien. » Murmurait-elle alors, en cherchant à s’appuyer contre le meuble ou le mur qui se trouvait à proximité d’elle. Sa tête se penchait en arrière. « C’est tout aussi pire que de dire qu’Yseult… » Elle parlait beaucoup trop. Alors elle s’arrêtait. Siobhán vidait son verre d’une traite, elle se redressait et sa bouche était secouée par un hoquet. La future quarantenaire devait apprendre à se taire rapidement, surtout dans cet état. « Les toilettes ? » Demandait-elle en se tournant vers Azores.
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| Sujet: Re: Mars 125 | I'm not Bonkers, I'm free 30.10.15 4:39 par Azores Lullaillaco | Citer Editer Supprimer |
| Une mauvaise chose, donc. Azores n’avait pas approché la situation de ce point de vue là, lorsqu’elle avait accosté Saül, après le décès d’Yseult. Elle comprenait mais à la fois ne comprenait pas la possessivité qui tournait autour du mariage. Elle tentait d’imaginer le problème autrement. Comment se sentirait-elle si l’on s’appropriait l’une de ses œuvres ? Azores soupira. Yseult n’était pas une œuvre, un objet. La Dame Blanche était une personne, avec des envies, des sentiments, une volonté.
« Qu’arrivera-t-il au petit Alfonse si le Gardien est son père ? » Qu’elle demande, toute innocente.
Verbeek cesserait-il de l’aimer, tout d’un coup ? La ligne entre l’amour et la haine était mince, mais un enfant devait-il souffrir des choix de ses parents ? Que ferait Darwin, dans ce cas ? Le prendre sous son aile, élever la traitrise d’Yseult, malgré sa femme ? La situation était compliquée et l’artiste n’arrivait pas à arrêter son esprit dessus.
Réfléchissant aux différents dénouements, souhaitant presque, tout comme Siobhan, que l’ignorance demeure maitresse, elle guida celle-ci vers les toilettes. Ce n’était pas la première fois qu’elle venait dans l’appartement d’Azores, mais à chaque fois elle semblait oublier où décuver. Ohoh, comme si la pièce changeait d’endroit. Le mélange d’Essence et d’alcool, sans doute, qui lui donnait cette impression.
Azores prit même le temps de surveiller la scientifique. Lui tenir les cheveux au besoin. Elle était une amie comme ça, comme n’importe quelle autres filles, parfois.
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« La marquée »
| Sujet: Re: Mars 125 | I'm not Bonkers, I'm free 30.10.15 14:42 par Siobhán Balfe | Citer Editer Supprimer |
| Elle retroussait sa lèvre supérieure en entendant parler son amie. Le fait de se voir dire ses faits part une tierce personne était particulièrement perturbant. D’autant plus qu’elle a demi-consciente de ce qu’elle pouvait dire. Ce qui fait que parfois elle pouvait dire des bêtises plus grosses qu’elle. « Que mon petit neveu soit le fruit de l’un des hommes qui m’insupporte le plus ? » Parlait-elle en haussant les épaules. Tournant la tête pour la suivre, elle se redressait pour prendre appui sur ses pieds. Elle se dirigeait, en se cognant et s’abattant sur les murs. C’est ainsi que la trentenaire se dirigeait vers les toilettes de l’appartement. « Et puis vu le nombre d’histoire scabreuse que je lui conter je me sentirais mal… C’était comme si je parlais directement au gardien. » Tentait-elle d’expliquer, en s’appuyant sur la porcelaine des cabinets. La tête au dessus du lavabo, et les mains encerclant la matière blanche à tel point où ses jointures s’en retrouvaient blanchit. Son estomac se contractait mais la seule chose qui en sortait, c’était un mince filet de bile qui lui acidifié la bouche. « Et puis zut. Je n’ai pas besoin que mon beau frère se transforme en huitre. Il fait la moule c’est suffisant comme ça. » Expliquait-elle alors vaguement s’essuyant la bouche d’un revers de la main. La scientifique, abaissa la tête les yeux écarquillaient elle tentait de réfléchir, et à chercher une solution à se problème. Elle fermait les yeux, les paupières closes, elle forçait ce trait jusqu’à en faire sortir ses rides. Elle s’humectait les lèvres, et ouvrit le robinet. La tuyauterie grondait, et un filet d’eau fraiche coulé le long du zinc. Elle s’abaissait pour en boire une gorgée et également pour se rincer la bouche. « Et Odéon ne mérite pas ça. C’est un chic type, et comme tu dirais physiquement intéressant. » Soupirait-elle alors les doigts filant sous le filet d’eau. Elle s’en retrouvait à parler de ses fantasmes sous l’influence de substance passablement éméchée. La jumelle prit alors de l’eau dans ses mains en s’en aspergea le visage, et la nuque. Elle avait besoin que ces idées macabres disparaissent de son esprit à tout jamais. Cela ne pouvait pas être vrai.
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« To be Beautiful is to be almost Dead »
| Sujet: Re: Mars 125 | I'm not Bonkers, I'm free 30.10.15 16:39 par Azores Lullaillaco | Citer Editer Supprimer |
| Quelle tourmentée, cette Siobhan ! Azores ne se souciait pas d’autant de personne. Elle ne prenait même pas le temps de s’occuper d’elle-même ! L’artiste ignorait si cela était palpitant, ou non. Il était horrible d’être seul, lasse, mais la scientifique était bien entourée et… Elle ne lui apparaissait pas comme une femme heureuse ? Embrumée par l’Essence, comme toujours, elle passa une main sur son visage et se força à réfléchir comme une femme du monde, une femme qui ne voyait pas le monde trembler alors qu’elle était immobile, une femme comme toutes les autres.
Yseult était décédée et cela avait ébranlé plus d’une personne, là rien de bien compliqué. Elle avait une liaison avec le Gardien, son collègue, un homme qui œuvrait pour la justice. Religion et Justice, quel beau mélange. À ses yeux, ce n’était pas hors de l’ordinaire, une telle relation. Azores n’avait pas non plus vue Yseult comme une femme parfaite, exempte de défaut. Une femme remarquable, certes, mais remplie de défaut.
Siobhan alla cracher dans la salle de bain et, pas très loin, l’artiste s’approchait pour remonter ses mèches courtes. Elle n’aimait pas être touchée ? Tant pis. La scientifique était bornée, elle avait un caractère fort mais n’intimidait pas Azores qui était beaucoup trop inconsciente pour s’en soucier. Et pis dans le fond, elle aussi aimerait qu’on tienne ses longs cheveux roux si elle venait à être dans cet état-là peinture était une chose, les fluides corporels… une autre.
« Ne disons rien, alors. » Vague sourire, plus un pincement lèvre maladroit. « Odéon doit se reposer. »
Il devait se mettre dans un cocon chaleureux, ne pas oublier son fils qui serait à jamais marqué lui également. Pauvre petit petit garçonnet. Si l’histoire éclatait, qu’arriverait-il de ce petit bout de chou ? Abandonnés par l’homme qui l’élevait, l’homme qui avait un lien de sang ? Azores ne saurait dire, trop décalée pour porter un jugement, apporter une solution, qui serait correct.
« Fais attention, Siobhan. Tu ne peux pas te permettre de perdre la vie toi aussi. »
Une drôle de formulation pour une étrange inquiétude. Azores n’était pas de celle qui posait des limites, jamais. Elle assumait que chacun était responsable de ses actes. Va savoir comment, elle s’imaginait que Siobhan le regretterait amèrement si ces abus la menaient à l’hôpital, ou rejoindre sa sœur. Dans les bras de la mort, elle voyait la scientifique s’en vouloir d’avoir été aussi idiote. Elle avait encore tant de choses à accomplir à Pelagia ! L’artiste s’exprimait mal, parfois, souvent. De travers, ou de manière exagérée.
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« La marquée »
| Sujet: Re: Mars 125 | I'm not Bonkers, I'm free 30.10.15 17:32 par Siobhán Balfe | Citer Editer Supprimer |
| L’eau ruisselait sur son visage. Elle n’aimait pas l’eau. Elle avait l’impression de se noyer dès qu’elle voyait cette chose aussi claire et innocente. Dans cette étendue translucide elle voulait y laisser son passé et sa vie. Relevant la tête, elle grimaçait. Pour deux raisons, la première le contact de ses cheveux humides contre sa nuque, et la peau suintant le sel d’une sudation provoqué par les essences. Et la seconde son reflet dans la glace qui se trouvait directement en face d’elle. Il lui renvoyait son visage et celui d’Yseult. La scientifique avait l’impression que les deux reflets se mélangeaient pour se moquer d’elle. Une simple et atroce hallucination, quand elle voyait le reflet de doté d’un sourire sarcastique. Elle n’écoutait qu’à moitié les paroles du maître d’art. « Siobhán est morte depuis longtemps. » Murmurait-elle, en posant sa tact sur son faciès. Ses doigts agrippés cette peau relâché par les années, et dont les rides et la fatigue avaient prit place à la place d’un sourire. Elle grattait cette cicatrice, balafre qui trônait sur son visage qui lui brulait la peau tel un brasier ardant. Si elle le pouvait elle s’arracherait la chair flasque qui trônait sur cette joue décharnée. Elle grattait encore et encore, jusqu’à en faire rougir le derme et à faire gonfler la cicatrice. Comme s’il y avait des insectes sous la chair putride. La jumelle grognait. Et son poing fini par s’abattre sur la glace. Ainsi, elle restait dans cette position le bras tendu, et la main plantée dans le verre qui se fissurer et craqué. Elle appuyait un peu plus fort. « Yseult est morte également. » Cracahait-elle au reflet détruit et pourtant toujours souriant. Elle retira sa main, et les morceaux de verres –tout du moins certains- partaient finir leur vie dans la porcelaine du lavabo. Les grinçaient dans sa mâchoire, elle ne ressentait pas la douleur, pas tout de suite. Elle viendrait s’immiscer dans sa chair, après qu’elle serait sortie de cet état de transe et quand l’essence ne coulera plus dans ses veines. De ses ébrasions et coupures coulait le sang, et en voyant le résultat elle haussait bêtement les épaules. « Et elles comptent bien faire tomber les autres dans leurs sillages. » Parlait-elle alors en regardant l’état de sa main.
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« To be Beautiful is to be almost Dead »
| Sujet: Re: Mars 125 | I'm not Bonkers, I'm free 31.10.15 21:15 par Azores Lullaillaco | Citer Editer Supprimer |
| Siobhan avait sombré, très profond, dans la noirceur, dans les abysses. Et Azores était aux premières loges pour la voir se tirailler, se démener, abandonner. Siobhan Balfe était morte avec sa sœur, sa jumelle, sa moitié. L’artiste voyait la scientifique se détruire, s’attaquer. Elle y assistait sans d’abord intervenir, comme un témoin froid, insensible. Elle trembla, sursauta mais ne cilla pas davantage, regardant les dégâts du miroir. Celui-ci fracassé, dorénavant inutilisable, résonnait quand les morceaux tombaient dans l’évier, mais n’avait fait aucun son en s’enfonçant dans la chair blanche de son amie.
Comme poussée par un élan d’action, comme si sa lassitude et sa contemplation s’étaient évaporées, Azores fit un pas vers Siobhan, puis un second, jusqu’à se tenir tout près d’elle. La scientifique offrait un tableau magnifique, un désespoir, une souffrance que l’artiste admirait. Un portrait décadent qui montrait le résultat d’une femme qui, avant, était perchée tout là-haut dans le ciel, et venait de chuter, s’écraser lourdement au sol, incapable de recoller les morceaux brisés. Une magnifique, très magnifique vision, mais celle-ci déplaisait à Azores. Cela ne collait pas, était irréaliste. Elle sentait qu’elle devait influencer sur le tableau, y mettre une touche personnelle. Pourquoi ? Parce que pour une fois, l’artiste sortait de sa tête et ne désirait pas voir son amie se gâcher ainsi. Siobhan était faite pour être grandiose dans ses accomplissements, pas dans la morosité, le désespoir.
Ses mains pâles et abimées agrippèrent sauvagement la tête de la scientifique. La jeune femme était un extrême : tout ou rien, douce ou agressive. Elle tenait fermement les mèches platine, regardait avec dureté celle qui mourrait devant elle. Sa voix grave résonna, d’un ton fort qui montrait que, malgré tout, la vie et le souci des autres existaient chez elle.
« Siobhan Balfe n’est pas morte ! Égarée, mais pas morte. Elle mourra un jour, assurément, mais pas aujourd’hui. Ce n’est pas en t’écroulant au sol que Siobhan verra les autres tomber. »
Puis, dans un mouvement un peu brusque et maladroit, elle lâcha la tête de l’esseulée, reculant d’un pas. Venait-elle de calmer une tempête ou d’attiser la rage d’une lionne ?
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« La marquée »
| Sujet: Re: Mars 125 | I'm not Bonkers, I'm free 31.10.15 23:06 par Siobhán Balfe | Citer Editer Supprimer |
| Le souffle court, la poitrine battante, la veine sur cette gorge décharnait qui pulsait à vitesse que son sang tournait dans son corps. Elle était en colère. La rage la submergeait et pourtant, elle n’arrivait pas à crier. C’était comme si quelque chose faisait barrage dans son estomac et nouer son œsophage. Le visage prit en étau, elle était obligeait de la regarder droit dans les yeux. Même si rien de bon ne circulait dans se regard vitreux et morne. Et ses mots. Ils étaient si faux, totalement erronés, si seulement elle savait de quoi elle parlait. Elle se raviserait sur le champ. Mais elle ne pouvait pas en dire plus. Pas maintenant, pas tout de suite, mais un jour elle pourrait alors expliquer cette raison et ce fait indéniable. « Je ne m’écroule pas. Je renais des cendres. Et je brûlerais tout sur mon passage. » Pipait-elle alors en frappant du poing contre la porcelaine du lavabo. Ce geste de rage qui avait lieu un instant lui avait donné un coup de fouet, ou bien il s’agissait de l’essence qu’elle avait ingurgité quelques instants auparavant, elle ne serait le dire. Mais une chose était sur et certaine, elle ne se laisserait pas faire. Elle inspirait longuement, les épaules contractaient et révulser en arrière. Le regard de la jumelle vient à se poser sur sa tact abîmé par son geste de folie. Elle soupira, et se tourna pour prendre l’une des serviettes pour l’enrouler autour, afin de protéger la blessure. « Je compte bien immoler ses barbares qui se sont autoproclamé comme La Compagnie. » Sifflait-elle. Elle serrait un peu plus se bandage de fortune, et elle finit par se redresser totalement, pour démontrer sa stature, alors qu’elle était nu pied. Il était temps qu’il paye pour tout ce qu’ils ont fait. Cette marque, Yseult, les morts, la terreur, la paranoïa, tout. Pourvu que cette vermine soit éradiquée à jamais de la carte.
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« To be Beautiful is to be almost Dead »
| Sujet: Re: Mars 125 | I'm not Bonkers, I'm free 02.11.15 23:44 par Azores Lullaillaco | Citer Editer Supprimer |
| Heureusement, Azores ne se sentit pas offensée lorsque son amie continua d’agresser son ameublement de salle de bain. Bien sûr, elle ne comprenait pas, elle ne comprenait rien. Jamais. Elle tentait pourtant, de faire raisonner sa tête creuse pour faire preuve d’un peu plus d’empathie envers Siobhan. Impossible. La tristesse, la rage, elle ne semblait pas capable de capter quoi que ce soit, trop perturbée par ses propres pensés et l’état second dans lequel elle baignait en permanence.
Elle eut un petit sourire, les mots de Siobhan étaient magnifiques, inspirants ! Il ne fallait pas voir cette fascination comme du sadisme, loin de là. L’artiste n’était pas de ceux qui se complaisent et s’élèvent dans la douleur d’autrui, même si ses sentiments n’en étaient pas si éloignés. Ces démonstrations d’émotions devaient être exprimées et la scientifique ne pouvait pas tout garder à l’intérieur d’elle, au risque de se perdre. Il fallait qu’elle parle, qu’elle hurle ! Et Asrase savait qu’elle le faisait devant la bonne personne, devant celle qui possédait son lot de sombres secrets qu’elle ne révélait pas.
« Mais fais donc ! » Elle écarta légèrement les bras. « Les monstres doivent brûler ! »
Puis ses bras retournèrent pendre le long de son corps. Azores n’en voulait pas vraiment à la Compagnie. Les monstres se trouvaient partout, ils menaçaient les riches, les pauvres, ceux qui n’avaient rien demandé. L’artiste ne partageait pas cette haine des révolutionnaires. C’était eux qui forgeaient le monde, faisaient entendre les voix étouffées. Néanmoins, ce n’était pas une information qu’elle disait et répétait à qui que ce soit, jouant les passives et les désintéressées. Si un jour elle devait être jugée, on la verrait coupable, peu importe le camp.
« Que comptes-tu faire, dorénavant ? Te relever et agir ou consommer alcool et Essence jusqu’à ce que t’en perdre la tête ? »
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« La marquée »
| Sujet: Re: Mars 125 | I'm not Bonkers, I'm free 03.11.15 18:13 par Siobhán Balfe | Citer Editer Supprimer |
| Sa langue passait contre la face intérieure de ses dents, s’abîmant sur les défauts et une plaque de tartre qui commençait à se former. Le sourcil épais se forme en accent circonflexe en entendant son amie parler. Elle se demande à quoi peut ressembler sa vie, où tout ne paraît qu’être éphémère et sans lendemain. Cette facilité à prendre tout au second degré, elle ne sait pas le faire la jumelle. Un soupire s’évade de ses lippes. Un dernier regard sur cette main décharnée, couverte d’un linge qui ne noie dans son propre sang, elle réfléchit, la question est simple et pourtant la réponse peut-être très compliqué. Il y a d’autres choix qui peuvent s’offrir à elle. Mais lesquels ? De sa main libre, elle glisse une mèche frisée derrière son oreille. « Agir et partir. » Soufflait-elle en la dépassant, la contournant, faisant attention à ne pas marquer de signe physique entre les deux entités filiformes. Sur le pas de la porte, elle posait sa main sur le bois qui encadrait le passage. Dans son esprit le mot partir signifiait à la fois quitter le lieu, mais également partir de se monde. Mais, elle ne désirait pas faire part de ses pensées. « Il est temps que je rentre chez moi, Azores. »
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