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Janvier 124 ▬ Draw me like one of your french girl (ft Azores)
Janvier 124 ▬ Draw me like one of your french girls
Arabelle en était presque à sa 4ème année au sein du conseil et n’en était pas peu fière. En réalité, elle faisait partie de ces gens qui étaient la plupart du temps assez satisfait d’eux-mêmes pour des petites choses. Voilà qui améliorait grandement l’égo. C’était à l’entrée de la bibliothèque qu’elle avait aperçu Azores. L’artiste avait toujours l’air étrange mais la jeune femme lui reconnaissait un talent assez peu commun dans le domaine du portrait. Cela lui permit de mettre à bien une de ses idées. Ses premières rides commençaient à ne plus être si discrètes. Ne supportant plus de se regarder aussi souvent dans le miroir qu’avant, elle aurait aimé avoir une image figée qui la montrait au summum de sa beauté. Sa prétention n’avait d’égal que son hypocrisie et elle se félicitait de ça tout autant. A pas de velours, la jeune femme s’approcha d’Azores pour la saluer formellement.
« Mlle Lullaillaco » Un nom qu’elle avait dû s’entrainer à dire de nombreuses fois. « Quelle plaisante surprise de vous croiser ici. » murmura-t-elle. Son sourire s’élargit un peu pour donner l’air de la cordialité. Tout était millimétré, réglé comme du papier à musique sur ce visage qui n’avait pas eu une expression spontanée depuis l’année 96 au moins. Dieu que ça ne la rajeunissait pas de se rappeler qu’elle avait vécu quelques années avant l’annonce du siècle. « Comment allez-vous aujourd’hui ? » Son ton connut une légère inflexion pour imiter un intérêt sincère. « Vous semblez un peu fatiguée, vous devriez vous reposer. » L’affabilité se peignait sur son faciès à présent. Elle employait des expressions standard avec Azores car sa propre expressivité faciale était trop particulière pour presque l’imitation.
« Il y a une chose que je meurs d’envie de vous demander depuis longtemps. » Elle se pencha pour créer un rapprochement propice à la confidence presque. Prenant un ton un peu embarrassé, elle susurra « Ce serait un honneur si vous acceptiez de réaliser un portrait de moi. Je n’en ai aucun et la beauté fane si vite. » Son ton s’était fait lointain un peu nostalgique. Pour la première fois de la conversation, ça n’était pas particulièrement calculé mais plus ou moins naturel. « Vous voulez bien faire ça pour moi Mlle Lullaillaco ? Je serais si contente. »
C’était ainsi que la chasse au tableau avait commencé.
Spoiler:
Voilà le premier rp, ça n’est pas du grand art mais on fait ce qu’on peut ;o ; J’ai fait exprès de prendre une marge pour avoir le temps d’étaler sur plusieurs mois les tableaux. Je pense que pour le prochain post, tu réponds à celui-là. Ensuite dans le mien je ferais une ellipse temporel pour le tableau qu’Azo va foutre au feu. XD J’espère que ça te va. Des bisous.
Azores passait plus de temps à la bibliothèque qu’on pourrait le croire. Elle n’était pas un rat de librairie, elle n’était pas spécialement brillante lorsqu’il s’agissait de grandes sciences ou autres matières logiques et compliquées, mais l’histoire était là. Le monument recueillait les récits et épopées autant fictives que réelles de nombreux habitants de Pelagia. Les contes qu’elle pouvait y lire étaient inspirants, donnaient envie de peindre mille et une toile. Et si elle désirait exploiter un sujet en particulier, il y avait toujours ce charment Gil Dylman pour la diriger.
Quand la Sage l’accosta, Azores se trouvait seule. Arabelle était une femme encadrée. À vrai dire, elle était son exacte opposée. Là où l’artiste débordait de tous les côtés, vivant d’excès sans lendemain, la scientifique calculait tout, prenait soin de ne laisser aucun détail au hasard. À un tel point où la Maitresse d’Art croyait presque qu’elle avait prévu la date de sa mort et dans quelle circonstance, comme l’on prévoit les variations du courant marin. Azores la laissait s’exprimer, hochant silencieusement la tête quand elle lui demanda si elle se portait bien. Pour la fatigue, ce n’était pas surprenant. Son corps bordé d’Essence, elle avait toujours l’air un peu décalée, épuisée, alors que ses mains ne savaient demeurer immobiles tant l’Enflammée l’agitait.
Elle pourrait lui dire qu’elle la trouvait beaucoup plus jolie maintenant qu’il y a dix ans, que sa beauté fanerait même si elle avait un tableau pour l’immortalisé. Oh, l’immortalisé… Lui aussi s’abimerait avec le temps, les couleurs se perdraient, le grain de la toile se déchirerait. Vouloir vivre jeune et éternellement était un concept qu’Azores pouvait comprendre mais ne désirait pas. Tout était éphémère, absolument tout. Et cela était encré dans son esprit, dans ses veines. L’on pouvait tout posséder puis tout perdre, aimer puis glisser vers l’indifférence. Néanmoins, ce n’était pas à une femme comme Arabelle qu’elle allait apprendre quoi que ce soit. Elle n’était pas une idiote, une idéaliste, pragmatique et brillante, elle savait qu’elle n’était pas à l’abri du temps mais, bornée, elle ne l’accepterait jamais. Une bataille plutôt admirable. Azores préférait ceux qui n’abandonnaient jamais.
« Habituellement, je ne peins pas de portrait sur demande. » Le coup de pinceau ne venait pas aussi naturellement. « Mais pour toi… » Arabelle possédait quelque chose d’intriguant. Une épaisse couche de crasse qui dissimulait une chose qu’Azores serait curieuse de voir. « Pour toi je peux le faire. »
L’artiste étira un sourire. Libre, elle ne prenait aucun délai. La création du tableau irait au rythme de la Maitresse d’Art. Elle prendrait son temps.
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Sujet: Re: Janvier 124 ▬ Draw me like one of your french girl (ft Azores) 01.12.15 22:17 parArabelle Stymphale
« Pour toi, je peux le faire » Ce n’était pas la première fois que ces mots étaient prononcés pour elle mais la saveur n’avait jamais passé. De nombreux souvenirs lui rappelaient toutes les choses qu’on avait faites supposément « pour elle ». Les hommes sont des menteurs en puissance lorsqu’on y pense. Ou bien leur mémoire est à très court terme. L’un comme l’autre n’étaient pour elle que source de mépris. Avec Azores, il était plus aisé de voir que c’était effectivement une faveur qu’on lui faisait. Arabelle aimait les faveurs et les attentions parce que ça la faisait se sentir spéciale. Elle se souvenait encore lui avoir répondu avec un ton chaleureux qu’elle était la plus douce et la plus charmante des artistes. Qu’elle était sûre que le tableau serait une réussite. Puis, une fois sa demande effectuée, la femme était repartie vaquer à ses occupations non sans gracieusement saluer le membre du conseil. Elevé dans la politesse et la courtoisie, s’en passer serait une aberration sans bornes pour elle.
Le temps avait passé et six mois s’étaient écoulés avant qu’elle n’ait pu entendre dire que le tableau était prêt. L’attente l’avait dévorée avec une hargne et une patience infinie. Une patience qui avait usé la sienne. Arabelle n’appréciait pas de ne pas être servi le plus rapidement possible même si le processus créatif et le temps qu’il prenait lui semblait évident. Ne pas être satisfait toute de suite était de manière générale insultant. Néanmoins, c’était dans le mutisme et avec la plus grande des patiences qu’elle avait attendu qu’on lui annonce que le tableau prenait forme. D’elle-même, elle décida de passer rendre visite à l’artiste. Une fois que la porte fut ouverte, elle prit son sourire le plus aimable et commença sans plus de manière.
« Bonsoir Azores, j’ai su que vous seriez ce soir dans vos appartements, aussi me suis-je permis de vous rendre une visite de courtoisie. J’espère que vous ne m’en voudrez pas. » Son expression était volontairement un peu contrite. Bien qu’elle ne fut, comme on peut s’en douter absolument pas désolée. Forçant un peu le passage délicatement en posant sa main sur la porte et en imposante une certaine proximité pour qu’on lui ouvre le passage, elle entra dans le lieu. C’était important de savoir faire jouer la communication non verbale et de donner l’impression que l’autre nous a laissé rentrer sans opposer une véritable résistance.
« Mais que vois-je » dit –elle avec un ton étonné et ravi. « Ne serait-ce pas mon tableau que je vois sur ce chevalet ? » Elle s’approcha lentement. « De ce que je vois, il a l’air beaucoup plus avancé que ce que tu ne le laissais paraitre. On dirait presqu’il sera bientôt fini. Ho ! Comme je suis contente ! »
Mais Arabelle n’était pas une artiste et elle était encore moins patiente. Elle surgit à la porte de la modeste demeure d’Azores. Oh, la conseillère se demandait bien où la scientifique avait pris tout son courage pour venir. Elle si précieuse, si brillante. Il y avait dans ses pensées un fond de jugement, mais pas plus. L’artiste ouvrit sa porte et, comme à son habitude, ne fit que l’entrebâiller pour regarder à l’extérieur. Heureusement, elle ne lui en voulait pas d’être venue à l’improviste. Elle n’était pas la seule à surgit ainsi. Arabelle ouvrit la porte et entra dans l’antre de la Maitresse d’Art.
Modeste. Humble. Azores était le seul membre du Conseil à résider au second niveau. Elle possédait une pièce principale étonnamment grande, une partie pour la cuisine, une autre qui servait d’atelier, bordélique. Des toiles étaient apposées contre les murs les unes contre les autres, d’autres trônaient sur des chevalets. Azores s’écarte vers une table où jonchait quelques papiers, des documents et des croquis, mais surtout une bouteille à la forme bien connue : de l’Essence. Essence qu’elle s’apprêtait à prendre avant d’être interrompue par Mademoiselle. Sans se gêner, elle cala le liquide, n’en gaspilla pas une goutte, écoutant la scientifique s’exclamer devant le portrait qu’elle avait repéré.
Quand Azores se retrouva devant le tableau, aux côtés de sa collègue, elle ne le regardait pas avec le même émerveillement. À ses yeux, il était loin de ce qu’elle désirait, loin de ses attentes. Ce n’était qu’une pâle représentation d’Arabelle. Des formes posées sur une toile, sans expression ni profondeur. L’artiste soupira et commenta son œuvre inachevée :
« En effet, tu y es peinte et on peut te reconnaitre, mais tu n’as l’air de rien. »
De rien. Azores choisissait ses mots, les prononçait avec fermeté. De rien. Arabelle était beaucoup plus que… rien. L’artiste commença à s’agiter, elle demeurait rarement immobile, éternellement en train de bouger. Ses épaules se mouvaient, et ses bras qui pendaient le long de son corps suivaient le mouvement.
« Sur ce portrait tu n’as pas l’air exceptionnelle, mais fade, sans personnalité. »
Elle venait de donner un coup. Azores se retourna et fouilla dans ses choses, en sortit un briquet. Décorés d’arabesque, une vieille relique qui pourtant fonctionnait toujours. Surtout quand elle effleura la toile avec le bout de la flamme. La peinture noircit, et une odeur chimique s’évapora jusqu’à leurs narines.
« Tu es magnifique, Arabelle. » Surtout ce qu’elle gardait dissimulée derrière ses sourires et son arrogance. « Je ne te laisserais pas partir avec un tableau qui ne te fait pas honneur. »
Azores lâcha le briquet et donna un coup sur la toile, la faisant tomber de son chevalet. Dans ses yeux ne brillaient pas de rage, ils avaient l’air absents. Elle avança ses pas vers la scientifique et attrapa ses épaules fermement. Elle scrutait le visage d’Arabelle, à la recherche de quelque chose. De la perle qui lui donnerait l’inspiration pour un portrait presque parfait.
« Exprime-toi ! De quoi as-tu peur ? Que veux-tu que les gens pensent de toi quand ils verront ton portrait ? »
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Sujet: Re: Janvier 124 ▬ Draw me like one of your french girl (ft Azores) 11.12.15 13:53 parArabelle Stymphale
Elle n’avait l’air de rien ? Comment ça ? Elle savait que les artistes pouvaient être difficiles avec eux mais tout de même. La jeune femme s’en trouvait assez satisfaite. Qu’à cela ne tienne, la femme allait forcer un peu. La phrase suivante eut le mérite de l’interloquer suffisamment pour la faire réfléchir un instant. Cela ressemblait, il est vrai, à l’air qu’elle voulait que tout le monde voit. Elle était polie, sage, révérencieuse et tranquille. C’était sans doute ce qui ne plaisait pas à la jeune artiste. Les gens d’art avaient une perception plus aigüe de ce que les individus cherchaient à cacher. On aurait dit une espèce d’hypersensibilité. C’était agaçant pour une femme comme elle qui aurait voulu être aussi lisse d’une toile de tableau.
La jeune artiste fit une chose qu’Arabelle n’aurait pu prévoir dans aucun scénario. Elle immola le tableau pour le punir d’avoir ne serait-ce qu’un instant exister. En voyant son reflet ainsi être brûlé, Arabelle se fit un instant s’étioler, se transformer en cendres comme si elle vieillissant brusquement. Ce sentiment la pris à la gorge si fort que son masque de sagesse tomba brusquement comme un verre qui se brise. Ses yeux se froncèrent dans une expression de haine contenue. Sa bouche se pinça et pendant un instant la noirceur de son âme fit surface. Elle n’était que rage, on aurait dit que d’une seconde à l’autre, la femme allait exploser. C’était presque impossible pour elle de se retenir de parler. Son expression n’était pas méticuleusement désignée. Sans même pouvoir se retenir, elle lâcha :
« Mais tu es folle ou quoi ?! » Soudainement, elle réalisa que c’était franchir la limite que la femme du monde s’était toujours imposée. Réagir ainsi était comme briser un code tacite qui lui interdisait de montrer une véritable émotion surtout une si terrible. Et voilà que la femme se permettait de l’attraper en l’observant. Personne n’avait le droit de se permettre une telle familiarité sans y avoir été autorisé au préalable. Son visage se durcit encore alors que ses yeux furetèrent rapidement vers les mains sur ses épaules. Un frémissement s’en échappait. Lentement, réalisant ce qui se passait en elle. Arabelle compta jusqu’à 10 mentalement pour reprendre un pseudo-contrôle d’elle et supposément répondre à la question qu’on lui posait. Son sourire de façade revient à sa place pour cacher le visage hideux de sa colère animale.
« N’est-ce pas un peu cavalier de m’attraper ainsi ? » L’affabilité venait de revenir. « Je veux que ce portrait représente la personne que je suis aujourd’hui. Ni plus ni moins que la réalité. C’est bien suffisant. » Ses poignets crochetèrent ses mains pour les retirer de ses épaules. « Je ne voulais pas être impolie tout à l’heure. J’ai conscience d’avoir été un peu rude, j’espère que tu me pardonneras. Je ne voudrais pas teinter une si belle amitié naissante. » L’imperméabilité revenue, la membre du conseil constatait avec horreur et honte qu’elle s’était laissée aller à ces émotions vulgaires, que cela pouvait lui porter préjudice. Elle espérait qu’arrondir les angles suffiraient.
Azores échappa son briquet au son de la voix du Sage. L’artiste se tourna vers sa collègue après avoir jeté au sol le tableau mis en cendre et étira un sourire. Un sourire amusé, discret, des yeux qui s’étaient illuminés, moins absentes, largement plus présents. Enfin elle pouvait assister à un geste naturel de la part d’Arabelle ! Ses mains se refermèrent sur ses épaules, et Azores épiait les traits qui, pour une fois, étaient véritables, de la femme. Elle ne sentait pas la menace qui rodait, ce noyau agité qui brulait au cœur de la scientifique. Elle n’éprouvait aucune peur, que de la fascination.
Et le masque revint, le Sage se débattit et Azores laissa ses bras retomber de chaque côté de son corps. Lentement, ses paupières battirent alors que les mots chantaient dans la bouche d’Arabelle. L’artiste joignit ses doigts dans son dos et agita la tête, faisant bouger ses boucles rousses. Elle fit un pas vers celle qui désirait si ardemment son portrait. Peut être un peu trop, mais ce n’était pas la Maitresse d’Art qui savait se retenir, n’est-ce pas ?
« Mais ce portrait n’était pas ce que tu es, aujourd’hui. Pas la réalité. Et je ne peins pas de coquille vide et sans intérêt. »
Ce comment apparaissait Arabelle à ses yeux, avant qu’elle ne c raque son beau moule de perfection. Oh, elle venait de se trouver une nouvelle quête, un but secondaire mais important ; celui de briser cette femme charmante qui voulait toucher la perfection et l’éternité. Azores pourrait remettre ses mains sur les épaules de sa collègue pour l’enserrer de nouveau. Le faire et le refaire, jusqu’à ce que celle-ci soit exténuée, devienne agressive. Elle pourrait approcher dangereusement la flamme qu’elle tenait plus tôt dans ses mains près de son visage. Son merveilleux et précieux visage.
« Nous ne sommes pas amies. Mes amis ne demandent pas pardon pour leur rage, ils l’assument. »
Azores baissa les yeux pour réfléchir, puis releva le regard vers Arabelle dont les traits commençaient à se creuser. L’artiste aimait ses marques. Énormément. Et n’avait aucune appréhension face à la vieillesse. La Maitresse d’Art s’agitait, balançait ses épaules de droite à gauche, sa tête suivant mollement le mouvement.
« Si tu me montres le même visage qu’à tous les autres, tu n’auras jamais un portrait à ta hauteur. »
Quelle direction prendre ? La pousser ou la laisser s’ouvrir d’elle-même ?
« Pourquoi m’as-tu choisi comme peintre au-delà de tous les autres, Arabelle ? »
« PELAGIA »
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Sujet: Re: Janvier 124 ▬ Draw me like one of your french girl (ft Azores) 14.02.16 17:24 parArabelle Stymphale
Septembre 125 ▬ Arabelle et les émotions "humaines"
Arabelle ne prenait pas réellement bien le fait qu’on lui dise que sa façade était une coquille vide et sans intérêts. Cela se sentait dans le léger tressautement de sa lèvre droite. Cette artiste était particulièrement agaçante quand elle s’y mettait. Pour être honnête, tous les gens d’art pouvaient se montrer difficiles à son humble avis. Quelle idée de vouloir peindre la véritable elle ? La membre du conseil calculait exactement la personne qu’elle voulait montrer et ça n’allait pas être cette hurluberlue un peu perchée qui allait changer cela. Quelle impudence de sa part. Sa rage s’auto-entretenait comme un feu mal contrôlé. La femme était ainsi toujours tiraillée par ses démons intérieurs qui devenaient de plus en plus difficiles à cacher. Ces derniers mordaient l’intérieur de sa chair jusqu’à la marquer. La sensation se répercutait sur son corps meurtrissant son âme la menant toujours dans des états de tension extrêmes. Par précautions, la brune avait préféré se taire que de se montrer cassante. Il n’y avait rien à retire de ce genre de comportements impulsifs. La femme l’avait appris à de maintes occasions et se forçait toujours à répondre des mots sobres et efficaces.
« Nous ne sommes sans doute pas amies non. » Se contenta-t-elle d’ajouter distraitement sur un ton lointain et évident en même temps. Azores et elle ne pourraient pas développer une relation car elles ne naviguaient pas dans le même monde. C’était évident pour tous ceux qui avaient croisés le chemin de l’une et de l’autre. Sans pour autant faire dans le déterminisme. Ce n’était pas si grave car la sage considérait qu’il n’y avait pas de raisons de se faire trop d’amis, on se retrouvait à leur donner des informations personnelles pour tisser des liens. Chose qu’elle ne voulait ni ne pouvait envisager sans une once de réticence. La phrase suivant qui flattait un peu son ego eut pour effet de la faire se détendre au moins quelques instants. D’un autre côté, elle trouvait ce compliment un peu vide.
« Comment saurais-tu ce que je vaux si je suis une coquille vide à tes yeux ? » Un ton un peu coupant avec une pointe de moquerie mauvaise. Rien qui sortait réellement de l’ordinaire mais ce ton équivoque ne trompait personne sur la réalité du message. C’était la manière d’Arabelle de ne pas être hypocrite que de malgré tout vouloir faire comprendre à demi-mot ce qu’elle pensait très fort. Tu ne me connais pas, tu n’as aucune idée de qui je suis, et ma grandeur est plutôt tournée vers la décadence. Voilà la vérité, elle tenait en une phrase mais personne ne l’avait jamais entendue. Personne ne l’entendrait sans doute jamais car c’était bien trop proche de la vérité, bien trop proche de la personne qu’elle masquait sous son maquillage et ses apparats soignés.
« Je t’ai choisie… » Elle fit une pause pour montrer qu’elle réfléchissait un peu. Je t’ai choisie pour t’avoir dans la poche, ne correspondait pas à une réponse acceptable à donner. Evidemment d’autres raisons existaient, mais celle-ci demeurait la première. « Je t’ai choisie parce que ta peinture est vivante et blessée en même temps. » Que penserait Azores de cette réponse un tantinet trop philosophique de la part d’une âme foncièrement scientifique et pragmatique ?
« Et toi, pourquoi as-tu accepté ? Je suis certaine que tu dois refuser à pas mal de gens des commandes. J’ai entendu dire que tu avais ton petit succès. » Souffla-t-elle d’une voix plus douce un peu rauque. Le ton se voulait plus velouté comme enveloppant. « Tu devais savoir que ça serait difficile de faire ressortir le désespoir, ou la rage, ou je ne sais quelle autre émotion négative de moi ? Tu veux savoir pourquoi Azores ? » C’était une question rhétorique. Du moins, c’était entendu comme tel. De toute manière, elle ne laissa que peu de temps à la jeune peintre pour formuler une réponse construite. Elle poursuivit, débordée un peu par son ego, elle se laissait aller à une forme de confidence.
« Parce que les gens comme moi n’ont ni le temps ni le droit de se laisser aller à des émotions aussi humaines. »
Malgré tout, Azores appréciait sa collègue. Elle la trouvait fascinante, d’une façon. Un peu à la manière de Siobhan qui était, elle aussi, une scientifique. Ces esprits carrés et enfermés, cette droiture et cette tendance à se dissimuler derrière des masques mensongers, cela faisait sourire l’artiste qui se montrait véritable devant tous ceux qu’elle rencontrait. Ses doigts s’entremélangeaient alors que ses yeux parcouraient la silhouette fine d’Arabelle. Quelle jolie femme, jolie jolie femme. Plaisante à peindre malgré le résultat désastreux. Un petit sourire. Un peu d’amusement.
« Je n’ai pas dit que tu étais une coquille vide, seulement que ton portrait l’était. »
La différence sonnait minime mais elle était flagrante. Tout du moins pour Azores qui voyait quelque chose, un grand potentiel dans l’être qu’était la Sage, mais qui n’avait su le transposer en peinture. Un problème qui lui arrivait rarement, les œuvres de la Maitresse d’Art était toujours gorgée d’émotion, de sentiments. Toujours exactement ce qu’elle souhaitait faire ressentir. Ou exactement ce qu’elle ressentait au moment de donner des coups de pinceaux.
Ses doigts se serrèrent entre eux. Vivante et blessée. Deux contradictions sortant de la bouche d’une scientifique, mais elle n’ajouta pas de mot et accepta le compliment. Vivante et blessée, cela lui allait bien. Ses mains se séparèrent, mais rien que pour se rejoindre à nouveau dans son dos et répéter le même manège. Arabelle avait choisi l’une des plus grandes artistes de Pelagia, mais également la plus imbibée d’Essence, la plus chaotique. Son sourire s’élargit, quand la Dame fit sa révélation.
Cela aurait pu être une déception, un effarement, mais Azores voyait ce manque de temps et de droit comme une sorte de défi. Elle avança d’un pas. La Maitresse d’Art avait levé ses mains de manière à venir toucher son interlocutrice mais se ravisa, les occupant avec autre chose comme les plis de ses propres vêtements.
« Tu es la première depuis des années dont j’accepte la demande. » Battements de paupières. « Je ne vois pas le désespoir et la rage comme des émotions négatives. »
À côté d’Arabelle, l’artiste apparaissait comme une enfant. Incapable de tenir immobile, voyant les merveilles dans tout et n’importe quoi.
« Mais tu m’as choisi parce que ma peinture est vivante et blessée à la fois. Est-ce parce qu’au travers ma peinture, tu voulais t’accorder le droit et le temps d’être humaine, vivante ? »
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