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L’Essence | Mars 125, Azores & Abraham
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« La rose et le réséda »
MESSAGES : 684 POINTS : 3337 PRÉSENTATION : uoıʇɐʇuǝséɹdFICHE DE LIENS : suǝılDATE D'INSCRIPTION : 17/10/2015
| Sujet: L’Essence | Mars 125, Azores & Abraham 24.10.15 2:16 par Abraham Land | Citer Editer Supprimer |
| RésuméMars 125. Ce soir Abraham retombe dans l'Essence. L'ESSENCE
La sensation de la chaise sur ses mains était deux fois décuplée. Quelque chose de froid et de chaud à la fois, avec une sensation étrange au bout des doigts. Abraham ressent à cet instant la matière de sa peau, plus précisément de la peau de ses mains. Comme si une simple aiguille allait lui faire dix fois plus de mal que d'habitude. Il ressent, plus que d'habitude et moins à la fois. Puis vient la sensation de sa peau du visage mal rasée, qu'il frotte comme pour se gratter. La sensation de ces poils courts mais tranchants qui viennent essayer de stopper la course d'Abraham jusque vers ses yeux. Ils sont humides, le liquide s'écoule sur ses doigts et il vient les sécher sur sa chemise. Elle est froide et trempée par la sueur sans doute, quelque chose de froid et de désagréable, comme si on essayait de le plonger dans une baignoire ou une piscine géante.
Puis vient les échos au loin. Le silence est pesant mais Abraham peut entendre quelques voix venant des hauteurs, ou le bruit des animaux traînant pas très loin, et qui rampent sur le sol de leurs griffes. Les bouteilles qu'il tape de ses pieds viennent s'entrechoquer dans un boucan infernal, le boucan que lui même provoque en laissant échapper un cri de râle, puis un bruit de corps qui tombe sur une matière qui grince. Ses mains viennent se claquer entre elles, ça voix semble partir pour revenir, lente et forte. Il croirait entendre le bruit de son cœur qui bat très lentement, et même le bruit du sang passant dans ses veines.
Abraham la sent cette odeur. Cette puanteur qui l'entoure. Ce doux mélange de nourriture avec celui de la pourriture. D'abord la sienne, une vieille odeur de cuir, de cigarette froide et de café. Puis une odeur de sang qui le suit, une odeur de viande, une odeur animal. Tout à l'heure, il sentait même une odeur de déjection, mais il ne sait plus où. Les odeurs se baladent, vont un peu partout, et l'aide à se repérer comme un sale rat qui chercherait de quoi manger.
Non pas qu'il meurt de faim, mais il sent dans sa bouche que sa langue est sèche tout comme le fond de sa gorge. Le goût de l'Essence mélangée est très prononcée. Piquant, acidulé, fruité. Peut être aussi le goût de l'alcool, ou le goût encore présent de ses lèvres. Surement le goût de la chair, le gout du sang. Le goût des cigarettes qu'il avait fumées tout à l'heure. Et puis le goût du pas assez ...
Abraham ouvrit enfin les yeux pour regarder autour de lui. Tout se chamboule dans sa tête, la rue se multiplie et se démultiplie. Elle est sombre et elle vibre. La nuit semble être tombée depuis un bon moment. Tu n'en sais pas grand chose, ça fait plusieurs minutes que tu restes planté là. A moitié couché sur de vieilles chaises, à moitié dans un dépotoir, à moitié entre les poubelles, à moitié conscient, à moitié beau, à moitié mort.
Puis il ressent une présence, il l'entend qui s'approche. Elle sent une odeur épicée. Un goût d'Essence. Et il la voit arriver en face de lui. Rouge. |
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| Sujet: Re: L’Essence | Mars 125, Azores & Abraham 25.10.15 2:03 par Azores Lullaillaco | Citer Editer Supprimer |
| Le corps d’Azores était faible. Elle marchait difficilement et s’aidait d’une canne pour se tenir debout. Quelques jours plus tôt, c’était une chaise roulante qui l’assistait pour se déplacer. Une performance difficile, dure, toujours plus violente. L’impact sur son corps était puissant, et nombreux sont ceux qui détournent les yeux ou cherchent le sens de ces mises en spectacle. Pour trouver le pourquoi du comment, il fallait réfléchir, interpréter. Azores ne révélait jamais la réponse, ne faisait que livrer quelques indices. Souffrir au cours de performance, elle le faisait depuis bien longtemps, et elle voyait une forme d’élévation dans ces douleurs artistiques qu’elle s’infligeait.
Elle portait une chemise pâle ainsi qu’une longue jupe qui entourait les courbes de ses hanches et ses jambes. Rien d’extravagant, rien ‘d’artistique’. Outre la faiblesse qui l’habitait, elle ressemblait à n’importe autre Pelagianne, mais elle n’en était pas une. Loin de là. Et ce qu’elle était, elle ne le souhaitait à personne d’autre, mais n’oserait pas changer, se complaisant dans un esprit ouvert ou bordélique. Depuis l’heure de son réveil jusqu’à cette soirée qui s’annonçait prometteuse, elle agissait sous l’influence de substances chimiques. Condensée, concentrée. Cet univers que les essences avaient bâti autour d’elle était devenu une part de sa réalité, et l’on s’inquiéterait davantage de sa personnalité si elle cessait d’en prendre que si elle continuait à consommer.
Oh, un jeune homme, là, étendu. À moitié mort, à moitié défait. Azores n’était pas une âme charitable et la bienveillance lui faisait défaut. Il y avait bien ses pupilles, petites choses précieuses de l’art, pour lesquels elle se laissait aller à de la douceur, mais les autres vivaient sur un pied d’égalité, affrontant une Azores manipulée par bien des tracas, des envies, l’inspiration. Ah ! L’inspiration ! Et là, cet être effondré, qui possédait de quoi attirer l’œil d’une femme aux idées ailleurs, mais qui n’était pas idiote non plus.
« C’est de toi qu’aurait dû s’inspirer Rodin pour sculpter le Penseur. » Que lâche la maitre d’art, stoppant ses pas épuisants en s’appuyant sur sa canne, légèrement penchée vers l’avant.
Mais ses jambes quémandent une pause, alors elle fait l’effort de prendre une place à côté de l’esseulé, le regard perdu dans le vide, tout aussi détruit que le sien.
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| Sujet: Re: L’Essence | Mars 125, Azores & Abraham 25.10.15 13:57 par Abraham Land | Citer Editer Supprimer |
| RésuméMars 125. Ce soir Abraham retombe dans l'Essence et ressemble au Penseur de Rodin. L'ESSENCE
Pour faire bref, Abraham se retrouve le cul posé sur une chaise cassée, au milieu des poubelles, le nez tout aussi en bon état que la chaise, la lèvre ouverte, les yeux vides d'émotion, les veines des mains bien apparentes et les jambes totalement ramollies et posées sur des restes de plats de poisson. Un déchet encore vivant qui ressemblerait selon l'inconnue en face de lui à l'une des sculptures de Rodin. Ou en tout cas il aurait pu être l'inspiration. Heureusement qu'elle avait précisée sculpter, Abraham n'a jamais était très bon en art. Même si son niveau scolaire était plutôt bon. Alors Rodin ... Il préférait lâcher un petit rire, la voyant s'installer à côté de lui comme si ils étaient chez l'un d'entre eux, à se reposer sur un canapé bien moelleux. Sauf que cette fois-ci si l'un des deux bouge, il se met à tomber dans les poubelles. Alors comme ça, selon cette inconnue, il ressemble à une sculpture ? C'est plutôt gentil.
▬ « Tu as vue ma gueule ? Je suis pas un ange, et encore moins un Penseur. » Il riait en disant ça, sa voix était cassée, lente, et presque joyeuse. Un peu le genre de voix de garçon de quartier.
Mais Abraham avait raison, il n'avait pas l'allure d'un gars bien. Encore moins avec la gueule cassée comme la sienne actuellement. Et sa veste en vieux cuir, et ses chaussures qui rendent l'âme, et ses vêtements sales et tâchés. Cette femme par contre, qui porte sur elle une odeur épicée et sucrée, est habillée très élégamment. Une chemise transparente, une jupe longue mais serrée au corps, de beaux cheveux longs et roux, un maquillage qui coule mais qui cache un ravissant petit minois entretenu. Quel âge à cette femme ? Abraham lui donne vingt-cinq ans comme trente-cinq ans. Elle parait si jeune et déjà à un âge avancé. Une femme très élégante qui n'a pas sa place à ses côtés.
▬ « Et à qui ai-je l'honneur ma sœur ? » Il semblait encore moins tenir la route sur cette chaise que sur ses deux pieds, essayant de garder un minimum l'équilibre. « Tu devrais pas traîner aussi tard, tu sais ça ? T'as un mari ? Un gosse ? » Il cligna de l'oeil droit, son tic habituel. « Un chat ? Un canapé ? Une table ? Un lit ? Une salle de bain ? Une esfrttsr ? Un heddguug ? » Sa voix était forte, un peu trop forte. Mais au lieu de se taire et de rester dans son coin, il se mit à rire très fort. Alors que quelques heures avant, il avait frôlé la crise, paniqué et totalement submergé par la tristesse.
Dernière édition par Abraham Land le 27.10.15 21:08, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: L’Essence | Mars 125, Azores & Abraham 26.10.15 3:59 par Azores Lullaillaco | Citer Editer Supprimer |
| Azores leva un sourcil devant tant de tact et de repartie. Oh, elle ne s’offusqua pas. Elle ne possédait que l’allure de ces femmes distinguées pour lesquelles tout étaient trop bien pour elles. L’artiste était modeste et acceptait la vie sous toutes ces formes, même sous celles d’un jeune homme un peu perdu. Pour appuyer ses dires, car ceux-ci n’avaient pas été dictés seulement à cause de la position fort artistique de l’homme torturé, elle ajouta, emmenant un brin de culture à cette situation cocasse :
« Le Penseur est inspiré de l’un des personnages de la Divine Comédie. Un poème qui relate les supplices des damnés, le purgatoire, toutes ces petites choses… »
Sa voix grave, pourtant basse, se termina là. Appuyée maladroitement, elle posa ses mains sur sa canne, regardant dans le vide devant elle, comme si fixer son interlocuteur était superficiel. Pour la pose, elle croisa les jambes l’une par-dessus l’autre, plissant le tissu de sa jupe.
« Je suis une artiste. »
Mais elle ne mentionna pas son nom, car celui-ci était connu. Peu répandu, identité faisant référence à des lieux remarquables que l’on retrouvait à la surface mais surtout, c’était le nom que l’on donnait au Maitre d’Art de Pelagia. Azores Lullaillaco admirait l’homme, la femme, dans ses émotions les plus simples, sans l’hypocrisie, sans le masque. Et si l’inconnu ne l’avait reconnue, il n’avait pas besoin de le faire. L’artiste ne possédait rien de spécial, mis à part un titre. Elle était un être humain comme tous les autres, avec ses forces et faiblesses, son caractère bien unique. Oh, à la fois si différente, car il ne lui semblait pas avoir rencontré une autre âme cherchant l’absolution de l’art et la beauté dans la destruction tout comme elle le faisait, avec ferveur, vigueur.
Ses doigts pianotaient sur sa canne, l’on pouvait presque deviner quelle essence coulait dans ses veines, malgré son calme apparent. Son corps faible laissait l’énergie s’évacuer par ses mains blêmes et marquées de creuses cicatrices. Lui, par contre, démontrait une personnalité beaucoup plus agitée. Oscillant entre l’abattement et les rires, la force et l’envie de s’écrouler. C’était fascinant et Azores avait enfin posé ses yeux sur lui, pour le voir aller, évoluer. Elle glissa sa main gauche vers lui, écartant les doigts, les agitant pour les lui montrer, eux, dénudés du moindre bijou, aucune alliance.
« Pas de mari, pas d’enfant, pas de chat. »
Seule. Et c’était tant mieux. D’un mouvement vif, elle attrapa fermement sa mâchoire. Penchant la tête sur le côté, elle observa ce visage qu’elle obligeait et bouger pour le voir de tous les côtés. Elle vit ses joues creuses et ses cernes interminables. Des traits qu’ils partageaient, eux, êtres qui n’étaient pas faits très forts. Ses yeux vitreux se plongèrent dans les pupilles noires du garçon.
« Ton désespoir m’inspire, on voit rarement une démonstration de sentiments aussi véritables. » Elle eut un petit sourire, elle qui, contrairement à lui, ne parlait pas bien fort. « Je pourrais peindre un visage marqué comme le tien. » Finit-elle, lâchant sa mâchoire pour tracer une cerne puis le creux d’une joue, démontrant ses propos.
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| Sujet: Re: L’Essence | Mars 125, Azores & Abraham 27.10.15 21:32 par Abraham Land | Citer Editer Supprimer |
| RésuméMars 125. Ce soir Abraham retombe dans l'Essence. Il devient le Penseur et Azores devient Rodin. L'ESSENCE
Quand Abraham demanda qui était cette femme sortie de nulle part, celle-ci ne manqua pas de se tenir sur sa canne et de croiser les jambes telle une noble duchesse. Cette situation ne manqua pas de le faire sourire mais il prit enfin le temps de se taire, observant cette dame bien propre sur elle et bien tenue qui était pourtant avec lui au milieu des poubelles. Drôle de personnage. « Je suis une artiste. » Ceci expliquait donc cela. Et dans la tête d'Abraham, ça fit mouche quand elle lui présenta devant les yeux sa main avec ses cinq doigts dénudés. Le jeune Penseur n'avait pas la lumière à tout les étages, et il ne comprit que quand elle lui lança cette jolie réplique qu'il pouvait s'appliquer à lui même : Pas de mari, pas d'enfant, pas de chat. Seuls, ils étaient tout les deux seuls et perdus. Abraham souriait toujours, avec son regard fermé et idiot, même lorsque l'inconnue lui agrippa la mâchoire de sa même main gauche. Elle l'observait, sur tout les côtés et tout les angles. Le jeune homme était trop faible pour résister, et pas assez conscient pour penser à se dégager. Dans sa tête c'était le flou et surtout la curiosité. Cette femme, va savoir pourquoi, l'intéressait. Peut être était-ce aussi son odeur qui y faisait. En plus de l'odeur de l'Essence qu'elle dégageait lorsqu'elle lui parlait. « Je pourrais peindre un visage marqué comme le tien. »
Et à peine venait-elle de le lâcher qu'il repartit dans un rire, comme dégagé de son silence. Elle ? Le peindre ? Qui était donc cette femme, d'où sortait-elle ? Était-ce un ange gardien ? Abraham en oubliait finalement toute sa douleur d'il y a quelques heures, pour se laisser plonger dans les gestes doux et fluides de cette femme; pour sûre c'était une artiste. Cela se voyait dans sa manière d'être, sa voix, son extravagance. Elle était décidément aussi perchée que lui. Sauf que lui il est tout sauf élégant. Peut être moins lorsqu'il se redressa de sa chaise, se mettant debout sur ses deux jambes, titubants.
▬ « Mh J'vois, c'est vous Rodin. Vous êtes venus me voir, moi, Penseur de la Divine Comédie, pour faire de moi l'un de vos chefs d’œuvres ? » Sa voix avait changeait, et ses gestes étaient très prononcés. Il essayait d'imiter quelqu'un du théâtre, un personnage comique mais sûre de lui. Abraham n'existait pas pendant un moment, il était à présent le Penseur et cette femme rousse, avec sa canne, était l'Artiste. L'Essence agissait comme hallucinogène et il n'avait plus conscience de ce qu'il faisait, invitant l'inconnue à attraper sa main qu'il lui tendait enfin pour l'aider à se lever. « Venez, ne perdons pas de temps. » Il l'invitait à le rejoindre, pour partir il ne savait trop où, peut être chez cette femme, dans son atelier. En tout cas, Abraham ne voulait pas être une source de conflit. Tout ce qu'il souhaitait en cet instant c'est que cette femme puisse exprimer toute son envie, son art, et surtout sa richesse. Alors cette main tendue vers elle était une main grande ouverte, forte et asséché par la vie dure. Mais une main chaude et accueillante envers cette femme qu'il aurait pourtant détesté si il avait entendu son nom. Azores. |
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| Sujet: Re: L’Essence | Mars 125, Azores & Abraham 28.10.15 20:44 par Azores Lullaillaco | Citer Editer Supprimer |
| Si Azores était un ange, elle était loin d’être une gardienne. Elle faisait partie de ce petit groupe d’êtres purs et ailés qui avaient trop parlés, qui voulaient agir. Ceux qui sont devenus des démons, qu’on a vilement poussés en dehors du Paradis à cause de leur esprit différent. Qu’avait-elle fait de si mauvais, si criminel, pour avoir été poussée ainsi des Cieux ? Heureusement, la douceur des ténèbres et la folie de l’Enfer lui plaisant amplement, l’empêchant d’escalader vainement le monde des hommes pour remonter tout là-haut.
Elle sentait le fameux et attirant désespoir qui habitait l’homme s’enfuir. Elle l’avait égayé. Azores continuait à le voir, lui aussi affecté qu’elle. Et elle savait que les douleurs de la vie le frapperaient à nouveau, que le petit bonheur qui l’agitait était éphémère. Il s’évaporerait, et l’artiste retrouverait l’être qu’elle désirait tant peindre, là tout de suite. Une horreur digne de la Divine Comédie. D’ailleurs, l’homme suivait sa métaphore et dorénavant, elle était le célèbre sculpteur. Elle sourit de manière maligne, attirée par la suite, par les péripéties qu’ils s’apprêtaient à traverser.
Elle attrapa sa main et accepta le titre avec joie. Azores, prenant aussi appui sur sa canne, se leva mollement et se laissa amener par le Penseur. Quelques pas et elle le guidait vers son appartement. Sa grande demeure, très modeste pour un membre du Conseil. Un moment de sa vie s’était effacé, comme s’il n’était pas important, comme si elle avait préféré se mettre en mode automatique jusque chez elle pour aller travailler dans un autre coin de son esprit.
Elle était chez elle, se tenant dans sa cuisine. Azores tourna la tête vers sa droite et s’étendait devant elle une grande pièce, une longue pièce. Son atelier se mêlait à son lieu de vie. Des toiles au sol, recouvertes de peinture, dont l’histoire se suivait d’une image à l’autre. Un chevalet, taché de couleurs, légèrement abimé, vide. D’où elle était, elle avait trouvé le banc sur lequel se poserait son Penseur. Avant d’agir, une bouteille se retrouva dans sa main, de l’Essence. Bien sûr, il fallait se laisser tomber dans sa douce étreinte avant toute chose.
La voilà armée. L’artiste emmena son modèle là où elle le désirait, puis le laissa s’installer. La lumière était mauvaise. Elle désirait du contraste. S’affairant à allumer un spot lumineux, le positionnant de bien des manières autour de l’homme avant de trouver l’éclairage adéquat. La noirceur de l’océan reflétait d’une part de son visage, tandis que l’autre moitié avait ses traits creusés par une source artificielle.
Quand elle recula de quelques pas pour avoir un aperçu de sa future œuvre d’art, elle parut déçue, décontenancée. L’inconnu était beaucoup plus beau là où elle l’avait rencontré, plus tôt. Installant une longue toile vierge sur son chevalet, elle s’exclama :
« Ce n’est pas en dessinant les plis de vêtements que l’on montre le anéantissement d’un corps. Je veux peindre une âme, pas des vêtements bons marchés. » Oh, il n’était clairement pas du troisième elle l’avait deviné. Cependant, ce n’était pas à son choix d’accoutrement qu’elle accordait de l’importance, car l’art transcendait les classes sociales. Ainsi que la pudeur, la gêne. Ainsi elle ne débuterait pas sa peinture tant qu’il demeurerait vêtu. |
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| Sujet: Re: L’Essence | Mars 125, Azores & Abraham 29.10.15 1:21 par Abraham Land | Citer Editer Supprimer |
| RésuméMars 125. Ce soir Abraham retombe dans l'Essence. Il devient le Penseur et Azores devient Rodin. La Divine Comédie ne fait que commencer. L'ESSENCE
Abraham attrapa sa main et l'aida à se relever. Tout deux partirent en direction de la maison de Rodin. Le jeune homme lui faisait confiance, d'une certaine manière. Il se laissait emmener vers un endroit qu'il ne connaissait pas, sans savoir combien de temps de marche cela prendrait. Mais bien heureusement le temps fut court jusqu'au moment où ils arrivèrent en face d'une porte. Abraham ne prêta pas attention à la façade ni à l'endroit où la demeure se situait. Plus rien dans son esprit ne marchait, il était simplement guidé par le destin. Et ils entrèrent comme si ils étaient amis de longue date et qu'ils allaient finir la soirée chez elle. Le Penseur se sentait comme chez lui et l'odeur lui rappelait sa maison, une odeur de bois, d'essence mais avec une touche en plus, quelque chose qu'il n'avait pas l'habitude de sentir. Son nez était en éveil, mais c'est en baissant les yeux au sol dès leur entrée dans la pièce qui se voulait principale qu'il remarqua les peintures dérangées autour d'eux et les traces vieilles de plusieurs mois au sol. Abraham tomba de suite amoureux de cet endroit. Rodin joua avec des lumières, lui demanda de s'installer sur un banc puis se plaça face à son chevalet, celui-ci légèrement positionné sur le côté pour qu'elle puisse avoir un aperçu de son tableau et du tableau humain. Abraham adorait cette position qu'on les artistes. Et puis cette façon de se tenir, le jeune homme adorait. Il n'était pas un fervent admirateur de l'art, mais il ne pouvait pas dire que les pensées et les manières des artistes ne l'intéressait pas. Certains de La Compagnie sont des artistes, c'est dans l'âme de Pelagia. C'est en eux. « Ce n’est pas en dessinant les plis de vêtements que l’on montre le anéantissement d’un corps. Je veux peindre une âme, pas des vêtements bons marchés. » Un léger sourire s'afficha sur le visage du garçon qui s’exécuta tout de suite. Après tout, le Penseur aussi était nu.
▬ « Vous m'ôtez les mots de la bouche. »
Et les vêtements du corps. D'un air nonchalant, et naturel, il ôta d'abord ses vieilles chaussures, puis ses chaussettes. Ses gestes restaient très maladroit à cause de l'Essence mais il prenait son temps, allant même jusque dans un coin de la pièce pour déposer le tout sans gêner la scène. De là il enleva son gilet en cuir puis son vieux débardeur qui perdait de sa couleur blanchâtre. Son dos gardait d'anciens bleus qui n'avaient pas encore disparus, et montrait très nettement les traits de sa colonne vertébrale. Il termina par son pantalon qui lui arrivait, comme toute personne pauvre, au niveau du nombril. Et il ôta enfin son caleçon. Le voilà tout dévêtu. C'est vrai, Abraham n'est pas un bel homme. Mais en s'avançant pour se positionner jusqu'au banc il avait l'air d'un vrai martyr de la comédie. Un jeune garçon d'à peine vingt-cinq ans qui vit ses années les plus sombres. Une cicatrice à l'arcade sourcilière, la lèvre ouverte, le nez cassé, le torse avec autant de bleus que le dos, les bras remplis de petites cicatrices, les genoux écorchés et les poils imberbes qui se trouvent partout sur tout le corps. Abraham est blanc de peau et son regard est sombre, ses bras sont longs et fins, peu musclé et sa peau est proche de ses os. Rodin a dû en voir des meilleurs, et pourtant elle a été fascinée par lui. Abraham ne dit rien et se laisse faire, pourquoi pas une fois dans une vie on ne peut pas devenir une œuvre d'un peintre ?
▬ « Dis moi comment je dois me mettre. » Mais Abraham se mit machinalement assis sur le banc, les jambes un peu écartées, les coudes sur les cuisses et les mains serrées entre elles. Le dos courbé. |
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| Sujet: Re: L’Essence | Mars 125, Azores & Abraham 29.10.15 3:42 par Azores Lullaillaco | Citer Editer Supprimer |
| Le garçon se montrait coopératif et ne posa pas davantage de questions. Là où certains se repliaient dans leur timidité et leurs complexes, lui s’exécutait sans hésiter. Azores appréciait cela chez un modèle qui avait attiré son intérêt. Ainsi ses yeux vitreux ne se détachèrent pas de lui alors qu’il s’exécutait. Elle l’avait deviné amoché, mais la trace de ses os et la marque de ses bleus ne firent que confirmer ce qu’elle pensait déjà : Il était parfait. Il allait contre les standards que la société imposait, il n’était pas lisse, transparent. Le Penseur avait vécu, vivait, et ses péripéties étaient écrites sur son corps. Tout comme elle, dont les blessures demeuraient encore dissimulées sous ses vêtements.
Ses jambes molles l’obligèrent à se laisser tomber elle également sur un banc. Elle fixait le Penseur et tentait de broder, dans son esprit vagabond, l’histoire de celui-ci. Une histoire magnifique, beaucoup plus intéressante que ceux nés chanceux, bien nantis. Cependant, elle devait avouer que la courbe des muscles était toute aussi palpitante à dessiner que le creux des os. Azores avait eu plein d’idées sur la position qu’il pourrait apporter, jumelé avec la lumière dramatique qui lui tombait dessus, mais elle ne s’était pas attendu à devoir revoir son jugement, à tenir en compte autant de cicatrices, de bleus.
« Positionne-toi vers la lumière. Tends une jambe, mais pose l’autre pied près du banc. Tourne ton buste dans le sens opposé, et mets tes bras ainsi… » Ne sachant comment lui décrire plus en clarté, elle adopta la pose qu’elle désirait qu’il prenne.
Cela lui apparaissait comme une bonne idée. Les genoux écorchés seraient vus, la maigreur de sa taille mise en valeur par ses épaules qui lui faisaient face. Quant à ses bras, oh, ils devaient démontrer de la détresse, de l’inconfort. Laissant au jeune homme le temps de s’habituer, elle débuta la préparation de ses couleurs. Sur un meuble monté avec des roulettes, lui permettant de se promener partout dans son appartement avec ses pots et tubes, elle rapprocha les couleurs qu’elle désirait. Nombreuses étaient sombres, des couleurs terres, déprimantes, additionnées de minime touches vives. Méthodique même sous les effets de l’Essence, elle avait même pris le temps d’aligner ses pinceaux et savait déjà de quelle couleur le fond de sa toile serait.
Quelque chose clochait.
« Tu sembles faux. Concentre-toi ! Reprends l’état dans lequel tu étais lorsque je t’ai trouvé. »
Souffre, et montre-moi ta souffrance. Hurle, pleure, partage la rage qui te fais vivre. L’artiste prit une grande inspiration, visiblement patiente, loin d’être de ces talentueuses personnes qui se mettaient au-dessus des autres, commandant à tout va.
« Je veux voir dans tes yeux le reflet de l’Enfer d’Alighieri. »
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| Sujet: Re: L’Essence | Mars 125, Azores & Abraham 29.10.15 4:26 par Abraham Land | Citer Editer Supprimer |
| RésuméMars 125. Ce soir Abraham retombe dans l'Essence. Il devient le Penseur et Azores devient Rodin. La Divine Comédie ne fait que commencer, c'est l'Enfer. L'ESSENCE
Et le pire dans tout ça c'est qu'il s’exécutait. Assis sur le banc, il se mit à tenter de reproduire exactement la position que désirait l'artiste. Ce n'était pas facile et il dût se reprendre à plusieurs fois avant de trouver la bonne position et surtout le confort adéquat pour ne pas trop souffrir de rester immobile quelques minutes. Même si il sentait dans la personnalité de Rodin version Pelagia qu'elle pouvait peindre très vite et très facilement. Mon dieu Abraham si tu savais à qui tu avais affaire en ce moment même. « Tu sembles faux. Concentre-toi ! » Zut, est-ce qu'il venait de s'endormir ? Oui en effet, il venait tout juste de fermer un œil alors qu'il pose. « Reprends l’état dans lequel tu étais lorsque je t’ai trouvé. » C'est à peine s'il s'en souvenait encore, cette femme avait de la mémoire. Abraham surement un peu moins, mais il tenta quelque chose qui fut vite reprit par Rodin : la Divine Comédie doit se faire ressentir. Peut être quelque chose comme Dante ou Lucifer, un truc du genre. Le jeune homme se mit à rire, regrettant presque ses années d'études où il séchait totalement les cours d'art. Tout de suite son sourire s'effaça et il redevint morne et froid, le regard sombre et ailleurs. Bien sûr il n'était plus l'homme que Rodin avait rencontrée quelques minutes avant cela, dans les poubelles. Maintenant il était nu, sur un banc, dans une jolie maison modeste, avec une femme élégante en face de lui qui l'observe. Difficile de se mettre dans l'ambiance. Mais dans les pensées mélangées et farfelues d'Abraham se trouva la place du Penseur.
▬ « Décris moi comment était le Penseur ? » Et alors il tenta de reprendre la même position. « Je médite sur mon sort. Bref, je suis imperturbable. » Sa voix était sombre et lente, comme quelqu'un de différent. Abraham est courbé sur lui même, comme si sa position ne jouait pas avec la loi de la gravité. Sa main vint déformer son visage dont le regard était déjà loin. Rodin, la divine femme rousse et élégante était plongée dans son monde, l'Essence au bout des lèvres. Tandis que lui, Le Penseur, divin homme noir et sombre était plongé lui aussi dans son monde. Chacun le regard ailleurs mais connecté par un lien inconnu. La joue engouffrée dans le haut de sa main droite, il tourna ses yeux en direction de sa créatrice, un petit sourire en coin :
▬ « Pourquoi l'Essence ? » |
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| Sujet: Re: L’Essence | Mars 125, Azores & Abraham 29.10.15 15:51 par Azores Lullaillaco | Citer Editer Supprimer |
| « Avant d’être Le Penseur, symbole de philosophie et de connaissance, il devait être Dante devant l’écriture de la Divine Comédie, devant les portes de l’Enfer. »
Le jeune garçon n’avait pas encore tout à fait trouvé une position que déjà, armée d’un large pinceau, Azores recouvrait sa toile de couleurs sombres. Pas de noir, pas encore. Mais du brun et de l’orangé, très morne, sale, avec une petite, une minime touche de bleu, pour le contraste. Elle créait un sketch, une base sur laquelle elle viendrait poser son penseur.
« La Divine Comédie est un poème qu’Alighieri a mis toute une vie à écrire, mais même une vie n’était pas suffisante pour montrer toute la perfection de la seule femme dont il était tombé amoureux. »
La Divine Comédie parlait d’amour. Le cœur ouvert de son auteur pour la jeune Béatrice qui n’avait jamais pu être sienne. Quelle bonne chose que ce récit de la renaissance ait été retranscrit dans la langue Pelagianne !
Les couleurs s’aplatissaient sous le commandement d’Azores. Artistiquement, elle n’était pas toujours une femme patiente et sa technique ne consistait pas à attendre paisiblement que la peinture soit sèche. Elle empilait les pigments, créait un léger relief qui serait donner une profondeur certaine à ce qu’elle souhait représenter. Elle s’arrêta quand le Penseur posa une toute étrange question. Hésitante, comme si elle-même cherchait une réponse, elle finit néanmoins par répondre :
« Pour l’art. »
Prévisible, mais véridique. Très jeune, elle avait commencé à prendre de l’Essence –poussée par l’ancien Maitre d’Art- pour trouver l’inspiration. Cela avait fonctionné. La suite, un peu plus houleuse, suscita chez l’artiste une réaction nerveuse. Elle n’en était pas gênée, mais les souvenirs de son prédécesseur n’étaient pas ses favoris. Elle passa les doigts de sa main libre dans ses boucles rousses, pensive, absente.
« Pour la force. »
Parce que l’Essence l’avait aidé à accepter la souffrance, les douleurs, et dorénavant elle l’appréciait. C’était une part de la vie, de la mort, tout comme la joie et le bonheur. Le jeune gigotant moins, elle prit une couleur beaucoup plus clair, un gris cassé dont elle bourra le bout de son pinceau pour l’écraser sur la noirceur de sa toile. Ses courbes étaient exagérées, car elle voulait montrer la forme de son modèle, son corps défait.
« Peux-tu mettre ton bras gauche plus vers l’arrière ? Sinon on ne voit pas bien ton corps et se serait dommage de le cacher. »
Azores ne peignait pas proprement, ainsi une tache vint rapidement tomber sur sa chemise pâle. Elle n’y porta pas attention, car la créativité était largement plus importante qu’un bout de tissu. Ses yeux, preuve de son dévouement pour ce qu’elle créait, allaient rapidement du Penseur jusqu’à sa toile, désirant ne perdre aucun instant, aucun trait.
« Sais-tu à quel moment un homme se montre le plus véritable ? Sans hypocrisie, sans orgueil ? »
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| Sujet: Re: L’Essence | Mars 125, Azores & Abraham 29.10.15 16:53 par Abraham Land | Citer Editer Supprimer |
| RésuméMars 125. Ce soir Abraham retombe dans l'Essence. Il devient le Penseur et Azores devient Rodin. La Divine Comédie ne fait que commencer, c'est l'Enfer. L'ESSENCE
Rodin lui avait expliqué l'inspiration que pouvait avoir eu Alighieri quand il avait écrit la Divine Comédie, qui représentait en partie l'Enfer : une simple raison, l'amour pour une femme. Abraham trouvait cette idée stupide, mais prit dans le tourbillon de l'Essence, de la fatigue de vivre et les yeux de cette femme rousse, il ne dit rien. Posant cette ultime question : Pourquoi l'Essence ? Peut être qu'au fond de lui il se la posait à lui même cette question. L'envie de troubler cette femme qui semble imperturbable l'amusait. Et c'était réussi, elle hésita mais dans un ton très franc elle lui répondit : Pour l’art. Abraham écarquilla les yeux, surpris de ce genre de réponse. Il aurait aimé une réponse qui aurait fait un lien entre les deux, une vraie raison pour laquelle ils boivent autant de ce poison. Peut être aussi pour ... « Pour la force. » Parce que l’Essence l’avait aidé à accepter la souffrance, les douleurs, et dorénavant il l’appréciait. C’était une part de la vie, de la mort, tout comme la joie et le bonheur. Abraham plaça son bras gauche un peu plus vers l'arrière, posé sur le banc. Cette pose l'obligeait à se pencher un peu moins, dévoilant plus de sa nudité. Rodin semblait perdue dans sa peinture et il décida de ne plus lui poser de question, la laissant seule dans son art et dans son silence. La pièce était froide, illuminé par de fausses lumières, et plutôt grande. Aussi grande que le bruit inexistant de l'endroit. La tête du Penseur tournait et il devait se faire violence pour ne pas bouger. A ce moment là son visage se durcissait et devenait sombre, froid, encore plus vide. L'homme au naturel.
▬ « Sais-tu à quel moment un homme se montre le plus véritable ? Sans hypocrisie, sans orgueil ? »
Abraham mit du temps avant de réaliser qu'on lui parlait, plongé dans ses pensées. Son menton bougea très légèrement, aussi que son regard qui partit en direction de la peintre. Ses yeux perçaient ceux de sa créatrice, sans s'en détacher une seconde. Pas même lorsqu'il marmonna une réponse :
▬ « Quand il regarde une femme dans les yeux. »
Le jour de son départ, il avait tourné le dos à sa mère et n'avait pas pu la regarder en face. Pleurait-elle ? Il n'en savait rien. Le jour où il avait quitté son premier amour, il ne l'avait pas non plus regardé dans les yeux de peur d'y perdre pied. Le jour où il avait couché avec une autre, jamais il ne l'avait observé. Le jour où il avait voulu agresser cette fille qu'il aimait pourtant, jamais ses yeux ne la regardèrent. Et ce fameux jour où on l'avait touché, le regard de cet homme avait été caché par la lumière. Alors Abraham pensait en silence, dans cette position dont il avait fini par prendre l'habitude. Le pinceau de l'artiste venait se poser sur la toile, dansant, fortement et légèrement. Le jeune garçon avait le regard perdu sur celui-ci et le suivait jusqu'au moment où la danse se terminera. Bientôt peut être ? Abraham voudrait se voir. Est-ce que ce sera différent de ces fois-là où il se voit dans le miroir ? Est-ce que les couleurs vont jouer sur les émotions ? Les formes ? La profondeur ? Est-ce que à l'instant même, cette femme, totalement inconnue et surnommée Rodin, va savoir à quel point il est tourmenté et souffrant ? |
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| Sujet: Re: L’Essence | Mars 125, Azores & Abraham 29.10.15 17:24 par Azores Lullaillaco | Citer Editer Supprimer |
| Il bougeait, mais Azores avait eu des modèles beaucoup plus agités que lui. Elle jetait la couleur avec énergie, elle se sentait vivre lorsqu’elle créait cette œuvre. Elle ne faisait qu’y penser, à sa toile et l’homme qui posait pour elle. L’artiste vint même une utiliser son autre main pour étendre la couleur, donnant à son tableau une texture différente que celle du pinceau. Elle ne possédait pas de limite, et s’arrêter à un outil quand tout un corps pouvait être une vraie pièce d’art, c’était ridicule. Le temps était lent, mais ses mouvements rapides. Elle savait ce qu’elle faisait et laissait aller la créativité avant de se questionner sur à quel point sa peinture était académique. Sans doute très peu. Avoir postulé dans une école de Beaux-Arts à la surface, elle n’aurait jamais été acceptée.
Quand ses yeux revinrent sur le jeune garçon, ceux-ci y furent prisonniers, ne revinrent pas à l’œuvre immédiatement. Ses doigts se refermèrent sur le bord de sa toile et elle s’inclina légèrement vers l’avant, attentive à la réponse qu’il lui donnait, répondant un sourire satisfait face à ce qu’elle venait d’entendre. Elle avait bel et bien trouvé son penseur, Dante qui mourrait pour sa Beatrice. Elle ajouta, tout bas comme il l’avait fait, sur un ton de confidence :
« ...Ou lorsqu’il réalise qu’il va mourir. »
Le moment où l’on réalise qu’il n’y a plus de retour en arrière, où l’on doit accepter ou non le destin qui nous fait face. Vivre ce dernier instant avec lâcheté, crainte, acceptation. Et comme l’homme la regardait, et qu’elle s’était attardée à lui en offrir autant, un échange bien particulier qui ne serait jamais arrivé si ce n’était pas de l’Essence, s’ils s’étaient arrêtés aux civilités avant l’art. Azores reprit donc ses coups de pinceau, encore plus inspirée qu’auparavant. Il n’y avait aucune hésitation dans ses mouvements, elle savait où elle se rendait. L’inspiration, la passion, la fit quitter son banc, lui donna la force de se tenir debout malgré ses jambes faibles. Parfois, elle faisait une erreur. Un trait mal pensé, une couleur qui ne brillait pas comme elle le désirait, mais elle ne sourcillait pas, elle apprenait à vivre avec.
Combien de quarts mit-elle à créer, à admirer son modèle éclairé et mis à nu, puis à retranscrire l’histoire que son corps lui révélait sur sa toile ? Azores ne possédait aucune notion du temps, et ne s’arrêtait que lorsqu’elle s’écroulait. Elle eut fini quand elle vit sa peinture posséder la même émotion qu’elle avait vue la première fois en rencontrant son Penseur. Cela avait été rapide, car l’inspiration avait lié ses mains et l’avait tirée avec force jusqu’au bout. La plus part du temps, ses œuvres prenaient des jours et des semaines à réaliser. Certaines pièces qui jonchaient l’appartement en étaient la preuve.
Retombant sur son banc, vêtue d’une chemise couverte de traces de couleurs, elle regarda sa création. Son regard vitreux se promenait, surmontant chaque relief qu’avait créé la peinture, chaque trait qui formaient un tout ; un homme aux portes de l’Enfer. Azores posa son pinceau avec ses pots de pigments et se mit à jouer avec ses mains, ses doigts, les croisant et les décroisant.
« Cela te fait-il honneur… » Elle détacha une main molle pour désigner l’homme, le vrai. « Tu es magnifique, mais j’ignore si ce tableau te plaira. »
Se sentant dérivé, elle se leva pour prendre une petite bouteille bien précieuse, et en avaler son contenu d’une traite.
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| Sujet: Re: L’Essence | Mars 125, Azores & Abraham 29.10.15 17:57 par Abraham Land | Citer Editer Supprimer |
| RésuméMars 125. Ce soir Abraham retombe dans l'Essence. Il devient le Penseur et Azores devient Rodin. La Divine Comédie ne fait que commencer, c'est l'Enfer. Le tableau se trouve être parfait. L'ESSENCE
▬ « ... Ou lorsqu’il réalise qu’il va mourir. »
Le Penseur ne bougea pas de son banc. En réalité, il y avait bien pensé à cette mort. L'homme mort, même, qui montre son vrai visage. Abraham ne croit pas au paradis, ne croit pas à une vie après la mort, à une vie réincarné, et ne croit pas aux religions même les plus pacifiques. Aussi étrange que cela puisse paraitre quand on vit au fond de la mer, c'est que ce jeune homme est très terre à terre. Alors, oui, un homme mort c'est un homme qui se tait enfin et qui arrête de faire chier. Par rapport à ce que venait de dire Rodin, Abraham est l'homme le plus véritable dans ce cas-là. Combien de fois il a pensé qu'il allait mourir ? Et l'une des nombreuses raisons c'est l'Essence. Une connerie d'overdose, un séjour en Enfer à se désintoxiquer. Qu'est-ce qui est le pire à ce moment là ? Rodin finit par s'asseoir, ayant terminé sa création. Sa chemise, déjà assez transparente habituellement, était à présent recouverte de peinture. Abraham l'a trouvé très belle ainsi. Et sa curiosité fut piquée à vif lorsque l'artiste se redressa en titubant, ignorant si le tableau lui plairait. Très vite il se leva de son banc à son tour et s'avança jusqu'à être face à la peinture. Étrangement, Abraham se sentait mieux en la voyant. Comme si quelque chose en lui était partie, et était allé à l'intérieur du tableau. Le jeune homme ne se retourna pas tout de suite vers l'auteur de cette peinture, s'avançant plutôt pour y voir les détails.
▬ « Actuellement, je ressemble à Narcisse devant son propre reflet. » Il marqua un temps de silence, lâchant un petit rire tout en observant de plus près son visage, quitte à toucher la toile du bout de son nez. « On dirait le portrait de Dorian Gray par Basil Hallward, c'est comme si d'un seul coup en voyant ce tableau je me sentais plus beau, plus jeune. Je me sens comme plus lég... »
Abraham s'était retourné pour regarder si Rodin était toujours là, et il fut surprit de la voir boire à nouveau de l'Essence. La bouteille était déjà vidée, puis qu'assez petite pour être bue d'un coup. Quelque chose se passa à l'intérieur du jeune homme, comme si son cœur se cassait ou comme si il était d'un seul coup redevenu l'homme sur cette peinture. Recourbé sur lui même, pensif, un peu trop pensif, face à l'Enfer. Face à la jeune Béatrice. Abraham avait oublié de préciser le lien entre Dorian et celui qui avait peint son tableau. Ce lieu si fort que cette peinture s'en ait rendue magique et mortelle. Oui, quelque chose en Abraham s'était enfermé dans cette peinture, et le jeune garçon qui se redressait pour faire face à cette femme n'était plus véritablement le même. Il pensait trop. Un bref instant il s'avança vers Rodin et lui attrapa sa bouteille, la posant un peu plus loin. Puis il la laissa s'asseoir un instant sur le banc où il avait été précédemment installé pour devenir le Penseur. Ses mains vinrent se poser doucement sur les épaules de la femme trentenaire, son dos était penché tout autant que son visage dans sa direction :
▬ « Doucement Rodin, je ne voudrais pas te voir faire une overdose. Pas maintenant. » Et il se mit à lui sourire, attendant de voir sa réaction. Normalement tout humain naturellement constitué risquerait de péter un câble au bout de la seconde bouteille. Mais cette femme, en face de lui, combien est-ce qu'elle en avait prit avant de le rencontrer et de se retrouver ici ? Tout doucement, il déposa une de ses mèches de cheveux derrière l'oreille et lui caressa la joue, prenant une voix qui se voulait rassurante : « Alors ? Comment te sens-tu ? C'est agréable pas vrai ? » |
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| Sujet: Re: L’Essence | Mars 125, Azores & Abraham 29.10.15 22:58 par Azores Lullaillaco | Citer Editer Supprimer |
| Le Penseur, Narcisse, Dorian Gray. Le jeune homme en devenait beaucoup d’autres, au cours de cette soirée. Les références plaisaient à Azores qui eut un rictus au coin de la lèvre à la mention de Basil Hallward. Un homme grandiose, qui a su capturé l’éternité dans un chef-d’œuvre. L’aimait-elle ou le trouvait-elle ridicule ? Elle ne saurait dire. Pour qui se prenait-il pour peindre ainsi l’immortalité, pour empêcher un homme de faner, comme tout le reste dans ce monde ? Mais quelle fin de vie, néanmoins ! Quel artiste ne rêve pas de pousser son dernier souffle dans les bras de sa muse ?
Portant l’Essence à ses lèvres comme s’il s’agissait d’eau, elle ne se soucia pas du pauvre cœur de l’inconnu qui se chamboulait. Le liquide coulait lentement dans sa gorge, il n’avait pas encore imprégné ses veines qu’elle se sentait déjà mieux. C’était un réconfort. Un cocon douillet ou une poussée dans le dos. Accro. Et elle ne se cachait même pas, elle ne ressentait pas de honte à se polluer ainsi, à dépendre d’une substance qui changeait les âmes, souvent pour le pire. Éternellement malade, c’était à peine s’il restait une âme à gruger.
Elle se laissa guider par le charmant garçon qui, étrangement, se faisait du souci pour elle. Un qui pourrait presque être étonné de la retrouver morte d’une overdose parmi ses toiles et ses pinceaux. Dire qu’ils se connaissaient à peine… ce devait être cette étrange bienveillance que partageaient ceux qui ne se connaissaient pas encore. Car après tout, ils n’avaient pas échangés leur identité, leur histoire. Seulement des regards, de la détresse, l’inspiration.
Et maintenant, un contact. Ses mains d’homme sur ses épaules, puis une caresse sur sa joue. D’aussi près, il pouvait admirer les traits marqués par la drogue que possédait l’Artiste. Sa poitrine se soulevait au rythme de sa respiration un peu rapide. En retour, elle lui souriait de bonheur, mais un triste bonheur. Inexplicablement, pleine de paradoxe.
« Ça l’est toujours, toujours… » Murmura-t-elle, tête levée vers l’homme qui se tenait debout.
Maladroitement, avec agitation, elle leva ses mains tachées de couleurs et vint attraper le visage de sa muse. Sa peau abimée par la vie salit par le sombre de la peinture. Azores ne s’en rendait même pas compte, tenant fermement les côtés de la tête du jeune homme. Comme si elle voulait qu’il reste immobile, l’empêcher d’osciller dans son champ de vision fatigué. Ses sourcils se froncèrent, elle cherchait quelque chose… qui n’existait sans doute même pas. Ses doigts, moins doux, légèrement agressifs, remontèrent sur la tête du garçon et repoussèrent vers l’arrière ses mèches sombres. Azores s’était recourbée et n’arrivait pas à regarder ailleurs que ses yeux noirs, dont l’un clignait plus que l’autre.
« Accepterais-tu d’être à nouveau ma muse ? Pas tout de suite, dans le futur. » Ses mains tombèrent le long de son corps et ses épaules s’affaissèrent, mais Azores demeurait inclinée vers lui, près de lui. « Qui sait lorsque je retrouverai des yeux comme les tiens… »
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| Sujet: Re: L’Essence | Mars 125, Azores & Abraham 29.10.15 23:51 par Abraham Land | Citer Editer Supprimer |
| RésuméMars 125. Abraham est le Penseur et Azores devient Rodin. La Divine Comédie ne fait que commencer, c'est l'Enfer. Le tableau se trouve être parfait. L'Essence aussi. L'ESSENCE
De là où il était, Abraham pouvait voir ce tic sur le visage de l'Artiste. Son sourire n'était pas sincère, mais au moins elle le regardait dans les yeux. C'était autre chose. Bien sûr, l'Essence est une drogue. Une chose que l'on ne prend pas par hasard, par simple envie. Comme toutes les choses de la vie, certes, dont la raison est le début de tout. Mais là, à l'instant, c'était comme de l'inquiétude qui se lisait dans le regard de cette femme. Oui c'est agréable, on va dire ... Les mains de Rodin vinrent se poser sur son visage, comme elle avait fait au début de leur rencontre. Combien de temps s'était écoulé depuis leur première rencontre ? Pas même une journée. D'ailleurs Abraham ignorait l'heure qu'il pouvait bien être et il se fichait bien si il manquait à quelqu'un ou non. Le visage du jeune homme fut bientôt recouvert de petites traces de peintures laissées sur les mains de Rodin alors qu'elle peignait avec celles-ci en même temps qu'avec le pinceau. Le garçon n'en faisait rien et se laissait faire, appréciant presque ce geste. Même si ses mains étaient fermement agrippées à lui, quitte à lui arracher la tête des épaules. Elle observait ses yeux avec précision, et Abraham essaya de ne pas trop cligner de l’œil droit. Lui aussi regardait la personne en face de lui : Rodin, peut être trente ans ou moins, ou plus, elle n'a pas l'air d'avoir d'âge précis, d'ailleurs existe t-elle vraiment ou est-ce son imagination à l'Essence qui joue avec lui ? Elle est belle, même de près, c'est sûre. Non elle n'est pas spécialement magnifique mais elle a un certain charme qui peut facilement plaire. Quand on arrive à suivre ses pensées. Abraham resta un instant fixé sur ses petites tâches de rousseurs allant presque du milieu du front jusqu'au milieu des joues. Sa peau est pâle voir blanche, ce qui fait ressortir à la lumière ces petits points semblables à la couleur de ses cheveux, roux. Une coiffure flamboyante avec du laisser aller. Et puis aussi la courbe de sa lèvre supérieure, hypnotisante.
▬ « Accepterais-tu d’être à nouveau ma muse ? Pas tout de suite, dans le futur. » Elle parla ensuite de ses yeux. Abraham n'aimait pas spécialement ses yeux, avec la pupille grande, la couleur beaucoup trop sombre. Son regard fait peur, il n'envoute pas les jeunes demoiselles. Mais si ces yeux inspirent l'artiste Rodin alors ce n'est peut être pas une mauvaise chose. Muse, cette idée amusait le garçon qui se recula un instant, les mains posées derrière le dos. Toujours nu, en passant.
▬ « Ta muse ? ... Oui, ça tiendrait la route sur le fait que je sois un martyr, une nymphe, une source d'inspiration. »
Tout en lui parlant, il avait croisé ses bras, un petit sourire en coin. Abraham n'était pas innocent sur ce jeu là, mais il voulait rester poli face à elle. Va savoir, cette femme n'est pas du même milieu que lui. Elle est au dessus, mais pas non plus tout en haut. Elle a l'air d'une femme qui vit modestement et qui ne cherche pas à vendre ses toiles ou à s'en vanter. Elle pourrait, ces peintures sont magnifiques et ressortent énormément de sentiments. Mais à la place elle reste là, comme enfermée dans son cocon à imaginer des scènes et à les retranscrire comme elle le souhaite. Cette femme façonne le monde. « C'est d'accord. » Alors il lui attrapa la main, la sienne étant étrangement chaude, elle vint un instant réchauffer les petits doigts colorés et fatigués de sa créatrice. Le temps qu'il lui sert la main pour accepter le pacte. C'était ce qu'il faisait quand il concluait un marchand avec des membres de La Compagnie, toujours la main gauche légèrement penché sur le côté et la poigne la plus ferme possible. Mais en face de lui se tenait la maîtresse d'Art de Pelagia, pas une prolétarienne. Ça, Abraham l'ignorait totalement. Comme il ignorait la merde dans laquelle il se mettait.
▬ « En échange je voudrais une bouteille d'Essence pour chaque toiles que tu nous feras. » Il fit un petit coup d’œil en direction de celle qui venait d'être fait. Le portrait de Dorian Gray en position du Penseur. |
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| Sujet: Re: L’Essence | Mars 125, Azores & Abraham 30.10.15 4:09 par Azores Lullaillaco | Citer Editer Supprimer |
| Comme les mains du garçon lui étaient rendues, Azores en fit de même et replia ses doigts sur sa jupe. Penchant la tête sur le côté, aux airs un peu absents, maintenant un sourire léger. Il accepte, et cela l’emplissait de joie sans qu’elle ne puisse le montrer. Elle ignorait toujours son nom, et il demeurait son Penseur devant les portes de l’Enfer. Quand elle le reverrait, il pourrait être encore plus décrépi ou plus heureux. La joie ne la répugnait pas. Bien que la souffrance fût grandement importante, ceux qui possédaient les plus grandes douleurs faisaient les plus beaux heureux. Un jour Azores pourrait mettre un sourire sur l’une de ses toiles. Un jour.
Ses doigts se mêlent dans ceux de l’homme, pianotent sur les siens, incapable de serrer convenablement sa main. Elle ne comprend pas trop le sens de ce geste, mais elle tente de l’appliquer. Il devait être plus sobre qu’elle. Elle acquiesça. Ce n’était qu’une bouteille pour une toile, et Azores ne produisait pas d’œuvre d’art à tous les jours. Il y avait ces périodes de vides, ces moments de repos, ou ces instants où elle mettait en scène ses futures performances. Ce fut en se levant qu’elle détacha son regard vitreux des yeux du garçon, pour se diriger vers sa cuisine. Pas très loin en somme. Elle joua dans ses armoires, il y avait des bouteilles d’Essence éparpillée un peu partout. Elles faisaient partie de son quotidien, et elles se devaient d’être accessibles. Azores ne connaissait pas la modération et elle ne remercierait jamais suffisamment Siobhan Balfe pour lui procurer une drogue qui n’était pas frelatée. Ses doigts se refermèrent sur une Essence quand sa tête se tourna vers le Penseur nu.
« Tant que tu ne me vois pas comme ton dealer, oh, pourquoi pas… »
Elle revint vers son Inspiration et glissa entre ses larges mains abimées la petite bouteille, lui murmurant d’essayer celle-ci. Une Enflammée. Une passionnée. Il était déjà nu, à quoi le Baiser lui servirait-il ? L’endormi le ramollirait et l’autre… hors de question. Azores exécrait l’inhibition. Celle-ci empêchait l’expression, écrasait une personnalité, ruinait une âme toute entière. Et lui, jeune garçon, ne devait pas se laisser battre, oh ça non. Quel gâchis se serait de perdre un esprit comme le sien. Elle ne connaissait rien de lui. Elle avait vu l’entièreté de son corps, mais ne saurait y mettre un prénom. Était-ce important ? L’on pouvait croire à de l’indifférence à son égard. Ce n’était pas cela. Pas du tout.
« As-tu besoin d’autre chose ? » Sa voix sonnait douce et sincère, malgré son intonation grave.
Azores pouvait calculer ses gestes, mais elle ne laissait pas une aide si précieuse dans l’avancée de son art sans rien. Elle possédait des gouts modestes, et de grands moyens. De plus, aucune raison de lui refuser une simple demande. Se rappuyant sur le banc, elle laissa ses yeux descendre vers les épaules du jeune homme. Sa question tenait toujours, mais l’artiste venait d’oublier le fait même qu’elle l’avait posée. Lentement, prise de curiosité, elle posa avec délicatesse le bout d’un doigt sur le torse du Penseur. Elle traça la marque d’une cicatrice, suivait le chemin de celle-ci jusqu’à contourner un bleu. Le trajet la fascinait, la distrayait. Une chose aussi banale venait à être merveilleuse, quand l’on voyait le monde de ses yeux à elle.
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| Sujet: Re: L’Essence | Mars 125, Azores & Abraham 30.10.15 5:22 par Abraham Land | Citer Editer Supprimer |
| RésuméMars 125. Abraham est le Penseur et Azores devient Rodin. La Divine Comédie ne fait que commencer, c'est l'Enfer. Le tableau se trouve être parfait. L'Essence aussi. L'ESSENCE
Elle revint très bientôt de la cuisine avec son Essence. Abraham reconnu tout de suite la forme élancée de la bouteille, et cette couleur jaune vif, transparent, avec cette femme sur cet hippocampe. Une folie. Sans doute ce qui se fait le plus cher sur le marché de l'Essence. Rodin ne se foutait pas de lui. Les Flammes de l'Enflammée, un liquide très demandé et très apprécié. L'artiste lui souffla d'essayer celle-ci. Abraham avait l'Essence en main, y prenant toute l'attention nécessaire. A vrai dire il ne savait pas trop comment faire avec, comme si il était à présent un père qui tenait son enfant dans ses bras. Le mieux était peut être de le boire et en voir les sensations ? « As-tu besoin d’autre chose ? » Le Penseur, tenant toujours la bouteille fermée dans sa main, observait sa créatrice en silence. Non il n'avait pas spécialement besoin d'autre chose pour le moment. Tout ce qu'il allait faire c'est boire cette bouteille tout entière et oublier ce qui se passera ensuite. Parce qu'il en a marre de ce qu'il représente, de sa vie, et de tout le reste. Ce soir il va décompresser, peut être encore jeter tout son malheur sur son tableau et peut être coucher avec cette femme. Qui sait, seul cette Essence lui dira la réponse. Peut être qu'elle avait en partie raison, il l'a prendrait pour une simple dealeuse qui lui offre ce genre de bijoux contre une simple toile. Ou peut être autre chose. Abraham n'en savait trop rien et préférait ouvrir le bouchon. L'odeur pénétra de suite dans ses narines et le jeune homme ne fit plus du tout attention au monde qui l'entourait lorsqu'il jeta sa tête en arrière pour mieux avaler le liquide acide. Pas même à Rodin qui lui caressait le torse, observant ses bleus sur sa poitrine. Puis, plus rien. L'Essence qui venait d'entrer dans sa bouche pour se fondre dans son corps se mit à agir de suite dans son cerveau, et Abraham lâcha la bouteille qui vint se casser en milles morceaux sur le sol. L'acidité du citron lui piquait la langue, il se mit alors à grimacer, tout en lâchant un magnifique sourire. Qu'est ce qui pouvait bien se passer dans son cerveau à cet instant précis ? Pas grand chose, juste trop de fureurs, de bonheurs, de plaisirs et de force. Oui cette force dont avait brièvement parlé cette femme tout à l'heure. Zut comment s'appelle t-elle déjà ? Abraham baissa les yeux pour voir Rodin assise sur le banc, bien silencieuse. « Tout va bien. » Et c'était vrai, Abraham se sentait bien, comme réveillait de quelque chose. Tout son corps bouillonnait intérieurement et il avait envie de danser. Oui, danser. C'était une bonne idée. Alors le Penseur s'écarta de la belle rousse pour se mettre dans une position élégante, très féminine mais masculine à la fois. Près à accueillir de nouveau l'artiste auprès de lui :
▬ « Rodin, m'accorderiez vous cette danse ? »
Et sans demander son reste, il s’exécuta à la place de Rodin, lui prenant la main avec énergie et désir. Comme si il avait toujours su danser, accompagnant ses gestes sur une musique inconnue. D'ailleurs, il se mit à la chantonner. De toute façon ils n'avaient pas besoin de plus. Abraham aida l'artiste à positionner son bras sur son épaule et l'autre dans sa main droite. Quand à lui, son autre main vint se positionner près des hanches de la femme, plus bas. Et ses yeux sombres observaient les yeux vitreux de Rodin. Les voilà partis. |
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| Sujet: Re: L’Essence | Mars 125, Azores & Abraham 30.10.15 13:17 par Azores Lullaillaco | Citer Editer Supprimer |
| Il se sentait bien, dans son petit corps aussi chétif que le sien. Azores battait lentement des cils, n’imaginait pas une seconde que le garçon pouvait se briser à tout moment, qu’il pouvait ne pas être aussi habituée qu’elle à s’empoisonner. Néanmoins, aucun signe d’overdose, il flottait tout autant qu’elle, et se laissait animer par l’Enflammée. Il était agité par une nouvelle énergie, et lui proposa même de danser. Danser. Cela paraissait intéressant. Elle sourit, mais craignait que ses jambes, toujours faibles, ne suivent pas la cadence. Elle craignait cela, mais pas lui. Le Penseur l’agrippa et elle dut se lever. Un rire discret s’échappa de ses lèvres, alors que ses mains se glissaient là où il le lui dictait.
Et sa nudité n’était toujours pas une gêne. Azores laissa ses dents se montrer dans le sourire qu’elle exprimait, amusée tout autant que celui qui chantonnait un air hasardeux, sans doute la mixité de chanson qu’ils connaissaient mais dont l’esprit ne saurait lui rappeler clairement. Ce n’était pas un problème car, toute aussi affectée que lui, elle écoutait les sons, s’imaginait un vrai rythme. La danse n’était pas son point fort, même si elle appréciait celle-ci. Danser pour impressionner, elle aimait bien, mais certains mouvements arrachaient le cœur, attrapaient l’esprit. C’était doux, émotif. Et c’était également pour cela qu’elle avait choisi cette forme d’art pour faire honneur à la Dame Blanche.
Ses pieds tentaient de suivre les pas du garçon. Azores faisait de son mieux avec ses jambes qui ne répondaient qu’à moitié. Quand elle heurtait les orteils du maitre de danse, il lui arrivait de baisser les yeux pour tenter de se rattraper, voir où elle devait faire le prochain mouvement. Néanmoins, cela ne l’empêchait pas de s’amuser et il lui arrivait de rire à nouveau. Un souffle accompagné d’un son court, un brin plus aigu que le ton de sa voix. Sa poigne sur l’épaule de l’homme se faisait plus forte au fur et à mesure que ses jambes s’affaiblissaient. Car elle ne désirait pas tomber et s’effondrer dans la peinture qui séchait lentement au sol, elle s’appuyait sur lui, regardait ses yeux puis s’efforçait de tenir debout.
Elle s’essoufflait et, si ce n’était pas de l’Essence, elle se serait effondrée depuis longtemps, bien longtemps. Comme elle venait de le faire. S’écraser au sol à cause de jambes qu’elle ne sentait plus. Heureusement, ce n’était pas permanent, mais elle souffrait encore des prouesses de sa dernière performance. Et c’était loin d’être la dernière fois qu’elle se montrerait dans cet état. Ce n’était rien, si l’on savait qu’un jour, les conséquences de ses œuvres serait la mort. Comme si chuter l’avait passablement troublée, changée de dimension, Azores se mit à regarder le sol, à voir les traces de son métier, et les marques de pieds qu’ils avaient faits à force de danser. Il n’y avait que sa main, celle qui tenait encore celle du Penseur, qui lui donna l’idée de lever les yeux, et de regarder de bas, si bas, son modèle qui n’avait pas de problème à se mouvoir. Ses doigts, ceux libérés, tapotaient énergiquement le sol comme s’il s’agissait d’un piano. Un tic qui ne partirait jamais.
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| Sujet: Re: L’Essence | Mars 125, Azores & Abraham 30.10.15 14:42 par Abraham Land | Citer Editer Supprimer |
| RésuméMars 125. Abraham est le Penseur et Azores devient Rodin. La Divine Comédie ne fait que commencer, c'est l'Enfer. Le tableau se trouve être parfait. L'Essence aussi. L'artiste aussi. L'ESSENCE
Non, autant le dire, c'était agréable d'être là avec elle. Abraham n'a que la moitié de sa conscience, dans son esprit c'est comme si on lui avait donné un petit coup de pouce. Il retrouve l'énergie qu'il aurait dû avoir depuis bien longtemps. Cette force qui le permet de retenir l'artiste pour ne pas qu'elle s'effondre, et cette force pour rester debout à danser comme un petit roi. Tout deux tournoyaient, chantonnant, tantôt l'autre riait, tantôt l'autre lui répondait par un sourire. Ça aurait pu durer une petite éternité, mais ça ne dura que quelques secondes. Le temps que Rodin ne tienne plus sur ses jambes et s'effondre au sol, dans la peinture à demi séchée par l'humidité. Abraham n'y prêtait pas attention, plongé dans l'Essence. En temps normal il se serait arrêté et se serait mit de suite à genoux pour savoir comme elle allait. Mais pas cette fois. Cette fois il baissa simplement les yeux et la regarda presque couchée au sol, à tapoter le bois de ses petits doigts. Le seul lien qui leur restait c'était cette main entre les deux. Comment se sentir aussi bien que dans un endroit pareil, debout sur ses deux jambes, l'esprit ouvert et à la fois fermé, avec un décor aussi étrange, rempli de toiles et d'autres toiles au sol, avec la peinture et les morceaux de verres brisés de l'Enflammée qu'il avait lâché quelques minutes auparavant. Abraham leva les yeux en direction du plafond et se mit à rire. Un petit rire qui finit par trainer en longueur, jusqu'à se transformer en un fou rire. D'accord, ses bleus sur son corps lui faisait mal, et ses jambes non plus ne répondaient plus trop à l'appel. Mais peu importe, pour une fois dans sa vie il se sentait bien. Était-ce pour l'Essence ou pour cette inconnue, l'artiste et sans nom ?
▬ « Tu as raison, on est mieux par terre. » Et il s'effondra à son tour sur le sol qui fit un bruit lourd.
Les voilà à présent tout les deux assis. Abraham se positionna de sorte à être à côté de l'artiste pour mieux l'admirer. Elle était faible, fatiguée sans doute, mais le garçon n'en avait rien à faire. Elle tiendrait coûte que coûte et il ne voulait pas la voir s'arrêter de vivre sous ses yeux. Peut être qu'au final il avait fini par l'apprécier ? Cette petite femme dont il ne connait pas le nom ni son histoire. Et c'est peut être mieux comme ça après tout ? On découvre toujours mieux la personne quand on ne dit rien dès le début, ça laisse un peu de mystère. Et Abraham aime bien le mystère. C'est peut être pour ça que ce soir il n'a pas envie de rentrer chez lui. « Est-ce que tu m'autorises à rester dormir ici ? » De toute façon c'était bien son intention et la question n'avait même pas de raison d'être posée. Abraham posa sa tête contre sa main, le coude posé au sol. De l'autre il vint se rapprocher de sa créatrice pour pouvoir lui remettre en place sa mèche qui était tombée. C'était mieux ainsi, il pouvait mieux observer son visage. Sa vision était bien nette, précise, allant jusqu'aux petits détails. Jusqu'aux cicatrices légères sur le visage de cette femme, et sur son cou, puis en direction de sa poitrine. Peut être qu'elle avait vécue des choses terribles dans sa vie ? Un peu comme tout le monde quand il y pense. Abraham posa le bout de ses doigts chauds sur ses clavicules, ici aussi il pouvait y voir ses tâches de rousseur, un peu plus fades. Il aurait pu les compter mais son regard se posa alors dans les yeux vitreux de cette femme.
Et puis alors, peut être à cause aussi de l'Essence, il se rapprocha finement jusque son visage pour sentir son souffle taper sur le sien. Trop proche. Abraham ne sait pas très bien ce qu'il fait ni pourquoi il le fait, mais son nez vient alors se poser tout contre celui de Rodin, son créateur. D'une fine caresse, il rapproche alors ses lèvres, tout doucement. Et avec une tendresse qui ne lui ressemble pas. |
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| Sujet: Re: L’Essence | Mars 125, Azores & Abraham 30.10.15 20:35 par Azores Lullaillaco | Citer Editer Supprimer |
| Azores sentait quelques éclats de l’enflammée lui picorer la peau de sa cuisse au travers sa longue jupe. Y demeurer appuyée, inconsciente, ne transpercerait pas sa peau mais y ferait sans doute des marques, de petits points rouges parmi les taches de sons qui s’étendaient sur tout son corps. Quand le modèle vint la rejoindre sur le sol salis, Azores l’observa, curieuse, ramenant ses jambes près d’elle, adoptant une position plus confortable. Ses mèches rousses, plus très bien coiffées, retombaient mollement sur ses joues, mais ne la gênait pas. Lentement, elle dodelina de la tête. Si elle ne le voulait pas à ses côtés pendant encore si longtemps, elle ne le garderait pas, il serait déjà dehors, à errer à nouveau à la recherche d’un but, d’une arme contre l’accablement et le regret.
Le garçon lui apparaissait tout près, comme très loin. Son souffle sur sa peau lui confirma que leur proximité était minime, bien qu’elle ait l’impression qu’il lui faudrait tendre le bras pour parvenir à le toucher. Oh. Elle sentit le contact de son nez, et elle vint à plisser le sien. Ses paupières, lourdes, ne le voyaient plus vraiment, mais elle le savait là, qui l’effleurait, tout délicatement. Azores s’inclina légèrement vers lui, mais leva ses mains tremblantes pour lui prendre les épaules, appuyant ses doigts dans sa peau abimée. Elle l’éloigne, le repousse. Courbe son dos pour le voir d’un autre angle. Fermement, le retient et le bouge, le scrute à nouveau, comme si c’était la première fois. De là, les bleus sont vrais, cela lui fait presque mal d’en partager quelques-uns. Puis les cicatrices, les traits qui contrastaient avec sa peau, dont l’origine ne serait jamais connue d’Azores. Animée, ses mains se promènent et descendent sur ses bras maigres. Avec une force faible, ses doigts font une pression sur eux et sentirent le tissu de ses muscles.
Et le voilà à nouveau libre de l’emprise de l’artiste. Elle qui s’était assuré de sa présence, de sa véracité. Il n’était un produit de son imagination, pas au complet du moins. Difficilement, le premier bouton attaché de sa chemise fut entre ses doigts mais, sans le regarder, elle s’appliqua à le détacher. Elle était habitée par une pulsion, mais pas de celle que possédaient les jeunes amants. De ses mouvements saccadés, elle entrouvrait le tissu pâle qui couvrait ses épaules, le tirait de sa jupe ne le porter que mollement. Les taches de rousseur pigmentaient sa peau, plus clairs aux parcelles moins exposées. Elles s’entremêlaient de cicatrices en tout genre. Presque invisibles ou mal guéries, résultat de coupures, d’écorchures, de brulures. Sans l’art, elle serait lisse, magnifique. Le pire devait être ses poignets, victimes de l’une de ses premières performances, l’une de celle qui faisaient d’elle aujourd’hui une artiste mutilée, torturée. Les bleus n’étaient pas en aussi grand nombre que ceux du Penseur en face d’elle, mais ils parsemaient son buste dans des teintes violacées.
Et, comme si son fil de pensées venait hasardeusement d’être coupé, elle se rapprocha de lui, intéressée. Ses lèvres s’entrouvrirent délicatement, alors qu’Azores avait retrouvé leur proximité précédente. Ses mains ne pouvaient se calmer, manifestaient l’agitation de son corps au bout de ses doigts, eux qui jouaient entre eux, ne touchant plus son jeune Dorian Grey. Elle prit un souffle, à savoir si elle murmurait ses mots comme un avertissement ou une invitation.
« Montre-moi encore comment tu souffres. »
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| Sujet: Re: L’Essence | Mars 125, Azores & Abraham 31.10.15 16:41 par Abraham Land | Citer Editer Supprimer |
| RésuméMars 125. Abraham est le Penseur et Azores devient Rodin. La Divine Comédie ne fait que commencer, c'est l'Enfer. Le tableau se trouve être parfait. L'Essence aussi. L'artiste aussi. L'ESSENCE
Rodin l'arrêta de suite, le coupant court dans son élan. Abraham ne fit rien et se laissa faire, se laissa être touché et se laissa se faire observer. C'était une artiste après tout, il était normal qu'elle soit aussi attentive face à sa Muse. Puis elle s'écarta de nouveau de lui mais cette fois-ci en enlevant ses mains douces de son corps. Elle les porta jusque sa chemise et en retira les boutons. Le jeune homme n'était pas plus gêné que ça, prit par les essences de l'Essence, et restait même dans la même position, à la regarder faire. Toujours ces mêmes petites tâches sur son corps, c'était adorable, et puis aussi des coupures. Et des brûlures aussi. Et des bleus très peu distincts mais présents tout de même. Abraham se taisait et regardait son corps sans bouger d'un seul pouce. Qu'est-ce qu'il en pensait ? Rien à vrai dire, absolument rien. Pas même de son soutien-gorge, pas même de ses jolies formes de femme mûre, pas même de cette jupe qu'elle avait gardée. Pas même de ses poignets recouverts de coupures, certaines plus actuelles que d'autre. Non, peut être qu'il a pensé une fraction de seconde mais qui est-elle, mais déjà ces pensées se perdaient. Elle se rapprocha de nouveau de lui, leurs jambes collées contre les minces bouts de verres. Ils en avaient franchement rien à faire. Leurs lèvres se touchaient, lentement, un peu maladroitement le temps de comprendre chacun de son côté la façon de faire de l'autre. Abraham l'embrassa aussi près du cou, un petit bisou. « Montre-moi encore comment tu souffres. » Alors le Penseur posa sa tête contre le sol de la pièce, couché sur le côté, les bras croisés. Son sourire s'afficha sur ses lèvres tandis qu'il la regardait dans les yeux. Et son regard se baissa quand il lança ses quelques mots : « Difficile de souffrir quand je suis avec toi. » Et alors il se rapprocha d'elle, sans attendre, posant sa main qui n'était pas écrasée par son corps sur les hanches de la belle inconnue, touchant de nouveau son petit nez contre le sien. Elle sentait divinement bon.
▬ « Fais quelque chose pour que je souffre un peu plus. »
Et il était sérieux, en cet instant l'artiste pouvait très bien se mettre à lui griffer le dos, le torse, le cou, le visage. Lui agripper les cheveux violemment, le frapper, le gifler. Ou alors l'insulter. Il n'allait pas pleurer. Était-ce l'Essence qui jouait avec ses envies et ses sentiments ? En tout cas son regard se plongeait dans les yeux de sa créatrice. Deux petits yeux sombres et sans vie. Deux corps chauds et froids à la fois, maigres, recouverts de blessures, les jambes en sang par les bouts de verres rentraient dans la chair, et l'esprit ailleurs. Abraham posa lentement sa main sur la cuisse de la maîtresse, posant de la peinture au passage, et montant petit à petit jusqu'à soulever le bord de sa jupe. |
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| Sujet: Re: L’Essence | Mars 125, Azores & Abraham 01.11.15 19:23 par Azores Lullaillaco | Citer Editer Supprimer |
| Il s’effondra, ignorant le verre éparpillé sur le sol. Elle plissait les lèvres de manière lasse pour répondre à tous ses sourires, y ajoutant un froncement de sourcil attristé, déçue d’être l’origine de cette perte de douleur, celle qui était venue chasser son tourment. Gardant son visage tout près du sien, recourbée vers lui alors qu’elle demeurait assise, Azores vint poser une main froide sur sa joue tachée de peinture séchée. Elle agissait lentement, sans précipitation. La Maitresse d’Art de Pelagia n’était de ces femmes à qui l’on pouvait dicter de se dépêcher, préférant y aller à son rythme aléatoire, hasardeux, comme l’inspiration.
Et il demanda plus. Ce petit bout d’homme sans nom qui s’était perdu tout comme elle. Il lui offrait son corps, une chance de le blesser pour qu’il redevienne ce qu’il était avant qu’elle intervienne. C’était une belle proposition, naïve et totalement idiote. Se donner ainsi à une personne que l’on ne connaissait pas, une inconscience que les personnes œuvrant avec précaution ne connaissaient pas. Ceux domptés par les aventures sauvages de leur, ne seraient pas à la position de Penseur. Lui, vulnérable aux mains d’une femme qui détesterait s’il savait qui elle était. Pour l’instant –heureusement ?- il n’en avait aucune idée et son état d’esprit ne lui permettait pas de reconnaitre la Maitresse d’Art de Pelagia. Tant mieux, c’était ainsi qu’elle le désirait : Être traitée en tant que personne et non pas personnalité importante.
« Tu m’autorises à faire partie de l’histoire écrite sur ton corps…? » Qu’elle murmura, visiblement touchée par cette attention.
Azores ne cultivait pas de rage à l’égard de l’inconnu, absolument aucune. De ce fait, son attitude ne changea pas pour se transformer en quelque chose de violent, de dominant. Elle admirait le tout qu’était sa muse, mais ne possédait aucune envie d’être une mauvaise pensée, lorsqu’il jetterait un coup d’œil à une blessure qu’elle pourrait lui faire. L’artiste ne voulait pas le frapper, le violenter. Son plus grand désir était de le regarder. Observer, épier, était une activité qu’elle pratiquait souvent, juste parce que la vie en elle-même était une source d’inspiration et le calme dût à sa passivité était apaisant.
Elle posa sa main sur la clavicule de l’homme et le poussa lentement pour qu’il s’étende sur le dos. À nouveau, comme si elle ne l’avait jamais fait avant, elle laissa ses doigts parcourir sa peau rafraichie par sa nudité. Sa main effleura le relief de ses côtes proéminentes puis s’arrêta. Où pouvait-elle le marquer ? Des morceaux de verres qui jonchaient le sol, Azores en attrapa le plus gros morceau. Elle s’étendit à ses côtés pour se retrouver à sa hauteur, s’élevant néanmoins sur un coude. Comme depuis le tout début, chaque geste qu’elle poserait, elle le ferait en le regardant droit dans les yeux, assumant ses actes pleinement et la trace que laisserait le verre qui s’était planté sous la clavicule du Penseur, créant une ligne tremblante de laquelle s’accumulaient des rougeurs liquides. L’estropier n’étant pas son but, elle s’arrêta lorsque la plaie fit quelques centimètres de longueur. Ce n’était pas dangereux et, négligemment guérie, laisserait une trace blanchâtre parmi toutes les autres que le garçon possédait.
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| Sujet: Re: L’Essence | Mars 125, Azores & Abraham 03.11.15 17:53 par Abraham Land | Citer Editer Supprimer |
| RésuméMars 125. Abraham est le Penseur et Azores devient Rodin. La Divine Comédie ne fait que commencer, c'est l'Enfer. Le tableau se trouve être parfait. L'Essence aussi. L'artiste aussi. La douleur aussi. L'ESSENCE
Cette femme ? Cette inconnue ? Faire partie du corps d'Abraham ? Drôle d'idée. Certes, ses cicatrices faisaient parties de son histoire mais le jeune homme n'en faisait plus vraiment attention. Quelques conneries de jeunesses, quelques bagarres avec son père, avec des mecs, avec des nanas … Des choses qui sont arrivées comme ça, un jour, il ne sait plus quel jour, sans crier gare. Alors se voir se faire détruire par une femme dont il ne connait même pas le nom est-ce que c'est une bonne idée ? De toute façon il était pour, son excitation montant d'un cran à chaque fois que l'artiste bougeait ses lèvres pour lui souffler des paroles. Oui, définitivement oui, tu peux tout lui faire. Alors elle lui caressa le torse puis les côtes, qui sont de plus en plus apparentes à force de ne pas se nourrir. Abraham a la peau sur les os et n'est pas le garçon le plus musclé du monde. Justement garçon est une bonne définition de ce qu'il est. Un garçon et non un homme grand, fort, poilu et charmeur. Abraham n'a même pas de faux bronzage comme font certains du niveau 1. Peut être d'ailleurs que cette femme préfère ce genre d'homme ? Pourquoi elle veut le détruire lui ? … Désespoir, voilà. Au moment ou elle enfonça ce morceau de verre brisé près de sa clavicule et marqua une ligne épaisse mais courte, le garçon sentit du désespoir mêlé à une envie de continuer. Pour éviter de ressentir la douleur, qui n'était pas si forte qu'il le pensait, voir même agréable, il l'observa. Elle était tout près de lui, dénudée, avec un soutien-gorge élégant et sombre, ainsi que sa jupe mi-longue toujours sur elle. Abraham bougea, serrant ses dents contre la sensation du verre qui entrait dans sa peau, dans les mains de Rodin. Il voulait qu'elle ne s'arrête pas, mais en même temps il avait cette envie de l'arrêter. Surement de la dominer. De dominer cette fille qu'il n'avait pas réussi à dominer ce matin-là. De dominer cet homme. Ces hommes. Et ces femmes. Et cette femme finalement. Cette beautée à présent sous lui, le poignet serré violemment par les doigts musclés d'Abraham, le bout de verre en sang encore entre ses doigts de femme. Abraham était retenu par ses genoux dans les petits bouts de verre, et se retrouvait à tenir les poignets de la conseillère pour l'empêcher de bouger, de s'échapper. On aurait pu croire qu'il allait lui faire du mal mais au lieu de ça il la regardait en silence, sans sourire, sans froncer le sourcil. Ni cligner de l'oeil. Ce n'était plus lui. Ou au contraire peut être était-ce le vrai Abraham qui était là quasiment couché tout contre cette femme dos au sol.
▬ « J'en veux plus. » Un petit sourire s'afficha enfin sur son drôle de minois. « Je sais pas qui t'es, ton nom, ta vie. Et je m'en fiche. Vas-y. Essayes de te dégager de là et détruis moi. » Sa gorge bougea, il venait d'avaler sa salive, ses lèvres étaient séchées. « … Comme si tu réalisais que tu allais mourir. »
Et Abraham s'approcha rapidement du cou vierge et blanc de l'artiste, sans marque, sans aucune trace. Puis ouvrit sa bouge, montrant ses dents et ses petits canines pointues. Il se mit à la mordre assez fort pour lui faire mal mais pas encore assez pour la faire saigner. Entre temps il lui serra plus fortement les poignets. Entre temps il l'empêchait de bouger. |
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| Sujet: Re: L’Essence | Mars 125, Azores & Abraham 04.11.15 2:00 par Azores Lullaillaco | Citer Editer Supprimer |
| Au départ Azores Juanita était comme toutes les petites filles qui désiraient vivre de l’art : pleines de rêves, à dessiner des méduses et de jolies demoiselles. De grands changements étaient survenus depuis et l’enfant avait cessé de montrer ses œuvres d’art avec une grande fierté. Au contraire, elle les dévoilait avec le sentiment qu’elle pouvait faire mieux. Non, pas avec un manque de confiance, mais l’idée constante qu’elle devait s’améliorer. C’est également arrivé qu’au cours de ses jeunes années, elle accoste un inconnu pour lui demander si elle pouvait le dessiner. Vite rattrapé par sa mère, elle n’en avait jamais eu l’occasion. Elle apprit, aux côtés d’Anton Sverige, que l’art était le dépassement, l’excès, le trouble, la douleur, les sensations. Elle apprit qu’il fallait créer, performer, peindre comme si on allait mourir le lendemain. Un jour à la fois. Il n’y avait pas d’obstacles insurmontables, seulement des faibles et des indignes.
Et cette mentalité qui lui fut transmise dut être l’une des raisons pour laquelle elle ne craignait le Penseur. Qu’elle ne se débattait pas ni ne le voyais comme une menace. Il était un homme, un garçon. Elle l’avait marqué et c’était à son tour, elle en était consentante, consciente. Après le désespoir était survenu une rage, une folie. Était-ce malsain de vouloir l’expérimenter, ou devait-elle se mettre des barrières, des limites ? Limites. Si Azores employait ce mot, elle serait une femme ordinaire comme toutes les autres, pas celle qui voyait la beauté en un enfant rachitique et troublé.
Son regard las montrait une sérénité contrastante face à l’agressivité soudaine du jeune homme. Il n’avait encore rien fait et elle savait déjà qu’elle s’en sortirait avec des marques. Notamment sur ses poignets où des bleus se dessineraient là où ses doigts pressaient. Elle ne bougeait toujours pas, mis à part pour lâcher ce bout de verre qui ne tenait plus dans sa main engourdie. Il ne montrait aucune émotion, dans ce court instant où elle échangea un regard avec lui. Le penseur qui s’était transformé et elle qui attendait de vivre le résultat. Il la mit au défi de combattre, parce qu’il savait qu’il allait gagner. Azores demeurait immobile, ne bougeant que légèrement son visage pour l’observer différemment. Le coin de ses lèvres se souleva discrètement lorsqu’elle réalisa qu’elle s’était amenée à sa propre perte, qu’elle nageait dans ce en quoi elle croyait le plus : Création et Destruction. Elle avait créé une œuvre d’art et le modèle s’apprêtait dorénavant à détruire son artiste.
« Regarde-toi, devenu un artiste ! » Que sa voix grave chantonna, les dents serrées par les dents qui se plantaient dans son cou.
Là aussi, elle aurait des blessures foncées. Un autre résultat de ses lubies, de son esprit biaisé. Azores avait mal. Elle pourrait se mettre à chialer, à pleurer, si elle ne l’avait pas apprivoisée, si elle ne la considérait pas comme une partie d’elle. Ses muscles voulaient faillir et elle repliait un peu les jambes sous la douleur. La pointe de ses dents enfonçait sa peau pâle, menaçant de la percer. Son souffle, tout près de l’oreille du garçon, s’emballait. Prendre une inspiration amplifiait la sensation désagréable, agréable, mais se retenir de respirer mènerait à quelque chose de bien pire. L’inconscience. Et Asrase savait qu’Azores désirait vivre ses expériences, vive de corps et d’esprit. Ses pieds glissaient dans le verre brisé et elle regrettait presque de ne pouvoir bouger ses mains pour répondre au garçon. Elle n’avait que son dos qui se cambrait et ses lèvres qui murmurait :
« Aime-moi ou hais-moi. Exprime-toi. »
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| Sujet: Re: L’Essence | Mars 125, Azores & Abraham 05.11.15 10:26 par Abraham Land | Citer Editer Supprimer |
| RésuméMars 125. Abraham est le Penseur et Azores devient Rodin. La Divine Comédie ne fait que commencer, c'est l'Enfer. Le tableau se trouve être parfait. L'Essence aussi. L'artiste aussi. La douleur aussi. L'ESSENCE
Aime-moi ou hais-moi. Exprime-toi. Aime-moi ou hais-moi. Exprime-toi. Aime-moi ou hais-moi. Exprime-toi. Aime-moi ou hais-moi. Exprime-toi. Aime-moi ou hais-moi. Exprime-toi. Parfois la vie enlève à tous le pouvoir de l'amour, et même un peu de l'amitié, car l'amour demande de l'avenir. Et qu'est ce que c'est l'avenir lorsque l'on ne sait pas ce qui adviendra demain. Abraham avait fait peur à une personne qu'il aimait ce matin, pire il lui avait fait mal et avait même découvert son point faible durant l'harcèlement. Abraham avait fait pleurer un nombre incalculable de fois sa mère qui est pourtant une femme douce et souriante. Abraham avait fait paniquer Seisyll, son patron, pour plein de choses idiotes et puérils. Abraham avait fait pleurer des femmes et avait fait peur à des hommes. Abraham est maladroit avec ceux qui l'aiment. Peut être tout simplement parce qu'il n'a pas envie qu'on l'aime. Ou peut être parce qu'il ne le mérite pas. En tout cas, au moment ou ses lèvres sentirent le liquide chaud du sang de l'artiste sortir de son cou, il s'arrêta net. Comme un déclic, il se redressa et lâcha la prise, observant en silence les poignets bleus de sa créatrice. L'oeuvre venait de noyer son artiste. Abraham venait de blesser Azores. Mais cette femme, en dehors de quelques mouvements faibles, quelques petits gémissements aussi faibles, lui avait simplement dit de s'exprimer. Tandis que d'autres pleurent et le frappe par dignité. Par vengeance. Cette femme avait juste serrée les dents et lui avait dit ses mots, presque de façon douce et posé. Elle n'avait pas essayée de fuir, elle n'avait pas essayée de survivre. Et si il lui avait arraché le cou ? Et qu'elle se mettait à se vider de son sang ? … Ce sang qu'il dégagea de ses lèvres d'un revers rapide. Abraham avait envie de pleurer mais en même temps de rire, sa vie se mit à défiler dans sa tête à une vitesse telle qu'il dût fermer les yeux et souffler un bon coup. Et maintenant ? Au fond peut être que c'est ce qu'il veut voir : des gens pleurer, crier, hurler. Abraham est mauvais et il le sait. Tout ce qu'il fait est mauvais. Et ce soir là, ou plutôt ce matin là, ses pensées étaient ailleurs. Avec ses réelles pensées. Merci l'Essence, merci l'Enflammée. En temps normal il serait déjà en train de fuir, mais avec cette drogue dans le sang et agissant sur son cerveau il avait plus envie de continuer ce petit jeu qui allait aller loin.
« Aimer ou haïr ? Pourquoi ce "ou" entre les deux ? » Tout deux se regardaient dans les yeux, peut être qu'elle souriait, il peinait à voir autre chose que son regard. « J'ai toujours aimé ET détesté les gens. Ceux que j'aimais autrefois on fuit. »
Et c'était une vérité. Tout ceux qu'il connait sont partis, ses anciens amis, ses anciens parents qu'il ne voit plus depuis qu'il s'est auto affirmé, ainsi que ses anciens amours. Automne par exemple. Mais elle, cette femme, dont le cou saigne de plus en plus à cause de la morsure touchant quasiment ses vertèbres, ne bougeait pas et restait sous lui, serrée tout contre. Elle semblait confiante, presque amusée. Et ça Abraham aimait ça. Et il en avait peur.
« Est-ce que toi aussi tu vas finir par me détester ? » Ses yeux étaient sombres, ailleurs, il ne la regardait plus. Il se reposa au dessus d'elle, les mains plates contre le sol entre les oreilles et les mains de l'artistes. Abraham voulait qu'elle reste. Auprès de lui. Sa curiosité était grande, il voulait tout de suite connaitre leur futur. Et puis il voulait aussi tester sa force. Aller plus loin, encore plus loin. Est-ce qu'elle tiendra le coup ? Cette inconnue aux bleus et aux cicatrices ? Au corps maigre et blanc. Au regard sombre. Et aux envies étranges mais pas inintéressantes ? … Abraham voulait la frapper, cela se sentait rien qu'à son regard. Mais il ne fit rien. Rien. |
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