News — Les groupes : Magnus et La Compagnie sont fermés. Merci de privilégier les autres groupes. Toutes les informations sont présentes ici. News du 21/07 — Mise en place de la mise à jour N°9 juste ici ! Les intrigues sont terminées, le système de quête se simplifie et une nouvelle temporalité verra bientôt le jour. News du 01/05 — Mise en place de la mise à jour N°8 par-là ! News du 01/04 — Mise en place de la mise à jour N°7 par-là ! Apparition du principe des évents ponctuels ainsi que d'un recensement. News du 01/03 — Mise en place de la mise à jour N°6, ici. Plusieurs petites nouveautés HRP à découvrir, et un recensement qui se profile pour le mois prochain ! News du 01/02 — Mise en place de la mise à jour N°5, ici. Nous recherchons un animateur n'hésitez pas à postuler ! Découvrez un nouveau système de jeu, en vous rendant là. News du 15/01 — Les intrigues sont lancées ! Pour en savoir plus rendez-vous ici. News du 01/01 — Mise en place de la mise à jour N°4, ici. Les intrigues de l'an 125 débute à Pelagia. Découvrez un nouveau système de jeu, ici. News du 01/12 — Mise en place de la mise à jour N°3, ici. Vous retrouverez des jeux et un nouvel univers, ici. News du 05/11 — Mise en place d'un mini-évent par le membre Siobhán Balfe. Rendez-vous ici ! News du 01/11 — Mise en place de la mise à jour N°2, ici. Vous retrouverez une tombola, ici. Ainsi que la mise en place de divers jeux sur la CB ! News du 15/10 — Réouverture d'Escalus après 1 an d'absence !
Quand la journée touche enfin à son comble et les plaintes habituelles que le Conseil écoute chaque jour se perdent au milieu du sentiment de réconfort que l'on va retrouver dans son foyer, Saül lui ne ressent rien. Cela fait trop d'années que ce foyer dépérit, qu'il se meurt petit à petit et qu'il n'est ni synonyme de confort ni même de repos. Se battre avec une femme qui ne l'aime plus, pour un enfant qu'il ne connaît presque pas... Ce n'est pas si différent que d'écouter ces hommes et ces femmes perdre foi en la politique de la cité. Des personnes qui se battent pour quelque chose qu'ils ne maîtrisent pas, sur lesquels seuls les six conseillers ont du pouvoir. Ce sentiment est celui de l'impuissance, et si Saül déteste une chose en particulier il s'agit sûrement de cette impression de ne pouvoir rien faire de plus que d'exister.
Alors le soir, après ses longues journées, Saül ne rentre plus chez lui. Cela fait depuis leur grand discour, cette déclaration de guerre aux coins bien polis, qu'il se balade et prend du temps pour lui. Parfois il va au cinéma, au théâtre, boire un verre, il continue ses conversations avec les conseillers, une fois ou deux il est allé au bordel, mais la plupart du temps il se rend tout simplement au restaurant. Il a les moyens de se permettre un repas par jour, et se faire servir reste un luxe auquel il n'a plus droit avec sa femme. Il attend donc, un verre de vin déjà servit, et commande un morceau de viande bien cuisiné avec des légumes en accompagnement.
Le service n'est pas long, l'attente n'est pas difficile, et pendant celle-ci il a tout juste le temps de perdre son regard derrière les vitres, au-delà des récifs. Voilà le plat qui arrive, avec les compliments du chef. Mais... Je n'ai pas commandé du poisson. J'ai demandé de la viande. Il doit y avoir une erreur. Le serveur s'excuse, ne comprend pas. Au loin cependant, Saül entend une personne sûrement très heureuse d'avoir un morceau de chair d'animal à pattes. Or si cela se trouve, cette voix qui s'élève n'est habituellement pas même en mesure de se payer un tel plat. Le restaurant, se retrouver seul, c'est l'unique moment de sa journée où Saül peut arrêter de penser. Tout va trop vite dernièrement, trop de préoccupation ; alors il s'attache à sa viande comme une moule à son rocher.
Il est hors de question de manger du poisson.
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Sujet: Re: I eat a lot of apples. | Libre | Juin 125 18.03.16 11:50 parAaron Dawkins
Le gramophone chantait quelques airs de guitare et de contrebasse. Le disque tournait sous la tête d'épingle, comme l'alcool dans le verre sous la main d'Aaron. Des effluves s'en échappaient, s'envolait, dispersant un musc de whisky dans ce salon emmitouflé dans l'obscurité. Une deuxième guitare vint jouer une ligne nouvelle supplantant la première, avant de s'effacer au profit de la contrebasse qui revenait pour mourir dans un dernier soupir violine. Le silence revint, le bras tubulaire se releva. Le disque cessa de tourner, mais pas l'alcool. D'un œil mort, l'homme balaya le salon du regard. Quelques monstres pervers, tapis dans son esprit, dessinaient le fantôme de Leona déambulant dans leur appartement. En clignant des yeux, il le chassa de sa vue. En tirant d'un trait le restant de l'ambre liquide, il le chassa de ses pensées. En enfilant son manteau pour quitter son domicile, il le laissa derrière lui pour le restant de la soirée.
Était-ce réellement la fuite des souvenirs qui le mena au restaurant, ou bien l'appel primordial du ventre, cet appel qui faisait des chiens des loups, des hommes des carnassiers? Il en poussa la porte, et n'attendit pas pour qu'on vienne le réceptionner. C'était bien ainsi. On le guida à une table vide, près de la fenêtre, de là où il pourrait observer tranquillement le spectacle de la beauté sous-marine. Mais il refusa, désignant une autre table du doigt. On lui fit remarquer qu'elle était déjà occupée, ce qui ne manqua pas de tordre ces lèvres.
« Occupée par Monsieur Darwin, oui. Me prenez-vous donc pour un simple d'esprit? »
On s'excusa platement, acceptant qu'il prenne place face à Saül dans la mesure où ils se connaissaient. Retenant le bras de l'employé avant que celui-ci ne disparaisse, Aaron lui glissa qu'il serait ravi qu'on lui apporte un plat de poisson et de légume, et ce relativement rapidement pour éviter de dîner après que son ami ait, lui, terminé son assiette. On hocha la tête, il relâcha son emprise, et s'approcha de la table de son ami à qui on avait amené de la poiscaille et non de la viande comme il l'aimait. Un demi-sourire moqueur aux lèvres, le blond pris place face à Saül, sans manquer de glisser une plaisanterie.
« Un homme avisé tel que toi devrait pourtant savoir que le poisson a d'excellentes vertus. Il aide le corps à lutter contre les manifestations de l'âge entre autre, et l'empêche surtout de dégénérer. »
Dit ainsi, le poisson semblait capable de mener à l'immortalité, ce qui fit intérieurement rire Aaron. L'immortalité n'était pas de ce monde... il attrape le bord de l'assiette, la soulève, et la pose devant lui avant de se servir un verre de vin rouge. Il aimait le vin, son sucre. Il lui préférait les alcools forts, certes, mais le vin avait un antécédent charmant, le raisin. Et il aimait le raisin.
« Les temps sont durs, n'est-ce pas? »
Il connaissait cet air sur le visage de son ami. Nul besoin de lui demander comment il se sentait, nul besoin non plus de mentir à cette question. La vérité était gravée sur ce visage. Aaron mène à sa bouche un morceau de poisson préalablement découpé. Il l'avale quand vint le même serveur auquel il avait demandé son plat, avec celui-ci justement. Aaron soupire, prenant un air excédé.
« Vous voyez bien que je suis servi ! Par contre, cet homme ne l'est pas et il se trouve que cet homme a faim. Ramenez lui une viande, vite, et s'il vous plaît... faîtes un minimum d'effort de concentration. »
Alors le serveur repart, déboussolé, perdu. Aaron sourit. Il pouvait presque entendre la discorde que son petit jeu, allié à l'erreur première des cuisines pour le plat de Saül, venait de mettre en cuisine, et il s'en délecte pendant que les employés s'agitent, pendant que les fourmis s'agitent.
Le serveur était reparti dans les cuisines pour voir avec son chef ce qu'il devait faire, laissant le poisson devant Saül qui n'avait toujours pas la viande demandée. Lui qui espérait trouver un peu de sérénité dans sa soirée pour réfléchir à diverses préoccupations sans en avoir par dessus le crâne ; cela commençait particulièrement mal. Le souffle presque coupé d'un tel toupet envers la figure du Gardien, il détourna la tête pour continuer d'observer le calme marin qui fut vite perturbé par un timbre qu'il connaissait trop bien. Ah ! Aaron ! Si tu savais comme je me lasse de tout ce poisson. Je préfère encore me flétrir mais goûter à un vrai mets.
Saül avait toujours apprécié cette capacité d'initiative qu'avait Aaron, qui menait tout à la baguette. Il sourit en regardant son ami récupérer le poisson dont personne ne voulait et se servir de son vin. Depuis qu'il était entré dans le restaurant, le conseiller n'avait pas quitté son air grave, celui d'un homme perdu entre son devoir, ses convictions et sa vie personnelle émiettée. C'est sûrement celui-ci qui poussa son ancien collègue à se préoccuper de son état. Tu m'en diras tant... Saül soupira. J'ai envie d'une pause, d'un instant où je peux redevenir ce jeune cadre qui avait des idées de slogans publicitaire à couper le souffle... Tu penses que le poisson peut m'apporter ça ? Il esquissa un petit rire, et décida qu'il était grand temps de s'allumer une cigarette sans se soucier des clients autour de lui. De toutes façons, le directeur de la milice et le conseiller de la sécurité étaient en train de dîner ensemble, personne ne ferait de remarque.
Quand la scène avec le pauvre serveur fut terminée, Saül cracha sa fumée. Je vois que toi tu n'as aucun scrupule à faire voir ton autorité. Tout se passe toujours bien, à Magnus ? Il appréciait avoir des nouvelles régulières de ses anciens camarades, sa véritable famille malgré tout ce qu'il pouvait faire croire. Mais il appréciait encore plus la compagnie d'Aaron qui, en tout situation et pour des raisons qui échappaient à la compréhension humaine, rendait le Gardien en joie et le confortait dans son quotidien en déperdition. Cet homme avait le don de raviver chez Saül une flamme qui oscillait beaucoup trop. La viande arriva, reluisante et parfaitement découpée. Eh bien, il n'est pas trop tôt ! dit-il en souriant à son ami, lui montrant que grâce à lui il regagnait de son pouvoir. Bon appétit, mon cher. Et d'un coup de couteau sec, M. Darwin fit une entaille profonde dans la chair et put enfin se délecter des premières bouchées.
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Sujet: Re: I eat a lot of apples. | Libre | Juin 125 28.03.16 1:26 parAaron Dawkins
La rouge ambroisie s'écoulait en filin dans le verre sur pied du directeur de Magnus. La remarque de son ami, lasse de la chair blanche des poissons, lui tira un demi-sourire. La viande de quatrepattes, bien que circulant dans la ville immergée, n'étaient pas des monnaies les plus courantes ici-bas. La surface en était bien plus riche. La surface... qu'en savaient-ils véritablement tous, de la surface ? Deux mondes en tout point différent ayant pour seule ressemblance d'être régi tous deux par les mêmes règles supérieures. Sous l'eau, sur terre, dans le ciel, tout monde humain est condamné à être régis par les mêmes règles que les autres. Les règles de l'Absurde. Ces merveilleuses et excitantes règles de l'Absurde.
Aaron se délecte de cette chair qui ne trouvait plus grâce aux yeux de Saül. Saül qui, d'ailleurs, soupira avant de lui répondre des plus franchement, exprimant le désir de remonter les aiguilles de l'horloge. L'horloge des minutes, mais celle des jours aussi, et celles des mois et des années certainement. Le patron ne pouvait que le comprendre. Combien de fois avait-il souhaité voir les jours s'écouler à l'inverse dans leurs sabliers pour revenir à ce temps où Leona était encore de ce monde ? Ce temps où, dans l'ombre, il pouvait encore attraper ses lèvres, l'embrasser. Ce temps ils pouvaient se confier leurs amours sur l'oreiller, une fois les rideaux tirés...
« Nous voudrions tous faire machine arrière, revenir au bon vieux temps, mais pouvoir le faire signifierait que nous puissions marcher vers le bonheur, hors, ce n'est pas le paradigme de ce monde. Non, nous étouffons simplement sous la nostalgie d'un Eden que nous avons perdu, et qui ne nous a même jamais véritablement appartenu. »
Aucun point ne vint ponctuer sa phrase, simplement un sourire. Un sourire contradictoire avec ces propos pour le moins pessimiste. Un sourire venant les contrebalancer, leur nier tout crédit, bien qu'il connaisse la vérité, celle qui le hantait : Les Hommes meurent et ne sont pas heureux. Il pensa alors vaguement à un livre qu'il avait lu, quelques mois plus tôt, œuvre d'un penseur à la réflexion tout aussi noire. Il se demandait alors si une phrase comme celle qu'il venait de prononcer pourrait figurer dans l’œuvre de ce dernier. Un questionnement stérile qui se noya, emporté par une gorgée de vin.
« Tout ce qu'il nous faudrait, c'est peut-être quelque chose de dément... Quelque chose qui soit si dément qu'elle puisse rendre ce monde plus vivable, non ? »
La formule glissant de ses lèvres portait le masque d'un questionnement, mais derrière celui-ci, le visage d'une certitude. Une certitude sur lequel il plaquait une appellation : l'Absolue. Les deux amis n'étaient pas si loin l'un de l'autre. L'un d'eux avait simplement, contrairement à son comparse, mis le doigt dans un engrenage qui l'emportait jour après jour. Lequel des deux ?
« Pourquoi donc devrais-je m'encombrer de scrupule, hum? L'autorité n'est ni bonne ni mauvaise, elle est au-dessus de tout cela. Tu en fais l'expérience, toi aussi, l'autorité n'est ni plus ni moins qu'une forme d'expression artistique, un instrument de mise en scène. Elle n'est pas despotique... si ? »
Il y avait une pointe d'ironie dans ce « si ? » qui parvint à tirer un sourire aux lèvres d'Aaron, sourire qui s'agrandit davantage lorsque le serveur revint, apportant enfin à Saül le plat de viande. Le despote pique quelques légumes des dents de sa fourchette, et la lève. La fumée de la cigarette s'élève, et Aaron renvoie le « bon appétit » à son ami silencieusement, en baissant légèrement la tête, redressant un peu plus sa fourchette comme un verre à pied, comme s'il trinquait. Il croqua les quelques légumes avant de reprendre :
« Tout se passe bien à Magnus. Un peu d'agitation en début de mois parmi les employés, le fruit de la paranoïa de quelques-uns, mais tout est rentré dans l'ordre. Ils sauront ne pas faire de grandes esclaffes la prochaine fois, enfin si prochaine fois il y a bien sûr. Mais à l'envie, n'hésite pas à venir, je garde toujours une bonne bouteille dans mon bureau.»
Les événements dits « du Soldat Inconnu » lui revenait en mémoire, cette foule qui se déchirait sans raison, et lui qui l'observait s'entre-tuer dans un silence trahissant son intérêt pour cette folie. Sacrée histoire pour une couverture de journal.
« D'ailleurs, en parlant de bouteille... »
Il attrape le vin pour remplir les deux verres de ce raisin qui fait perdre la raison.
Le liquide carmin se frayait un passage dans sa gorge, en tapissant chaque partie des endroits où il passait, comme s'il créait son nid douillet. L'alcool était sûrement la chose qui faisait le plus sourire Saül Darwin depuis quelques temps, mais Aaron et ses questions rhétoriques eurent subitement ce même effet, celui d'une ironie latente et d'un rictus échappé, incontrôlé. Le conseiller ne disait mot, se contentant de sourire et cracher la fumée de sa cigarette déjà presque terminée. Quand soudain. Despotique, le terme était tombé, mais pourtant pas une seconde le Gardien n'avait trouvé ses actions et celles de ses collègues au Conseil proches d'hypothétiques despotes. Une situation de crise appelée à un choix, rester les bras croisés ne ferait qu'empirer, et il fallait bien que certains prennent la parole. Quant au souci d'imposer cette autorité et non de laisser le peuple la choisir... Il était bien évident que trop de faibles d'esprits et de sots composaient la cité, et qu'il était hors de question de laisser couler une nation entière au profit de quelques égos qui sauraient se satisfaire uniquement de planter, eux aussi, leurs crocs dans la viande qui arrivait.
Ah oui, ce doit être la période... La viande était bonne, d'autant plus qu'elle se mélangeait au goût subtil du vin. Je passerai, oui, la vie simple de la publicité me manque un peu parfois, tu le sais. Il tendit son verre à son ancien collègue et en observant le fluide se verser, agripper les parois des verres comme une mer agitée s'attache aux proues des bateaux, pour redevenir calme par la suite et se soumettre à la gravité, Saül réfléchit. Le peuple de Pelagia allait-il, lui aussi, se transformer en une mer bien calme, une fois cette tempête passée ? Ou n'allait-il pas au contraire se satisfaire particulièrement de ce chaos qui se profilait même jusque dans les locaux de la grande Magnus ? Le trentenaire se mordait la lèvre, conscient de ce qui l'attendait sûrement. Le challenge, le pouvoir, mais aussi un possible renversement et des insultes à profusion. C'est dans des moments comme ceux-ci qu'il aurait voulu rentrer chez lui, au calme dans les creux de sa femme ; mais même cette dernière le fuyait et le haïssait de plus en plus.
Il savait ce qu'il devait faire pour s'en sortir, il y pensait depuis longtemps maintenant, mais il n'osait pas le considérer entièrement. Sa soif d'emprise le poussait à rester la tête haute à son poste, sa lâcheté le poussait à ramper pour fuir le Conseil et ses trop hautes responsabilité. C'est le bon moment, la fenêtre entrouverte par laquelle il fallait sauter, en priant qu'en dessous le sol se revêtirait d'une couette duveteuse pour en amortir la chute. Saül se racla alors la gorge après avoir fini la fourchette de légumes qu'il mâchait, perdu dans ses pensées. Tu as déjà songé à tout changer dans ton quotidien ? Aller en quête de ce bon vieux temps, pas pour y retourner, mais peut-être pour le retrouver, ailleurs ? Il bu une gorgée de son verre nouvellement rempli avant de reprendre. Aaron, j'ai eu 37 ans le moi dernier et je me sens déjà emprisonné, vidé de tout ce que je peux apporter à cette cité... Je voudrais juste... arrêter.
Il n'osait pas le dire à haute voix. Mais ce que Saül voulait, c'était quitter son rôle de Conseiller, redevenir l'employeur de quelqu'un, retrouver une femme qui l'aime, peut-être Siobhán ou une nouvelle inconnue qu'il n'aurait pas encore rencontrée, découvrir réellement son propre fils et partager des instants de la vie avec lui. Il voulait du changement, marre et déjà las de son quotidien. Il se trouvait bien trop jeune pour avoir ce genre de pensées, ce genre de regrets. Tu ferais quoi, si tu étais Gardien ? Il voulait donner sa place, mais pour ça, il ne voulait pas n'importe qui.
Spoiler:
Mille pardons pour le retard !
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Sujet: Re: I eat a lot of apples. | Libre | Juin 125 29.04.16 20:20 parAaron Dawkins
A l'arôme du vin, la cendre de la cigarette. Le carmin et l'anthracite. Attaquant l'esprit et les poumons, la raison et la respiration. Aaron pus voir le visage de son ami se déformer sous le couperet. Despotique. Mais aucun mot de vient. Tout du moins pas de suite. Il planta à nouveau les dents de la fourchette dans la chair du poisson, la découpa, et la guida à sa bouche. Saül étouffait dans la nostalgie d'un temps qui n'était plus. Se retrouvant perdu, en dehors de l'Eden, il en développait la mélancolie. Et il sombrait. Cette ville l'usait. Parce qu'il ne devenait pas fou. Aaron respirait à plein poumon, se droguant aux rayons de l'absolu, la photosynthèse lui redonnant vie un peu plus chaque jour. Il était Lazare, il se relevait d'entre les morts. Il écrasait le monde de sa puissance de revenant, de mort-vivant, de vivant-mort, de mourant. Et il sombrait. Cette ville le revigorait. Parce qu'il n'était pas raisonnable. Pelagia pousse à la démence. Pelagia rends fou. Pelagia te fait péter des câbles, ou te fais crever à petit feu.
Aaron ne crevait plus à petit feu. Caligula était dément.
Il se languissait des bras de Leona, des lèvres qu'il avaient toujours embrassé dans l'ombre, leur amour incestueux devant se préserver des lueurs du jour. Un amour qui fleurissait dans les ténèbres, uniquement dans les ténèbres. Et qui était mort entre les reins de la nuit. Bien sûr, son amour lui manquait. Ses yeux sombres, des jais chthoniens poussant aux vices par leur lueur infernal. Ses yeux qu'il avait vu injecté de sang, en contemplant son cadavre. Son épiderme, son parfum, son souffle roulant sur sa peau, et ses doigts transformant son dos en pyrogravure alors qu'ils s'unissait... Aujourd'hui il ne restait que des marques qu'il redécouvrait face au miroir. Son dos était une œuvre d'art creusée par les ongles de Leona. Évidemment, il avait songé à tout changer dans son quotidien, essayant de retrouver Leona ailleurs. Ce chemin l'avait mené à la perdition, il s'était égaré entre les bouteilles de bourbons et les bagarres d'ivrognes. Et il n'y avait que cela à la clef, finalement, tout juste la perdition, rien que la perdition. Avalant quelques légumes, il relevait la tête vers son ami dont le visage avait retrouvé toutes ces noirceurs mélancoliques.
« Tu as encore des choses à apporter à cette ville, tu n'es pas vide Saül. Seulement perdu, simplement nostalgique. Penses-tu vraiment pouvoir retrouver le bon vieux temps ailleurs ? Je n'ai retrouvé Leona nulle part, et ce n'est pas faute de l'avoir cherché. Je m'en suis égaré, et j'ai retrouvé mon chemin en acceptant sa mort, en me recueillant au temple. Peut-être devrais-tu accepter tes pertes... »
Prononcer le nom de sa sœur, prononcer le nom de son âme sœur, déposa un voile sur le visage du despote. Un silence s'installe entre les deux amis. Un silence qui s’étend, s'allonge, résiste. La main d'Aaron s'enroule autour du verre, le soulève, pour noyer quelques souvenirs surgissant du néant, les y renvoyer, dans les méandres ténébreux de la mémoire. Les garder prisonnier, à l'état de souvenir. Pour ne pas souffrir. Pour ne pas vaciller. Leona. Il construirait un monde à l'image de leur amour, un monde qu'elle pourra contempler de l'Ailleurs. Dément. Sombre. Violent. Douloureux. Brûlant. Et il la rejoindrais ensuite...
« Enfin, qu'est-ce que je te racontes moi ! Non non, vas-y Saül, changes tout dans ta vie, déprimes, et laisse moi ta place au Conseil. J'en profiterais pour éliminer les autres membres. Je garderais le pouvoir, instaurant un régime totalitaire, une véritable dictature, dont je serais l'image centrale. J'érigerais une statue à mon effigie au milieu de la ville devant laquelle les gens se prosterneront... Je serais votre nouveau Dieu »
Retardant la mort des derniers sons de son discours cynique, écarquillant les yeux, il se donne le visage d'un dément, un visage qui s’effrite par un rictus, et se brise d'un rire secouant sa poitrine, mais dont il tue le son dans le fond de sa gorge. Il prit à nouveau la bouteille de vin. .
Le temps qui passe est cet ennemi fou qu'on ne peut stopper. L'inéluctable futur qui arrive, menaçant le confort du présent, cette petite bulle et tout ce qui l'entoure, de ses grandes dents aiguisées. C'était sûrement cette crainte de l'inconnu qui terrifiait Saül. Dernièrement, alors qu'il croyait maîtrisait une situation, tout se retrouvait renversé d'un simple revers de main, comme si les projets et les objectifs à mener ne servaient à rien qu'à guider une idée perdue d'avance, dévorée par le temps et ce qu'il amène avec lui. Insécurité. Crainte. Cela valait bien une gorgée de vin, de celle dont le Gardien profitait de chaque goutte comme si elles étaient les dernières. Le temps n'était doux que lorsqu'il était passé et que l'on se le remémorait, calmement, et qu'il n'est alors pas apte à changer. Le reste est trop incertain, et en ce moment, Saül a besoin de certitude plus que toute autre chose.
Tu as sûrement raison... Mais c'est difficile de simplement accepter de faire quelque chose qui ne nous entraîne plus, qui ne nous anime plus. Aider cette cité... Je m'en lasse tellement. Sa fourchette piqua dans la chair juteuse, qu'il vint couper et amener à sa bouche. Ce ne sont pas justes mes pertes qui me hantent, c'est tout le reste. La simplicité de mon travail chez Magnus, la douceur de la peau de ma femme que je ne vois pratiquement plus... Tout était simplement plus vrai. Il soupira, comme si soudain la viande n'avait plus ce goût espérait mais devenait aussi rance que ses souvenirs qu'il ne pourrait vraisemblablement pas revivre. Saül était au-delà de nostalgique, mais heureusement pour lui, son ami était là pour le soutenir, à sa façon.
Le Gardien se mit à rire en écoutant Aaron parler de tyrannie. Tous les sujets étaient ouverts à l'humour pour peu qu'elle soit bien maîtrisée, et le directeur de la sécurité savait parfaitement quoi faire dans ce genre de situation. Mais une petite saveur d'amertume resta collée au palais de Saül. Connaissant ce cher M. Dawkins, il ne faisait pas uniquement de l'humour. L'ambition, les idées, il les avait. Ce n'était un secret pour personne qu'Aaron était prêt à beaucoup de choses pour grimper les échelons, tout comme Saül autrefois, alors il était le mieux placé à savoir que cette petite blague renfermait bien plus de vérité qu'elle ne le laissait croire. Eh bien oui, à bas Sase et tous les autres, gloire à Aaron, celui qui saura changer les choses à Pélagia ! Il se mit à rire avec lui, et leva son verre comme pour fêter cette grande nouvelle, ce futur changement.
Puis le ton baissa, Saül réfléchit. Les temples m'aideront sûrement, je vais suivre ton conseil. Mais je crois tout de même que le poste de Gardien ne me convient plus... Donc, blague mise à part, tu t'imaginerais bien Gardien de Pelaia ? Un petit sourire en coin, c'est ainsi qu'il amena la chose. Au fond de ses tripes, Saül pensa faire une erreur en sous-entendant qu'il proposait sa suite à son ami. Cette folie qui le ronge, il la connait et ne sait si elle sera bénéfique à la cité ; mais un tel changement peut s'avérer bon, après tout. Bien trop perdu, le pauvre M. Darwin ne pensait de toute façon plus droit. Il tendit alors son verre vide à l'attention d'Aaron, qui avait encore la bouteille en main. Je ne sais plus quoi penser de toute façon. J'irais aux temples et j'attendrais un peu de voir ce qu'il en est. Mais sache que te passer le flambeau reste très sincèrement dans un coin de ma tête. Je pense qu'un tel changement ferait du bien à la cité. Ca lui ferait surtout du bien à lui, mais Saül ne pouvait décemment pas avouer être si égoïste à ce moment.
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Sujet: Re: I eat a lot of apples. | Libre | Juin 125 11.05.16 20:33 parAaron Dawkins
Les fausses idoles tomberaient. Les dieux tomberaient. Tels les tsars de l’ancienne Russie, leurs effigies seraient mises à terre. Elles seraient détruites, consumés, oubliés. Tuées par les mains de l’Homme, tuées par les mains qui les ont vénérées, les divinités pousseraient leurs derniers soupires. Ce serait la fin de leur joug. Les pions prenant le pouvoir sur l’échiquier en annihilant la force déterminatrice des mains, des cerveaux, des stratégies de tout les Kasparov et autre Botvinnik. Le jour, par ses lumières électriques artificielles, se ferait sur Pelagia, entrainant avec lui l’avènement de l’humain, de l’humanité. Au centre des foules, Caligula. Au centre des foules, Aaron. Entre les tables et les conversations, plongées dans une brume olfactive mêlant les parfums de légume et de riz, de viande et de poisson, il écarte les bras, laissant exploser son auguste carrure, lorsque son ami proclame sa gloire. Au coin des lèvres, un sourire tiré par le cynisme et l’ironie. Sourire disparaissant dans le rire partagé avec son compagnon. Mais tout comme le rire à un goût amer dans la bouche de Saül, celui d’Aaron est emplit de rêves déments que l’on ne sait qu’avouer à demi-mot. A demi-mot.
« La question n’est pas de savoir si je m’imagine bien Gardien… est-ce que toi tu t’imagines, véritablement, faire autre chose désormais ? Et en vérité, il y a bien d’autres questions… Pelagia veut-elle de moi ? D’ailleurs, que veut-elle ? Et surtout, de quoi à tel besoin ? »
La tête de Magnus inclina la bouteille de vin. Quelques centilitres gagnèrent les rondeurs du verre de Saül. Profitant d’avoir le cru entre les mains, il emplit à nouveau son propre verre. Les assiettes étaient vides. La bouteille ne tarderait pas à suivre leurs exemples. Du coin de l’œil, il surveilla l’arrivée d’un serveur. Le vin devait encore couler. Un bouchon devait encore sauter. L’arôme du raisin ne devait pas quitter cette tablée. Il emportait, avec lui, la raison. Raison qui reviendrait un peu plus tard, comme un chien fidèle revenant à son maître en traquant, la truffe sur le macadam, son odeur.
Le regard d’Aaron traversa les vitres pour se perdre sur les entrailles de Pelagia. Cette cité sous-marine avait abimé son ami, et sa force de vivre. Le colosse au pied d’argile. Ferait-elle de même avec lui, à force de temps, au fil des secondes, des années, et des catastrophes ? Les Hommes meurent et ne sont pas heureux. Cette vieille rengaine qui revenait comme un refrain. Son regard se releva, se perdit un peu plus, se noyant dans les eaux, ces eaux dans laquelle cette ville était perdue. Les abysses. Les ténèbres. Tout était si artificielle… ils ne vivaient pas sous les eaux, mais dans une caverne. Ils scrutaient des ombres. Ils scrutaient des ombres sur un mur, enchainés, tous. Et ils nommaient cela « vérité ».
La démence avait fait éclater la vérité.
Le spectre du silence avait chassé le dialogue de la table. Quelques instants, le directeur c’était égaré dans quelques pensées. Des pensées muettes, des pensées qu’il garderait pour lui, et qui ne se trahissait que par un sourire étirant le coin de ses lèvres. Ses pensées étaient mortes. Il retourna à Saül, ses prunelles emprunts de scepticisme. De ses doigts, il attrapa son verre pour le soulever.
« Et si il n’y avait qu’une réponse à tout cela ? Et si, tout ce qu’il te faut, tout ce qu’il me faut, mais aussi ce qu’il nous et leur faut, c’était quelque chose d’impensable ? Quelque chose d’innommable ? Et si tout ce qu’il fallait, c’était la surface ? »
L’interrogation semblait venir de nulle part, mais elle avait une naissance dans son esprit dément. La surface. Cette contrée inconnue semblait encore l’antithèse de cette ville sous-marine trop connue, cette ville sous-marine dont les saveurs s’étaient offertes à ses habitants jusqu’à les dégouter. Et si ce qu’il fallait à Saül, c’était quelque chose de dément ? Et si ce qu’il fallait à cette ville, c’était quelque chose de dément ? La collision avec son anti-thèse.
Toujours plongé dans ses doutes, le verre aux lèvres, Saül venait de finir son plat dont les saveurs restaient encore en bouche pour quelques instants. Il ne savait plus que penser, il se recula sur sa chaise, élargissant son ventre pour qu'il puisse digérer sans mal la chair engloutie, et se mit à réfléchir à ces questions posées à la volée par son ami. Si Saül pouvait faire autre chose ? Quelques mois plus tôt, il aurait répondu que non, il était à son apogée et n'aurait jamais souhaité retomber où que ce soit ailleurs... Mais le voilà qui regrettait presque sa routine de chez Magnus, son poste à la direction de la publicité, une rengaine plus douce et moins contraignante, des journées légères, pleines de couleurs et de slogan bons à manipuler les esprits... Il hocha alors la tête en buvant une gorgée, sourcils arqués et prêts à bondir.
Oui, passer le flambeaux était une alternative à laquelle il réfléchissait plus que sérieusement depuis quelques semaines, et ce dîner ne faisait que le confortait dans ce choix. Un long blanc s'installa, laissant la liberté au futur Gardien retraité de s'allumer une nouvelle cigarette, comme si elle allait attraper tous les doutes dans sa fumée grisâtre pour les faire disparaître avec elle. Quelques bouffées, solitaires, à errer dans son esprit, puis ce fut de peur que Saül fut pris. Ces remarques, prononcées par Aaron, ne le rassuraient pas. Quelle idée de parler de la surface ? Le pauvre M. Darwin n'avait jamais aimé ceux qui rêvait de trop de grandeur, de trop de nouveautés, et s'il était bien terrifié par quelque chose, c'était du monde extérieur. Il s'en plaint, mais sa bulle de verre sous-marine lui apportait tout de même un cadre connu, où le risque qu'il encourait était faible si l'on mettait de côté les cinglés de la Compagnie. La surface, c'était tout un nouveau monde, de nouveaux dangers.
Il frissonna avant de se mettre à rire, jaune. Mon cher Aaron, je crois que tu ne réalises pas même que tu serais un changement encore plus drastique que la surface ! Et puis quelle idée de vouloir aller là-haut ? On ne récolterait que du chaos... Son regard alla se perdre derrière les vitres, en hauteur, là où les raies de soleil venaient heurter la mer. Et si ce n'était pas si dément ? Et si Pelagia avait besoin d'une telle radicalité ? Un nouveau doute qui s'installe, un nouveau problème que Saül prenait automatiquement sur ses épaules comme s'il en était responsable. Il prit son verre, nouvellement plein, et le leva en direction d'Aaron. Trinquons à la folie, et à l'imprévu. Tu as peut-être raison, ça ne nous ferait pas de mal... Mais c'est sûrement le vin, qui parle. Cigarette au bec, il lui sourit, comme s'il avait abandonné toute réflexion pour ce soir, lassé de trop penser.
Que dirais-tu d'aller finir la soirée autour d'une table de poker à l'Albatros ? Se changer les idées pour ce soir, et réfléchir plus tard à tête reposée à propos de tout ce qui le tracasse, voilà ce qui serait un bon remède à ses maux. Il leva alors la main en direction du serveur, comme pour demander la note, et pouvoir commencer la véritable soirée qu'il méritait.
Spoiler:
Mon coco, je me dis que le RP peut bientôt se terminer ainsi ♥ Si tu veux jouer la suite, à l'Albatros, c'est aussi tout à fait possible ! N'hésite pas à me tenir au courant ^^
« PELAGIA »
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Sujet: Re: I eat a lot of apples. | Libre | Juin 125 27.05.16 17:51 parAaron Dawkins
Un changement radical. Un basculement brutal et entier du paradigme actuel. Oui, changer de paradigme. Renverser l’échiquier. Renverser la table. Renverser tout le mobilier. Retourner les chaises, leurs trouver une nouvelle utilité, un nouvel intérêt, une nouvelle place. Opérer de la même manière pour tout. Les classes, les dieux, l’espoir. Un changement radical c’était encore, peut-être, ce qui conviendrait le mieux à Pelagia. Un nouveau départ. Un nouveau départ ne pouvant se faire qu’avec un soupçon nécessaire de folie. Mais ce changement demeure un cheminement ambigu. Pelagia se perdait. Pelagia avait perdu le droit chemin. Pelagia errait dans une forêt obscure, et les guides se proposant à elle pouvait aussi bien la mener jusqu’au tréfonds de l’Enfer que vers les saveurs paradisiaque du Ciel. Le Chaos. L’Harmonie. Ou inversement. Et au final, qu’importe, tant que changement il y avait, tant que démence il y avait, tant que folie il y avait. De chaque chaos né une étoile. Le monde est le fruit du chaos. Un monde nouveau sera celui d’un chaos nouveau. Un chaos indispensable à un nouveau départ.
Chaos. Le gardien et le directeur trinquait à la folie et à l’imprévu. Les deux verres de vin claquèrent, et l’ambroisie vermeille coula entre les lèvres des deux hommes. A la folie et à l’imprévu. Tout cela venait, oui, tout cela viendrait. Mais pour l’heure, les assiettes étaient vides, et les verres aussi. La ville s’enfonçait dans la nuit artificielle. C’était la fin d’un repas, mais pas d’une nuit. Aaron reposait son verre, vide de tout contenu. Le raisin n’y logeait plus, et demeurait seulement dans les esprits, les grisant. Les eaux semblaient moins troubles. Le raisin, son vin, était encore, peut-être, une manière de mieux supporter la vie vingt-mille lieues sous les mers. Quant aux jeux…
« Si tu n’as pas peur de te faire plumer, ma foi… »