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« want to make you feel alright ▲ Gabriel
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| Sujet: « want to make you feel alright ▲ Gabriel 11.09.14 18:50 par Clio Chatterton | Citer Editer Supprimer |
| if somebody hurts you Clio rince ses cheveux, sous la douche. Elle est enfin rentrée chez elle, s’est enfin débarrassée de ses chaussures à talons, a enfin viré son jeans qui traîne maintenant dans un coin de son salon avec son chemisier bleu marine. Elle a gratté ses ongles et sa peau en général, encore colorée de touches beiges comme dorées. Elle a travaillé sur un masque aujourd’hui. Un masque entier, de Colombine. Elle a fini les reliefs, demain, elle attaquera la partie concernant le papier à musique et repassera le relief dans une luxueuse couleur dorée. Mais ce soir, elle arrête d’y penser. Sinon, elle en attrapera des boutons et elle n’est pas sûre d’avoir assez de correcteur pour tous les masquer.
Elle s’enroule dans une serviette bleue, laisse ses cheveux goutter dans son dos. Son miroir est couvert de buée, elle ouvre la fenêtre en souriant. Des traces de mascara, vestige de son maquillage passé, se sont ancrées sous ses yeux. Elle les effacera dès que son miroir sera revenu à la normale. En attendant, elle se promène dans son appartement, pour aller chercher un débardeur et un vieux jeans troué un peu partout. Peut-être qu’elle demandera à Gian de le lui recoudre. Même si elle trouve ça sexy, la déchirure au niveau de la fesse gauche. Elle se sèche en vitesse en musant une chanson dont elle ne connait pas les paroles, enfile ses vêtements en se disant qu’elle enverrait bien un message à Gabriel. Ça fait longtemps qu’elle a eu de ses nouvelles. Elle se demande ce qu’il devient.
Elle tire la langue à son miroir en chantant un truc sans queue ni tête, sans paroles réelles en effaçant toutes traces de maquillage de sa peau. Disparus, le mascara et le crayon. Fini, le rouge à lèvres rose. Elle a retrouvé une peau blanche, des yeux moins sombres. Ses lèvres sont pâles, elle préfère les peindre. Elle ressemble à une enfant, ça lui arrache une moue. Comme ça, c’est encore pire. Elle sèche rapidement sa frange au sèche-cheveux tandis que le reste humidifie son débardeur blanc. Elle s’en moque, elle reste chez elle. Elle n’attend personne. Elle passera sa soirée avec son portable, Alaska et peut-être un bouquin, étalée dans son fauteuil ou sur son matelas. Elle se dit qu’elle a encore le livre de Gabriel à finir. Mais elle secoue la tête pour qu’il cesse de conquérir son cerveau. A croire qu’elle ne peut pas s’en empêcher. Elle sait qu’elle peut. Elle l’a déjà fait. Elle l’effacera de sa tête comme elle a effacé les autres.
Elle attrape son bouquin sur une étagère en passant dans le salon, on frappe à la porte. Elle roule des yeux, se fait muette comme une tombe. Elle ramène ses cheveux humides sur son épaule gauche, le tissu blanc trempé colle à la peau de son dos. Pas question qu’elle aille ouvrir. Même si c’est Maxine qui apporte une autre comédie. Même si c’est Gianbattista avec une bouteille de Grappa. Même si c’est personne. Pas question qu’elle aille… On frappe une seconde fois, plus fort. Elle soupire, abandonne le livre sur les coussins du fauteuil et se traîne jusqu’à la porte. Elle déverrouille en râlant, ouvre la porte et la bouche, prête à pester contre le faiseur de trouble. Sauf que c’est Gabriel. Elle lui sourit.
Clio – Gabriel ! C’est dingue, je pensais à toi. J’allais justement t’appeler. Ou t’envoyer un message, je ne savais pas enc-
Oui, c’est Gabriel. Sauf qu’il a vraiment une sale gueule. Elle fronce les sourcils, ouvre la porte un peu plus grand pour le laisser passer devant elle.
Clio – Gabriel ? Ça ne va pas ?
Dernière édition par Clio Ferrazzini le 26.10.14 14:35, édité 2 fois |
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| Sujet: Re: « want to make you feel alright ▲ Gabriel 12.09.14 21:45 par Raleigh Cohen | Citer Editer Supprimer |
| “ we lose it all the same ”
Il n’a envie de rien faire. Il est là, assis sur un banc, à regarder les pavés du sol. Son MP3 n’a plus de batterie, il est mort. Pourtant, il garde les écouteurs dans ses oreilles. Il reste là, les jambes tendues dans le passage, ne les bouge pas et laisse les passants l’éviter avec soin. Il fixe le sol d’un air morne, en réfléchissant à ce qu’il s’est passé la veille à la salle de boxe, sa demie-bagarre avec Kamelia. Il ne sait pas pourquoi il a réagi comme ça, il faut croire qu’il est plus impulsif qu’il ne le pensait. Il repense machinalement à ses parents. Ce qui lui donne automatiquement envie de frapper dans quelque chose. Il faudra bien qu’il les affronte un jour, de toute façon, qu’il leur dise en face qu’il n’en a plus rien à cirer de leurs décisions. Pour faire quoi ? Laisser tomber la fac et les laisser mariner dans l’incertitude jusqu’à ce qu’ils consentent à le laisser reprendre de l’équitation ? Et partir de Venise ? Bordel, ce serait le pied.
Mais ce n’est pas la peine de se leurrer. Jamais ils n’accepteront de partir de cette baraque. Jamais ils n’accepteront de revenir en France. Il faudra qu’il y retourne seul. Bah. Ce n’est pas comme s’il n’avait pas l’habitude qu’on le laisse tomber en chemin. Un soupir lui échappe. Et qu’est-ce qu’il peut faire, maintenant qu’il est dehors et qu’il a séché les cours pour la première fois de sa vie ? Et que la nuit tombe. Il pourrait rentrer chez lui, c’est vrai. Et imposer sa mauvaise humeur à Stanislas, aller s’enfermer dans sa chambre en claquant la porte et faire peur à Feist, le chien, au passage. Il n’a pas envie de rentrer chez lui. C’est le premier endroit dans lequel Sergio viendra le chercher.
Mais passer la nuit dehors ne l’intéresse pas. Aller voir ses parents ne l’intéresse pas. Alors il opte pour une autre destination. Moins évidente pour son poto Sergio, et que Stan ne connaît pas, donc un endroit où personne n’aura l’idée de venir le chercher. Il se lève de son banc et prend la direction de chez Clio, les mains résolument enfoncées au fond de ses poches de jean. Son MP3 est toujours muet, mais il ne touche pas à ses écouteurs. Pas avant d’être arrivé en bas de l’immeuble de Clio. Stan et lui vivent dans le même quartier. Sergio est à Dorsoduro. Il n’a aucun souci à se faire, le premier ne sait pas où il est, le second est trop loin. Alors il grimpe les escaliers jusqu’à l’appartement et frappe à la porte trois petits coups secs.
Et il attend.
Et rien ne vient. Personne ne répond. Alors il insiste, il frappe encore trois coups, mais plus forts. Et plus secs. Il se fait mal à la main mais s’en fout. Au moins, Clio lui a ouvert la porte, maintenant. Elle est surprise de le voir, et encore plus de remarquer que, oui, effectivement, il a une sale tête. Il entre dans l’appartement, hausse les épaules pour répondre à sa question et retire les écouteurs de son cou pour les enrouler autour du MP3 et de poser celui-ci sur la première étagère qui vient à portée de sa main.
« Boarf. »
C’est tout ce qu’il consent à marmonner pour exprimer son humeur du moment. Un océan de doutes, d’envies de boxer quelque chose et de plonger d’un plongeoir de cinq mètres pour faire de l’apnée sans avoir pris ses médocs. Il reste debout, à côté de l’étagère, et fixe un point sur le mur.
« J’ai surtout envie de me tirer de cette ville. »
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| Sujet: Re: « want to make you feel alright ▲ Gabriel 14.09.14 19:25 par Clio Chatterton | Citer Editer Supprimer |
| if somebody hurts you Elle l’observe quand il passe devant elle, ses écouteurs autour de son cou. Elle se demande ce qu’il écoutait, avant d’arriver ici. Elle se demande même ce qui l’a poussé jusqu’ici. C’était pour la voir, elle ? Elle espérait que ce n’était pas ça, qu’elle se faisait des idées. Il n’a pas l’air d’aller bien, de toute manière, il a l’air bougon. Une humeur de tueur, si ses yeux pouvaient fusiller quelque chose, ils le feraient. Elle jette un coup d’œil dans le couloir, ferme la porte et la verrouille. Non pas qu’elle ne veuille pas le laisser partir – elle rouvrira quand il partira. Elle voudrait juste éviter qu’un de ses amis arrive sans prévenir, défonce la porte en mode « Clio, bouge tes fesses, c’est la party ce soir, bitch ! » et se mette à crier partout. Ca la faisait rire, elle. Mais elle n’était pas sûre que cela plaise à Gabriel. S’il est là, c’est qu’il y a une bonne raison.
Il dépose son lecteur mp3 sur l’une des étagères, il faudra qu’elle s’en souvienne quand il partira. Au pire, ça lui donnera une occasion d’aller le voir, en visite surprise. Quelle connerie, alors. Elle a envie de le prendre dans ses bras quand il est ainsi. Elle sait qu’elle ne se le permettra pas. Elle se déplace jusqu’à sa cuisine.
Clio – Tu veux un truc à boire ? J’ai racheté de la grenadine, ce coup-ci.
Elle rigole toute seule en se hissant sur la pointe des pieds. C’est l’une des choses chiantes, quand on est petite. C’est que les meubles sont toujours trop hauts. Et que chez elle, elle ne voit pas l’utilité de porter des chaussures à talons. Elle ne voit déjà pas l’utilité de porter des vêtements – pourtant, sur ce coup, elle a visé juste en se rhabillant. Elle était à deux doigts de passer sa soirée en t-shirt et en culotte, son bol de Cocopops vide sur la table, le livre de Gabriel devant les yeux. Elle attrape les deux verres, se déplace jusqu’au frigo pour prendre la bouteille dos mais la voix de Gabriel interrompt son geste. Il veut quitter Venise. Il veut se tirer, foutre le camp et toute une flopée de synonymes. Elle referme le frigo, abandonne son idée de départ. Elle se retourne dans sa direction, plantée devant les deux verres vides qu’elle a délogés, les bras croisés sur la poitrine, les yeux sur Gabriel. Elle secoue la tête en soupirant.
Clio – Gabriel…
Elle passe une main dans ses boucles humides.
Clio – Je t’ai déjà demandé d’arrêter de dire ce genre de choses.
Dernière édition par Clio Ferrazzini le 15.09.14 20:22, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: « want to make you feel alright ▲ Gabriel 14.09.14 19:55 par Raleigh Cohen | Citer Editer Supprimer |
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Il soupire. Profondément, de manière très audible. Si elle lui a effectivement demandé d’arrêter de dire ce genre de choses ; parce qu’il ne s’en souvient pas vraiment, pour le coup ; il n’en a un peu rien à cirer pour le moment. Il fait de la mémoire sélective, préfère oublier ce qu’il n’a pas envie de retenir. Préfère se souvenir de ses parents et de leurs foutues idées plutôt que de ce qu’aurait pu lui dire Clio au sujet de ses envies de quitter Venise. Et qui elle est, d’abord, pour lui dire d’arrêter de parler de ça ? S’il a envie de se barrer autant qu’il le dise à quelqu’un, non ? Il va jusqu’au canapé et s’y laisse tomber, en calant sa nuque contre le dossier, les yeux rivés sur le plafond. Il a déjà dormi dans ce canapé. Il serait prêt à retenter l’expérience pourvu que Sergio ne le retrouve pas et n’essaie ; une fois de plus ; de le sortir de son moment d’idées noires, où sa principale envie est d’acheter un billet pour le continent puis un autre pour la France. Paris, Bordeaux, Roubaix, Toulouse, Marseille, Dijon… Qu’importe du moment qu’il peut se casser d’ici.
Il laisse un instant de silence planer. Puis il tourne la tête pour regarder Clio. Elle n’a pas l’air contente, elle n’a pas l’air d’accord avec cette envie de quitter Venise. Mais et alors ? Ce n’est pas comme si elle comptait à ce point, comme si elle allait être capable de le faire rester dans une ville qu’il déteste. Il finit par hausser les épaules, et détourner la tête. Le geste est fait pour lui montrer à quel point, son avis, sur le moment, il s’en fout. Même si… même s’il y a autre chose. Il ne sait pas trop quoi.
« Et alors ? »
Il ne sait toujours pas ce qu’est ce quelque chose, mais ça lui donne envie d’éviter une quelconque bagarre au sujet de Venise, il sait qu’il finira par en arriver là. Il en est arrivé là avec ses parents, il en est arrivé là avec Kamelia. Il n’a pas envie d’en arriver là avec Clio. Pourquoi ? Puisqu’il fait mine de n’en avoir strictement rien à foutre qu’elle ne veuille pas qu’il quitte Venise.
« Je déteste cette ville. J’en ai marre d’y être, j’ai jamais voulu y venir. Alors pourquoi je m’emmerderai à y rester, hein ? »
Il tourne la tête vers Clio, encore une fois, sans bouger du canapé. Un nouveau soupir lui échappe, beaucoup plus énervé, beaucoup plus agacé que le premier. Il serre machinalement les poings, donne un coup dans l’assise du canapé avec le gauche.
« Putain, mais pourquoi je m’emmerderai à y rester ! Tu peux me le dire, ça ? »
Il finit par se lever, tourner en rond comme un lion en cage. Il déteste Venise. Elle est bien loin de ses souvenirs d’enfant, guidé par un grand-père qui lui avait fait découvrir la magie de l’équitation, qui l’avait plongé dans un amour sans limite pour les animaux et le contact rassurant qu’une haute bête d’un mètre quatre-vingts au garrot pouvait procurer au garçon paumé qu’il était. Qu’il est toujours. Pourquoi est-ce qu’il a fallu que son grand-père meure ? Il lui en voudrait presque pour ça, pour l’avoir abandonné, pour l’avoir laissé tomber et lui avoir amené la narcolepsie en prime. Putain, ce qu’il aimerait lui en vouloir, alors qu’il ne peut pas.
A la place il en veut à ses parents de l’avoir éloigné de la seule chose qui le rattachait un tant soit peu au reste du monde.
« J’ai jamais voulu venir y vivre après la mort de mon grand-père ! J’ai jamais voulu aller vivre dans sa maison ! J’ai jamais voulu abandonner l’équitation et encore moins que mes parents n’en aient rien à foutre de mon avis de narcoleptique, bordel ! »
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| Sujet: Re: « want to make you feel alright ▲ Gabriel 15.09.14 20:24 par Clio Chatterton | Citer Editer Supprimer |
| if somebody hurts you Elle inspire calmement, cherche après la bouteille d’eau sur le plan de travail mais ne la trouve pas. Où est-ce qu’elle est, cette foutue bouteille d’eau ? Elle se retourne pour regarder sur la table de la cuisine, ne la voit pas. Ses ongles pianotent dans un bruit effroyablement agaçant sur le plan de travail. Bordel de… Elle se rappelle avoir laissé la bouteille dans le frigo. Elle soupire. Il faut qu’elle se calme, c’est tout. Ça allait comment, déjà, la respiration anti-stress qu’elle avait appris à l’école ? Inspirer, bloquer, compter jusque dix et refaire le processus à l’envers. Elle entame une série mais s’arrête. Comment ça « et alors ? » ? Ces deux mots lui restent en travers de la gorge, elle sait qu’elle ne les digérera pas de sitôt.
La suite, elle enchaîne tout comme si elle se prenait une chaîne de gifles. Il n’aime pas Venise – il la déteste, même. Ca, elle le savait, elle accuse encore une fois le choc. Il n’a jamais voulu y venir – elle l’avait compris. Pourquoi est-ce qu’il s’emmerderait à y rester ? Elle ouvre la bouche, prend une inspiration mais la referme aussitôt. Elle ne sait pas pourquoi il s’emmerderait à y rester. Une chose est sûre dans l’esprit de Clio, elle préférerait qu’il reste. Est-ce qu’elle peut lui dire pourquoi s’emmerderait-il à y rester ?
Clio – Je ne peux pas te le dire. Je peux juste te demander d’arrêter de dire ce genre de choses. Oh, et puis, merde, Gabriel ! Pourquoi tu t’acharnes ainsi ? Je peux savoir pourquoi tu m’emmerdes avec tes envies de partir ?
Il ne l’emmerde pas. Mais elle en a marre d’imaginer ce départ dès qu’elle n’a pas de nouvelles de lui. Elle qui comptait passer la soirée tranquillement, son livre, son poisson, peut-être même un thé. Elle se retrouve à chercher une bouteille imaginaire, à sentir son cœur s’emballer dans sa poitrine. Il s’éjecte du fauteuil et se met à arpenter la pièce. En long, en large et en carré. Il en vient à hausser le ton. A parler de son grand-père mort, à parler de ses parents qui l’ont ramené en Italie. Elle entend le mot « narcoleptique », elle n’y reviendra que plus tard. Elle attrape un verre dans sa main, l’exploser sur le sol, à côté de ses pieds. Elle siffle entre ses dents, hargneuse.
Clio – Ça suffit !
Elle le suivra sur sa lancée, elle hausse le ton également. Sa main attrape le second verre, il explose sur le carrelage. Elle en aura presque envie de pleurer. Elle ne peut pas, elle est bien trop fière pour ça.
Clio – On a tous eu des problèmes dans cette ville, tu n’es pas le seul ! Moi aussi j’ai perdu des repères dans cette ville. Mon oncle, le seul père que j’ai jamais vraiment eu, est mort d’un putain de cancer de merde qu’on aurait pu soigner si on l’avait capté bien plus tôt.
Elle attrape une assiette trainant à proximité de l’évier, elle l’explose encore une fois sur le sol.
Clio – Et parlons-en, de ce père ! Ce connard que je ne connais pas, qui ne voulait pas assumer ses actes de grosse bête en chaleur après s’être tapé ma mère dans les toilettes d’un bar ! On a tous souffert, Gabriel ! Et ce n’est pas pour autant que j’ai envie de fuir !
Dernière édition par Clio Ferrazzini le 19.09.14 20:31, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: « want to make you feel alright ▲ Gabriel 19.09.14 19:46 par Raleigh Cohen | Citer Editer Supprimer |
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Clio balance un premier verre au sol. Le geste accompagné du bruit du verre brisé le fait sursauter. Il la regarde, interdit, sans bouger, pour l’espace de quelques secondes. Mais qu’est-ce qu’elle fout ? C’est une bonne question. Il s’apprête à dire quelque chose quand elle casse un second verre. Ça suffit. Un ricanement lui échappe. Non, ça ne suffit pas. Il a encore beaucoup trop de choses à dire pour redevenir muet. Soit on lui reproche d’être un tombeau, soit on lui reproche d’avoir trop de choses à dire. Il faudrait savoir. Il a toute son amertume à déverser, plus qu’à partager à quelqu’un. Il ne déteste pas Clio. Il ne déteste pas ses parents ; quoiqu’il en dise. Mais il déteste bien Venise et il ne compte de toute façon pas s’y éterniser. Venise ne lui permet pas de reprendre l’équitation, alors il n’a aucune raison d’y rester.
Et Clio commence à l’engueuler. Il grogne, se détourne et foudroie la fenêtre du regard. Il a l’impression d’entendre ses parents. Tout le monde a des problèmes, retire-toi ces œillères, tout le monde a souffert… Ben voyons ! Plus il voit les gens, plus il en doute. Il a l’impression que certains n’en ont tout simplement rien à foutre des problèmes des autres, parce qu’ils n’en ont pas. Alors dire que tout le monde a souffert ? Elle est bien bonne, tiens. Clio explose une assiette, cette fois. La faïence a un son plus lourd que le verre. Il grimace. Il a envie de frapper dans quelque chose, d’attraper n’importe quoi et de le balancer à l’autre bout de l’appartement. Il en a marre. Il en a marre d’être dans cette putain de ville où il n’a aucun avenir. Alors il fait volte-face et fixe la rousse.
« Bah voyons, tiens ! T’en connais beaucoup des narcoleptiques ? Vas-y. Présente donc m’en un autre qui vit à Venise ! Bah allez, vas-y ! Puisqu’apparemment pour tout le monde je ne suis pas un cas isolé, présentez-donc moi un de mes congénères de la maladie de Gélineau, puisque vous me dites que je suis pas le seul ! Je suis le seul dans cette ville, putain ! »
Le seul. Et s’il y en a effectivement d’autres ? Jamais croisés. Jamais entendu parler. Jamais remarqués. Il a vraiment l’impression d’être le seul face à une planète entière de gens qui ne comprennent pas que sans son traitement ; une drogue plus qu’autre chose ; il peut se tuer bêtement, simplement en tombant. Simplement en s’endormant. Parce qu’il sera trop près d’un canal ou d’un coin de meuble. Il serre les poings.
« T’en connais beaucoup des gens que leurs parents ont forcé à vivre dans la maison d’un parent mort à peine trois mois après les funérailles ? Si t’en connais, vas-y, présente-les moi, j’en ai marre d’avoir l’impression d’être le mouton noir ! J’ai jamais voulu arrêter ni l’équitation ni la boxe, j’étais même prêt à me droguer aux amphétamines pour pouvoir continuer, pourvu que ça me tienne éveillé ! Parce que, ouais, la maladie qui me colle à la peau fait que je m’endors pour rien, n’importe où n’importe quand. »
Un nouveau ricanement lui échappe, plus sec, plus agacé. Il finit par attraper un objet au hasard et le lancer contre un mur.
« Eh ouais ! Bienvenue dans mon monde ! Celui où je peux clamser comme un con parce que je me serai cogné la tête contre un meuble ou noyé dans un canal ! Bienvenue dans mon monde où je me casse parfois la gueule sans raison et où je vois tout le monde me regarder sans pouvoir bouger un cil parce que mon corps croit que je suis en train de pioncer ! Bienvenue dans mon monde où sans un putain de stimulant cérébral je m’endormirai au moins cinq fois en une conversation ! »
Il fixe Clio sans ciller, avec un sourire désabusé scotché sur les lèvres. Joies de la narcolepsie, joie du modafinil et de son anecdote sordide, de tous les effets secondaires qui peuvent suivre. Joie d’un corps qui se rebelle contre lui-même.
« Et en attendant ma mère a décidé de prendre des décisions pour moi et je me retrouve dans une ville que je déteste ! Bah ouais, je déteste Venise, et t’attends pas à ce que j’arrête de le dire, parce que j’ai aucun putain d’avenir ici et je compte pas y passer ma vie et encore moins y crever ! »
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| Sujet: Re: « want to make you feel alright ▲ Gabriel 19.09.14 20:33 par Clio Chatterton | Citer Editer Supprimer |
| if somebody hurts you Elle oscille entre cette envie de le tuer et cette envie de le prendre dans ses bras. D’un côté, il l’énerve à ne voir que son propre malheur, à ne parler que de sa maladie, de ses problèmes. De ses parents qui tirent sur le mors, des passions qu’il a dû abandonner. Il se plaint d’être seul, elle a envie de le gifler, de lui ouvrir les yeux, d’hurler à lui en crever les tympans que non, il n’est pas seul. Parce qu’elle est là, bordel. Alors d’accord, elle ne peut pas le comprendre mais elle peut au moins essayer. Elle peut comprendre ce que c’est, que de vivre dans le souvenir d’un défunt. De l’autre côté, elle a envie de le serrer tellement fort contre elle que les maladies, que tous les maux ne pourraient plus l’atteindre. Les jointures de Gabriel blanchissent tandis que ses mains à elle tremblent. Elle le regarde, les yeux plissés. Il la remet au défi, une nouvelle fois, de citer le nom d’une personne ayant été obligée de vivre dans la maison d’un mort.
Clio – Bien sûr que j’en connais ! La preuve, la pauvre conne attardée que tu penses croire que je suis travaille toute ses putains de semaines dans la boutique de son oncle mort ! Alors oui, Gabriel. Je peux affirmer en connaître ! Parce qu’il m’a légué sa boutique ! Et tous les jours que ce foutu Dieu fait, je respire son odeur au travers de la peinture et du plâtre !
Elle se mord l’intérieur de la joue, pour reprendre ses esprits. Eviter de pleurer, surtout. C’est son seul et ultime objectif. Il pose ses mains sur un objet mais elle n’a pas le temps de lui ordonner de le reposer qu’il le lance sur un mur. Et il se remet à crier. En attendant, elle regarde les débris sur le sol puis le visage de Gabriel, déformé par la colère. Il continue à parler de son médicament, de sa mère qui prend les décisions. Il ne compte pas passer sa vie à Venise. Encore moins y mourir. Sauf qu’elle, c’est ce qu’elle veut. Mourir à Venise. Après un carnaval, si possible, histoire de voir ce qu’elle aime par-dessus tout une dernière fois.
Elle le regarde avant de traverser l’appartement en courant. Si elle se prend un morceau de verre dans le pied, elle ne le sent pas immédiatement. Elle bondit sur Gabriel suffisamment fort pour le renverser en arrière, sur le plancher, et pour s’effondrer avec lui. Elle balance ses paumes sur son torse, parce qu’elle a besoin de le frapper. Si elle utilise ses paumes, c’est parce qu’elle refuse de lui faire mal.
Clio – Pourquoi tu l’as cassé ? Pourquoi tu l’as lancé ? T’es complètement dingue, merde ! C’était un cadeau ! C’était un putain de cadeau de merde qu’on ne me fera plus jamais et toi, toi ! Tu l’as cassé ! Je te déteste d’avoir fait ça ! Je te déteste, je te déteste !
Assise sur son ventre, les joues ravagées par les larmes, elle s’effondre contre lui. Elle renifle. Elle s’en fout pas mal de ne pas être sexy à cet instant précis. Qu’est-ce qu’elle a à perde, de toute façon ? Il partira, il l’a dit. Alors même si elle avait envie de faire quelque chose, elle doit se raisonner en se disant que c’est une histoire sans lendemain. Sans avenir. Elle se raisonnera plus tard, quand la connerie sera faite. Elle se redresse un peu, pose ses mains tremblantes sur ses joues avant de poser ses lèvres contre les siennes. Quelques minutes, le temps qu’il comprenne bien ce qu’elle lui sacrifie. Elle rompt le baiser, plante ses yeux noisette dans les siens. Elle murmure, fatiguée par les cris.
Clio – Est-ce que c’est une raison suffisante ?
Enfin, elle prend conscience de sa propre connerie. Ce baiser, ses idées qui partent en miettes, ses sentiments qu’elle avait presque réussi à refouler. Elle se remet à hurler en tapant une nouvelle fois son torse.
Clio – Est-ce que je suis une raison suffisante ?
Dernière édition par Clio Ferrazzini le 19.09.14 22:00, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: « want to make you feel alright ▲ Gabriel 19.09.14 21:01 par Raleigh Cohen | Citer Editer Supprimer |
| “ oh you tell me to hold on ”
C’était un cadeau. Clio l’a renversé en arrière, sa tête a heurté le mur. Il a simplement grimacé et l’a laissée le frapper avec ses paumes. Il reste là, sans bouger, pendant que la rousse lui crie qu’elle le déteste. C’était un cadeau, ce qu’il a cassé, balancé contre le mur, si fort que ça en a laissé une marque. Il jette un coup d’œil machinal aux débris sur le sol. Ça peut se réparer, non ? Il suffit d’un peu de colle forte, de quelques heures à laisser sécher. Ce ne sera pas comme neuf après, bien sûr. Mais c’était un cadeau. Et Clio continue de le frapper. Et elle le déteste. Voilà. Si elle le déteste il n’a décidément plus rien à faire là. Il reste sans bouger, pendant que Clio pleure. Il a une vue imprenable sur le plafond de l’appartement. Qu’est-ce qu’il fiche encore là, bon sang ? Il n’a proprement plus rien à y faire, et Clio le déteste. Le mieux qu’il a à faire, c’est de partir. De faire ses bagages, de dire au revoir à Sergio, de dire adieu à ses parents, de claquer ses économies pour un billet de train pour Paris, et ensuite. Et ensuite il verra bien. Il y a bien un de ses potes du lycée qui peut l’héberger, non ? Il soupire. Tu parles d’un plan foireux.
Et Clio l’embrasse. Il n’a pas compris pourquoi. Tout ce qu’il sait, c’est que, oui, elle l’a embrassé. Et elle lui pose une question. Une raison suffisante ? Depuis quand un baiser est une réponse suffisante pour rester dans la même ville que quelqu’un qu’on déteste ? Il ne répond pas. Qu’est-ce qu’il pourrait répondre ? Clio lui a dit clairement « je te déteste » pour l’embrasser après. C’est quoi la logique dans cette histoire ? Elle se remet à le frapper. Elle lui repose encore la question.
« Une raison suffisante pour quoi ? bordel ! »
Il lui attrape les mains, encore énervé, et la pousse. Il a toujours autant envie de se barrer d’ici, pourtant il ne bouge pas. Il ne sait pas pourquoi. Il soupire, agacé, et se lève. Il jette un demi-regard à Clio, en se demandant toujours de quoi elle parlait avec sa « raison suffisante ». Il n’a toujours aucune idée du pourquoi du comment. Tout ce qu’il fait, c’est aller dans le couloir. En claquant la porte de l’appartement. Et en plus, il a oublié son MP3.
Pendant un instant, il est tenté de rentrer chez lui et Stan, de se jeter sur son lit et d’essayer de s’étouffer avec son oreiller, de se prendre un, deux peut-être même trois comprimés en plus et de voir ce que ça peut bien lui faire, la surdose. Pourtant, il se décale juste un peu par rapport à la porte. Il s’adosse au mur, et se laisse glisser jusqu’au sol en ramenant ses genoux contre lui, avant de les entourer de ses bras, de cacher sa tête dans le creux de ses coudes et de se mettre à pleurer. Il en a marre. Il en a plus que marre de toute cette connerie. Clio ne comprendra jamais. Pas plus que ses parents et Sergio n’ont compris ce que ça lui faisait de devoir vivre dans la maison du grand-père qu’il a tant aimé. Clio, elle passe juste sa journée dans une boutique. Elle n’est pas obligée de dormir dans la chambre que le mort avait aménagée spécialement pour elle quand elle n’était encore qu’une enfant.
Clio ne comprendra jamais ; pas plus que ses parents et Sergio ; ce que ça fait de devoir tout laisser tomber, tout ce qui comptait pour lui, juste à cause d’un défaut au niveau de son ADN, défaut transmis par l’un de ses parents ; il se demande bien lequel des deux il va devoir encore plus haïr pour ce don empoisonné qu’est la narcolepsie. Il reste dans son couloir encore un moment, prend le temps de se calmer, de se passer un revers de main sur les yeux, puis revient dans l’appartement, sans décrocher un mot. Il referme juste la porte avant d’aller ramasser les morceaux de verre et de faïence disséminés un peu partout dans la cuisine.
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| Sujet: Re: « want to make you feel alright ▲ Gabriel 19.09.14 22:01 par Clio Chatterton | Citer Editer Supprimer |
| if somebody hurts you Tu n’es pas une raison suffisante.
Tu n’es pas une raison suffisante et en plus de ça, tu es bien naïve. Naïve au point d’avoir cru ne serait-ce qu’une seconde que ce baiser le garderait contre toi pour toujours. Naïve au point d’avoir laissé tes lèvres toucher les siennes. Naïve au point d’avoir cru que tout allait se passer comme dans un film. Qu’un feu d’artifice allait exploser dans sa tête, qu’il allait se rendre compte qu’il l’aimait aussi et qu’il allait la serrer contre lui. Peut-être que tout se serait passé comme cela si tu avais été une raison suffisante. Il attrape ses mains pour bloquer ses coups, il la repousse et elle roule sur le côté. Elle se cogne au fauteuil, elle ferme les yeux. Elle ne veut pas voir son visage qu’elle imagine déformer par la colère. Pas le dégoût, aussi, peut-être.
Il se lève tandis qu’elle se redresse pour s’asseoir. Elle ne s’est pas cognée fort, ce n’est pas la question. Elle est juste abrutie par son propre comportement. Qu’est-ce qui lui a pris ? Pourquoi a-t-elle fait ça ? Elle est bête. Elle est bête, elle est bête, elle est bête. Elle est bête et elle sursaute encore quand il claque rageusement la porte derrière lui. Elle aurait presque envie de lui crier à nouveau toutes ces choses qu’elle regrette. Elle reste assise, adossée contre le fauteuil. Ses jambes tendues devant elle, ses mains grattant le bois du parquet. Elle fixe le mur, abrutie.
Tu n’es pas une raison suffisante.
C’est comme s’il l’avait articulé clairement, comme s’il avait décortiqué chaque mot. Comme s’il avait frappé son crâne à chaque mot. C’est comme s’il le lui avait dit. Si ça tombe, maintenant, il est parti. Il s’est barré. Elle ferait aussi bien d’effacer son numéro de son portable, d’effacer tout ce qui le ramène à lui. Elle entre en phase « Rupture » alors que rien n’avait commencé. Tout avait cassé dans l’œuf. Comment avait-elle pu croire qu’elle aurait pu refaire confiance à l’amour ? Elle regarde le mur. Le verre attendra, le vase aussi. Une larme roule sur sa peau rougie, une seconde vient la rejoindre. Elles tombent sur sa poitrine. Elle entend à peine la porte s’ouvrir, se refermer. Si ça se trouve, il est juste venu reprendre son lecteur mp3. Tu n’es pas une raison suffisante et pourtant, il reste. Il ramasse tes conneries dans la cuisine. Elle continue de pleurer, remonte ses genoux sur sa poitrine. Elle étouffe ses sanglots dans ses genoux. Elle n’ose même pas lui dire de tout laisser là, qu’elle rangera demain. Elle a mal au pied, c’est le cadet de ses soucis.
Tu n’es pas une raison suffisante. Pas suffisamment pour l’empêcher de quitter Venise.
Dernière édition par Clio Ferrazzini le 20.09.14 16:51, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: « want to make you feel alright ▲ Gabriel 20.09.14 14:50 par Raleigh Cohen | Citer Editer Supprimer |
| “ so is the last thing that i do ”
Il ramasse les morceaux de verre dans la cuisine. Bien sûr, il arrive à se couper les doigts avec, même la paume. Il préférerait y aller avec une balayette, mais il ne sait pas si Clio en a une, et il ne le lui demande pas. Elle ne dit rien non plus, Clio, et c’est un peu gênant, comme silence. Il aurait presque envie de s’agenouiller au milieu des débris de vaisselle et de laisser tous ces petits morceaux sournois s’implanter dans sa chair jusqu’à en laisser des cicatrices. Il ne sait toujours pas ce que c’est que cette « raison suffisante » dont parlait Clio. Il faudra qu’il pense à lui demander. Même si ce n’est pas vraiment le moment. Putain. Mais c’est pas le moment pour quoi, au juste ? Il n’y a de moment pour rien dans cette vie, de toute façon. Maintenant que Clio sait qu’il est narcoleptique, qu’il déteste Venise, ses parents, qu’il a envie de retourner dans le pays où il est né ; la France, même si c’est clairement la merde là-bas ; qu’est-ce qu’il pourrait y avoir de pire ?
Il soupire un peu. Termine de ramasser les bris de verre et de faïence et de les jeter dans la poubelle. Il faudra passer un coup d’aspirateur pour se débarrasser des plus petits, de ceux qui sont passés sous les meubles. Il va ramasser ceux du vase qu’il a cassé. Mais il ne les jette pas. Il les dépose doucement sur la table, un par un, en ramassant jusqu’au plus petit, qui n’a pas été transformé en poussière par le choc. Il pensera à le recoller. Après avoir acheté de la loctite pour que ça tienne. Ce sera un vase dans lequel on ne pourra pas vraiment mettre de fleurs, après ça, mais au moins… Oui. Non. C’est l’intention qui compte, mais sans plus. Maintenant, il va falloir demander à Clio où elle range les pansements et le désinfectant, parce que ses mains ressemblent plus à une charpie sanguinolente qu’autre chose. Et Clio, elle, elle a un éclat de verre dans le pied. Il s’approche d’elle et lui murmure de ne pas bouger. Il va bien falloir le retirer, ce truc. Un coup sec et le morceau de verre va rejoindre ses congénères au fond de la poubelle de la cuisine.
Il s’adosse machinalement au plan de travail, y pose ses mains et laisse des traces de sang sur la surface en plastique.
« Désolé. »
Pour le vase, principalement. Il n’a pas vraiment l’intention de s’excuser pour ce qu’il lui a dit, à propos de Venise, de ses parents, de sa maladie. A quoi ça servirait de toute façon ? Désolé d’être une loque ambulante qui a dû abandonner le sport et se trouver une drogue pour pas crever bêtement ? Non. Il ne s’excusera pas pour ça. Tout au plus, il est désolé de lui avoir crié dessus. Mais elle le lui a bien rendu. Alors à quoi ça sert ? Nouveau soupir. Il en a ras-le-bol de toute façon. Ras-le-bol de devoir s’énerver pour que les gens écoutent un tant soit peu ce qu’il a à dire. Il a fallu qu’il s’énerve pour que ses parents finissent par écouter ce qu’il avait à leur dire.
Et encore. Ils n’en ont jamais rien eu à foutre. Autrement, il ne serait pas ici. Mais quelque part en France dans un pensionnat quelconque. Dans une fac quelconque. Ou alors il serait un stagiaire dans un centre équestre, qui sait.
« Une raison suffisante pour quoi, au fait ? Parce qu’à part que tu me détestes tu m’as pas dit grand’chose. Alors j’aimerais bien savoir de quelle putain de raison suffisante tu parlais avant de te remettre à me frapper. »
Il s’est à peine adouci. Il y a toujours ce truc qu’il ne comprend pas. Il n’a toujours pas compris de quoi Clio pouvait bien parler avec sa raison suffisante et ce baiser qui n’en disait pas plus. D’ailleurs, il ne sait pas trop quoi en penser, de tout ce bordel. C’est tellement le souk dans sa tête qu’il n’a plus envie de réfléchir à quoi que ce soit.
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| Sujet: Re: « want to make you feel alright ▲ Gabriel 20.09.14 16:54 par Clio Chatterton | Citer Editer Supprimer |
| if somebody hurts you Elle aurait pu rester là encore longtemps. Rester assise, recroquevillée sur elle-même à regarder les gouttes de son sang s’écraser sur le plancher. Abrutie, les joues rouges et les yeux bouffis par les larmes, elle attend qu’il parte pour de bon. Quand il sera vraiment parti, quand ils auront tout le deux tiré un trait sur l’existence l’un de l’autre, elle pourra s’abandonner totalement à sa colère. Elle pourra se goinfrer de glace, prendre des kilos – de toute façon, à quoi bon avoir un corps séduisant si tout ce qu’on voulait séduire s’en allait en fumée ? Il percute son champ de vision, lui intime l’ordre de ne pas bouger. Elle regarde ses mains atteindre son pied, elle hoche la tête quand elle comprend. Il tire, elle ferme les yeux sur le coup en se retenant de couiner. Au moins, il l’a fait vite. Il repart, elle reste là.
Il s’excuse, elle secoue la tête. Des mèches brunes se collent sur ses joues mouillées de sel. Ce n’est pas sa faute si elle est une pétasse égocentrique qui ne pense pas au bonheur des autres, qui s’acharne sur des choses qui n’ont plus aucun espoir. C’est dans sa nature, de s’acharner. De passer par-dessus les obstacles du Destin, de sourire à tout rompre, victorieuse. Mais là, elle a perdu. Elle se dit qu’elle devrait peut-être se mettre debout, question de dignité. Elle se relève, s’appuie sur ses deux pieds. Ça lui arrache une grimace, elle s’appuie sur le fauteuil en soulevant son pied blessé. Il veut comprendre le sens de ses paroles, elle rechigne à le lui dire. Elle a peur que ça se termine comme la dernière, comme avec Milo. Mais pour des raisons différentes. Milo, elle l’a chassé parce qu’il la trompait. Elle entaille quelques peaux mortes.
Clio – J’ai essayé de ne pas m’attacher… A toi. Je te jure que j’ai essayé mais… Ça ne marche pas ? Et maintenant, tu me parles de ton besoin viscéral de partir et moi, plus j’y pense, plus ça me fait mal.
Elle baisse la tête, repousse une mèche auburn derrière son oreille. Elle rigole nerveusement.
Clio – Et là, je me sens vraiment conne à essayer de te retenir en t’embrassant. Vraiment, vraiment conne. Alors, on va faire comme s’il ne s’était rien passé. On va faire comme si je ne t’avais pas dit – d’une manière vraiment stupide – que je te détestais alors que c’est faux, que j’étais juste en colère. On va faire comme si je n’avais pas détruit ces promesses faites à moi-même en tombant amoureuse de toi, comme si on ne s’était jamais rencontré. On va reprendre nos vies et…
Elle essuie des larmes assez rageusement grâce à la paume de sa main. Elle inspire profondément et affronte le regard de Gabriel.
Clio – … Et on va faire comme si rien de tout cela ne s’était produit.
Dernière édition par Clio Ferrazzini le 24.09.14 19:40, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: « want to make you feel alright ▲ Gabriel 21.09.14 17:51 par Raleigh Cohen | Citer Editer Supprimer |
| “ passez notre amour à la machine ”
« C’est pas comme si j’allais pouvoir partir avant un moment, de toute façon… »
Un ricanement sec lui échappe. Partir. Putain, il en rêve. Sauf qu’il n’a aucune possibilité de le faire. Claquer ses économies pour retourner vers Paris, ouais, bonne idée. Mais et après ? Il ne sait pas qui aurait la bonté d’âme de l’héberger dans ce cas-là, et de toute façon, ses parents trouveraient bien un moyen de le ramener en Italie aussi sec, alors ça ne servira à rien. Tout ce qu’il peut bien faire pour le moment, c’est leur prouver qu’il peut devenir autonome même avec cette putain de narcolepsie collée à l’ADN. Il paie déjà une colocation avec Stanislas. Mais est-ce que c’est seulement suffisant pour eux ? Non. Bien sûr que non. Les connaissant, ils attendent aussi un diplôme, des notes magnifiques. Sauf qu’il n’a pas envie de leur faire ce plaisir. Alors il laisse tout tomber côté études, dernièrement. Il a commencé à les abandonner. Il se maintient à la moyenne, histoire de finir l’année, mais il ne compte pas rester en histoire. A la fac, peut-être. Mais dans une autre filière.
Il soupire un peu, toujours adossé au plan de travail de la cuisine, avec ses empreintes digitales en rouge sang sur le plastique blanc. Qu’est-ce qu’il peut bien comprendre à tout ce que Clio lui dit ? S’il est juste un ami, à quoi ça sert qu’elle l’empêche à ce point de partir, qu’elle essaie de lui sortir cette idée de la tête ? Les amis, c’est pas fait pour s’entendre même avec des défauts et des envies éloignées ? Bonne question. Il n’en sait absolument rien, en fait. Ses vrais amis, à la base, c’étaient les chevaux. Ceux qu’il voyait cinq fois par semaine et avec qui il passait le plus clair de son temps. Eh. Non. Elle est amoureuse de lui. Voilà. Elle l’a dit un peu plus clairement. Un sourire nerveux s’étire sur ses lèvres. Alors c’est ça, hein. Ça doit être ça, qu’il ressent pour elle, aussi. De l’amour. La belle blague, la vaste blague, la mauvaise blague. Il n’en a aucune idée. Il n’est jamais tombé amoureux de qui que ce soit. Il n’a jamais eu aucune aventure que ce soit. Il n’a même jamais embrassé une fille.
« Laisse tomber, Clio. »
Laisse tomber tes idées stupides, Clio. Ça sert à rien de l’empêcher de vouloir partir, parce qu’il repartira bien un jour. Ce n’est pas pour autant qu’il tirera un trait sur ce qu’il a vécu avec elle. Mais il ne s’éternisera pas en Italie, de toute façon, Venise n’est rien qu’un tas d’os qui grincent, pour lui. Ça ne lui sert à rien, sinon à le rendre fou, de s’éterniser dans cet endroit qui ne fait que nourrir son amertume envers ses parents. Depuis qu’ils sont là, ils n’ont jamais envisagé de retourner en France, même pas pour les vacances. A croire que ses parents ont bien tiré un trait sur leur vie d’avant, eux.
Lui, il ne veut pas. Et il déteste assez la Venise actuelle, pour ne pas dire Venise tout court, pour aller traîner chez les FFOV. Là-bas, au moins, il n’a pas l’impression de planter le décor. Il soupire doucement, et regarde la jeune femme.
« Déjà parce que même si j’avais les moyens de partir je pourrais pas le faire. Et parce que j’ai tout simplement pas les moyens, aussi. Et qu’avant de me barrer pour retourner en France j’ai deux-trois trucs à balancer à mes parents et ça je pourrai pas le faire à distance. Ça changera rien au fait que y a toujours que des conneries et des vieux souvenirs qui m’attachent à cet endroit, et que j’en ai juste ras-le-bol d’être dans une ville que je déteste et qui ne fait que me rendre dingue. »
Il hausse vaguement les épaules.
« Comme ça changera rien au fait que je t’aime aussi, idiote. »
Il dit ça avec un léger sourire.
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| Sujet: Re: « want to make you feel alright ▲ Gabriel 24.09.14 19:43 par Clio Chatterton | Citer Editer Supprimer |
| if somebody hurts you Du moment qu’il reste. Qu’il reste parce qu’il est obligé ou qu’il reste parce qu’il en a envie, ça n’a pas d’importance. Du moment qu’il reste. C’est tout ce qui lui importe quand il lui dit qu’il ne partira pas avant un bon moment. Elle se sent égoïste, se dit que c’est mal. Et pourtant, du moment qu’il reste… Il ricane, elle voudrait qu’il arrête. Elle n’aime pas quand il ricane, ça lui fait froid dans le dos. Elle a l’impression qu’il se moque d’elle, ça l’insupporte. Il lui demande de laisser tomber. C’est ce qu’elle vient de faire. Inconsciemment mais elle l’a fait quand même. Il ne partira pas parce qu’il n’a pas l’argent – d’accord. Parce qu’il a encore des choses à dire à ses parents – très bien. Parce qu’il y a des conneries et de vieux souvenirs qui le rattachent ici – comme tout le monde. Il déteste la ville, elle le rend dingue – ça, elle l’avait bien compris. Il hausse vaguement les épaules. Comme si ça n’avait pas d’importance à ses yeux. Comme si ce n’était pas grave. Ça l’énerve aussi.
Elle pince ses lèvres jusqu’à en avoir mal quand il lui dit qu’il l’aime. Ses ongles s’enfoncent dans le dossier du fauteuil. Il faudrait qu’elle se pince, histoire de savoir si elle est en plein rêve ou s’il vient vraiment de prononcer ce qu’elle pense avoir entendu. Elle lui demanderait bien de répéter, elle sait que c’est idiot. Elle baisse la tête, sourit au plancher. Et elle finit par se traîner jusqu’à lui, en évitant de trop s’appuyer sur son pied coupé. Elle se traîne jusqu’à être en face de lui, enroule ses bras autour de son cou et pose sa tête sur son épaule. Elle étouffe sa voix dans son coude, contre son oreille. Sait-on jamais, les murs ayant des oreilles.
Clio – C’est toi, l’idiot. Serre-moi.
Elle se contente de respirer son odeur. Il dégage de la chaleur, ça la réchauffe. Elle serait encore prête à pleurer, elle sait qu’elle devra se retenir. C’est bon, elle n’a plus aucune raison d’hurler à la mort, maintenant. Elle n’a plus aucune raison de lancer des assiettes, plus de raison pour lui lancer des conneries à la figure. Elle laisse ses doigts courir sur sa nuque, frôler la lisière de son t-shirt. Elle pourrait glisser ses doigts sous le t-shirt, c’est sûr. Pourtant, elle ne le fait pas.
Clio – Je suis désolée d’avoir réagi comme une gamine. Je suis vraiment, vraiment désolée.
Elle le serre un peu plus fort contre elle, dépose un baiser à proximité de son oreille, un autre au milieu de son cou et un dernier sur sa clavicule.
Clio – Reste dormir ici, cette nuit. Avec moi.
Elle embrasse à nouveau sa clavicule avant de grimacer. A force de rester ainsi sur la pointe des pieds, elle a mal à la coupure. Elle rit contre la peau de Gabriel.
Clio – Tu veux bien finir de t’occuper de mon pied, avant ? Les bandes sont dans l’armoire, au-dessus du frigo. Le désinfectant et les compresses aussi.
Elle se détache de lui, prend appui sur le plan de travail et se hisse dessus pour s’asseoir.
Dernière édition par Clio Ferrazzini le 05.10.14 10:50, édité 1 fois |
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| Sujet: Re: « want to make you feel alright ▲ Gabriel 04.10.14 18:19 par Raleigh Cohen | Citer Editer Supprimer |
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Il fixe le plafond, parce qu’il n’a pas grand’chose d’autre à faire. Il ne sait pas si Clio dort, à côté, de lui. Ça fait bizarre, quand même, de se dire qu’il ne dort pas sur le canapé, cette fois-ci. Il aurait pu dire non, il aurait pu refuser de dormir dans le même lit que la rouquine. Mais il n’avait rien, il n’avait pas protesté, il s’était plus ou moins laissé entraîner, parce qu’il était fatigué. Et depuis, il n’a pas fermé l’œil. C’est la joie d’être narcoleptique. Il va osciller entre sommeil et réveil, toute la nuit, avec des périodes plus ou moins longues. Tout ça parce qu’il n’a pas son flacon de médicaments sur lui. De toute façon, il n’a pas vraiment envie de dormir. Il regarde les pansements sur ses doigts, sur ses mains. Tout ça parce qu’il n’a pas été foutu de ramasser des morceaux de verre sans se couper. Il soupire un peu. Il faudrait qu’il dorme. Qu’il réapparaisse à la fac, aussi.
Il a envie de demander à Clio si elle dort. Si elle a toujours mal au pied, puisqu’elle avait quand même un morceau de verre planté près du talon. Mais il se contente de fixer le plafond en silence et d’attendre que le sommeil vienne le happer. Et en attendant, il continue de réfléchir à sa relation avec Clio ; qui est quand même vachement plus compliquée qu’il n’y paraît. Il pense aussi qu’il va devoir absolument noter d’acheter de la colle forte pour réparer le vase qu’il a cassé. Il tourne la tête pour jeter un coup d’œil à Clio, et reste comme ça quelques secondes, avant de se mettre sur le flanc et de passer son bras sous l’oreiller. Il remonte machinalement la couette sur son épaule, le tissu vient couvrir sa nuque et il se laisse envahir par la chaleur.
Il n’a qu’à fermer les yeux et dormir, c’est ça ? Il essaie. Les secondes passent. Se transforment en minutes. Et puis il ne dort toujours pas, alors il rouvre les yeux et se remet à attendre. Il va encore être complètement claqué le lendemain. Il va encore devoir prendre un comprimé juste pour pouvoir tenir la journée, avant de s’endormir sur les bancs de la fac. Et à vingt heures il s’écroulera dans son lit, et Feist viendra gratter à sa porte pour venir lui marcher dessus à 21h parce qu’il aura envie de sortir.
Un autre soupir lui échappe. Finalement, il se lève, et il va dans la cuisine. Il cherche un balai, finit par en dénicher un dans un placard et commence à balayer sous les meubles, pour enlever les morceaux de verres qui pourraient encore y traîner. Il entreprend ensuite de chercher une balayette et continue son ménage, à moitié dans le noir. Quand il a fini il va voir Alaska, lui remet un peu à manger et le regarde gober les écailles de bouffe pour poisson comme si ç’allaient être les dernières de sa vie. Ou comme s’il allait se jeter sur les plaques chauffantes de la cuisine après les avoir allumées, c’est selon.
Il se demande pourquoi il n’arrive pas à dormir, alors qu’il se sent passablement crevé. A tous les coups, dès qu’l va s’allonger sur le canapé il va s’endormir comme une masse. Est-ce une bonne idée de tenter l’expérience ? Il jette un autre coup d’œil à Alaska.
« T’en as rien à foutre, hein, avoue. »
Et bien sûr, le poisson ne répond pas. Comme s’il pouvait répondre, tiens.
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| Sujet: Re: « want to make you feel alright ▲ Gabriel 05.10.14 10:51 par Clio Chatterton | Citer Editer Supprimer |
| if somebody hurts you Clio est entrée dans un état de somnolence supérieur, une espèce de coma. C’est comme dormir tout en gardant un œil sur ce qui se passe autour d’elle. Elle se laisse bercer par la respiration de Gabriel, à côté d’elle, et par la sienne, par la même occasion. Elle essaie de ne pas trop l’envahir, elle reste de son côté, bien sagement. Sait-on jamais, que ça lui fasse peur. Elle enfonce sa tête dans son oreiller, inspire profondément. Il ne prend pas de place à côté d’elle, ça la fait sourire, dans sa tête. Elle essaie de remuer le moins possible, de réfléchir le moins possible afin de sombrer plus facilement dans les bras de Morphée. C’est ce qu’elle fait toujours, quand elle n’écoute pas de musique pour s’endormir. A côté, Gabriel remue. La couverture bouge aussi. Elle s’apprête à lui grogner une réponse semi-positive, semi-négative mais la question ne vient pas. Elle laisse quelques minutes s’égrener mais le garçon s’enferme dans son mutisme. Elle se dit que ce n’est pas grave, qu’elle se fait des idées et, dors, Clio.
Le matelas ondule quand il le quitte, la couverture découvre légèrement son épaule. Elle gémit un truc qu’il ne doit pas entendre. Il a quitté la pièce, elle espère qu’il ne quittera pas l’appartement. Elle essaie de se rendormir, de ne pas ouvrir les yeux. Il y a du bruit dans la cuisine mais aucune lumière. Enfin, elle ne distingue aucune lueur sur ses paupières closes. Elle se demande ce qu’il peut faire, elle l’entend dire un truc. Elle fronce les sourcils avant de virer la couverture de ses jambes nues. Cette fois, elle a laissé tomber l’idée de mettre un legging avec son t-shirt de nuit. Le froid l’envahit, elle donnerait tout pour se rouler une nouvelle fois sous sa couette. Pourtant, elle ouvre les yeux, se dirige sans rien voir vers le salon. Son pied la lance légèrement à l’endroit de la coupure, elle en conclut que c’est normal. Elle baille, frotte ses yeux de ses mains.
Clio – Tu ne dors pas ? C’est nul… Je t’ai donné un coup ou je t’ai piqué la couverture ? Paraît que je fais souvent ce genre de choses…
Elle bat plusieurs fois des cils afin d’y voir plus clair. Elle rit quand elle remarque le balai dans la cuisine. Il doit avoir fait le ménage, dans le noir qui plus est. Elle ramène ses cheveux sur son épaule gauche. Certains sont encore humides, elle s’en moque pas mal sur le moment.
Clio – Tu pouvais allumer, tu sais. En général, la lumière ne me dérange pas – sauf si c’est la lumière au-dessus de mon crâne.
Elle avance de quelques pas, résiste à l’envie de se pelotonner contre lui. Elle passe une main sur sa nuque, étouffe un bâillement. Elle se traîne jusqu’au canapé, attrape le plaid gisant sur le dossier et s’enroule dedans. Elle observe Gabriel, la joue écrasée sur ses genoux. Il est près d’Alaska. Elle remarque de la nourriture ou peut-être qu’elle rêve. Si Alaska a déjà eu à manger, elle n’aura pas à le nourrir demain. Enfin, tout à l’heure. Elle lui sourit, tapote le canapé à côté d’elle.
Clio – Je ne vais pas te laisser veiller seul – c’est nul, de veiller seul. Tu pouvais me secouer – je ne dormais pas vraiment, de toute façon. Viens, on va trouver un truc à faire. J’ai peut-être bien un film, prends l’ordinateur, il est à côté de toi. Juste à ta droite.
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| Sujet: Re: « want to make you feel alright ▲ Gabriel 24.10.14 15:27 par Raleigh Cohen | Citer Editer Supprimer |
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Il bâille un peu. Ce qu’il aimerait dormir, bon sang. Ça ne lui était encore jamais arrivé, une insomnie à ce point, surtout avec sa maladie qui a la sale manie de le faire s’endormir n’importe quand, n’importe où. Bien sûr, Alaska n’en a toujours strictement rien à faire. Alaska n’est pas narcoleptique ; est-ce que cette maladie peut toucher les poissons ? Elle touche les chiens et les chats, alors pourquoi pas les poissons, après tout ? Bonne question. Et puis c’est Clio qui le fait se retourner. Parce qu’elle l’a rejoint, et qu’elle lui a dit quelque chose. Non. Il ne dort pas. Oui, c’est assez nul, carrément nul, même. Mais il répond par la négative, en secouant la tête.
« Non, j’arrivais pas à dormir, c’est tout. »
Elle ne l’a pas frappé, ne lui a pas piqué la couette. C’est juste qu’il n’arrive tout simplement pas à fermer l’œil, et il ne sait pas pourquoi il a cette vague impression que s’installer sur le canapé résoudra cet épineux problème. Au pire, il continuera sa nuit blanche et s’endormira comme une masse sur sa table d’amphi, au beau milieu de la fac, alors que le prof sera en train de parler des techniques de construction au Moyen-Âge en occident. Et lui, il continuera de dormir, sans rien entendre des cathédrales et de la France qui en compte un bon nombre, avec la très célèbre Notre-Dame, et la basilique de Saint-Denis, tombeau des rois de France, en face de la place Victor Hugo, presque mitoyenne à la mairie, et qui abritait autrefois le couvent des Ursulines. Et il hausse vaguement les épaules.
« J’y ai pas pensé. Et puis quand je me suis rendu compte que j’étais dans le noir, j’ai eu la flemme d’aller jusqu’à l’interrupteur. »
Une flemme comme une autre. Et Clio lui propose de regarder un film. Il penche un peu la tête de côté. Ouais, c’est une bonne idée, même s’il risque de s’endormir comme un con une fois installé sur le canapé. Il jette un dernier coup d’œil à Alaska, pas de tentative de suicide en vue, alors il attrape l’ordinateur et va le poser sur la table basse avant de se laisser tomber dans le canapé. Il laisse Clio s’occuper de la maintenance informatique, le choix du film, il doit bien avouer qu’il s’en fout un peu. Il n’a pas envie de réfléchir. Il bâille une nouvelle fois, renverse la tête en arrière, en calant sa nuque contre le dossier. Il n’a pas plus envie de dormir qu’avant, il a juste l’impression d’avoir été repassé par un semi-remorque. Et par-dessus ça, il n’a absolument rien à dire, rien pour agrémenter une quelconque conversation. A part peut-être une idée comme ça.
« Tu pouvais rester dormir, hein. »
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| Sujet: Re: « want to make you feel alright ▲ Gabriel 26.10.14 14:33 par Clio Chatterton | Citer Editer Supprimer |
| if somebody hurts you Au moins, ce n’est pas de sa faute s’il est réveillé. Il est réveillé parce qu’il n’arrivait pas à dormir. Ou alors, c’est de sa faute mais il ne veut tout simplement pas l’avouer. Elle se demande si elle a bien fait de lui demander de rester cette nuit. Elle hausse les épaules, son visage à moitié englouti dans le plaid en polaire bordeaux. Elle a ramené ses genoux contre sa poitrine, c’est plus pratique pour s’enrouler dans une couverture. Elle sourit quand il avoue ne pas avoir pensé à allumer. Son sourire se mue en gloussement quand il parle de cette flemme d’aller jusqu’à l’interrupteur. N’empêche, c’est dangereux. Il aurait pu se prendre une miette de verre dans le pied, quelque chose du genre.
Clio – T’inquiètes pas. Je suis surentraînée aux nuits blanches. Je m’économiserai demain – tout à l’heure. Je ferai… Euh. Le ménage dans la boutique, au pire.
De toute façon, ce n’était plus la saison des touristes. Il y en avait bien encore deux ou trois mais plus des masses comme elle en rencontrait durant les vacances d’été ou encore durant la période du Carnaval. Il y en avait quelqu’un à l’occasion de la Saint-Valentin. Des couples, comme on peut le deviner. Elle défait ses mains de l’emprise du plaid pour se pencher sur le côté du canapé. Si elle se rappelle bien, elle a laissé le câble de ce côté-là. Elle grogne quand elle capte que la fiche n’est pas branchée. Elle se lève en ronchonnant entre ses dents, s’abaisse pour brancher le tout et retourne se planquer sous son plaid, penchée en avant pour allumer son ordinateur.
Clio – Je ne sais pas du tout ce que j’ai là-dessus.
Si, elle sait ce qu’elle a là-dessus. Elle connait la majeure partie des films qu’elle a là-dessus. Elle préfère juste ne pas le dire. Elle tourne légèrement la tête, lui sourit. Effectivement, il a l’air exténué. Au pire, s’il s’endort, tant pis. Elle regardera le film toute seule. Ou alors, elle coupera. Elle tape le mot de passe, un bête nom de ville qui dans sa tête à tout son sens. Et elle se met à fouiller ses fichiers. Vidéo. Films. Avec un peu de chance, il ne verra rien de là où il est. Elle regarde les titres. Elle a des séries mais elle s’imagine mal poursuivre la saison avec lui. Surtout s’il n’a pas vu le début. Elle se rappelle qu’une de ses copines lui a filé un film, la dernière fois. Elle se dit qu’entre ça et « Les Hauts de Hurlevent », c’est peut-être mieux qu’elle choisisse ça. Elle lance le film, se recale contre le dossier du fauteuil.
Clio – Je ne sais pas du tout ce que ça raconte. C’est une copine qui me l’a filé, y a peut-être deux mois.
Le titre n’augure rien de bon. Le début non plus. Un manoir énorme, une nuit couverte de nuages. Le bruit d’une pendule, une bonne qui fait les poussières. Mais comme elle n’a rien d’autre, elle le laisse. Elle observe Gabriel du coin de l’œil. Elle qui s’était promis de ne pas être trop envahissante, elle remettra sa bonne résolution à demain. En attendant, elle se love contre lui, les yeux rivés sur l’écran. La bonne est sonnée par la clochette, elle fonce voir son maître. Dans une cave, évidemment. Elle appelle, il ne se passe rien. Clio le sent vraiment mal. Elle fait demi-tour, un truc casse dans le fond de la cave, ce qui l’arrête immédiatement. La bonne aussi, elle a peur. Tu m’étonnes. Oh merde, le maître a une voix qui fait flipper sa race. Avec une voix pareille, ce n’est pas Clio qui descendrait. Elle descend quand même, en cherchant une trace de son maître. Et elle se pète la gueule sur le fil tendu dans les marches. Ce qui est flippant, c’est la musique qu’il met avant de lui péter les dents. Clio sert les dents. Le taré cherche les dents sur le sol et un gosse l’appelle – avec une sale voix d’outre-tombe, toujours. Des bruits de petites créatures. Clio se raidit, niche sa tête contre l’épaule de Gabriel en fermant les yeux. Six minutes de film, un record.
Clio – … Secoue-moi quand ils auront fini.
Dernière édition par Clio Ferrazzini le 05.11.14 18:07, édité 1 fois |
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« PELAGIA »
| Sujet: Re: « want to make you feel alright ▲ Gabriel 01.11.14 21:02 par Raleigh Cohen | Citer Editer Supprimer |
| “ maybe i pulled the panic cord ”
Le film, c’est quelque chose qu’il ne connaît pas. Il a déjà vu le titre quelque part, mais il ne l’a pas regardé. Ça ne le tentait peut-être tout simplement pas, bonne question. Mais pour l’instant, ça démarre pas mal, il y a une bonne et un vieux fou dans une cave. Un vieux fou, genre, complètement fou, qui s’est arraché les dents et qui parle à des trucs. Des trucs invisibles mais qui ont l’air de lui répondre, puisqu’il défonce les dents de la bonne pendant que de vilaines voix d’outre-tombe chuchotent. Ça part pas mal. Il reste contre Clio. Elle, ça n’a pas l’air de lui plaire. Elle ferme les yeux, cale sa tête contre son épaule pour être sûre de ne rien voir. Et lui, il continue de regarder. Parce que maintenant, le film part sur une môme.
« C’est bon, ils ont arrêté. »
Sans doute la môme la plus heureuse du monde. Elle tire une tronche de trois pieds de long. Elle a l’air tellement heureuse de retrouver son père et… sa mère ? Ah, non. Sa petite amie. Oui. Bon. Ça explique la tête de la gamine. Et plus le film avance, plus ça devient joyeux, par-ici. La môme, son père et la petite amie du père dans la grande baraque. Oui, la grande baraque du fou qui a défoncé des dents. Sauf que… où est la cave ? Où est l’entrée de la cave ? Peut-être murée. Vu ce qu’il s’est passé, c’est pas mal. Il bâille un peu, se larve un peu plus dans le canapé. Il s’endormira sans doute avant la fin du film. Mais pour le moment, la gosse explore, elle a une mère des plus idiotes qui lui bourre le crâne avec toutes sortes de conneries. Non. Sans rire. Elle a vachement l’air hyperactive, cette enfant. Elle a surtout l’air d’avoir envie de sauter d’une falaise. Ouais, ça doit être ça.
« C’vraiment joyeux, ce truc. »
C’est tout ce qu’il a à dire. Et voilà les bestioles. Les sales bestioles, les « petites choses » qui ont piqué le rasoir pour faire des lambeaux de vêtements. Que c’est cool. Et évidemment, les adultes ne croient pas la gosse. Eh. Qui croirait une gosse, soupçonnée d’hyperactivité, qui dit qu’il y a des monstres depuis qu’elle a ouvert la cave et déboulonné la grosse plaque qui claquemurait le conduit de cheminée ? Sans oublier que le jardinier s’est salement fait massacrer. Le pauvre, il savait ce qu’il se passait, en plus, lui. Il était au courant, son père l’avait prévenu pour les « petites choses » qui aiment les dents d’enfants et laissent une pièce d’argent en échange.
Drôlement sympa, la petite souris. Elle attaque à coups de fourchette, elle se balade dans les conduits. Les vilaines bébêtes. Il ne bouge pas. Il est bien, sur ce canapé. Il est bien, avec Clio. Même si ce film est complètement tordu et un brin flippant mais il n’a pas la tête à réfléchir, et donc aucun moyen de flipper bêtement. Il se met à somnoler, tout doucement, alors que le film avance doucement vers quelque chose de beaucoup plus tordu.
Il va vraiment finir par s’endormir, sur ce canapé.
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« PELAGIA »
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| Sujet: Re: « want to make you feel alright ▲ Gabriel 05.11.14 18:16 par Clio Chatterton | Citer Editer Supprimer |
| if somebody hurts you C’est là qu’elle se dit qu’elle a fait une grosse connerie. Que tout ce qu’elle fait n’est qu’une grosse connerie. Que mettre ce film – ce film avec un nom franchement flippant, qui n’augurait rien de bon, qui annonçait déjà le problème – faisait partie de l’historique de ses erreurs. Garder Gabriel chez elle est encore l’une d’entre elles. Parce qu’il n’a pas franchement l’air enthousiaste. Crevé, d’accord. Et elle comprend que c’est difficile d’être enthousiaste quand on est crevé mais. Mais voilà. Elle essaie de se remettre en question, de se dire que c’est probablement sa faute, qu’elle est trop collante, trop chiante. Et au final, il lui dit que tout est terminé. Qu’ils ont fini. Alors, elle s’autorise à reprendre une position normale, droite dans le canapé, enroulée dans son plaid. Elle rigole un peu, doucement. Nerveuse.
Clio – Je pense que j’ai un problème avec ce genre de… De… De bestioles ? Et avec les esprits, aussi. Les fantômes, les possessions, les poupées vivantes, les trucs invisibles… Le reste, je peux gérer. Tout ce qui est vampires, loup-garous, ce genre de conneries. Ouais, je sais, c’est assez stupide comme peur.
Elle ressent le besoin de se justifier. De justifier ses gamineries. Elle sait que c’est stupide mais c’est plus fort qu’elle. Elle sent les esprits, les fantômes, toutes ces choses malveillantes qui rampent le long de sa colonne vertébrale. Elle entend les bêtes, ces petites choses noires et velues guettant les dents des enfants, sur le plancher de sa maison. Et elle trouve ça effrayant de regarder au-dessus de son armoire en plein nuit, derrière les portes. Elle ne le fait jamais, d’ailleurs, regarder. Trop flippant. Elle repousse une boucle derrière son oreille, en regardant à contrecœur son ordinateur. Combien de mois de thérapie cinématographique a-t-elle devoir se taper avec ce film ? Ça lui apprend à préserver les gens. La prochaine fois, il regardera « Cher John » comme tout le monde. Ironiquement, il trouve le film « vraiment joyeux ». Elle rit, ironique.
Clio – J’adore quand on brise les mythes de mon enfance avec un film d’horreur.
Elle tourne sa tête vers Gabriel, sourit quand elle remarque qu’il somnole. Il regarde le film à moitié, s’efforce à garder les yeux ouverts. Non, en fait, il ne s’efforce même plus. Elle secoue la tête, se défait de son plaid en polar rouge et le couvre avec. Elle se redresse, dépose ses lèvres sur sa joue pour y imprimer un baiser. Elle laisse ses doigts courir sur la peau de son visage, de son cou.
Clio – Hey… Tu veux qu’on aille dormir ?
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