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Sept 125 | l'Eau pâle du chat [Cal]
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« PELAGIA »
MESSAGES : 34 POINTS : 3204 PRÉSENTATION : www.FICHE DE LIENS : www.AUTRES COMPTES : Eirlys S. Hilbilge DATE D'INSCRIPTION : 31/07/2016
| Sujet: Sept 125 | l'Eau pâle du chat [Cal] 17.08.16 15:39 par Ezekiel Hollister | Citer Editer Supprimer |
| L’Opale du Chat, on avait dit à Ezekiel que c’était un endroit pour jouer au rebelle quand on habitait au niveau 1 et qu’on rêvait de venir du 2 et de s’imaginer du 3. L’idée lui avait paru d’une stupidité sans nom. Lui n’avait pas besoin de s’encanailler, il n’était d’aucun monde et il préférait de loin se promener dans les architectures labyrinthique du bout du bout du fond de la Ville. Alors l’Opale, même à la Croisée des Niveaux, ça l’avait pas trop intéressé au début. Et puis, un jour qu’on l’avait viré de sa salle d’expérience parce qu’il la polluait avec ses matériaux non nobles et ses trucs de chômeurs et il n’avait pas insisté, conscient de l’inutilité de tenter de raisonner ses camarades quand ils avaient décidé de l’emmerder. Tout ça parce que cette bande d’idiot essayaient de synthétiser de l’Essence pour la revendre sur le campus. Sauf que ce jour-là, en plus, la bibliothèque était fermée ou occupée et voilà qu’il s’était retrouvé devant l’Opale comme un con et qu’il était entré, pas plus intelligemment, dépenser le Pel qui traînait dans sa poche. Et là, il y avait fait la plus belle des découvertes. A l’Opale, il y avait un type qui jouait au go. Au début, l’adolescent ne connaissait pas ce jeu mais ces pions et ces croisements l’avaient tout de suite fasciné alors il s’était procuré un livre dessus qu’il avait dévoré et ça l’avait happé encore plus. Depuis, l’Opale du Chat était devenu un incontournable pour l’étudiant. Dès qu’il avait une petite pièce à dépenser, quelque chose qu’il aurait gagné lui en faisant un devoir pour un camarade ou en rendant un service quelconque à quelqu’un, en réparant la machine de machin dans sa boutique, en résolvant une énigme à la con qui embêtait bidule, bref, dès qu’il avait un petit quelque chose, il allait à l’Opale. Parfois, il y allait également les poches vides, pour le plaisir d’observer le Goban et de penser à ses prochains coups. Il perdait régulièrement contre le Patron – que lui appelait le Vieux au Go – mais il progressait et restait optimiste. Un jour, il battrait son adversaire. Pas pour le battre, mais bien pour se permettre cette victoire face à lui-même. Avec l’habitude, il avait également fait connaissance avec les autres opalines qui fréquentaient le lieu. Il y avait Nine qui était magnifique mais qu’il ne fallait pas déranger. La rousse Clio, si belle qu’il se perdait parfois à la regarder en espérant lui parler correctement un jour. Depuis, il avait rencontré Eve mais le magnétisme de la barmaid n’avait rien de commun avec celui de l’amante. Rien à voir. Evidemment, il y avait aussi Tad, son copain et c’était souvent aussi pour lui que le brun allait se perdre dans les tréfonds du haut niveau. Dans sa tête, il leur avait donné des noms de pierre à tous. Nine était l’onyx, Tad la turquoise, Clio le grenat, le Vieux au Go c’était la labradorite. Et même une fois, il y avait vu Eve et il lui avait attribué le corail. Restait Light. Light, c’était le barman chef. Quelque chose du style. Il faisait toujours la gueule. Il n’était jamais content. Il bougonnait dans son absence de barbe mais différemment du patron. Le patron ça faisait partie du personnage et son go rattrapait tout. Light…Light, Zeke ne savait pas quelle pierre lui attribuer à part le vieux fossile friable et ça le questionnait. Du coup, comme le temps du go n’était pas encore arrivé, que Tad n’était pas là et Clio non plus et Eve absente et que Nine faisait partie du paysage, le garçon leva la tête de sa boisson d’algue bon marché, le genre qu’il prenait quand il voulait rester longtemps mais n’avait pas grand-chose. « Dites, M’sieur Light, j’pourrais pas avoir un peu de sucre s’il vous plait ? C’est très amer aujourd’hui. Vous vous êtes fait plaquer ou quoi ? » Ne disait-on pas « amer comme un amour perdu ? » |
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| Sujet: Re: Sept 125 | l'Eau pâle du chat [Cal] 17.08.16 18:08 par Cal Gray | Citer Editer Supprimer |
| Comme un peu tous les soirs pour l’ouverture du bar, c’est lui qui est là. Plus ou moins seul. Plus ou moins, parce qu’il y a Antonine qui a décidé qu’elle ferait une partie de son travail installée au zinc. Elle est là depuis le début, c’est même à croire qu’elle l’attendait quand il est arrivé. Light ne lui dit rien. Il ne l’approche pas. Il ne lui a même pas demandé comment elle va. Il préfère se taire, ne pas lui donner une raison de sortir le flingue qu’elle garde, très probablement, dans son sac. Tout au plus, il soupire. C’est dommage, quand même, que ça n’ait été qu’un sale jeu pour éviter de donner trop de doutes à Clio et à une certaine sœur jumelle du patron. Tant pis. Le barman ne peut pas non plus nier qu’il est content que cette “histoire” entre gigantesques guillemets ait pris fin assez vite.
C’est qu’Antonine serait capable de le tuer pendant qu’il dort, juste pour ne pas avoir à entendre ses derniers mots pour peu qu’il soit capable de les prononcer. Et comme un peu tous les soirs depuis un moment, il y a aussi Eze. Zeke. Ezekiel. Light ne sait jamais trop comment l’appeler, il sait juste que par moments, il se demande pourquoi il a autant de mal à supporter l’étudiant. Ils ont la même tendance à dire un peu trop ce qu’ils pensent. Probablement parce qu’en présence du patron, à l’Opale, il se tient un peu plus tranquille. Pas vraiment le choix. Ce n’est pas le lieu pour créer des esclandres à la pelle. Et il tient suffisamment à sa tête pour éviter d’éparpiller les bourdes et les fautes sous le nez de Seisyll.
D’ailleurs, en parlant d’Ezekiel. Light se retourne de la vaisselle qu’il était en train de faire, comme souvent, pour s’occuper, et lui adresse un vague sourire cynique avant de répondre d’un ton léger.
« Tu n’as même pas idée à quel point tu viens te taper dans le mille ! »
Il abandonne les verres dans l’eau savonneuse, du liquide vaisselle qui a bien manqué de signer la fin du bar, se sèche les mains sur un torchon prévu à cet effet, puis attrape le sucrier et le poser devant le seul client intéressant du jour, en gardant son semblant de sourire.
« Par contre, je sais pas si je dois te remercier pour mentionner la chose… »
Ceci dit, les algues ont toujours été amères. Peut-être qu’il a effectivement oublié d’ajouter du sucre dans le verre d’Ezekiel. Oh. A moins que ce ne soit pas un oubli, tout compte fait. Il n’essaiera plus de taquiner l’étudiant comme ça, la prochaine fois, surtout pas quand il y a Antonine juste à côté. Pour un peu, il se sentirait fondre sous le regard assassin de la journaliste, qui n’en apparemment rien à cirer de ce qu’il se passe au bar pour le moment. Pas comme si elle avait été touchée d’une quelconque manière par toute cette histoire, contrairement à lui qui ferait bien d’abandonner définitivement ses vues sur la première employée de Seisyll avant d’y laisser quelques litres de sang. Trois, ou quatre, environ.
« Bon, et sinon, pendant qu’on y est et que cet endroit est plus ou moins désert. Qu’est-ce que tu racontes de beau ? » |
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| Sujet: Re: Sept 125 | l'Eau pâle du chat [Cal] 23.08.16 10:10 par Ezekiel Hollister | Citer Editer Supprimer |
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Ah merde mais il plaisantait hein, il n’avait pas voulu taper dans le mille. Il ne voulait pas écouter les histoires de cœur de l’énigme sur patte qui lui servait des verres. En plus il était nul en cœur, en fille et en humains en général. On ne pouvait pas les ramener à des chiffres et c’était nul. Il avait beau avoir réussi à convaincre Eve de lui donner une nuit, ça lui était jamais assez monté à la tête pour qu’il s’imagine être intelligent en relations amoureuses. Il n’était pas con en plein de choses mais alors les sentiments, ça, il savait qu’il gérait pas du tout. Conscient que son visage reflétait évidemment toutes ses pensées, l’adolescent baissa les yeux sur son truc dégueulasse en cherchant vainement quelque chose à dire qui le fasse pas envoyer sur les roses avant de penser que ça pouvait très bien être un mensonge du gars juste pour voir sa tête et en faire des gorges chaudes. C’était une drôle d’expression, gorge chaude. Peut-être venait-elle de la surface ? Peut-être bien qu’il y faisait tellement sec que lorsqu’on riait on avait la gorge qui chauffait. L’hypothèse lui paraissait bien farfelue pensée comme ça. Alors, Zeke, il prend le sucrier et se sert une rasade dans son verre que n’aurait pas reniée Tad et il réfléchit. Dur. Quoi raconter de beau hein. « Bah je sais pas. J’suis pas sûr qu’on ait vraiment les mêmes notions de beau, si je vous parle de mes études, clairement je vais vous ennuyer et j’ai pas vraiment d’anecdotes croustillantes. Oh, si, je travaille à une surprise pour Tad. Et j’ai un plan pour battre le patron au Go. Je pense qu’il a éventé ma première stratégie mais c’était prévu, je veux lui faire croire qu’il m’a complètement percé à jour et le surprendre. Je ne suis pas certain d’y arriver, on verra bien. Sinon, de beau… il y paraît qu’il y a un courant qui passe tous les six cents ans dans les parages qui est emprunté par du plancton phosphorescent et qui fait comme un courant de lumière dans les profondeurs mais vu qu’on a déjà eu les baleines, je pense pas que ce soit pour notre génération. » Il haussa les épaules. Rien que de savoir qu’il y avait des merveilles dans le monde lui suffisait bien. Il n’avait pas toujours besoin de les voir ou de les toucher. Il lui suffisait de les comprendre, et, pour le coup, c’était assez clair comme phénomène. Penser aux cétacés cependant lui ramena Eve à la mémoire et un sourire un peu crétin aux lèvres qu’il tenta de son mieux d’effacer. Maintenant qu’il devait bien avoir saoulé le type avec sa vie inintéressante au possible (et encore, il n’avait pas parlé de ses repas), il était temps de renvoyer la balle. Pour une fois que Light semblait se faire assez chier pour parler, autant en profiter pour trouver sa pierre. Il remua vaguement sa boisson en cherchant une nouvelle accroche. « Des trucs de jeunes quoi. Vous avez probablement oublié, quoi que je suis pas sûr que vous ayez jamais été jeune vous. C’est un peu comme le Vieux au Go, on vous imagine poussé là comme ça, déjà vieux, déjà là, à faire la même chose. Il s’est passé quoi avec votre amie ? Vous avez trop salé son diner romantique ? » Une autre expression stupide disait qu’un cuisinier qui salait trop était amoureux. Ca devait venir de la surface ça encore. Parce qu’ici, sérieux, avec tout le sel qui était utilisé pour la conservation et la cuisson, Pelagia toute entière devait être amoureuse.
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« PELAGIA »
| Sujet: Re: Sept 125 | l'Eau pâle du chat [Cal] 25.08.16 21:01 par Cal Gray | Citer Editer Supprimer |
| Light écoute calmement Ezekiel parler. Un plan pour battre le patron au Go ? Le barman réprime un ricanement, mais ne peut s’empêcher de sourire l’espace de quelques millisecondes. Il espère encore pouvoir battre Seis, de son vivant à lui ? Peut-être même qu’il se dit qu’il n’aura pas besoin d’y passer une vie avant d’y arriver. Même lui, il a encore du mal à se faire au jeu extrêmement stratégique de son patron quand il s’agit de l’appliquer dans la vraie vie, alors sur un plateau… Le pire, c’est qu’il ne serait pas mauvais, s’il y mettait du sien. En tout cas, il a de l’espoir, Ezekiel. C’est peut-être ça qui plaît autant à Light. Au final, l’universitaire a sans doute assez d’espoir pour deux. En plus de parler de plancton phosphorescent. Light aimerait bien voir ça, tiens. Des profondeurs du niveau trois, ces petites bestioles doivent bien briller. Ce serait joli à regarder. Si seulement ils passaient dans le coin. Les estimations d’Ezekiel ne sont pas en faveur du plancton phosphorescent, et pour le coup, le barman est bien obligé de reconnaître que ce seront de bien meilleures estimations que celles qu’il peut faire.
Tant pis pour le plancton. Finalement, il ricane à la remarque de son interlocuteur du jour. Rien de méchant. Juste le ricanement qu’il a quand il sait que ce n’est pas le moment de rire franchement. Il garde un semblant de sourire, joint les mains sur le zinc, abandonnant la vaisselle pour une autre fois. Elle en mourra pas, d’attendre. Il laisse un petit blanc s’installer avant de répondre, machinalement.
« Nah. La vie m’a pas laissé la chance d’être jeune un jour, ni même un gosse. C’est dommage, mais bon, la vie est une garce, l’avantage c’est que j’ai très vite été mis au courant. »
Il dit ça sur un ton de plaisanterie, mais au fond, il est plus sérieux qu’il ne veut le laisser croire. La vie a rarement été tendre avec lui. Loin de s’en plaindre, il a appris à considérer qu’il n’avait pas eu autant de chance que d’autres, ce qui lui a donné une occasion d’apprendre certaines choses, notamment à faire tourner certaines situations à son avantage. Il a appris à survivre dans les bas-fonds de Pelagia.
« Sinon, disons simplement que c’était mieux que ça s’arrête là. Je ne connais absolument rien à tes histoires de cœur, mais si un jour ça t’arrive, je pense que tu reconnaîtras très facilement la situation. C’est ce moment où tout est voué à l’échec depuis le début, même si tu essaies de faire quelque chose. T’essaies, mais ça marche quand même pas. Y a rien à faire. A part mettre un terme à ce qui aurait pu s’appeler une relation. Quoique, tu me diras, ça a duré quelque jours. Jusqu’à ce qu’on se rende compte que c’était une très mauvaise idée et que c’était mieux de tout arrêter. Avant qu’on le regrette. »
Ou plutôt, avant qu’Antonine ne lui fasse regretter d’avoir voulu s’investir dans la chose. Pire. Avant que Cecelia ne trouve un énième moyen de se foutre de lui pour les semaines à venir. Sans oublier les nombreuses questions de Clio. Auxquelles il n’a pas encore eu droit. Fichtre. Il va devoir préparer des réponses toutes faites. Du genre de celle qu’il vient de donner à Ezekiel.
« Au final, je regrette peut-être juste que cette situation me soit tombé dessus maintenant. »
Ou pas, puisqu’il y a toujours Cecelia. Mais ça, Ezekiel n’est pas censé le savoir. Light fait vaguement la moue, avec un demi-sourire à moitié désolé. Autant jouer le jeu jusqu’au bout.
« J’en suis pas encore à désespérer, ceci dit. Quoique, peut-être désespérer d’ennui tellement il y a foule dans cet endroit, mais ça c’est pas une nouveauté. » |
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