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« Adélaïde, il faut qu’on parle. Caffè Florian, à quinze heures. »
Il raccrocha. Il était plus de minuit, et il eut un sourire désabusé en pensant que c’était à cette heure-ci qu’elle l’avait réveillé, il y avait à peu près deux semaines. Un soupir lui échappa, il ferma les yeux et laissa son dos cogner contre le dossier du canapé. Il resta ainsi quelques secondes, avant de rouvrir les yeux et de jeter un coup d’œil à ses mains. Les bandages avaient disparu, il n’y avait plus que quelques pansements aux endroits où les plaies étaient plus importantes, plus lentes à cicatriser. Deux semaines. Ça faisait déjà quelque chose, l’air de rien. Il n’aurait su dire si c’était une bonne idée ou pas d’avoir attendu si longtemps, mais il n’avait pas eu d’autre envie que celle de cogner la tête d’Adélaïde contre un mur jusqu’à il y avait quelques jours, et il s’était abstenu de la contacter pour ne pas se mettre à tout ressasser encore plus que d’habitude.
Il avait eu assez de temps pour le faire. Maintenant, c’était le temps du dialogue, et calme dans la mesure du possible. Il ne lui avait laissé le choix ni de l’heure ni de l’endroit, mais ça lui était égal. Il n’avait pas envie d’aller chez elle, il n’avait pas envie qu’elle vienne chez lui. Et le milieu d’après-midi était la seule tranche horaire qu’il lui restait si jamais il finissait par s’endormir sur son canapé. Il avait été incapable de fermer l’œil depuis deux jours, n’arrangeant rien en se faisant du café à répétition pour éviter de sombrer la journée même s’il ne travaillait pas, se demandant s’il était possible d’engager un dialogue avec Adélaïde, si c’était une bonne idée, et si oui : comment faire ? Et puis il avait décidé de faire comme d’habitude, d’arrêter de se poser des questions et d’y aller franchement. Après tout, c’était comme un juste retour des choses, non ?
Et si elle décidait de l’ignorer, tant pis. Pour eux deux. Elle faisait comme elle voulait, il n’allait pas tergiverser sur la question. Il se remit donc à attendre que les heures tournent, les yeux rivés sur la fenêtre, incapable de fermer les yeux et de s’endormir.
Et quand il en eut marre d’attendre, il partit pour le lieu de rendez-vous.
Il arriva sur place une heure en avance. Il se dit qu’il aurait peut-être mieux fait de se balader un peu en attendant, mais l’idée ne le tentait pas plus que ça. Il détonait déjà assez dans le décor, avec le pansement qu’il gardait sur le nez, ceux sur ses mains. Il ne lui aurait plus manqué que quelques sutures pour parfaire le déguisement, en plus de ses yeux cernés par 48h sans dormir. Il s’était installé à une table, et avait attendu. Les secondes étaient devenues d’interminables minutes qui n’en finissaient pas de s’étirer. Et quand il avait aperçu Adélaïde, il n’avait pas bougé, il ne lui avait pas fait signe, il avait simplement attendu encore quelques secondes, il n’était plus à ça près, qu’elle le remarque et vienne vers lui. Il était déjà plus ou moins allé la chercher, il estimait que c’était à elle de faire les derniers pas qui les séparaient. Il la tenait encore responsable de beaucoup de choses et la seule question qui lui traversait l’esprit quand il y pensait était : pourquoi a-t-elle fait ça ? Pourquoi fait-elle toujours ça ?
Il regarda la jeune femme dans les yeux, sans ciller, l’air blasé.
« Je te préviens tout de suite, je n’ai aucune envie que ça parte n’importe comment comme la dernière fois, et je ne suis d’humeur pour rien d’autre qu’un dialogue. Alors la moindre remarque, la moindre pique, le moindre constat sur ma nullité et ma connerie latentes, la moindre insinuation et je te plante ici, je t’efface de ma vie et je m’arrange pour que tu ne me retrouves pas ailleurs qu’à l’autre bout du monde. »
Il parlait d’une voix éteinte, presque monocorde, qui allait de pair avec l’absence de quoi que ce soit au fond de ses yeux. Il n’avait pas envie de jouer, il n’avait pas envie de donner un coup de pied dans le tibia d’Adélaïde en faisant mine de changer de position, il n’avait pas envie de voir lequel des deux serait le plus cinglant, le plus salaud.
« J’espère que c’est clair parce que cette fois je ne plaisante vraiment pas, Adélaïde. »
Dernière édition par Gíl Dylman le 01.08.14 0:13, édité 1 fois
« Invité »
Sujet: Re: « learn me right » — Adélaïde [TERMINÉ] 29.07.14 12:42 parInvité
appel avait été brusque, éphémère. Une voix terne au bout du fil lui rappelant un souvenir maintenant lointain. C’est en regardant le bandage sur sa main qu’elle remarqua qu’elle avait sur-estimé le temps passé. En réalité ce n’était pas si long que ça. Endormie dans son lit, Adélaïde se contenta de soupirer, un léger sourire apparaissant au coin de ses lèvres. Elle se leva calmement, s’habilla, alla se voir dans la glace de la salle de bain pour rectifier quelques mèches rebelles. Elle prit son temps, elle n’était pas pressée de se faire injurier. Mais puisqu’il voulait parler et qu’il avait un nez cassé, elle avait pour hypothèse qu’il ne tenterait peut-être pas de la tuer. Pas tout de suite dû moins. Elle s’était faite un thermos de café bien qu’il lui ait demandé de la rejoindre dans un lieu où ils en vendaient, le sirotant tout le long du chemin tandis qu’elle traînait ses pieds sur les pavés.
Elle traversa la galerie calmement, jetant des coups d’œil furtifs ici et là pour apercevoir une silhouette élancée au nez pansé. Et à peine fût-elle arriver qu’il se mit déjà à parler, à déblatérer. Elle ne dit rien, se contenta d’hocher la tête tout en buvant son café l’air pensive.
« Mh. Bien sûr. » Finit-elle par articuler, sa voix montrant clairement qu’elle n’était réveillée que depuis peu. Il parlait beaucoup pour quelqu’un de fâcher. Dû moins, il en avait le droit, d’être fâché. Elle avait été odieuse, c’était un constat clair. Mais curieusement, elle n’avait aucune once de culpabilité ou de remords.
« De quoi veux-tu parler? De cette nuit? » Adélaïde finit par poser son thermos sur la table dans un soupir, paraissant soudainement bien plus sérieuse à son tour. Elle n’avait plus envie d’être prise pour la pauvre petite Adélaïde qui est incapable de se gérer seule.
« Les choses sont claires. Je me connaissais mal. Et je te connaissais mal aussi, on a su se tromper avec brio. Bravo. Mais les choses sont faites. Alors, puisque la bienséance le requiert, je m’excuse pour ton nez cassé et ceci sans aucun sarcasmes. » Et comme s’il manquait quelque chose, elle se tut quelques instants avant de fouiller dans son sac, sortant une cigarette qu’elle alluma pensivement. Arrêter de fumer, c’était vraiment des conneries.
« Mais je pense qu’on peut être d’accords sur une chose. C’est que tout ça va changer maintenant. Je refuse de continuer ainsi et je pense que tu es on ne peut plus d’accord sur ça. Qui a envie de se faire réveiller à minuit? Personne, évidemment. Je suis désolé d’avoir été ainsi mais je crois bien que c’est finalement ma vraie nature. Et si tu ne veux pas ça, que tu ne l’acceptes pas, tant pis, tu as bien raison. Mais j’ai plus envie de dépendre de quelqu’un, encore moins de toi. J’ai pas envie de faire de reproches dans l’immédiat alors, si tu veux m’en faire, te gêne pas. »
Elle parlait, et il écoutait, parce que c’était ce qu’ils avaient tacitement convenu. L’un parlait, l’autre écoutait, et puis c’était l’inversion. C’était à l’autre de parler, de se faire écouter. Alors il écoutait patiemment ce qu’Adélaïde avait à dire, même s’il était déjà plus ou moins au courant des faits. Ce qui l’étonna légèrement, cependant, ce furent les excuses de la jeune fille pour lui avoir cassé le nez, et son constat sur la probabilité que les gens aiment se faire réveiller à minuit. Il retint toute remarque cynique, ne haussa pas même les sourcils ni ne sourit d’un air de dire : « il t’a fallu tout ce temps pour arriver à cette conclusion ? bravo, je te félicite. » Il n’était pas venu là pour ça. Il n’avait qu’une infime partie des explications qu’il espérait avoir, qu’il aimerait avoir.
Un soupir lui échappa finalement. Il ferma légèrement les yeux, se passant une main sur le visage, avant de se remettre à regarder Adélaïde.
« Des reproches, j’en ai des centaines à te faire. Pour toutes les fois où tu m’en as fait baver. Pour toutes les fois où tu m’as appelé en me demandant de venir pour parler de choses que tu n’as jamais évoquées autrement que par un haussement d’épaules. Et tout particulièrement pour ce soir-là. Parce que oui, si tu te poses encore la question, il va falloir qu’on parle de ce qu’il s’est passé ce soir-là. »
Il marqua une pause, le temps de chercher ses mots. Il avait mille et un reproches à faire à Ade pour son comportement envers lui. Pourtant, il continuait d’apprécier la jeune fille, au fond de lui, quand elle ne devenait pas une folle furieuse, quand elle ne se mettait pas à lui balancer des piques pour le provoquer avant de lui dire qu’il devrait réagir un peu. Il regarda brièvement ses mains, couvertes de pansements, dont l’un commençait à se décoller, ce qui lui arracha une grimace. Ce qui se trouvait en-dessous était encore douloureux, un peu à vif, et il n’avait aucune envie de l’exposer, même si la tête des passants était toujours impayable en voyant l’état de ses paumes rougeâtres.
« La simple et bonne raison pour laquelle je m’efforce de ne pas réagir quand tu t’amuses à me provoquer c’est que je sais très bien ce que je peux faire, et t’enfermer dans un placard n’était qu’un léger aperçu de ce dont je suis capable. Te pousser dans les escaliers je peux le faire tout aussi bien. »
Il inclina légèrement la tête de côté, se remettant à fixer Adélaïde dans le blanc des yeux. Des choses il en avait des dizaines à dire, des centaines de mots qui restaient au fond de sa tête jusqu’à ce qu’il les ait prononcés.
« Alors, oui, je suis responsable de t’avoir coincée dans ce réduit, mais tu as ta part de tort aussi. Tu n’avais pas à me gifler pour me réveiller. Me secouer l’épaule aurait amplement suffi. Et m’utiliser comme cible pour ton yaourt avant de me demander de réagir n’était pas non plus à faire. Si tu t’amuses à rebondir à chaque fois, c’est ton problème, mais moi ça ne m’aurait pas gêné de continuer jusqu’à ce que tu finisses par te cogner un peu trop fort contre un mur ou un coin de meuble. »
Il cillait à peine, continuant de lui parler, énumérant tout ce qui lui traînait en tête. Plus que des reproches, c’était plutôt une mise en garde. Il était capable de pire qu’un placard, et il le savait. Et puis finalement, il en arriva à la question qui le taraudait depuis tout ce temps.
« Mais il y a une chose que je ne m’explique pas : c’est pourquoi tu fais toujours tout ça ? »
« Invité »
Sujet: Re: « learn me right » — Adélaïde [TERMINÉ] 29.07.14 23:01 parInvité
lle l’écoutait, le regard vague. Mais ce n’était pas pour autant qu’elle ne portait pas d’importance à ce qu’il disait, au contraire, elle s’efforçait de peser chaque mots avec minutie, les sourcils froncés dans un air intéressé, hochant parfois la tête. S’humectant les lèvres, elle but une gorgée de son café, tandis qu’elle tapota la colonne vertébrale de sa cigarette pour que celle-ci se défasse peu à peu. La voix un peu rauque dû à la cigarette récente ainsi qu’à son réveil prématuré, elle s’éclaircit tout d’abord la gorge en vain.
« On a tout les deux notre part de responsabilités. » Marquant une pause, elle le regarda, la remarque sur le fait qu’il pourrait la pousser dans des escaliers lui revenant à l’esprit. « Je suis capable du meilleur comme du pire Gil. Tu pourrais m’enfermer, me pousser, je te rendrais tout. Tout et même un peu plus. C’est comme ça. »
Elle ne donnait pas de réelles réponses, il y avait des choses qu’elle n’avait pas envie d’entendre ou de dire, certaines choses se devaient de rester secrètes. Et la fameuse question qu’elle craignait depuis le début de cette discussion calme entre eux finit par tomber, lui arrachant un sourire. Rien de sarcastique, d’ironique, de mesquin ou bien méchant. C’était au contraire un sourire forcé et gêné à la limite du marasme.
« Je sais pas. Je suis comme ça. Tu devrais le savoir puisque tu as toujours accepté. » Prenant une légère inspiration, elle fronça quelque peu les sourcils, tirant à nouveau sur sa cigarette. C’était à son tour de poser des questions, elle en avait assez de répondre aux siennes bien qu’elle les aient soigneusement évitées jusque là avec souplesse.
« Et toi. Pourquoi est-ce que tu viens toujours, même quand tu n’en as pas envie? C’est facile de poser des questions mais il faut aussi savoir y répondre. »
this is not who i want you to see, it's just adding on weight to the darkness in me.
Elle n’avait absolument pas répondu à ses questions, et encore moins à celle dont il aurait le plus voulu obtenir une réponse. Elle les avait éludées, esquivées comme une anguille. Elle avait sillonné entre ses points d’interrogation en trouvant quelque chose qui répondait sans le faire. Il retint un soupir, résista à l’envie qu’il avait de la planter là et d’aller chercher des réponses lui-même. Qu’il insiste ou se creuse la tête, ça n’allait rien changer, il n’obtiendrait jamais les réponses espérées, il n’obtiendrait jamais satisfaction. Pas avec Adélaïde. Elle avait l’esprit trop tortueux pour ça. Ils avaient le même esprit. A ceci près qu’il voulait très souvent trouver une explication logique, pour ne pas dire scientifique et rationnelle, à ses questions, et qu’il donnait souvent une raison plus que plausible quand il s’agissait de son cas.
Sauf qu’aujourd’hui il n’en avait pas envie. Il avait juste envie que cette triste mascarade se finisse. Il avait envie que les choses prennent un tournant moins violent que les autres fois. Il se passa machinalement le bout des doigts au coin de l’œil, en appuyant, essayant toujours de rester éveillé, ce qui eut pour effet de raviver un court instant une douleur aiguë le long de l’arête de son nez. Il grimaça, laissa sa main retomber sur la table. Il se remit à fixer Adélaïde.
« Jusqu’à ce que tu me réduises le nez en miettes, non, je ne savais pas. Si j’ai toujours accepté, c’est parce que je ne connaissais qu’une infime partie de toi : la parano. Et que oui, j’avais peur de ce que tu pouvais te faire si je ne venais pas. »
Il ne savait pas pourquoi il s’était un jour senti responsable d’elle, mais ce sentiment avait complètement disparu. Le grand-frère, oui, peut-être, mais il était temps de laisser la cadette voler de ses propres ailes. Si elle devait se casser la figure, il serait là, bien évidemment. Mais il ne répondrait plus présent quand elle appellerait au loup pour le tirer de son univers.
« Alors je pense que ça répond à ta question. »
Contrairement à elle qui n’avait pas répondu aux siennes. Elle avait l’air très bien placée pour dire qu’il était plus facile de poser que de répondre. Il soupira. Il n’avait vraiment pas eu les réponses qu’il aurait voulu avoir, et il n’avait pas vraiment envie de repartir sans elles. Mais s’il insistait, cette scène banale avait toutes les chances d’évoluer en quelque chose de plus violent que la dernière fois qu’ils s’étaient retrouvés au même endroit.
« Et inutile, donc, de te dire que si tu m’appelles je répondrai présent. Ne me demande pas pourquoi, c’est comme ça, c’est tout. Je suis peut-être complètement cinglé, mais au point où nous en sommes je crois que ça n’a plus aucune importance. »
« Invité »
Sujet: Re: « learn me right » — Adélaïde [TERMINÉ] 29.07.14 23:51 parInvité
a discussion se voulait toujours calme malgré certaines rancœurs. Surtout du côté de Gil qui était finalement, sûrement plus humain que la jeune femme qui, bien qu’elle se soit excusée, avait encore du mal à reconnaître ses erreurs. Était-ce normal finalement, de casser le nez de quelqu’un en ayant pour seul prétexte le fait d’être énervé? De vouloir le faire souffrir? Et en voyant sa grimace, la jeune femme fût soudainement un peu plus réveillée, décryptant avec attention son expression. C’était étrange. Pas désagréable mais cela restait un sentiment sur lequel elle avait du mal à mettre un mot.
« T’es pas cinglé Gil. » Elle le disait en le pensant sincèrement. Peut-être qu’aux yeux de certains, il l’était, mais à ses yeux, cette folie était une qualité, quelque chose de banal et normal, peut-être même nécessaire pour qu’elle s’intéresse et s’attache autant à une personne. Il lui fallait toujours une tare qu’elle puisse explorer, dans lequel elle pourrait enfoncer son doigt voir si ça faisait mal.
« Être cinglé, c’est… » Elle prit le temps de choisir les bons mots, presque hésitante à révéler la suite. « C’est quand tu t’ouvres la main parce que tu veux attirer l’attention de quelqu’un qui t’as enfermé dans un placard. Parce que tu sais que les extrêmes font réagir les gens. C’est rêver que tu tues quelqu’un à coup de stylo bille parce que tu sais que c’est hautement cruel et douloureux. »
Marquant une pause, elle afficha un léger sourire nerveux qui dura quelques secondes à peine avant de reprendre une gorgée de café. Elle savait qu’elle devait réagir sur ce qu’il lui avait dit un peu plus tôt, sur le fait qu’il répondrait toujours présent. Car Adélaïde savait pertinemment qu’elle ne pouvait pas ignorer ce genre d’éléments.
« Je sais que tu viendras à chaque fois. » C’est tout ce qu’elle put dire et elle s’en voulut de ne pas pouvoir être plus précise, de mélanger les mots, ses intentions. Cette phrase ne reflétait pas l’infime gratitude qu’elle tentait de cacher. « C’est comme ça que les choses fonctionnent. » Comme si leur relation était un mécanisme bien huilé qui au moindre écrou un peu rouillé, au moindre grésillement, s’arrêtait net. Et puis il y eut un silence.
Ce genre de silence insupportable. Alors pour meubler, elle lui tendit son paquet de cigarettes. « Tu veux une cigarette? » Et puis elle se souvînt d’un point essentiel, répondant à sa propre question par un ton excédé envers elle-même. « Évidemment que non, tu ne fumes pas. » Le laissant retomber mollement, elle continua de fixer le vague, évitant les contacts visuels trop nombreux.
Il retint un léger ricanement quand Adélaïde lui balança une demie-vérité en face. Pas cinglé ? Il en doutait légèrement, surtout après ce soir-là, où il avait démontré une infime partie de ce dont il était capable. S’emporter pour trois fois rien. Réagir au quart de tour pour des broutilles. Il savait qu’il pouvait être bien plus violent que trois gifles et une porte de placard qui se referme. Un sourire désabusé se dessina sur ses lèvres, une pointe de douleur revint se loger près de son nez. Il l’ignora. Peut-être qu’Adélaïde était sincère en disant ça, mais lui, il continuait de douter. Il avait légèrement détourné la tête et continuait d’écouter la jeune fille, en réfléchissant à moitié à cette folie qu’il savait qu’elle existait. Il jouait, il avait toujours été un joueur, c’était dans sa nature, il s’était toujours énervé pour pas grand’chose, et il ne voulait pas penser à ce qu’il pouvait faire quand il était profondément, réellement énervé. Ça aurait déjà pu se produire, il ne préférait pas y repenser, imaginer d’autres solutions bien moins reluisantes.
Il cacha son étonnement quand il entendit Ade dire que la folie, c’était rêver de tuer quelqu’un avec un stylo bille. Il ressentit une légère appréhension. Si elle en parlait, c’est que ça lui était arrivé. Elle avait rêvé de planter quelqu’un avec un stylo. Non. Pas quelqu’un. Sûrement lui. Il avait sûrement été sa victime, toute désignée, après lui avoir cassé le nez et collé deux gifles. Par contre il ne sut pas ce qui l’inquiéta le plus entre cette demie révélation et le sourire qu’elle afficha un instant. Il s’était forgé un masque d’impassibilité, mais il pouvait sentir son cœur s’accélérer un peu en pensant qu’elle en était tout à fait capable. Comme lui. Elle était capable de tout et n’importe quoi.
Surtout n’importe quoi, surtout le pire. Mais son visage restait de marbre.
Elle lui tendit son paquet de cigarettes. Il resta là, sans bouger. Non, il ne fumait pas. Il n’avait jamais fumé. Il avait tout juste essayé une fois, au lycée, et il n’avait pas aimé. Elle savait qu’il ne fumait pas, et il ne dit rien, attendant simplement qu’elle s’en rende compte elle-même, ce qu’elle fit rapidement. Il sourit doucement, haussement vaguement les épaules. Il se rendait compte qu’il était plus détendu qu’au début de leur conversation. La fatigue était toujours là, et elle ne partirait pas avant de longues heures de sommeil, mais il y avait cette tension en moins le long de sa colonne vertébrale.
« Eh non. Ça doit bien être la seule chose concernant laquelle j’ai un jour écouté mon père… »
Et il se mit à réfléchir à une manière de continuer la conversation. Il avait bien d’autres choses à lui dire. Mais plus il y réfléchissait, moins il voyait de sujet qui se tienne sur plus de cinq minutes. Alors finalement, il désigna son nez du doigt.
« Où t’as appris à frapper comme ça ? »
La seule question qui lui soit venue à l’esprit.
« Invité »
Sujet: Re: « learn me right » — Adélaïde [TERMINÉ] 31.07.14 17:23 parInvité
La question de Gil lui valut un sourire qu’elle tenta de réprimer aussitôt. Elle ne devait pas en rire, ni même s’en réjouir. Et tandis qu’elle détendait ses mains dans un mouvement nerveux, elle réfléchit un instant à lui dire la vérité. Adélaïde se disait que raconter que c’était car elle avait tabassé beaucoup de personnes était une réponse drôle mais, son humour étant particulier, elle préféra oublier ce genre de plaisanteries de mauvais goût pour éviter de raviver des vieilles plaies causées par leurs antécédents communs.
« Je fais de la boxe. Ça me détend. »
Il n’y avait rien d’autre à dire. Alors comme pour marquer qu’elle ne dirait rien de plus, elle se racla la gorge avant de laisser planer le silence qui n’était pas de trop. C’était beaucoup en une soirée, surtout lorsqu’on présente ses excuses. C’était un effort en soit à ses yeux. Et puis elle se souvînt qu’il venait d’évoquer son père, chose rare qui la travailla quelques instants.
« Tu ne parles jamais de ton père. » Et pour éviter de trop brusquer les choses, au cas où elle s’attaquerait à un sujet épineux, elle posa sa voix, buvant une gorgée de café. « C’est la première fois que tu l’évoques. » Elle tentait de voir si le sujet l’atteignait, fixait son visage avec patience et tentait de décrypter ses expressions avec minutie, attendant quelque chose qui la mettrait sur la voie.
Il hocha doucement la tête. De la boxe. Ça se tenait, et il ne la voyait pas vraiment mentir là-dessus, surtout après le coup qu’elle lui avait donné. Des nez cassés, des côtes fêlées, il y en avait pas mal en boxe. Et le silence se réinstalla, parce qu’il n’avait absolument rien à dire. Pour parler de quoi, au final ? De sport ? Les deux seuls qu’il avait pratiqués avec plus d’implication que le reste avaient été la natation et la course. Et encore, sortis des cours obligatoires du bahut, ça ne l’avait jamais plus tenté que ça. Il préférait les vieux trucs, les vieux livres, les vieux morceaux de bois et les vieilles histoires qu’on ne retrouve que dans d’autres vieux trucs.
Un léger soupir lui échappa. Plus le silence durait, plus il devait ignorer la légère démangeaison qui s’était installée sous le pansement de son nez. S’il bougeait le pansement, ça faisait mal, et rien que de penser au fait de gratter légèrement pour chasser la démangeaison lui donnait envie de grimacer. Toucher aux dernières miettes de son nez était la dernière des choses à faire. Et Adélaïde se remit à parler.
Son père. Il se dit qu’il aurait mieux fait de se passer de l’anecdote du sermon paternel sur le tabac et ses dangers. Il haussa vaguement les sourcils, levant brièvement les yeux au ciel, avant d’esquisser un sourire à demi grimacé. Son père. Le dernier des sujets sur lequel il aurait voulu avoir une conversation. La seule personne dont il ne voulait plus entendre parler, et il avait lancé la chose sans s’en rendre compte. Finalement, il haussa les épaules.
« Je n’ai pas grand’chose à dire sur lui. »
Pour ne pas dire éternellement, indéfiniment rien. Il soupira doucement, en fermant les yeux l’espace de quelques secondes, avant de se remettre à fixer Adélaïde.
« Pour être honnête, la dernière fois que je lui ai parlé calmement, c’était en faisant mes cartons pour l’université d’Uppsala. Après on ne faisait que s’engueuler, et au final on a mutuellement coupé les ponts. Et j’ai rajouté de la distance. »
« Invité »
Sujet: Re: « learn me right » — Adélaïde [TERMINÉ] 31.07.14 19:11 parInvité
délaïde ne savait pas quoi rajouter à cette parenthèse personnelle qu’elle avait ouverte par sa question. Un peu mal à l’aise, trouvant que la discussion divergeait vers des sujets trop intimes, elle craignit surtout qu’il ne finisse par lui rendre la pareille. Lui demander de parler de son passé. S’humectant les lèvres, elle réfléchit rapidement pour éviter de laisser un blanc gênant comme elle avait pu faire il y a peu lors de cette soirée.
« Je vois. Désolé d’avoir amorcé ce genre de sujets. On a tous nos casseroles. »
Et bien qu’elle se racla une énième fois la gorge, l’idée qu’elle ait reprit de manière compulsive les cigarettes ne lui effleura pas l’esprit, en ressortant une autre. Puisque l’on a tendance à compatir fasse à ce genre de récits, les gens prenaient l’habitude d’illustrer ce genre de propos par une anecdote de leur propre vie. Cependant, n’était pas très friande de ce genre de principes étranges et n’aimant pas trop parler d’elle non plus, elle se contenta d’une phrase maladroite sur un ton hésitant.
« Ça fait des années que j’ai pas donné de nouvelles à mes parents. »
Passant sa main sur son visage, elle retînt un éclat de rire. Quelle ingrate elle faisait à les ignorer, comme s’ils étaient responsables de ce qu’elle avait fait. Mais puisqu’ils faisaient parti du passé, elle les avait effacés, oubliés, comme tout le reste pour se consacrer à autre chose. Et pour égayer tout ça, un léger sourire aux lèvres, elle lâcha à son tour une phrase a priori anodine.
« Je sais pas si la plus grosse erreur est d’ignorer sa famille. Je veux dire, on les choisit pas. On nous les impose et c’est à nous de faire un effort, parce que tu comprends, c’est la famille. » Et pour appuyer la fin de sa phrase, elle leva les yeux au ciel en même temps que ses deux mains comme pour marquer l’absurdité de cette tradition causée par les liens du sang. « Non le pire c’est de se planter quand on a choisit. Parce qu’on peut s’en prendre qu’à soi même. Comme se marier ou avoir un enfant. Ce genre de choses. »
Il écoutait machinalement ce qu’Adélaïde disait, en fixant la table, les murs, de nouveau la jeune femme, un point lointain au-dessus de sa tête. Sans fuir le contact visuel, il ne voulait pas pour autant l’établir. A sa première réplique, il avait haussé les épaules, et à la deuxième, il s’était remis à penser au colis que sa mère persistait à lui envoyer, chaque mois. Le prochain n’allait certainement pas tarder, il allait encore recevoir ce petit cheval de Dalécarlie, qui prendrait trop de place, il allait encore ranger tout ce qu’elle lui enverrait, avant de jeter le carton. Sans même une carte pour remercier sa mère, sans un merci, sans rien du tout. Même pas un appel. Il avait légèrement souri, nerveusement. Lui non plus n’avait pas eu de contact avec ses parents depuis longtemps, encore plus son père que sa mère. Il avait rompu les ponts, et n’avait jamais cherché à les reconstruire après.
Il était mieux sans eux. Il était mieux loin d’eux.
Et puis il ricana. C’était plus fort que lui. Quand Adélaïde avait commencé à parler de liens, de choix. La famille, le mariage, et tout ce qui va avec. Il avait ricané, gardant un sourire cynique au bord des lèvres par la suite, finissant par appuyer son coude sur la table, et de caler sa joue contre son poing. Il avait l’air un peu blasé, peut-être désabusé. Pourtant il souriait, mais ses yeux étaient éteints, ternes.
« Je n’ai absolument aucune idée de ce que ça peut être. Je suis une quiche en matière de relations, y a qu’à voir comment j’ai géré ma partie de la nôtre pour le savoir. »
Un soupir lui échappa. Il avait envie de balayer l’air d’un mouvement de main, pour signifier qu’il n’en avait pas grand’chose à faire, mais ç’aurait été mentir. A la place, il haussa à nouveau les épaules.
« J’attends de voir ce que la vie va décider de me faire tomber dessus. Au pire, ce sera un fiasco, et alors ? »
« Invité »
Sujet: Re: « learn me right » — Adélaïde [TERMINÉ] 31.07.14 23:51 parInvité
délaïde retint un rire à sa remarque. Une quiche. Et puisqu’il le disait lui-même c’était d’autant plus grisant que si elle avait elle-même fais la remarque. Mais au fond elle n’avait pas réellement envie de rire, c’était plus un petit tir nerveux qu’elle décochait parfois en guise de réponse. Mais au fond, elle n’avait pas mieux gérer les choses que lui, bien au contraire. Alors elle se contenta d’hausser les épaules pour modaliser la chose.
« T’étais pas tout seul. Qui t’as balancé son yaourt dessus? »
Haussant un sourcil tout en parlant, elle eut un léger sourire, se demandant si sa vie serait aussi un fiasco. Elle avait changée, était seule, pas forcément le type à vouloir se poser, plus maintenant. Alors, hésitante, elle se rendit compte que Gil se confiait beaucoup ce soir, presque un peu trop à son goût. Elle n’était pas habituée à autant de révélations, de sentimentalisme.
« Tu veux le nom de quelqu’un qui a déjà vécu un fiasco? Moi. Je veux dire, je suis veuve Gil, alors à moins que tu fasses les mêmes erreurs que moi, je vois pas comment tu pourrais faire pire. »
Elle ne paraissait ni triste, ni fataliste, comme si elle racontait une plaisanterie à une vieille connaissance. Ou la douce façade qu’elle s’était créée avec le temps.
« LÉGENDE URBAINE »
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Sujet: Re: « learn me right » — Adélaïde [TERMINÉ] 01.08.14 0:03 parLe Juge
Serveur d’un jour, voir même d’un instant, l’homme dans son petit tablier blanc avec le logo du café. Il zigzague entre les tables, sous le regard ahuri du patron qui ne comprend pas ce qui passe dans son propre établissement, mais l’homme aux mille visages et sans visages s’empare d’un plateau et il dépose deux cafés dessus. Il s’approche d’une table où discute peut-être un couple ou bien deux amis, il sourit et commence à chanter une comptine pour enfant en italien.
- Sa maison est en carton Pirouette cacahuète Sa maison est en carton Les escaliers sont en papier Les escaliers sont en papier
Si vous voulez y monter Pirouette cacahuète Si vous voulez y monter Vous vous casserez le bout du nez Vous vous casserez le bout du nez
Il arrive à hauteur de la table, et il s’arrête, ses lèvres affiches un grand sourire. Il dépose un café sur la table pour l’homme. Et il lui sourit. Puis, il dépose le deuxième café pour la dame, en lui offrant un clin d’œil.
- Il faudrait peut-être allumer un cierge pour ce pauvre monsieur cacahuètes non ?
Il avait parlé en anglais pour être sûr que ces deux interlocuteurs le comprennent. Ainsi en utilisant la langue officielle du monde, il serait sûr et certain de faire mouche. Il offre un clin d’œil à l’homme maintenant, en effectuant une légère pirouette.
- Mais chut c’est un secret.
Il reprend le plateau en main, et il commence à s’éloigner de la table, regarde par-dessus son épaule, et il éclate de rire.
- Offert par la maison ! Et je vous souhaite que les morts restent morts dans vos placards !
Finalement il dépose le plateau sur le comptoir et il disparaît du café.
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