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For the vagabonds. — Alastair / Août 123
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 For the vagabonds. — Alastair / Août 123



Raleigh Cohen
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MessageSujet: For the vagabonds. — Alastair / Août 123    For the vagabonds. — Alastair / Août 123  Empty01.12.15 22:40 par Raleigh CohenCiter Editer Supprimer 




A chaque pression que ses mains, jointes, exerçaient, il sentait les côtes fléchir légèrement sous la pression des à-coups réguliers. Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq. Et après seulement, il retirait ses mains de la poitrine de l’homme pour lui relever le menton et lui faire du bouche-à-bouche. Toujours aucune réaction. Il reposa une de ses mains contre le thorax de l’homme, posa sa deuxième main par-dessus, et recommença la manœuvre. Un. Deux. Trois. Quatre. Cinq. C’était toujours le même manège acharné, toujours les mêmes gestes qu’il effectuait, les uns après les autres, le plus machinalement du monde. Ses oreilles bourdonnaient encore, il sentait à peine le poids de son manteau, mouillé, lourd, sur ses épaules, il avait complètement oublié que l’eau dégouttait de ses cheveux pour atterrir dans ses yeux.
Autour de lui, le monde n’existait plus. Il ne bronchait pas quand quelqu’un le bousculait, ou manquait de lui marcher dessus. Un ou deux hommes avaient déjà écrasé sa cheville en passant, mais il n’avait fait que grimacer. Une main se posa sur son épaule, essayant de le forcer à se retourner. Il se dégagea d’un coup sec, continuant à faire ce qu’il avait à faire. L’homme, étendu par terre, allait se réveiller. Il devait se réveiller. Ils l’avaient sorti de l’eau rapidement, ça ne faisait que quelques secondes que lui s’acharnait à faire repartir son cœur.

Quand l’homme finit par se réveiller, la main insista. Elle revint sur son épaule, le tira encore en arrière. Raleigh fit volte-face, tombant à moitié, se rattrapant avec une main en regardant la personne qui venait de le déranger. Vous êtes médecin ? Sur le moment, il ne comprit pas. Ses oreilles bourdonnaient encore trop. Il secoua la tête. L’autre insista, parlant plus fort. Vous êtes médecin ? Le son finit par parvenir à ses tympans, et il hocha simplement la tête, incapable de prononcer un mot.
Venez, on a besoin de vous par là-bas.
Raleigh se remit sur ses pieds, suivant tant bien que mal l’autre homme qui allait trop vite pour lui. Sa cheville n’avait pas spécialement apprécié être piétinée, mais le médecin savait au moins qu’elle n’était ni foulée, ni cassée. Il s’en serait rendu compte. Ses articulations étaient ankylosées, et il commençait tout juste à se rendre compte qu’il frissonnait, frigorifié par ses vêtements trempés.

Il n’était pas plus tôt arrivé près de la victime qu’il commençait à faire ce qu’on lui avait appris. Evaluer d’abord la situation. C’était un gamin. Un adolescent, tout jeune, tout juste entré dans les joies de cette période entre enfance et âge adulte. Il n’avait pas plus de quatorze ans, peut-être même moins. L’employé de Corb resta un instant là, à genoux, les mains à hauteur de ses épaules en se demandant quoi faire. Ce n’était qu’un gamin. Un gamin qui n’aurait jamais dû être là et qui était en train de se vider de son sang à cause d’un morceau de verre, d’un morceau de pierre, ou d’il ne savait trop quoi d’autre qui l’avait atteint.
Il devait être tout près de l’explosion quand elle avait eu lieu. Raleigh respira à fond, se passa machinalement une main sur le visage et tenta de reprendre ses esprits. Il se tourna vers l’homme qui l’avait amené jusque-là, tendit la main.

« Votre ceinture. »

Devant l’hésitation de son interlocuteur, il s’agaça.

« Bons dieux vous m’avez amené ici pour que je lui sauve la vie ! Donnez-moi votre ceinture que je puisse lui faire un garrot avant qu’il ne se vide complètement de son sang ! »

L’homme finit par s’exécuter. Heureusement, songea Raleigh, la plaie est au niveau du bras, pas de la tête. La tête aurait été plus embêtante. Zone très vascularisée, elle saigne toujours abondamment. Là, ce qui l’inquiétait, c’était que l’artère avait été touchée. Le gamin avait besoin d’être transporté jusqu’à un bloc, avec un chirurgien pour suturer les vaisseaux touchés, un chirurgien muni de clamps et d’autres artifices efficaces pour retarder l’échéance, un bloc où une poche de sang serait perfusée au blessé.
Il passa la ceinture autour du bras du jeune adolescent, au-dessus de la blessure, et serra à l’aide de la boucle, aussi fort qu’il le pouvait. C’était mieux que rien pour faire un garrot, il le fit tenir le mieux possible et commença à vérifier que son « patient » du moment était toujours en vie.

En vie, mais à peine. Il avait dû placer le cadran de sa montre sous le nez du blessé pour s’assurer qu’il respirait encore, et son pouls était à peine perceptible. La quantité de sang diluée dans les flaques d’eau tout autour d’eux ne laissait pas énormément d’alternatives. Ils ne pouvaient pas non plus le déplacer comme ça, librement, et lui, il n’avait aucun moyen de réaliser des sutures à la va-vite pour rallonger un peu l’espérance de vie du gosse. Et même s’il trouvait le moyen d’en faire, il avait sans doute perdu trop de sang.
S’il survivait, il y aurait les risques d’infections, mais elles pouvaient être traitées. Raleigh jura, les dents serrées, s’asseyant au milieu de l’eau et du sang, gardant son majeur et son index sur le cou du blessé en guettant la moindre pulsation, aussi faible serait-elle, resserrant le garrot quand c’était nécessaire.

Au fur et à mesure des minutes, les chances de survie du gamin diminuaient. Si personne ne venait rapidement les chercher, il ne resterait pas de ce monde bien longtemps.



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MessageSujet: Re: For the vagabonds. — Alastair / Août 123    For the vagabonds. — Alastair / Août 123  Empty02.12.15 21:12 par InvitéCiter Editer Supprimer 

Et personne n'était venu.

Il y en avait trop : du monde, du bruit, des cris, des blessés… Stupeur et incompréhension face à ce qu'il venait de se passer. Au milieu de tout ça, certains étaient oubliés : on ne pouvait être partout. Le reste de conscience qui animait encore le garçon avait beau lutter et lutter encore pour ne pas disparaître, l'homme à ses côtés avait beau se démener pour l'aider, ce n'était pas assez. Le sang continuait de couler, emmenant sa vie tandis qu'il s'échappait de son corps meurtri. Bientôt, il n'y eut plus rien à faire.


-


Bien sûr, on l'avait empêché de s'approcher. Tout accident amène son lot de personnes extérieures au fait et le périmètre était complètement bloqué. Il savait que ce serait le cas, bien sûr, mais rien n'aurait pu le contraindre à rester chez lui après avoir pris connaissance de ce qui était arrivé lors de l'inauguration du temple.
Si lui n'avait prêté qu'une oreille distraite doublée d'une attention récalcitrante à l'évènement, il y en avait un autre sous le toit familial qui avait attendu ça avec beaucoup d'impatience. Gabriel s'était rendu sur place avec des voisins – sa mère n'avait pas toléré qu'il parte seul, trop jeune – tandis qu'Alastair avait prétexté du travail en retard. En soit, ce n'était rien qu'un demi-mensonge : il avait toujours du travail à faire.
Et maintenant, il s'en bouffait les doigts de l'avoir laisser aller sans l'accompagner. L'inquiétude avait investi son être et il se sentait étouffer au milieu de cette foule bourrée de gens qui comme lui connaissaient quelqu'un qui était là. Il n'y avait rien de pire qu'attendre dans l'ignorance et le doute. Rien de pire que de ne rien pouvoir faire d'autre hormis prendre son mal en patience et préserver l'espoir fragile qui lui permettait de rester debout sans céder. Chaque minute était une éternité.
Alastair avait bien tenté d'apostropher les secours sur place, mais on l'avait remballé assez sèchement. Si sa part rationnelle en comprenait parfaitement les raisons et ne leur en tenait pas rigueur, cela ne l'aidait pas pour autant à garder son calme. Alors il s'était rapproché autant qu'il l'avait pu, scrutant chaque visage qu'il percevait dans l'espoir d'en distinguer un qui lui serait familier. Après un certain temps, la manœuvre finit par porter ses fruits lorsque le pdg de Corb reconnut l'un des médecins de l'entreprise. Il ne le connaissait pas plus que ça –  il n'avait pas le temps de s'intéresser personnellement à chacun de ses employés –  mais son nom ne lui était pas inconnu et sa bouche n'hésita pas à lancer l'apostrophe.
Il y avait peu de chance, toutefois, que le concerné l'entende au vu de l'atmosphère chaotique qui régnait. Il lui sembla pourtant – simple coïncidence peut-être ? – que  Raleigh Cohen s'était tourné dans sa direction et l'avait vu.


Dernière édition par Alastair Quinn le 03.12.15 21:01, édité 1 fois

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MessageSujet: Re: For the vagabonds. — Alastair / Août 123    For the vagabonds. — Alastair / Août 123  Empty02.12.15 22:05 par Raleigh CohenCiter Editer Supprimer 




Le temps s’éternisait, purement et simplement. L’homme qui l’avait amené jusque-là était parti, sans doute s’était-il même enfui, profitant de la cohue, rassuré d’avoir amené une aide potentielle à ce jeune garçon qui ne bougeait pas, respirait à peine et continuait, doucement, malgré le garrot qu’il resserrait régulièrement, à perdre son sang. Ses lèvres avaient presque la même couleur que le reste de son visage, et Raleigh était obligé de garder le cadran de sa montre conte son nez pour vérifier qu’il avait encore ne serait-ce qu’un souffle dans ses poumons. Il ne tiendrait jamais longtemps. C’était presque un miracle qu’il soit encore de ce monde, même si c’était vite dit. Son pouls se faisait de moins en moins perceptible, et bientôt, il ne respirerait plus.
Et personne ne venait. Personne n’arrivait. Magnus n’avait même pas encore commencé à dresser les cordons de sécurité qui empêcheraient les civils de s’infiltrer sur la scène du drame, de se transformer en autant de victimes collatérales et inutiles. Les gens allaient et venaient, ceux qui pouvaient partaient, sans demander leur reste, et ceux qui restaient avaient souvent quelqu’un à pleurer, un proche perdu dans les décombres ou noyé sous les eaux.

A cette idée, Raleigh sentit son estomac se serrer et il regarda autour de lui, cherchant son père des yeux. Il était juste à côté de lui. Il le revoyait, mains jointes, une lueur d’espoir dans les yeux, fervent croyant qu’il était. Il avait réussi à traîner son fils, exploit sans nom, dans un lieu religieux, lui qui n’avait jamais été porté par autre chose que par la science. Et le médecin ne voyait son père nulle part.
Il n’était pas parmi la foule qui criait, suppliait, appelait à l’aide sans obtenir de réponses de qui que ce soit. La seule solution qui s’imposait était qu’il était encore à l’intérieur du temple. Il n’avait pas fait partie des chanceux qui avaient pu sortir avant que l’inondation n’atteignît une trop grande ampleur, avant que les eaux ne commencent à recouvrir le moindre centimètre carré du temple qui ne serait pas immergé.

La main de Raleigh ne bougeait plus. Elle restait là, sur le cou du jeune garçon, inerte. Pas un tremblement, pas un spasme, même ses doigts ne se serraient pas. L’employé de Corb fixait le sol, les yeux grands ouverts, les lèvres à peine séparées l’une de l’autre. Anesthésié. Son père était mort. C’était la conclusion qui s’imposait à lui, brusquement, sans autre solutions de secours. Son père était mort.
Son père venait de mourir.

Sous ses doigts, le pouls du jeune garçon venait de s’arrêter.
Raleigh revint brusquement sur terre, reportant toute son attention sur le blessé. Il appuya un peu plus fort contre la carotide, guetta la moindre pulsation. Rien. Il regarda le bras, le garrot toujours serré au point de laisser une marque sur la peau, de laisser un bleu sur les muscles. Il n’y avait plus de sang à dégoutter le long des vaisseaux déchirés. Il avait commencé à coaguler autour de la plaie.

« Non… Non, non, non, non. Non, s’il te plaît, ne me fais pas ça. S’il te plaît, non… »

Il avait beau supplier, guetter la moindre pulsation, tenter de faire repartir le cœur. Pendant de longues minutes il resta là, à s’acharner, sans résultats. Finalement, Raleigh devait se rendre à l’évidence : ce garçon aussi venait de mourir. Il avait perdu trop de sang. La blessure était trop importante. La blessure avait été prise en charge trop tard. Elle nécessitait des soins en bloc opératoire. Elle nécessitait un transport d’urgence, une perfusion sanguine. Elle nécessitait tout ce qu’il n’avait pas pu lui apporter.
Ses oreilles finissaient tout juste de bourdonner quand il fouilla les poches du jeune garçon, après avoir desserré le garrot et déposé la ceinture à côté. Il trouva un portefeuille, regarda la carte d’identité.
Gabriel Quinn.
Le patronyme lui était familier. Il n’arrivait plus à savoir qui, de sa connaissance, le portait. Il retira son manteau, toujours trempé, toujours trop lourd, et l’étendit sur le corps de l’adolescent pour le couvrir, empêche les badauds de trop s’y intéresser, empêcher les gens de paniquer à la vue d’un cadavre.

Des cadavres il y en avait plein, dans le temple, sous les eaux.
Et Magnus commençait tout juste à installer les cordons de sécurité, et lui, il resta là, à côté du corps, attendant qu’éventuellement, quelqu’un lui fasse signe, lui attrape le bras pour le relever, sans prendre garde aux taches de sang sur ses vêtements, que quelqu’un lui dise qu’il pouvait rentrer chez lui, qu’il avait fait ce qu’il pouvait.
Simplement, Raleigh aurait aimé pouvoir faire plus.

Il ne prit d’abord pas garde à la voix qui appelait. Elle hélait, cette voix, avec force. Raleigh finit par se retourner, chercha des yeux la personne à qui appartenait cette voix.
Sa gorge se serra quand il finit trouver quelqu'un d'autre que cette voix, cette personne. Se souvenir d’où il connaissait le patronyme Quinn. Il venait de regarder mourir le fils du PDG de Corb.
Il hésita, d’abord, à abandonner la dépouille du garçon là, mais finit par se lever, le portefeuille dans sa main, traînant jusqu’au cordon de sécurité mis en place par Magnus, ignorant les remarques que les agents de la milice pouvaient lui faire. Qu’ils aillent se faire voir dans la fosse des Mariannes s’il y était.
Ils n’avaient pas assisté à la catastrophe, eux.

« Monsieur Quinn, je… »

Ses mots s’échouèrent sur autant d’écueils que les larmes qui demandaient, bizarrement, à s’échapper de ses yeux. Il était plus affecté par la mort d’un jeune inconnu que celle de son père. Il n’avait de toute façon, pour le moment, aucune certitude quant à son père. Et il ne l’avait pas regardé mourir en tentant de le soigner.
Baissant le regard, Raleigh tendit finalement le portefeuille au père de son propriétaire.

« Je suis désolé, j’ai fait tout ce que j’ai pu, mais c’était trop tard… La blessure était trop importante, il aurait dû… être transporté au bloc dans l’instant. »

Le sol paraissait tellement plus intéressant que le regard de son patron. D’ordinaire, pourtant, Raleigh observait les réactions des gens, s’amusait à les étudier. Pour l’heure il avait trop à faire avec sa propre peine pour pouvoir regarder celle d’un autre.



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MessageSujet: Re: For the vagabonds. — Alastair / Août 123    For the vagabonds. — Alastair / Août 123  Empty03.12.15 21:02 par InvitéCiter Editer Supprimer 

L'homme qui venait dans sa direction avançait comme s'il portait tout le poids du monde sur ses épaules et, alors qu'Alastair le fixait sans mot dire, l'ampleur de la catastrophe qu'il contemplait était en train d'étirer toute sa réalité dans son esprit. Des victimes, partout.
Son fils, nulle part.
Et Raleigh qui lui faisait face en affichant ouvertement son chagrin.
Il se sentir brusquement très mal et une envie puérile le traversa soudain, celle de prendre ses jambes à son cou, rentrer chez lui et se vautrer dans l'ignorance de la situation, faire comme si tout allait bien et que rien ne s'était passé. Sauf qu'il n'était pas homme à céder à de tels caprices, et que ses yeux ne pouvait pas se décrocher du portefeuille dans la main tendue de son interlocuteur. Hypnotisé par cet objet qui lui hurlait sa familiarité à la figure, il n'entendit d'abord pas les paroles du médecin.
Puis, dans le silence de cette espèce de bulle qui s'était formée autour d'eux, les mots firent tout doucement leur chemin jusqu'à lui.

— Gabriel…

Le prénom s'échappa dans un souffle, appel vain qui ne risquait plus de faire écho à présent.  Le doute n'avait plus lieu d'être après les propos de son interlocuteur et il eut beau y chercher une faille, une ouverture quelconque, tout avait été dit. La flamme vacillante de son espoir venait d'être brusquement soufflée et la compréhension, pour faire bonne mesure, lui avait assené dans le même temps un uppercut dans les intestins.
Tandis que ses mains recueillaient la propriété de Gabriel comme s'il était agi d'un article de collection précieux et très fragile, ses yeux bleus pâles se relevèrent pour chercher ceux de Raleigh.

— Où est-il ? Où est mon fils ?  Que lui avait-vous fait ?

Involontairement mordant dans ses questions, Alastair ne se rendait pas compte de l'attitude agressive qu'il venait d'adopter tout d'un coup. L'attente interminable sous la pression d'un peut-être, puis la vérité dure assenée sans détour avaient brisé quelque chose en lui : il se protégeait de la douleur en érigeant une barrière entre lui et les autres, laquelle se traduisait par ce regain d'énergie soudaine qui se canalisait via un sursaut de colère. Comme si, brusquement, le médecin était responsable de tout alors qu'il n'avait eu que le malheur de se retrouver sur le même chemin que lui.
Parce qu'il avait été , à sa place.

— Je veux le voir.


Un besoin aux limites du viscéral. Comme si, tant qu'il n'aurait pas posé les yeux sur un cadavre, cette vérité absolue pouvait encore être changée. Comme si le médecin aurait été capable de lui mentir sur quelque chose d'aussi grave.

Raleigh Cohen
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MessageSujet: Re: For the vagabonds. — Alastair / Août 123    For the vagabonds. — Alastair / Août 123  Empty03.12.15 22:31 par Raleigh CohenCiter Editer Supprimer 




Le portefeuille glissa le long de ses doigts pour finalement quitter sa main. Alastair Quinn venait de récupérer le bien de son fils, et lui, Raleigh Cohen, médecin de son état, restait planté là comme un tuteur de jardinage, sourd aux recommandations des agents de Magnus, aux cris des gens qui continuaient d’aller et venir, demandant de l’aide pour sortir un parent des décombres, demandant de l’aide à qui pourrait leur donner, suppliant de passer de l’autre côté des cordons de sécurité pour s’éloigner le plus possible des lieux du drame, des cadavres de gens qu’ils connaissaient ou n’avaient jamais vus de leurs vies.
Il continuait de fixer le sol, les chaussures de son employeur de l’autre côté du cordon. Elles étaient plus intéressantes que le regard de leur propriétaire. Raleigh avait pourtant l’habitude de regarder les gens dans les yeux quand il leur parlait, avant de se mettre à observer leurs attitudes, leurs sourires ou les regards qu’ils pouvaient jeter, cherchant une explication à tout ça. Il s’intéressait à l’être humain, ce qui impliquait son esprit et lui avait valu un bon nombre de récriminations. Mais aujourd’hui, à quoi bon ?
Il voulait juste que personne n’observe les larmes qui se pressaient aux coins de ses yeux, pourtant incapables de se mettre à rouler le long de ses joues.

Mais sa gorge n’était plus serrée. Son esprit de médecin recommençait tout doucement à reprendre le dessus, à mesure que le sifflement à ses oreilles s’atténuait, que le froid semblait le quitter et que ses vêtements séchaient. Il n’avait toujours pas la force de relever la tête et de planter son regard éteint dans celui de Quinn. C’était trop lui demander pour le moment. Les seuls mots qui lui venaient en tête étaient les mêmes.
Qu’il était désolé. Qu’il avait fait ce qu’il avait pu mais que c’était déjà trop tard au moment même où un parfait inconnu lui avait demandé d’aller aider Gabriel.
Une main se posa sur son épaule, qu’il dégagea d’un coup sec. Non, je ne bougerai pas. Non, vous ne me forcerez pas à retourner là-bas. Qu’on fasse les poches de mon manteau tant qu’on en a envie, je ne m’approcherai pas plus de ces ruines maintenant que je m’en suis éloigné.

Il coula un regard torve à l’agent de Magnus qui lui parlait. Un regard terne, éteint, aussi mort que les yeux des dizaines de cadavres qui gisaient dans les fonds du temple de Trab. Il avait oublié Alastair Quinn et ses lèvres se retroussèrent légèrement quand il s’adressa au membre de la milice.

« Quand vous aurez vu ce que j’ai vu et essayé de sauver ceux que vous pouvez, alors là seulement vous pourrez me dire de reculer. »

Derrière ses côtes, son cœur s’accéléra. Ce qu’il venait de dire était passible de toutes les punitions possibles. Pelagia ne s’interpellait pas sur les réactions de l’être humain et des motivations qui les engendraient. Si l’humain agissait, réagissait, alors ainsi soit-il, mais il n’y avait rien à expliquer, l’esprit ne pouvait être atteint. Pourtant des preuves se dressaient contre cette idéologie que Raleigh estimait vieillotte, dépassée, voire dangereuse, mais il se contentait de le penser le plus fort possible, restant silencieux. Peut-être le milicien estimerait juste qu’il était sous le choc, ce qui était une raison valable.

Ce fut la voix d’Alastair Quinn qui le ramena à la réalité. Il releva finalement la tête vers l’homme, abandonnant la froideur qui l’avait saisi quand il s’était adressé, indirectement, aux pontes de Magnus. Que Magnus aille se faire voir au plus profond de l’océan pour faire des vacances à tout le monde. Il osa regarder l’homme dont il avait échoué à sauver le fils, droit dans les yeux, essayant de ne pas laisser son regard vaciller, fuir, et chercher un autre point d’accroche dans la foule qui criait à l’aide.

« Vous ne pouvez pas le voir pour l’instant, je suis désolé… »

Magnus ne consentirait jamais à le laisser franchir le cordon de sécurité, PDG de Corb ou pas, père qui devait enterrer son fils ou pas. Magnus ne traitait personne avec faveur, à part les siens, mais seulement les plus hauts placés. C’était ainsi que Raleigh avait toujours vu le fonctionnement de la firme, et son point de vue n’allait pas changer. Magnus était un requin qui n’épargnait même pas les siens pour son propre bénéfice.
Magnus était l’exemple même de la phrase on n’est jamais mieux servi que par soi-même.

Raleigh se mordit la lèvre, avala sa salive et baissa le regard encore une fois, incapable de regarder cet homme dans les yeux plus longtemps.

« Je vous présente mes plus sincères condoléances pour votre fils, monsieur Quinn. »



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MessageSujet: Re: For the vagabonds. — Alastair / Août 123    For the vagabonds. — Alastair / Août 123  Empty04.12.15 21:40 par InvitéCiter Editer Supprimer 

Si Alastair était resté étranger à la brève confrontation entre l'homme de Magnus et le docteur Cohen, se faisant spectateur silencieux de la scène, il n'en avait pas perdu une miette pour autant. Ici encore un vain espoir, sans doute, d'apprendre quelque chose qu'il  ne savait pas déjà ? Mais on ne lui fit grâce de rien du tout.
Et cela n'alla pas en s'arrangeant lorsque Raleigh se retourna vers lui et lui refusa sa demande, tout net, sans une once d'hésitation.

… Non ?

Une lueur de contrariété passa fugitivement dans ses yeux tandis qu'il fronçait les sourcils. A vrai dire, Alastair n'avait pas pour habitude de se voir refuser quelque demande que ce soit. En temps ordinaire, il n'attendait même pas de réponse lorsqu'il formulait une requête. Cela devait être fait, point. C'était dans le même état d'esprit qu'il avait exprimé son désir de voir son fils, exigé même, et essuyer un refus n'avait pas été envisagé. Il fallait pourtant qu'il y fasse face.

— Elles me font une belle jambe, vos condoléances !

Amertume et courroux, sale mélange si vous voulez mon avis. Comme un animal blessé qui se retrancherait dans l'animosité pour ne pas laisser percer sa faiblesse, il émanait de son attitude une aura agressive presque tangible, et le médecin devant lui qui fuyait son regard eut le don de l'agacer davantage encore.

— Vous m'annoncez sans détour que mon fils est mort, mais on me refuse le simple droit de pouvoir le voir ?

Le ton monta légèrement en puissance, appuyant la croissance de la colère qui s'agitait sous sa peau. Alastair n'était pas homme à piquer une crise, aussi était-ce assez peu commun de le voir hausser la voix même si comme ici ce n'était pas non plus flagrant.

— Regardez-moi, Cohen. Cessez de baisser les yeux et assumez vos propos jusqu'au bout. Dites-moi : au nom de quels préceptes, de quels dieux stupides suis-je censé simplement vous croire sur parole et tourner les talons avec cette simple vérité intangible ? En quoi la présence d'une personne supplémentaire changerait quoi que ce soit dans tout ce chaos ?

Il connaissait la réponse, évidemment. Si on le tolérait lui, pourquoi pas les autres ? Il n'était pas le seul à avoir perdu quelqu'un aujourd'hui. Mais l'égoïsme le poussait à ne se soucier que de sa petite personne. Peu lui importait ce que pouvaient bien ressentir tous ces autres citoyens entre deux eaux, du moment qu'il pouvait, lui, avoir ce qu'il désirait.  Bon sang, son statut ne pouvait donc pas lui conférer quelques privilèges quand il en avait besoin ?

Raleigh Cohen
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MessageSujet: Re: For the vagabonds. — Alastair / Août 123    For the vagabonds. — Alastair / Août 123  Empty04.12.15 22:21 par Raleigh CohenCiter Editer Supprimer 




Il aurait dû s’attendre à une telle réaction de la part d’Alastair Quinn, mais rien ne l’y avait préparé. Il ne connaissait pas assez l’homme et les rouages de l’esprit humain pour s’attendre à devoir essuyer de tels propos. Il n’arrivait même pas à comprendre pourquoi Quinn réagissait de cette manière. La nouvelle n’était certainement pas celle que quiconque voulait entendre, mais c’était toujours mieux qu’un mensonge, c’était toujours mieux que dire : on ne l’a toujours pas retrouvé. Personne ne l’avait préparé à devoir supporter une personne en deuil, qui refusait d’admettre qu’elle ne le reverrait plus jamais le membre de sa famille qu’on lui annonçait qu’il était mort. Personne ne l’avait jamais préparé à devoir assumer son propre deuil.
Pelagia n’avait cure de ces petites choses, ce qui ne fit que raviver l’amertume qui sommeillait dans le cœur de Raleigh, qui l’avait toujours motivé, chaque jour un peu plus, à s’intéresser à l’être humain sur un plan autre que médical.
Il avait envie de crier. D’aller chercher le cadavre de Gabriel, de le ramener à son père et de retirer le manteau qui le couvrait, de hurler à la face du monde qu’il avait échoué à sauver l’adolescent et que quiconque pouvait le haïr s’il en avait envie. Pourtant il resta là, sans bouger, les yeux rivés sur le sol détrempé, luisant, regardant son reflet éreinté dans les flaques lisses qui recouvraient les dalles.

Il serra les poings, sentant ses ongles, pourtant courts, s’enfoncer dans sa peau jusqu’à y laisser de petits sillons qui se résorberaient rapidement. Il n’allait pas aller jusqu’à atteindre les capillaires qui couraient sous sa peau, comme autant de grains de sable au fond des océans. Il avait déjà suffisamment de sang sur ses mains, le long de ses manches, et sur ce manteau, qui n’allait pas être rattrapable après avoir servi de linceul au jeune Gabriel. Ça lui était bien égal, à Raleigh, c’était un manteau.
Juste un manteau.
Et un officier de Magnus insistait encore. Reculez, s’il vous plaît. Non. Raleigh ne bougea pas, il ne bougerait pas, il ne se rapprocherait pas de ces ruines qui menaçaient chaque seconde un peu plus de s’effondrer. Il ne consentirait à s’éloigner de ce cordon que si quelqu’un venait lui demander ses services de médecin. Autrement, il resterait là, à écouter les reproches de son employeur qui ne voulait toujours pas admettre que son fils était mort et qu’il ne reviendrait pas.

Il releva finalement la tête, toisant Quinn autant qu’il lui était possible de le faire. Lui n’avait pas été là. Lui n’avait pas vu ce qu’il s’était passé. Lui n’avait pas tout tenté pour sauver une personne qui était déjà aux portes de la mort. Il n’avait rien à faire dans cet endroit. Il ferait mieux de partir, d’aller attendre dans les couloirs glacés de la morgue qu’on lui demande d’identifier le cadavre de son fils. Raleigh gardait les poings serrés, laissant la colère qui l’envahissait petit à petit s’exprimer.

« Les dieux n’ont rien à faire dans cette histoire ! Cessez de les impliquer, vous n’y croyez pas plus que moi. Et de quels préceptes voulez-vous que je vous parle ? De ceux de la médecine ? Très bien, le corps humain d’un adulte renferme environ quatre à cinq litres de sang, et la perte d’un tiers de cette quantité met la vie de la personne en danger ! Votre fils s’est vidé de son sang sous mes yeux, malgré tout ce que j’ai fait pour essayer de le maintenir en vie, ça n’a pas suffi ! Il aurait dû être transporté au bloc dans la minute, il avait un bras presque arraché et les artères étaient déchirées ! Vous auriez préféré que je le suture sur place ? Moi de même, mais je ne me promène pas avec du fil et une aiguille ! »

Il fit un pas en avant, frôlant à présent le cordon de sécurité. Ses vêtements étaient encore humides, ils lui collaient à la peau, mais le froid n’avait plus d’importance. La colère de ne pas avoir réussi à sauver Gabriel était vive, bouillante, elle lui permettait d’aligner deux mots tout en se moquant de ce qu’on pouvait penser de lui sur le moment.
Il aurait pu être à la place du gamin.
Il tendit d’un seul coup la main vers le cadavre sous son manteau, laissant à Quinn tout le loisir d’observer cette forme sans vie, sereine et tranquille.

« Votre fils est là ! Mais je suis au regret de vous annoncer qu’on ne vous laissera pas entrer dans cet endroit sordide, pas plus qu’on me laissera en sortir ! Vous avez envie d’être une victime collatérale ? Grand bien vous fasse, tout ce que je veux c’est rentrer chez moi et oublier ce massacre, oublier que mon père est probablement mort, noyé dans les décombres, et que je n’ai pas réussi à sauver votre fils et que j’ai son sang sur les mains ! Haïssez-moi autant que vous le voulez, je n’en ai plus rien à faire. »

Qu’Alastair Quinn le haïsse ne comptait pas. Il ne connaissait pas cet homme, il criait injustement sa colère et sa tristesse d’avoir failli à son devoir de médecin à la figure de cet homme, n’espérant même pas être compris, voulant juste se débarrasser de ce poids qui lui enserrait la poitrine.
Gardant la main tendue, il se tut, respirant à grande goulées, ses épaules se soulevant et s’abaissant à chaque inspiration et à chaque expiration. Tout le monde pouvait, à loisir, observer la forme sans vie de la dépouille de Gabriel, et il le réalisait juste maintenant. Il se mordit la lèvre jusqu’au sang, baissant de nouveau le regard avant de le relever pour regarder Quinn, la peur logée au fond de ses yeux.
Sa main retomba le long de sa jambe. Il aurait aimé que le monde pivote, d’un seul coup, avant de devenir noir, que le monde l’oublie et qu’on le sorte de ce lieu de catastrophe qui sentait le sang et la poudre. Sa gorge se serra de nouveau et sa voix vacilla quand il se remit à parler.

« Je n’ai pas réussi à le sauver… Qu’est-ce que vous voulez que je vous dise ? Je ne peux pas le ramener, personne ne le peut. J’aurais aimé faire plus. Je ne suis qu’un médecin, monsieur Quinn...



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MessageSujet: Re: For the vagabonds. — Alastair / Août 123    For the vagabonds. — Alastair / Août 123  Empty05.12.15 23:50 par InvitéCiter Editer Supprimer 

Qu'il le haïsse ? Non car ses sentiments, quels qu'ils soient, étaient toujours mesurés et justifiés. Peu importe que la tristesse l'étouffe et l'accable, qu'elle le pousse dans ses retranchements, peu importe sa colère et son emportement soudain face au médecin : haïr Raleigh pour ce qu'il venait de faire serait au-delà de toute raison.
En plus d'être stupide.

Alastair eut un mouvement de recul face à la faconde soudaine de son interlocuteur, comme si ce dernier lui assenait une bonne grande claque en même temps que chacun des mots qu'il assenait lui était jeté au visage. Quand enfin il finit par se taire, il y eut alors un grand silence. Très lourd, presque palpable… ce genre de silence insupportable où l'on attend de quelqu'un qu'il dise quelque chose.
Mais rien ne vint.
L'homme fixait le manteau par-delà l'épaule de son vis-à-vis, petit monticule sombre et immobile au milieu de toute cette agitation. D'un coup, il semblait avoir vieilli de dix ans. Comme le portefeuille tout à l'heure, la silhouette masquée par le manteau aimantait son regard tandis qu'une part de lui luttait encore pour refuser l'évidence, rejetait encore les faits et leur refusant le droit d'exister. Le rationnel reprit cependant le dessus, dispersant et écrasant les pensées qui osaient encore se rebiffer et hurler au mensonge.

— Ce n'est pas dans l'ordre des choses. Ce n'est pas juste.

Non, certes, mais qui a dit que la vie devait l'être ? Lui-même, haut placé dans la société, bénéficiant des aisances de la richesse et des avantages d'un poste important, était plutôt bien placé pour être au fait des injustices qui régnaient en maîtresses ici-bas. On en piétinait certains pour en favoriser d'autre, c'était juste ça, peut-être ? Mais puisque ça l'arrangeait, il s'en était toujours très bien accommodé et n'avait jamais eu de souci pour fermer les yeux là-dessus.
Alors oui, tout cela n'était pas juste, mais qu'y pouvait-on ? Alastair n'était qu'humain, Raleigh aussi. Gabriel n'avait pas mérité ça mais il n'était pas le premier et ne serait pas le dernier non plus.

— Aucun parent ne devrait avoir à enterrer son enfant.

Ainsi la colère avait fini par retomber, aussi brusquement qu'elle s'était embrasée. Ne restait plus que le poids du deuil à venir. Et il l'écrasait déjà.

— Cohen. Je suis désolé.

What a day. Avoir droit aux excuses du pdg de Corb, voilà quelque chose qui n'arrivait pas tous les jours. Seulement l'homme n'était pas si monstre que ça dans le fond et peut-être fallait-il qu'il arrive une catastrophe pour qu'il accepte de se faire remettre à sa place comme le médecin venait de le faire.
Le silence revint prendre l'initiative entre eux, plus tolérable cette fois. Les yeux d'Alastair avaient finalement quitté le corps de son fils pour revenir se poser sur Raleigh tandis qu'il s'exprimait. Le portefeuille avait disparu dans l'une des poches de son manteau et ses bras vinrent se croiser sur son torse.

— Ces maudits dieux… qu'ils aillent tous se faire foutre avec leurs croyances et les benêts imbéciles qui les adorent.

Crachés avec dégoûts, ces mots, mais suffisamment bas pour qu'il faille tendre l'oreille afin de les saisir.


Dernière édition par Alastair Quinn le 06.12.15 21:17, édité 2 fois

Raleigh Cohen
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MessageSujet: Re: For the vagabonds. — Alastair / Août 123    For the vagabonds. — Alastair / Août 123  Empty06.12.15 12:43 par Raleigh CohenCiter Editer Supprimer 




Rien ne semblait être juste, ce jour-là. Comme si les dieux, le destin, le hasard ou toute autre force idiote et surnaturelle, avait décidé que ce jour allait être celui des injustices. Raleigh n’osait plus baisser les yeux, ressassant le peu de colère qu’il lui restait, les milliers de « et si ? » qui lui traînaient en tête. Et s’il n’était jamais allé là. Et s’il n’avait jamais consenti à accompagner son père, qui n’était pas plus religieux que lui, qui s’intéressait juste aux croyances populaires comme il s’intéressait à l’art, en se contentant de gratter la surface. La religion n’avait jamais fait partie intégrante de leurs vies. Et le médecin continuait de la laisser s’éloigner, en même temps que les dizaines de litres d’eau qui continuaient de s’infiltrer dans les ruines du temple.
Et s’il avait réussi à sauver Gabriel, il y aurait peut-être eu un peu de justice dans ce monde pour aujourd’hui, mais il avait échoué.
Il n’y avait rien de juste, aujourd’hui. Raleigh fixait un point, loin devant lui, loin derrière la foule des curieux attirés par le bruit de l’explosion, les cris de ceux qui continuaient d’appeler à l’aide. Certains commençaient à s’énerver, insistaient pour aller aider quiconque en avait besoin, et tant pis pour les conséquences. Il ne put que hocher la tête, sans réelle conviction, à la phrase de Quinn.

Il ne savait pas s’il devait être heureux de toujours faire partie de ce monde, ou s’il devait pleurer l’absence de son père. Les excuses du PDG de Corb parvinrent à peine à ses oreilles. Il ne les comprenait pas. De quoi, pourquoi s’excusait-il ? Tout ce qui lui échappa fut un haussement d’épaules. Il n’avait rien de plus à dire, il ne savait pas comment recevoir ces excuses. Elles étaient peut-être là simplement pour le rassurer, pour lui dire qu’il avait fait tout ce qu’il avait pu, et que ce n’était pas grave d’avoir échoué. Que ça arrivait à tout le monde. Lui qui avait voulu entendre ces quelques mots depuis longtemps se mit brusquement à les rejeter, le plus loin possible au fond de son esprit.
Ceux qui disaient ça étaient souvent ceux qui n’avaient pas été là pour voir de leurs propres yeux.
Ou alors Alastair Quinn s’excusait-il simplement de s’être injustement emporté contre lui, à moins que ce n’eût été du décès de son père qu’il parlait. Raleigh n’avait ni la tête ni le cœur à réfléchir à la question.

Un sourire nerveux se dessina sur ses lèvres. Un rire lui échappa. Nerveux, saccadé, qui se serait transformé en sanglot s’il avait eu des larmes à verser, mais ses yeux s’obstinaient à rester désespérément secs, comme insensibles à ce pincement désagréable qui lui titillait le cœur comme des dizaines d’aiguilles lui rappelant qu’il avait perdu son père et regardé Gabriel mourir sans pouvoir rien faire.
Les mots de Quinn, il les avait parfaitement entendus, étant suffisamment près de lui pour ne pas avoir à éliminer le bruit de la foule pour comprendre. Son sourire s’accentua, comme s’il n’avait rien d’autre à faire. Sourire dans une telle situation était impensable, mais Raleigh ne pouvait rien faire contre l’étirement progressif de ses lèvres.

« Encore faudrait-il qu’ils aient réellement existé un jour, ces dieux. Qui nous dit qu’ils sont réels, franchement ? Et où sont-ils, puisque c’est maintenant que nous aurions vraiment besoin d’eux, hm ? Où sont-ils, à chaque fois qu’ils devraient être là ? »

Au fur et à mesure, son sourire s’était transformé en rictus. Les dieux, la religion. L’intégralité de Pelagia semblait avoir un « feeling » avec ces deux entités qui n’allaient jamais l’une sans l’autre, mais lui, il les laissait dériver loin derrière lui, leur tournant le dos. Il n’y avait jamais été très réceptif, il n’avait jamais réellement vu d’intérêt à la religion, du moins pour lui, mais comprenait encore pourquoi elle était importante aux yeux des autres. La religion n’était pas l’un des piliers centraux de la vie de sa famille.
Il avait toujours regardé la religion de trois-quarts, gardant l’essentiel de son regard et de son attention pour la médecine.
Et il tournait définitivement le dos à tout élément religieux au fur et à mesure que les secondes continuaient de laisser l’eau s’infiltrer.
Il regarda Quinn, essayant de se défaire de son sourire.

« Après tout, pourquoi serions-nous obligés de croire en ceux qui n’ont jamais donné signe de vie ? La science peut expliquer beaucoup plus de choses qu’un prêtre en robe longue en train de réciter son sermon sur le travail et l’équilibre qu’il apporte à chacun. A moins que les religieux ne voient dans cette catastrophe une quelconque expression du mécontentement divin ? »

Il parlait suffisamment fort pour qu’autour, d’autres l’entendent. Les plus indulgents mettraient peut-être ses paroles sur le compte du choc et de l’horreur qu’il venait de vivre. Les autres arqueraient sans doute un sourcil en se demandant ce qui lui prenait. Le reste rêverait sûrement de le mettre en place publique.
Un nouveau rire nerveux lui échappa. Il avait le droit d’exprimer son opinion, non ? Il estimait que oui. Il n’allait pas taire son point de vue sur les événements du jour, et le vilipenderait qui en aurait envie.
Il baissa tout de même d’un ton, et regarda Quinn dans le blanc des yeux, ne s’adressant maintenant qu’à lui.

« A mon opinion, monsieur Quinn, la religion est bien bête. »



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MessageSujet: Re: For the vagabonds. — Alastair / Août 123    For the vagabonds. — Alastair / Août 123  Empty06.12.15 22:22 par InvitéCiter Editer Supprimer 

Nulle part, ils étaient nulle part. Aussi loin en arrière qu'Alastair puisse regarder il n'avait jamais rien eu, preuve ou
indice, quant à la supposé existence de toutes ces divinités rabâchées par Pelagia à longueur de journée. Né avec une forte propension au doute quant à l'existence d'êtres supérieurs, il avait fini par devenir complètement athée au fur et à mesure que les années passait.
Et aujourd'hui ?
Eh bien, ce qui venait d'arriver au temple de Trab aurait dû, du moins de son avis, ouvrir les yeux sur la vérité à bien d'autres personnes. Qui pouvait croire en quelqu'un qui ne bougeait pas un doigt lorsque l'on attendait à votre vie ? Mais non, "on" trouverait sans doute une explication pour justifier ce drame. Alastair n'aurait pas perdu son fils à cause de ceci qu'il aurait probablement rit de bon cœur devant l'ironie des faits. Toutes ces morts dans un lieu consacré…

— Vous prêchez un convaincu, docteur.

L'homme eut un sourire sans joie, froid. Ses yeux se détournèrent de son interlocuteur pour s'intéresser un instant à ce qui les entouraient. Les propos du médecin, assumés haut et fort, avaient attiré un peu d'attention alentour. Et pas forcément bienveillante, s'il pouvait en juger d'après certains regards torves lancés dans leur direction.

— Oui la religion est bien bête… et ainsi sont ceux qui se vautrent dedans en pensant que cela va donner un sens à leur vie.

Si ce jour noir avait peut-être un avantage, c'était bien de pouvoir s'exprimer ouvertement sur une opinion très controversée sans vraiment prendre un risque. Il y avait bien d'autres choses à faire sur cette scène macabre que de retenir quelques propos qui, pour ce que l'on en savait, pouvaient très bien avoir été guidés par la seule amertume face à l'ampleur de la catastrophe.
Néanmoins Alastair se gardait bien de jeter ses dires dans l'oreille de tout le monde, à l'instar de Raleigh. Ce qu'il disait, il le faisait à sa seule attention, estimant devoir rester un minimum précautionneux à l'égard d'un sujet aussi sensible que celui-là. Inutile de s'emballer sous le seul prétexte d'avoir trouvé quelqu'un partageant le même avis ou bien ils finiraient immanquablement par se faire remarquer pour de bon.

— Prenez tout de même garde à qui vous donnez vos idées sur la religion, tout le monde ne possède pas cette ouverture d'esprit.

Non, il n'avait pas envie de se mouiller plus que ça publiquement, ce malgré tous les griefs qu'il pouvait bien avoir à l'égard de ce qu'il s'était passé. Décroisant les bras, l'une de ses mains vint se glisser dans la poche de son manteau, embrassant du bout des doigts le cuir abimé du portefeuille. Il ne put s'empêcher d'observer à nouveau ce qu'on lui avait dit être le corps de Gabriel ; quoi qu'il fasse, quoi qu'il dise, tout finissait inlassablement par revenir à cette forme humaine charitablement masquée à la vue de tous. Il eut une pensée inopinée pour sa femme : Raleigh lui avait passé le relais et c'était lui, désormais, l'oiseau de mauvais augure. Il allait falloir qu'il annonce la nouvelle à Adélaïde et se rendit soudain compte que rien, absolument rien, ne l'avait préparé à ça.

Raleigh Cohen
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MessageSujet: Re: For the vagabonds. — Alastair / Août 123    For the vagabonds. — Alastair / Août 123  Empty06.12.15 22:51 par Raleigh CohenCiter Editer Supprimer 




L’agent de Magnus avait, semblait-il, abandonné l’idée de le faire reculer. Peut-être avait-il enfin compris que l’obstination du médecin n’était pas négociable et n’allait certainement pas s’estomper avec les secondes. Il attendrait, planté là, qu’on le laisse enfin dépasser ces cordons de sécurité pour retourner chez lui, à moins qu’il ne décide, potentiel miracle, à retourner dans le niveau 1 pour frapper à la porte de la maison familiale, annoncer à sa mère que son mari venait de mourir dans la catastrophe du temple, annoncer à sa grand-mère qu’elle venait de perdre son fils, et que lui, il était toujours là, toujours vivant, comme si elles se seraient un jour inquiétées pour lui. Bien sûr, qu’elles s’étaient déjà inquiétées pour lui, à maintes reprises.
Et de ne pas revoir son époux revenir, sa mère commencerait forcément à se douter de quelque chose. Ce n’était pas comme si son fils avait un jour invité quelqu’un dans son appartement du niveau 2. Ce n’était pas comme s’il avait pu décider de s’arrêter quelque part avec son père. Leurs instants privilégiés, de discussion autour d’un sujet quelconque avec une cigarette s’étaient éteints quand il avait obtenu son diplôme de médecin, avait été engagé par Corb, et avait décidé de déménager.

Raleigh eut simplement un haussement d’épaules, son sourire nerveux se décidant enfin à quitter son visage. Il regardait où il pouvait, accrochant parfois le regard de Quinn, parfois le regard d’un ou d’une parfaite inconnue, alertés par les cris, les demandes d’aides et les victimes qui commençaient à s’agacer, à vouloir quitter les ruines et au fond des océans les règles de sécurités. C’était cruel de les laisser là, si près des décombres qui menaçaient de s’effondrer et de noyer quiconque se trouverait trop près.
Mais Magnus n’avait jamais fait dans les faveurs et ils n’allaient certainement pas commencer aujourd’hui. Raleigh émit un sifflement de dégoût en regardant l’un des agents de Magnus refuser à une victime le fait de rentrer chez elle. De s’en aller. De trouver le moyen d’oublier ce qu’elle avait vu.
Il reporta ensuite son attention sur Quinn.

« Je me fiche de ce qu’ils pensent, si vous voulez que je sois honnête. Ils n’étaient pas là. Ils n’ont pas vu ce que j’ai vu, ils n’ont pas entendu ce que j’ai entendu et ils ont encore moins essayé de faire ce que j’ai fait. Qu’ils critiquent, tant qu’ils le veulent ! »

Ce n’était pas comme s’il n’était déjà pas sujet à critiques et controverses. Le niveau 1 le connaissait pour son déménagement dans le niveau 2, chose incompréhensible de la part de tous ces pontes bien au chaud près des rayons du soleil. Lui avait simplement préféré ne vivre que de son salaire, faire sa propre vie, se rapprocher des gens qui venaient le voir à la clinique pour des problèmes médicaux x ou y, et surtout s’éloigner des obligations des hautes sphères et du gratin qui lui avait permis d’accéder à l’université.
Il était reconnaissant à la situation aisée de ses parents pour lui avoir permis de faire des études, longues, de médecine qui plus est, mais c’était tout.
Et bizarrement, il avait envie d’une cigarette. Un moyen comme un autre de se détendre, comme à l’université où il laissait parfois des cendres sur ses feuilles de révisions, couvertes de son écriture majuscule tellement reconnaissable.

Machinalement, Raleigh regarda derrière lui, les décombres, avant de chercher des yeux un quelconque larbin de Magnus.

« Et tant qu’à faire, s’ils tiennent tant que ça à nous faire disparaître, je dirais qu’ils s’y prennent plutôt bien. Les structures ne tiendront pas éternellement. Il faut peut-être les avertir sur la pression que l’eau exerce sur tout ce qui se trouve autour de nous, que sais-je ? »

Il commença à se balancer d’avant en arrière sur ses talons. La nervosité le gagnait, doucement, mais sûrement. Il n’avait pas envie de rester là. Comme aucune des personnes qui avaient été dans le temple. Il voulait s’éloigner le plus rapidement possible des lieux de la catastrophe, mais Magnus ne les laisserait jamais passer. Il avait peur, comme tout le monde, que tout finisse par céder et que l’eau, attirée par l’espace vide qu’offrait les rues de Pelagia, ne s’infiltre dans chaque recoin jusqu’à engloutir totalement la cité.
C’était de la physique simple. Un jeu d’équilibre. Tant que les deux parties n’avaient pas les mêmes volumes, le plus rempli se déversait dans le moins rempli. Pelagia était le deuxième volume dans l’expérience.

Un soupir lui échappa et il cessa de bouger. Il se demanda si ses jambes le supporteraient quand on les laisserait enfin sortir de là, enfin passer. Il se demandait aussi pourquoi on n’avait toujours pas commencer à évacuer les victimes, vivantes comme mortes, en commençant par les premières dans un accès de bon sens.
Ses dents vinrent entamer sa lèvre.

« Je ne tiens pas à rester ici une seconde de plus, avec ou sans leur accord… »



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MessageSujet: Re: For the vagabonds. — Alastair / Août 123    For the vagabonds. — Alastair / Août 123  Empty07.12.15 23:50 par InvitéCiter Editer Supprimer 

Ecouter Raleigh parler de la pression que l'eau exerçait sur la sphère englobant Pelagia réveilla chez Alastair des vieux relents d'aquaphobie. Il s'était toujours senti plus ou moins oppressé par toute cette masse qui les englobait, même si avec le temps il avait appris à gérer ça et tout refouler au fond de lui afin de présenter un air de façade imperturbable. Parce qu'il avait une très nette conscience de la risibilité de la chose, parce que ça n'avait jamais semblé déranger personne d'autre que lui. Et pourquoi ça le devrait d'ailleurs, après tout ils avaient tous toujours vécu sous l'eau sans rencontrer aucun problème.
Du moins, jusqu'à maintenant.
C'était à croire que la nervosité du médecin était contagieuse. Le regard du pdg obliqua vers ce qui avait encore été un temple pas plus tôt que ce matin, puis revint se poser sur son vis-à-vis. Il voulait partir ? Oui, voilà une chose qui était totalement compréhensible. L'endroit était sinistre, malsain. Même avec tous les morpions de Magnus, impossible de s'y sentir en pleine sécurité. Il n'y aurait eu son fils là-bas que lui-même ne s'y serait pas attardé plus que ça. Ce simple mouvement de foule, badauds, victimes et proches n'évoquait en lui qu'un besoin profond de silence et de solitude.

— Si leur accord vous est égal, alors je ne vois pas ce qui vous retient encore ici. En dehors de votre sage obéissance bien évidemment, mais à vous entendre parler je n'ai guère l'impression qu'elle représente un réel fardeau pour vous.

Parce qu'à le voir dénoncer aussi vertement ce qui se passait ici-bas, on avait bien peine à croire que celui qui était à l'origine de toutes ces opinions clamées bien fort ne se soit pas encore rebiffé face à cet emprisonnement symbolique.

L'agent qui était tout à l'heure intervenu auprès du docteur Cohen s'intéressait pour le moment à d'autres moutons et l'atmosphère était encore toute imprégnée d'un désordre ambiant, chaotique. Alastair posa une main sur le cordon de sécurité, refermant les doigts sur le mince ruban souple qui séparait les accidentés du reste de Pelagia.

— Votre liberté ne tient qu'à un fil.

Littéralement. C'était bien le moment pour un peu de mauvais humour, tiens. D'un autre côté, ce n'était pas totalement faux : Raleigh n'avait pas à franchir un mur de quelques mètres surplombé de barbelés, mais bel et bien à se glisser tout simplement sous le cordon à l'insu de la milice. Profiter d'un moment d'inattention, à peine une poignée de secondes et le tour était joué, était-ce si compliqué que ça ? Magnus avait certes rapatrié du monde, mais ses beaux petits soldats avaient bien trop à faire pour surveiller chaque personne individuellement. Se faire oublier ne devait pas être si compliqué que cela pouvait paraître au premier abord. Et si Alastair n'avait aucune intention d'aider son employé de quelque manière que ce soit, il ne le dénoncerait pas non plus à ces rats de ville. Cela n'avait strictement rien à lui rapporter, sinon attirer une attention indésirée sur sa propre personne.

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MessageSujet: Re: For the vagabonds. — Alastair / Août 123    For the vagabonds. — Alastair / Août 123  Empty15.12.15 18:26 par Raleigh CohenCiter Editer Supprimer 




La seule chose qui empêchait Raleigh de franchir la ligne interdite, le cordon de sécurité de Magnus, était le mouvement de foule qui pouvait s’ensuivre. Si qui que ce soit, dans la foule des victimes effrayées ou des témoins en colère, remarquait le mouvement contrevenant, tout ce qui avait été mis en place, avec de bonnes intentions, pour préserver Pelagia d’une deuxième catastrophe plus grave n’aurait servi à rien. La liberté de tous ces gens ne tenait qu’à un fil et personne n’osait le franchir sans l’aval des chiens de Magnus. Ne serait-ce que pour éviter la prison, si ce n’était pas pour éviter un mouvement de foule qui pourrait se révéler plus dévastateur encore que l’explosion du temple.
Pour Raleigh, il s’agissait des deux. Il ne tenait pas à avoir affaire à Magnus, ni à déclencher la marche d’une foule exaspérée d’attendre. Il avait eu son compte de blessés, son compte de morts, en un laps de temps très court, juste le temps d’une déflagration et des fissures dans une voûte en verre censée résister à des dizaines de tonnes de pression. Pourtant il rêvait de franchir ce cordon.
Il regarda Quinn avec un sourire désabusé, qui disparut aussitôt qu’il était apparu.

« Peut-être suis-je tout simplement trop bien élevé pour ça, comme vous l’avez souligné. »

Ou peut-être raisonnait-il juste en médecin, soucieux de faire le moins de victime possible. Bien que pénibles, les protocoles de Magnus avaient été soigneusement étudiés, fabriqués, morceau par morceau, pour être installés rapidement et efficacement, et permettre à un maximum de gens de s’en sortir.
Petit à petit, tout doucement, on avait commencé à évacuer les blessés. Mais les blessés seulement. Ceux dont l’état était le plus préoccupant bénéficiaient de ce sauf-conduit qui leur permettait de franchir le cordon, sous bonne escorte. Il ne restait plus qu’à espérer qu’il ne soit pas trop tard pour tout le monde, mais c’était le protocole. Aucune évacuation avant que le périmètre n’ait été sécurisé.
Les blessés en premier.
Les morts et les vivants attendraient, patiemment, que leur tour vienne. Raleigh soupira. Les morts étaient toujours les derniers. C’étaient ceux qui pouvaient attendre le plus longtemps. Ce qui impliquait, que, parfois, il manquait une dépouille que la famille pouvait réclamer à cors et à cris sans jamais obtenir de résultat, encore plus quand il s’agit d’une ville logée sous la surface de la mer.
Le médecin leva les yeux sur la voûte encore intacte qui les surplombait, lui et le reste de la foule qui s’agaçait un peu plus à chaque seconde, ceux qui attendaient de voir arriver le membre de leur famille sain et sauf leur faire de grands signes de la main, ou ceux, comme Quinn, qui recevraient la mauvaise nouvelle.

Il se remit l’échine droite et regarda son employeur.

« Vous n’êtes pas obligé de rester, monsieur Quinn. Vous ne me devez rien, et je ne vous demanderai rien. »

Il rentrerait seule, si ses jambes voulaient bien le porter jusque chez lui ; elles allaient bien devoir de toute manière. Peut-être irait-il jusqu’au niveau 1, pour sonner à la porte de la maison familiale bien qu’il ait encore son double des clefs. Pour annoncer lui-même à sa mère et à sa grand-mère la mauvaise nouvelle. L’une avait perdu son mari, l’autre son fils, et lui serait le survivant indésirable.
Au final il ne lui restait plus qu’à attendre que Magnus lui donne le feu vert pour franchir ce cordon de sécurité.




HRP : voilàààà, désolée pour le temps de réponse, j'ai fini mes premiers partiels donc j'ai un peu de temps avant d'attaquer la suite, mon cerveau se remet en route, du coup s'il y a quoi que ce soit n'hésite pas à me buzzer. ♥

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MessageSujet: Re: For the vagabonds. — Alastair / Août 123    For the vagabonds. — Alastair / Août 123  Empty25.12.15 23:48 par InvitéCiter Editer Supprimer 

Face au refus du médecin devant l’éventualité de se faufiler sous le cordon de sécurité, Alastair ne put s’empêcher de se demander ce qu’il aurait fait à sa place. Si son fils n’avait pas été là, gisant entre les décombres, et qu’il s’était retrouvé prisonnier d’un simple ruban ? A vrai dire, l’homme avait bien du mal à concevoir l’idée de se soumettre bien sagement à un tel ordre quand le besoin de se faufiler de l’autre côté se faisait un impératif. Peut-être était-ce bien, alors, que la situation ne fut pas inversée, car il n’était même pas sûr que le pdg aurait fait preuve d’une quelconque discrétion dans son action.

— Bien sûr que je suis obligé de rester. 

Les morts pouvaient attendre, oui, mais lui aussi. Si on ne lui permettait pas de rejoindre Gabriel alors il attendrait patiemment qu’on lui emmène son enfant. Il resterait là jusqu’à ce que tous ceux qui respiraient encore soient évacués et qu’on commence à s’occuper des autres. Hors de question de rentrer bien sagement chez lui en attendant qu’on lui annonce une funeste nouvelle qu’il connaissait déjà.
A sa façon, lui aussi était captif de cet endroit morbide.

— Mais je ne le fais pas pour vous. Simplement, vous êtes là et moi aussi.

Ainsi qu’un nombre effarant d’autres personnes, mais Alastair n’était pas vraiment du genre à sociabiliser avec des personnes choisies au hasard juste pour ne pas avoir à attendre tout seul dans son coin. Le médecin, c’était différent. S’ils n’étaient certes pas copains comme cul et chemises, ils travaillaient ensemble, se connaissaient un minimum même si rien n’avait jamais dépassé le domaine strict du professionnalisme.
Et puis, Raleigh pouvait bien dire ce qu’il voulait, mais il avait tout de même tenté de sauver son fils. Pour échouer ensuite, c’était vrai, mais Alastair n’était pas aveuglé de chagrin au point de lui refuser le mérite de la tentative pour lui exposer la rancune acerbe de l’échec.
Alors oui, il lui devait bel et bien quelque chose.

— J’attendrai ici autant qu’il le faudra, mais je ne peux pas le laisser, comprenez-vous ? J’ai déjà commis cette erreur une fois de trop.

C’était comme une culpabilité à retardement. L’arrivée en avalanche de tous ces « et si » qui se bousculaient dans sa tête. Et s’il lui avait refusé le droit d’aller à l’inauguration du temple ? Et s’il l’y avait accompagné malgré qu’il n’ait pas la moindre estime pour ces manifestations de foi qu’il jugeait vide de sens ?
En attendant, il fallait bien que le temps passe. Et ce n’était pas exactement comme s’ils pouvaient s’asseoir au coin d’une table et bavasser gaiement. Un café bien corsé aurait été le bienvenu mais étrangement on en trouvait guère dans les environs, à croire que les gens avaient autre chose à faire…

— Racontez-moi, Cohen. Ce qu’il s’est passé ici. 

Raleigh Cohen
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MessageSujet: Re: For the vagabonds. — Alastair / Août 123    For the vagabonds. — Alastair / Août 123  Empty30.12.15 20:49 par Raleigh CohenCiter Editer Supprimer 




« Je ne vous demande pas de faire quoi que ce soit pour moi, monsieur Quinn. »

Un pauvre sourire apparut sur ses lèvres, qui disparut tout aussitôt. Raleigh arrivait plus ou moins à se mettre à la place de son employeur, et comprenait qu’il ne voulût pas quitter la scène du drame avant d’avoir obtenu la promesse de récupérer la dépouille de son fils, si ce n’est qu’on la lui remît sur l’instant. Lui-même pouvait attendre d’apercevoir le cadavre de son père, de régler les papiers indispensables à la restitution du corps, mais il savait que ce dernier était encore là, quelque part, sous les décombres des statues, des morceaux de verre, emprisonné sous des mètres cubes d’eau, et qu’on ne le sortirait peut-être jamais de ce charnier qui s’était créé en moins de temps qu’il ne fallait pour le dire.
Rien ne le retiendrait ici à partir du moment où la dépouille de Gabriel Quinn serait évacuée de la scène du drame, et que son père suivrait le corps sans vie de son fils jusqu’à la morgue de Corb, qu’il attendrait là, des heures, avant que quelqu’un ne se décide à lui dire qu’il devrait rentrer. Et qu’il ne bougerait sans doute pas plus qu’auparavant.

Raleigh en avait parfois vu, des veufs, des veuves, des parents obligés d’enterrer leurs enfants malgré tous les efforts de la médecine, rester là, à proximité du cadavre, comme si le fait de voir ce visage familier retardait la mort de la personne à qui il appartenait.
Une fois qu’il était enlevé de leur vision, cela signifiait qu’il était réellement mort, et l’idée semblait insupportable à la plupart des êtres humains que le médecin avait croisé dans sa vie. Lui-même, ne s’était-il pas battu, vainement, pour la survie de Gabriel.

Alors Raleigh opina simplement du chef pour faire signe que, oui, d’une certaine manière – la sienne – il comprenait ce que son interlocuteur traversait. Lui-même allait bien devoir accepter, un jour ou l’autre, de ne plus voir le visage de son père, de ne plus entendre sa voix. Tout comme sa mère et sa grand-mère allaient devoir se faire à l’idée qu’elles ne reverraient plus le mari pour l’une et le fils pour l’autre, qu’il avait dès cet instant complètement cessé de faire partie de leurs vies, d’un point de vue purement physique.
Comme les gens avaient l’habitude de le dire, il resterait toujours dans leurs cœurs. Mais le fils Cohen avait surtout l’impression qu’on avait ôté une partie du sien à l’aide d’un quelconque emporte-pièce. Il y avait un vide, une sensation qu’il aurait volontiers qualifiée de physique si Pelagia avait un jour admis la notion de l’existence d’une instance autre que celle du corps et de sa physiologie.
Un soupir lui échappa, et son regard se remit à fuir celui de Quinn, avant de revenir se poser sur son visage, se déplaçant d’un point à un autre de ce dernier, n’arrivant pas à se trouver un point d’ancrage. Tantôt, il regardait les yeux, tantôt le front, tantôt les lèvres.

« Une des statues a explosé. La cérémonie n’avait pas commencé depuis très longtemps, à peine une dizaine de minutes, et d’un seul coup, l’explosion est venue des premiers rangs, ceux les plus à l’intérieur du temple. Il y avait des éclats partout, des gens à terre. Et la voûte en verre a commencé à se fissurer : elle avait reçu plusieurs éclats de pierre, la force avec laquelle ils ont été projetés a suffi à craqueler le verre. Et puis… »

L’espace d’un instant, sa voix se fissura de la même manière que ce plafond transparent. Inspirant à fond, Raleigh se reprit et réussit à replanter son regard dans celui de son employeur.

« Et puis, l’eau a commencé à s’infiltrer. D’abord un peu, puis de plus en plus, et finalement, le plafond a cédé, et tout ce qu’on a pu voir, c’était une immense vague qui détruisait tout ce qu’elle touchait. »

Les autres ornements. Une statue n’avait pas résisté à la force de cette vague tout droit venue des profondeurs de l’océan où Pelagia avait choisi de se reclure. Partout où il n’y avait pas encore d’eau, cette dernière allait, annihilant l’air et la capacité à bouger, noyant ceux qui n’avaient pas réussi à sortir de là.
Il faisait partie des rescapés.
Il avait de la chance, il le savait.

« … Cette statue n’a pas explosé toute seule. »



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MessageSujet: Re: For the vagabonds. — Alastair / Août 123    For the vagabonds. — Alastair / Août 123  Empty09.01.16 18:36 par InvitéCiter Editer Supprimer 

A la lumière des propos que lui tenait Raleigh, Alastair reconstruisait la catastrophe mentalement, son imagination peinant à dessiner l'étendue du tableau chaotique. Difficile de pouvoir réaliser un tel incident lorsque l'on n'y avait pas pris part, et lui était arrivé bien après que l'effondrement du temple soit achevé.

— Difficile d'y croire, en effet.

Sa voix avait prix un ton grave tandis qu'il acquiesçait aux dernières paroles du médecin, et ce que ce dernier sous-entendait était effrayant. Un accident d'une telle gravité ne pouvait pas arriver tout seul, encore moins dans un endroit neuf et donc logiquement construit en fonction des toutes dernières normes de sécurité. Aronde connaissait son boulot en terme d'architecture, il n'y avait clairement pas à redire là-dessus.

— Un attentat, alors ? Un de plus ?

Au vu du calme très relatif à Pelagia au cours de ces dernières années, l'incident du temple restait dans la continuité des diverses tentatives d'assassinats et agressions qui avait eu lieu, tout en se démarquant de par sa violence et sa taille. Ici l'on n'avait pas visé une personne ou un groupe de personnes en particulier mais le coup avait été porté à l'aveugle sur tous ceux qui avait eu le malheur de vouloir assister à l'inauguration du bâtiment. A quel moment les choses allaient-elles finir par se calmer ? Que leur fallait-il de plus, à ceux qui se trouvait derrière tout ça, encore plus de morts ?

— Quel message est-on supposé tirer lorsqu'autant d'innocents son touchés, tués.

Un rire sans joie lui échappa, bref éclat d'amertume rapidement refoulé. Ce n'était pas de cette sorte que l'on se faisait entendre, ou en tout cas pas de la bonne manière. Que fallait-il croire ici ? A quel point fallait-il être mégalomane pour penser avoir le droit de posséder toutes ces vies et décider de leur sort funeste ? Si ces semeurs de chaos se mettait à tirer dans le tas sans discernement, la situation risquait très vite de devenir ingérable dans un espace aussi confiné que celui de la ville sous-marine.

Raleigh Cohen
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MessageSujet: Re: For the vagabonds. — Alastair / Août 123    For the vagabonds. — Alastair / Août 123  Empty09.01.16 19:23 par Raleigh CohenCiter Editer Supprimer 




Raleigh haussa simplement les épaules, sentant sa gorge se serrer l’espace d’un bref instant, des images de la catastrophe revenant à la surface de sa mémoire alors qu’il aurait préféré les oublier. La panique. Les gens. Les cris et le bruit incessant et insupportable de l’eau qui s’infiltrait dans tous les espaces libres du temple neuf. Il n’y avait pas vraiment d’autre solution que l’attentat, pour le médecin. Cette statue n’avait certainement pas explosé toute seule. Il pouvait encore sentir le souffle de sa déflagration sur ses vêtements qui auraient senti la poudre si l’eau de mer ne les avait pas lavés quand la vague avait frappé.
Il pouvait presque voir cette vague revenir vers lui, grondant, menaçante. La même vague qui avait englouti son père, et l’idée que ce dernier était mort ne cessait de revenir frapper contre les côtés de son crâne, comme pour que l’information s’imprime mieux qu’il n’eût fallu dans son esprit.

Comme si la mort du jeune Gabriel ne suffisait pas, celle de son père lui collait à la mémoire comme un rémora colle à son requin.
Raleigh en oublia un moment le PDG de Corb. Quel message retenir de dizaines de vies arrachées par une statue qui explose et une immense vague d’eau salée qui envahit chaque recoin où l’air est encore respirable. Il n’avait pas la réponse à la question. Il était simplement perdu dans ses propres pensées, essayant de revoir un détail qui lui aurait échappé, un moyen raté de sauver la vie de Gabriel, d’autres personnes même. Rien. Il avait beau passer et repasser les rouages de cette journée dans sa tête, les mêmes solutions finissaient toujours par arriver. Il n’aurait rien pu faire.
Personne n’aurait rien pu faire. A part s’abstenir de poser la bombe.
Raleigh ne sentit pas que ses genoux finissaient par céder. Il n’y eut qu’un sursaut à lui échapper, suffisamment fort pour le faire revenir sur terre.

Il eut tout juste le temps de se rattraper en posant les mains au sol, sentant ce dernier écorcher sa peau. Il se mordit l’intérieur de la lèvre sur le moment, relativisa en se disant qu’il y avait pire avant de sentir son cœur faire un bond désagréable derrière ses côtes. Pire ! Oui, il y avait pire, il y avait tous ces gens emmenés d’urgence à la clinique de Corb parce qu’ils étaient sur le point de se vider de leur sang.
Captant le regard de quelqu’un sur lui, Raleigh tourna la tête pour finir par croiser le champ visuel du garde de Magnus qui lui avait déjà dit de reculer. Ce dernier le dévisageait presque, l’air visiblement étonné du comportement du médecin.

A ceci, Raleigh n’eut qu’une réponse sèche à servir, sa lèvre supérieure se retroussant légèrement alors qu’il se relevait, essuyant ses mains sur les côtés de son pantalon.

« Je vais bien. »

L’autre n’insista pas et retourna à ce qu’il était en train de faire. Visiblement, évacuer les rescapés en vie. On avait dû en finir avec les blessés qui n’avaient pas besoin qu’on les sorte des décombres inondés du temple. C’était sans doute pour ça que les vivants avaient déjà le droit de partir.
Au fond, tout le monde savait que personne n’avait la moindre chance de s’en sortir dans ce temple inondé. Restait maintenant à savoir si ses jambes allaient vouloir le porter jusqu’à la porte de la maison familiale du niveau 1. Il ne voulait pas annoncer à sa mère qu’elle avait perdu son mari au téléphone.

Une dernière fois, Raleigh se tourna vers Alastair Quinn.

« Je dois partir. »

Ce n’était pas complètement faux : Magnus ne le laisserait jamais rester là indéfiniment.

« Au revoir, Monsieur Quinn. »




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MessageSujet: Re: For the vagabonds. — Alastair / Août 123    For the vagabonds. — Alastair / Août 123  Empty par Contenu sponsoriséCiter Editer Supprimer 

 
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