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« but time will pass along the day » — Alba [TERMINÉ]
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« PELAGIA »
| Sujet: « but time will pass along the day » — Alba [TERMINÉ] 29.07.14 21:15 par Gil Dylman | Citer Editer Supprimer |
| and laugh at us the way, it laughs at everyday. Il attendait patiemment qu’Alba arrive, en préparant une carafe de soupe de myrtilles. Le temps ne s’y prêtait pas vraiment, mais il avait prévu le coup et avait laissé la préparation au frais quelques heures. Même si, à la base, c’était une boisson pour les hivers du nord, elle passait très bien une fois refroidie, ce qui en faisait quelque chose de passable par tous les temps. Ça faisait à peine une quinzaine de jours qu’il avait rencontré Alba au marché couvert, que la discussion s’était légèrement éternisée pour une gaufre et une leçon d’italien. Une, ou deux. Pourquoi pas plus. En tout cas, il attendait pour sa première, et il était content que la jeune fille ait accepté d’être son professeur. Il n’avait pas de gaufres belges chez lui, il avait simplement des paquets de soupe de myrtilles, de soupe d’églantine, un authentique sachet de pimpim au fond d’un placard, la photographie du lac qu’il voyait depuis la fenêtre de sa chambre en Suède, et toujours les mêmes petits chevaux de Dalécarlie. Bien sages, sur leur étagère, en face des vieux livres et des Eddas en tous genres. En face des contes de son enfance et des analyses de sa vie d’étudiant. Il regarde l’heure sur sa montre, se rend compte qu’il a encore dix minutes à tuer, au bas mot, à moins qu’elle n’arrive en avance. Il sort deux verres du placard et les pose sur la table avec la carafe pleine du liquide violet foncé. Il soupire doucement. Un cours d’italien. La seule chose qu’il n’avait encore jamais pris la peine de prendre au sérieux. Et il avait fini par donner son numéro et son adresse à une presque parfaite inconnu pour ça. Quoiqu’en y réfléchissant bien, ça ne changeait pas vraiment de sa manière de faire habituelle. Des inconnus, il y en voyait tous les jours à la boutique. Qui sait ? Peut-être qu’un jour il allait parler à un véritable psychopathe cachant une arme sous une veste trop lourde pour les jours chauds ? Ce qui équivaudrait plus ou moins à croiser son reflet, l’arme et la veste en moins. Pour faire passer les dernières minutes, il attrape au hasard un de ces livres qu’il a déjà lus, lus, lus et relus, ouvre la fenêtre et s’appuie contre le rebord vertical de celle-ci, entamant une semi-lecture uniquement consacrée à rendre le temps plus court en attendant qu’on vienne sonner à sa porte. Non. Pas on, Alba. En attendant qu’Alba vienne sonner à sa porte.
Dernière édition par Gíl Dylman le 17.08.14 11:27, édité 1 fois |
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« Invité »
| Sujet: Re: « but time will pass along the day » — Alba [TERMINÉ] 29.07.14 23:23 par Invité | Citer Editer Supprimer |
| learning Elle est sûre qu’elle en a fait de trop. Ou peut-être n’en a-t-elle pas fait assez. Peut-être aurait-elle dû mettre un pantalon, un bête jeans avec un pull stupide. Peut-être aurait-elle dû chausser des tennis. Ses roses ou ses rouges. Elle aurait pu faire un chignon ou se maquiller un peu plus. Elle passe une main dans ses cheveux. Oh, Alba. Tu es absolument trop mignonne dans cette jupe vieux rose. Elle est longue si on la descend sur les hanches. C’est pour ça qu’elle la remonte au niveau de sa taille, son petit pullover léger. Elle évite les flasques. Ses chaussures de cuir basses ne le supporteraient pas. Et elle remonte son sac sur son épaule.
Dans la pièce qui leur sert de grenier, à elle et à Aline, en faisant des fouilles, elle a retrouvé d’anciens livres pour enfants, des manuels scolaires. Elle n’a jamais enseigné de sa vie et elle n’a côtoyé que des enfants qui étaient déjà en mesure de parler. Elle est nerveuse. C’est la première fois qu’elle fait ce genre de choses. Qu’elle s’apprête à enseigner. Elle ne sait toujours pas par où elle doit commencer, elle a peur de passer pour une conne, elle a peur qu’il se moque d’elle. S’il lui avait demandé d’apprendre à restaurer des peintures comme Adrianna, elle aurait dit oui. Oui cent fois, mille fois. Elle aurait été nettement plus à l’aise dans sa blouse de pharmacien, celle qu’elle utilise comme un tablier pour son job. Elle arrache des morceaux de peaux mortes de ses lèvres, écaille son vernis rose pâle.
Elle stresse pour rien, postée devant la porte. Elle est en avance. Dix minutes, à tout casser. Elle lisse des plis qui ne partiront pas. Qu’est-ce qu’elle doit faire, dire ? Ne pas faire, ne pas dire. Elle se conseille en son for intérieur de ne pas fouiner, de ne pas regarder sur toutes les étagères. Reste assise. Croise les jambes. Et apprends-lui à dire des choses utiles. Elle remonte son sac sur son épaule, une énième fois. Elle inspire. Expire. Elle n’est pas prête. Elle ne le sera sans doute jamais.
Alors, elle frappe.
Trois coups, pas spécialement fort. Elle a toujours frappé comme une enfant. C’est parce qu’elle est timide. Intimidée. En particulier par les hommes. Elle ronge une dernière fois ses peaux mortes et recule d’un pas quand la porte s’ouvre. Elle étire ses doigts en une sorte de salutation.
Alba – Bonjour ! Je crois que je suis en avance…
Tu es en avance. De cinq minutes, Alba. Cinq toutes petites minutes. Relax.
Elle passe devant lui quand il s’écarte pour la laisser rentrer. Elle serre la sangle de son sac dans ses mains, le nez en l’air, en regardant la pièce. C’est cosy. Calme. Elle aime bien.
Alba – J’aime beaucoup… Votre déco.
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« PELAGIA »
| Sujet: Re: « but time will pass along the day » — Alba [TERMINÉ] 31.07.14 17:41 par Gil Dylman | Citer Editer Supprimer |
| summer comes, winter fades, here we are, just the same. Il quitte son rebord de fenêtre quand on frappe à la porte. Ça doit être Alba, un coup d’œil à l’heure lui permet de remarquer qu’elle est en avance, de cinq minutes à peine. Ce n’est pas grave, ce n’est pas plus mal. Il va lui ouvrir la porte, son livre encore dans sa main, son index en marque page. Il lui sourit un peu, lui dit bonjour, hausse vaguement les épaules quand elle dit qu’elle est en avance, lui assure que ce n’est pas important. Il s’écarte en ouvrant un peu plus le battant pour la laisser entrer, avant de refermer la porte. Il regarde rapidement le numéro de la page de son livre, puis le referme. Il ne sait pas pourquoi il fait ça, de toute façon il aura vite oublié son numéro de page, et même s’il s’en souvenait, il ne rouvrirait pas le livre à cette page-là. Il lit de manière décousue. Surtout quand il connaît déjà l’ouvrage, parfois, il commence même par la fin. Mais ça n’est pas grave, pas vrai ? En plus, son livre, il va le ranger. Et il tourne la tête quand il entend Alba se remettre à parler. Elle parle de la déco. Il balaie machinalement la pièce du regard, avant d’avoir un petit rire. Rien de méchant. C’est juste que… « Si on peut encore appeler ça de la déco… » Il sourit. A part des rayonnages de livre, une vieille horloge près de la cuisine, et les petits chevaux de Dalécarlie dans leur coin, la pièce nage dans un décor on ne peut plus minimaliste. Il y a peut-être encore cette large photographie du lac qui peut être traitée comme un élément décoratif. Elle habille le mur, sans plus. Sa main est restée sur la tranche du livre, ses doigts y pianotent. Puis il s’en détache et désigne le canapé du plat de la main, l’invitant à s’y asseoir. Il se rend compte qu’il a laissé la fenêtre ouverte, alors il va la fermer. Histoire d’avoir un peu moins de bruit, de pouvoir faire ce cours d’italien en toute tranquillité ; il espère secrètement que Pio ne va pas encore trouver le moyen de frapper à sa porte, et il se dit qu’il devrait peut-être rayer cet homme de sa vie, un jour, pour le bien de sa santé mentale, comme physique. Il attrape le plateau sur la table, celui où sont posés la carafe et les verres, et il l’installe sur la petite table face au canapé, avant de s’asseoir dans le fauteuil. Il se doute qu’Alba doit se demander ce que c’est, ce truc violet foncé dans la carafe, où nagent de petits morceaux noirs. Rien de bien méchant, simplement une spécialité suédoise, dans le même genre que la maison en pain d’épices à Noël, avec les smarties sur le toit. Il tourne la tête vers la jeune femme, toujours avec son léger sourire. « C’est de la soupe de myrtilles, vous en voulez ? » Soupe froide, parce que le temps n’invite pas vraiment à prendre quelque chose de chaud, même les cafés doivent être commandés glacés. Il attend patiemment une réponse pour tendre la main et verser la soupe de myrtilles dans les verres. |
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« Invité »
| Sujet: Re: « but time will pass along the day » — Alba [TERMINÉ] 31.07.14 20:18 par Invité | Citer Editer Supprimer |
| learning Elle a dit ça pour être polie, pour avoir quelque chose à dire. Mais maintenant, elle se rend compte que c’était vraiment la phrase la plus stupide du monde. Elle se rend compte qu’elle passe vraiment pour une idiote, une crétine de première. Alors, elle baisse les yeux, s’installe dans le divan comme il vient de l’inviter à le faire. Et elle attend là, son sac sur les genoux. Comme une enfant que ses parents auraient trop sermonné avant d’entrer chez leurs hôtes. Reste en place, ne bouge pas. Ne te fais pas remarquer. Alba n’avait jamais eu besoin de ça, elle avait toujours trouvé sa place dans le divan, sur une chaise. Droite comme un « i », elle ne répondait qu’aux questions qu’on lui posait. Par timidité ou par éducation. Peut-être par habitude, aussi. Elle n’en avait pas la moindre idée. Il dépose une cruche devant elle, accompagnée de deux verres. Il présente l’épais liquide comme étant de la soupe de myrtilles. C’est curieux. Elle hoche la tête, oui elle en veut bien.
Alba – C’est étrange… Je veux dire, je n’avais jamais entendu ça. La soupe de myrtilles… Vous buvez vraiment des choses bizarres, chez vous !
Elle rit, trempe ses lèvres dans son verre. Oh, diantre. C’est trop bon, en fait. C’est excellent. Comme un smoothie, en fait. Et elle adore ça. Elle reprend une gorge, dépose son verre sur la table. Ses doigts desserrent la boucle de fermeture de son sac et en extirpent les livres pour enfants et manuels scolaires.
Alba – Bien ! J’ai retrouvé ça, dans mon grenier. Ce sont des contes pour enfants, pour vous entrainer à la lecture. Rien de bien folichon mais… Je pense que c’est mieux pour commencer, retenir quelques mots. Bref ! Ça, nous verrons plus tard.
Elle sort de son sac en rouleau jaunâtre qu’elle déroule. Il sent la poussière, elle adore ça. Elle dévoile ainsi une rangée de lettres décorées de petits dessins d’animaux. Quand elle était petite, elle avait épinglé ça dans sa chambre et tous les jours, à l’âge où elle apprenait l’alphabet en cours, elle le récitait.
Alba – L’Alphabet italien comporte vingt-et-une lettres, soit quatre lettres de moins que l’alphabet anglais. Les lettres manquantes sont le J, le K, le W, le X et le Y mais on les utilise quand même – mais seulement pour les mots d’origine étrangère. Pour commencer, je propose de voir la phonétique, ça nous facilitera la tâche pour le reste. Vous répétez après moi ?
Elle pose un doigt sur la lettre a – « a » –, la lettre b – « bi » –, la lettre c – « tchi » – et elle continue jusqu’à la lettre z – « dzeta ». Elle tourne la tête, en souriant. Elle se remet à dire les lettres, à attendre qu’il répète jusqu’à la dernière.
Alba – Maintenant, je vous montre la lettre et vous me la dites.
Elle pose son doigt sur la lettre a mais elle se ravise.
Alba – N’hésitez pas à me demander de répéter ou de ralentir. Même si je dois passer ma nuit sur cet alphabet, je le ferai. Ça ne me dérange pas.
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« PELAGIA »
| Sujet: Re: « but time will pass along the day » — Alba [TERMINÉ] 01.08.14 23:46 par Gil Dylman | Citer Editer Supprimer |
| don't need pressure, don't need change. Il sourit un peu. C’est vrai que c’est étrange. De la soupe sucrée. Il la sert néanmoins, avant de remplir son verre, et le prendre du bout des doigts. Il guette machinalement la réaction d’Alba. Elle peut très bien ne pas aimer, ce ne sera pas grave. Il a l’habitude que tout le monde fasse plus ou moins une drôle de tête devant ses sachets de réglisse salée, de soupe d’églantine ; églantine, mais qu’est-ce donc ? ; les saucissons d’élan et autres bizarreries ramenées de son petit coin du monde qui culmine à des températures extrêmes quelle que soit la saison. Il prend une gorgée de soupe de myrtille. D’habitude, il la boit chaude, mais il doit avouer que froide, elle a des airs de smoothie qui ne lui déplaisent pas, et c’est bien plus adapté à la chaleur qu’un bol fumant où nage une boule de glace à la vanille, parce que c’est ainsi qu’on la sert d’habitude en Suède. En tout cas, de ce qu’il a vu, elle a l’air d’aimer ça. Il la regarde déballer ses trésors de son sac, son verre entre ses deux paumes de mains. Des livres, des contes pour enfant. Bah. Il faut bien commencer quelque part, non ? Au pire il aurait tout aussi bien pu s’acheter un guide et le traduire après avoir fait toutes les librairies de la ville pour trouver un dictionnaire italien-anglais. Il se dit qu’en échange, il pourra apprendre des notions de suédois à Alba. Un juste retour des choses, non ? Il l’écoute attentivement quand elle commence à lui parler. Vingt-et-une lettres. Bien moins qu’en suédois, et en anglais. Il ne sait pas si ça lui simplifiera la tâche, mais il n’est pas du genre à se plaindre. Alba décide de commencer par la phonétique. D’un côté, c’est un peu la base, surtout avec des sonorités qui lui sont complètement étrangères. Ce serait comme demander à un français de prononcer la lettre å. Il opine doucement du chef. Il a écouté, mais au moment de répéter, il se sent vraiment en territoire étranger, inconnu. C’est déstabilisant. Il ne pensait pas que ce serait à ce point, il a de bien meilleurs souvenirs de ses cours d’anglais, du primaire à la faculté, sans parler des stages. Il soupire un peu, pose son verre et se passe une main sur le visage, machinalement. « Désolé, je suis un peu perdu. Ça change vraiment radicalement de ce que je connais, je ne pensais pas que ce serait à ce point déstabilisant. » Il ricane légèrement, assez nerveusement. Il se mordille un peu la lèvre, et se remet à regarder Alba. « Si vous pouviez juste répéter une fois ? Je devrais m’en sortir après… » En tout cas, il espère. |
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« Invité »
| Sujet: Re: « but time will pass along the day » — Alba [TERMINÉ] 12.08.14 22:16 par Invité | Citer Editer Supprimer |
| learning Tout compte fait, ça lui plait plutôt bien.
Mais est-ce que ça lui plairait toujours si elle se tenait devant une classe remplie d’enfants bruyants, d’enfants qui ont des tonnes de choses à raconter, des enfants qui n’en ont rien à foutre, des enfants qui ont des parents qui eux non plus n’en ont rien à foutre et des enfants qui ont des parents ayant des langues de vipère. Non, elle n’y arrivera pas. Elle n’a pas la force mentale, elle n’a pas ce don qu’on les enseignants pour parler aux enfants, pour qu’ils comprennent. Elle a une patience d’ange. Mais elle sent que devant les enfants, elle la perdrait bien vite. Elle se rongerait les sangs, s’arracherait les cheveux.
Peut-être que cette fois, ça lui plait parce qu’il n’y a qu’une seule personne. Que c’est un adulte et qu’elle trouve ça plus simple de communiquer avec lui qu’avec un môme de six ans. Ou peut-être que c’est seulement parce que c’est lui. Elle baisse les yeux, se mordille les lèvres. Il attend qu’il répète. Et pourtant, c’est lui qui lui demande de recommencer. Elle secoue la tête en riant.
Alba – Non, non. Ne vous excusez pas, je trouve que c’est tout ce qu’il y a de plus normal. Bien, je reprends…
Et elle reprend donc. Le A, le B, le C. Avec une patience d’ange, elle articule correctement les sons. Elle repousse une mèche derrière son oreille, ose un regard dans sa direction.
Alba – S’il faut, je le refais une dernière fois puis, je vous laisse la parole. D’accord ? Alors…
Elle recommence, pour sa dernière fois. Et quand elle a fini, elle le regarde pour lui donner la parole. Il commence, il hésite et quand il bute, elle l’aide. Puis, il reprend, elle l’aide encore une fois. Et enfin, après quelques essais, elle le laisse gérer tout seul. Elle bat tranquillement les mains l’une contre l’autre en glapissant de joie.
Alba – Ouiiiii ! Vous avez réussi ! Bon, maintenant, on peut peut-être… Apprendre à compter ? Simple, rapide, efficace, utile. Vous ne trouvez pas ? Après, je pense qu’on peut commencer les formules de présentation, avec le vocabulaire, la conjugaison des verbes être et avoir au présent. Attendez, je crois que j’ai mis ma fiche par-là…
Elle se lève à demi, se penche légèrement au-dessus des genoux de Gil. Elle sent ses joues et son nez piquer. Elle a peur de rougir. Alors, elle s’oblige à respirer à fond. A rester calme. Elle reprend sa place calmement, comme si de rien n’était. Avec sa fiche entre les mains. Et elle recommence. Elle désigne les chiffres, les nomme, attend qu’il répète après lui.
Le tout avec des joues roses.
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« PELAGIA »
| Sujet: Re: « but time will pass along the day » — Alba [TERMINÉ] 15.08.14 22:34 par Gil Dylman | Citer Editer Supprimer |
| “ hjartät slår upp sin dörr ”
Il hésite, il bute. C’est vraiment nouveau pour lui, il lui semble vraiment que c’était plus facile d’apprendre l’anglais en cours. Mais à l’époque, il était plus jeune. Et il n’avait pas vraiment grand’chose d’autre à faire que continuer d’apprendre ses lignes de verbes irréguliers. A part emprunter le fusil de son père pour aller se balader en forêt avec le chien de la famille, mettre ses affaires dans son sac et courir jusqu’au ponton du lac, sauter dans l’eau et nager jusqu’à ce que le soleil tombe de l’autre côté des hautes collines couvertes de pins. Mais ce n’est pas vraiment le moment de penser à la Suède. Il se concentre plutôt sur le fait qu’il serait temps de réussir à prononcer ces quelques malheureuses lettres. Les voyelles sont moins nuancées qu’en suédois, il n’empêche. Ça le déstabilise un peu. Mais il finit par y arriver.
Ça a l’air d’enchanter Alba. Il sourit un peu, tend la main pour reprendre son verre de soupe de myrtilles et en prend une gorgée. C’est compliqué. Peut-être un peu moins que ce à quoi il s’attendait, mais c’est compliqué quand même. Il repose tout juste son verre, et Alba se penche au-dessus de ses jambes. Il la regarde faire, se retrouve machinalement à la détailler. Il a une mèche de ses cheveux juste devant le visage. Ils ont une jolie couleur. Un blond légèrement doré. Il aime bien cette couleur. Il regarde ailleurs quand Alba revient à sa position initiale. Elle a les joues légèrement roses, il se mordille l’intérieur de la lèvre en espérant ne pas l’avoir trop gênée. Loin d’être un voyeur, c’est surtout quelqu’un qui a grandi dans un monde où on ne s’embête pas de chichis en tous genres. Un monde où on ne tourne pas trois ans autour du pot avant d’inviter une fille à sortir, à aller boire un verre un soir. Un monde où les gens sont beaucoup plus tactiles, où ça ne gêne pas une fille de tenir la main de son ami d’enfance sans pour autant l’embrasser à chaque feu rouge.
Il écoute tranquillement Alba. Les chiffres. Ça va lui être plus qu’utile, à la boutique. Les vieux comprendront un peu mieux quand il leur donnera l’heure, quand il leur annoncera le prix d’une pièce. Plutôt que de l’écrire. Il se rassure bêtement en se disant que les suédois roulent déjà les R quand ils parlent.
Son portable vibre dans sa poche. Il lâche les chiffres et s’excuse auprès d’Alba pour regarder qui cherche à le contacter. Adélaïde. Il soupire un peu, décline l’appel, et remet le téléphone au fond de la poche de son jean.
« Désolé. »
Il reprend avec les chiffres. Ça va au fur et à mesure. C’est comme tout. C’est comme l’anglais. Ça viendra avec la pratique. Et avec une bonne ouverture d’esprit, chose qu’il a dû abandonner en partant de Suède. Il a dû la laisser sur le tapis de sa chambre avant de claquer la porte et de monter dans le taxi direction Göteborg pour prendre l’avion. Son portable se remet à vibrer. Et merde.
C’est encore Adélaïde. Il décline encore l’appel, remet le téléphone au fond de sa poche, bien décidé à l’ignorer.
Les chiffres défilent devant ses yeux, dans sa poche, le portable continue de vibrer. Ça ne l’étonnerait pas de voir Adélaïde débarquer ici très bientôt. Il commence à en avoir un peu assez.
« Bon sang, c’est pas vrai… ! »
Il décline encore une fois les nombreux appels de la jeune femme, prend le temps de lui demander sèchement de lui foutre la paix avec un SMS acide, et éteint carrément son téléphone qu’il va poser sur une étagère. Loin. Là où il est sûr de ne pas le voir pour résister à l’envie de le lancer contre un mur pour dire à Adélaïde qu’elle ne va plus pouvoir l’appeler avant… Un moment. Ad vitam aeternam, de préférence.
Il revient vers Alba, se réinstalle dans le fauteuil en soupirant un peu.
« Désolé… J’aurais dû penser à l’éteindre un peu plus tôt. »
Il avait juste l’habitude de rester joignable. En temps normal.
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« Invité »
| Sujet: Re: « but time will pass along the day » — Alba [TERMINÉ] 16.08.14 11:16 par Invité | Citer Editer Supprimer |
| learning Elle recommence. Elle l’écoute réciter docilement chaque nombre jusqu’à dix. Elle reprend une ou deux fois, combe ses trous de mémoire. Il se débrouille bien, elle trouve. Elle l’encourage du mieux qu’elle peut. Elle repousse une mèche derrière son oreille. Elle aurait du la laisser pendre, ça cachait la rougeur de ses joues, au moins. Qu’est-ce qui lui a pris… Elle aurait tout aussi bien fait de lui demander la fiche en question. Était-ce si compliqué de dire « Excusez-moi, pourriez-vous me passer la fiche, là, à la droite de votre main ? » ? Non. Pas le moins du monde. Elle mordille sa lèvre, pensive. C’était indécent, non ? Un rien provocateur, surtout. Elle ne comprend pas ce qui l’a poussé vers ce geste. Elle sursaute quand son portable émet une vibration. Une première fois, une deuxième fois. Il décline les appels. Si elle n’était pas importante, il aurait pris l’appel, non ? Mais à quoi penses-tu, ma pauvre Alba ? Peut-être que Gil est juste une personne extrêmement bien élevée qui ne prend pas d’appel sous le nez d’une autre personne. Elle baisse les yeux sur ses mains. Ses doigts s’entrelacent. Lui, il continue à décliner. C’est peut-être sa petite amie… Oh, il en a sûrement une. Mais qu’est-ce qui te pousse à croire que c’est une femme ? Elle ose un regard vers ses doigts. Pas d’anneau. Pas de mariage. En quoi ça te rassure ? Et enfin, il coupe son portable, le pose sur un meuble. Fini. Ciao. Il s’excuse, elle secoue la tête.
Alba – Vous êtes chez vous. Vous avez le droit de prendre des appels. Ce n’est pas l’école, ici – enfin, pas exactement.
L’ongle de son pouce entreprend de tailler les peaux mortes autour de ses ongles. S’il n’y a que ça pour l’occuper… Elle lance un regard à la pièce. Puis aux fiches.
Alba – Tenez, si vous voulez, on fait une pause ? Comme ça, vous rappellerez la personne qui cherche à vous joindre. C’est peut-être important…
Plus important qu’elle et ses foutus cours d’italien, sans doute. Elle crève d’envie de se laisser couler dans des sables mouvants, de creuser un trou tellement petit, tellement profond que plus jamais on ne la retrouvera. Elle laisse planer le silence, en se mordant la lèvre inférieure. Elle baisse les yeux vers son sac, l’attrape et fait semblant de fouiller à l’intérieur. C’est un bon moyen de faire l’autruche, mettre sa tête dans son sac… Elle tombe sur son portable, vérifie la messagerie. Un nouveau message. Un collègue. Il lui demande si elle a trouvé, si elle a réfléchi. Mince. Elle abandonne son téléphone, dépose son sac et se lève pour aller se poster face à une étagère. Elle fait semblant d’observer les livres. Peut-être que… Ses mains tremblent, elle serre les poings. Les cache derrière son dos.
Alba – Oh. En passant. Je me disais que… Euh. Vous aviez l’air d’aimer les vieilles choses… Architecturales, bien sûr. Je dis ça à cause de la colonne… Donc. Je voulais savoir si vous seriez intéressé par une soirée d’inauguration au musée… Samedi prochain. Au soir… Avec moi. Je dois y aller puisque j’ai bossé sur la peinture qu’ils inaugurent et j’ai le droit d’inviter quelqu’un… Et comme vous êtes le seul homme que je connaisse semblant s’intéresser à ce genre de choses… En dehors de mes collègues… Euh. Voilà.
Elle se rend compte qu’elle serre les poings tellement fort que ça lui fait mal. Elle baisse les yeux sur ses chaussures. Redresse la tête au bout d’un moment. Rien ne se passe. Il ne dit rien. C’est bon ou mauvais signe… ?
Alba – Oh mon dieu… Je vous ai fait peur. Pardon. Je… Laissez tomber. Tout ça. L’invitation, la soirée… Ce n’est pas grave. Je ferai peut-être même mieux de partir pour aujourd’hui… Je suis désolée. Je vous laisse les fiches, vous vous entraînerez ainsi… Oh mon dieu…
Elle se dépêche d’attraper son sac, de reculer vers la porte. Plus vite elle sera partie, plus vite elle pourra disparaître.
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« PELAGIA »
| Sujet: Re: « but time will pass along the day » — Alba [TERMINÉ] 16.08.14 22:31 par Gil Dylman | Citer Editer Supprimer |
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Il hausse simplement les épaules. De toute façon, il ne rappellera pas Adélaïde. Pas maintenant, en tout cas. Il se demande juste combien de temps il lui reste avant qu’elle abandonne l’idée de le joindre en le harcelant d’appels et de messages, et qu’elle vienne tambouriner à sa porte pour l’insulter, le traiter d’insensible, de psychopathe et autres épithètes affectueux qu’elle lui sert toujours avec la même lueur de colère au fond des yeux. Peut-être comprendra-t-elle un jour qu’il ne peut pas être là rien que pour elle. Qu’il a une vie, en dehors des appels à deux heures du matin et de ses vieux bouquins en suédois, en norvégien, en islandais même pour quelques-uns.
Il regarde Alba aller vers les livres. Elle a l’air gênée. Il ne sait pas vraiment quoi dire pour dissiper cette gêne. Que c’est juste une personne paranoïaque qui a l’habitude de l’appeler à n’importe quelle heure du jour et de la nuit. Qu’elle est juste à la limite, d’après son expérience, de péter un câble après dix appels déclinés. Et aux autres qu’il ne voit pas puisque son portable est éteint, posé sur une étagère. Que ladite parano risque fort de débarquer en frappant à sa porte, en hurlant qu’il est un pauvre demeuré. S’il lui dit ça, il ne va pas la rassurer. Bien au contraire. Et avec son ton badin, léger, ça n’arrangera rien. Il passera tout au plus pour un parfait psychopathe qui n’en a rien à faire des autres. Alors que ce n’est pas vrai. C’est juste qu’il n’a pas envie d’avoir Ade dans les pattes aujourd’hui. Elle doit bien avoir d’autres contacts à harceler dans sa liste. Il soupire un peu. Il pourrait mettre de la musique, à la limite. Mais est-ce qu’Alba va aimer son stock de groupes scandinaves un peu trop rock pour Venise ? A moins qu’il n’ait la décence de piocher dans sa collection de disques anglophones.
Il regarde à nouveau Alba. Parce qu’elle lui parle. D’une inauguration, au musée. Et comme elle a participé à la restauration qui sera exposée lors de l’inauguration, elle a le droit d’inviter quelqu’un. Il hoche machinalement la tête, faisant signe de comprendre, alors qu’il n’a pas vraiment bien saisi de quoi il en retourne. Il n’a pas décroché un mot, parce qu’il ne voit pas vraiment quoi dire face à ça.
Il ne comprend vraiment que quand elle laisse les fiches sur la table basse et va vers la porte. Il se maudit, l’espace d’un instant, et se lève en entendant la porte d’entrée claquer. C’est une invitation. Bordel. C’était une invitation pour lui et il ne le comprend que des années après. Il rouvre la porte et suit Alba dans la cage de l’escalier, il la rattrape et pose une main sur son bras, sans serrer les doigts. Il la retire aussitôt. Comme s’il avait eu peur de lui faire mal. Peur de lui faire peur, serait plus exact. Il bouge machinalement les doigts, la regarde. Puis il sourit un peu.
« J’aimerais beaucoup y aller, avec vous. »
Une inauguration au musée. Pour un antiquaire. C’est une magnifique occasion, en plus, de revoir Alba. Il faudra juste qu’elle fasse le rôle d’interprète dans cette soirée s’il a le malheur de tomber sur des gens qui ne parlent pas anglais. Il penche un peu la tête.
« Il y a un code vestimentaire particulier à respecter pour cette soirée ? »
Il faudra aussi qu’il pense à lui demander l’heure. Et son numéro de portable. Ce qu’il s’empresse de faire, parce que ce sera toujours plus pratique au cas où il se perde en allant au musée, pour lui dire qu’il sera un peu en retard. Ou pour décommander à la dernière minute, peut-être parce qu’Adélaïde se sera immiscée dans son début de vie. Même s’il ne la laissera pas faire.
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« Invité »
| Sujet: Re: « but time will pass along the day » — Alba [TERMINÉ] 17.08.14 11:23 par Invité | Citer Editer Supprimer |
| learning Elle essaie de marcher le plus vite possible tout en gardant une posture digne. Elle essaie de ne pas se vouter, de ne pas regarder ses pieds. Elle essaie aussi de ne pas trop faire voler sa jupe en dévalant les escaliers. Elle essaie des tonnes de choses. Rester calme, d’abord. Relativiser, ensuite. Ce n’était pas un vrai râteau, si ? Il ne lui avait pas dit clairement qu’il n’avait pas envie d’y aller avec elle. Enfin… Elle était partie avant qu’il ne puisse le dire. Elle lui avait dit d’oublier avant qu’un son sorte de sa bouche. Elle se dit que c’est sans doute mieux ainsi. Quelque chose sur son bras. C’est lui ? C’est lui. Pour lui dire qu’il refuse, pour remuer le couteau dans la plaie ? Pour lui dire qu’il aimerait y aller. Avec elle. Elle se sent rougir, elle a envie de sourire comme une idiote. Un code vestimentaire… Oh mon dieu.
Alba – Oui, euh… C’est le genre de soirée hyper chic où tout le monde porte des robes et des costumes.
Il y a des gens importants qui viennent, voyons. Le maire. Le directeur du musée. Les membres des familles les plus imposantes. Des personnes de l’étranger… Et les restaurateurs. Un peu perdus dans leur coin, en général, quand on ne leur demande pas de monter sur l’estrade pour prononcer un discours en improvisant. Des excuses lui brûlent la langue. Elle s’en veut de lui infliger un dress code aussi strict. C’est juste qu’elle ne connait personne d’autre. Qu’Aline ne l’accompagnera jamais dans ce genre d’endroits. Et que ces collègues… Ouais, non. Elle gigote un peu, sur ses pieds.
Alba – Donc, samedi. C’est à vingt heure. Dans le centre historique, à San Marco. Si vous vous perdez, vous n’avez qu’à m’appeler… Attendez, je dois avoir une carte, quelque part…
Elle ouvre son sac, se met en quête d’une carte de visite. Peut-être dans son portefeuille. Elle fouille, c’en est presque archéologique à ce stade. Et elle en trouve une. Toute bête, d’un beige fort pâle. Les cartes qu’ils lui ont données au boulot. Pour qu’elle se présente un peu devant les clients et tout ça. Elle vérifie qu’elle n’est pas trop abîmée, la tend à Gil.
Alba – Je crois que c’est tout… Bon. A samedi soir, alors !
Elle tourne le dos, se remet à dévaler les escaliers. En souriant vraiment comme une idiote.
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« PELAGIA »
| Sujet: Re: « but time will pass along the day » — Alba [TERMINÉ] 17.08.14 11:26 par Gil Dylman | Citer Editer Supprimer |
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| Sujet: Re: « but time will pass along the day » — Alba [TERMINÉ] par Contenu sponsorisé | Citer Editer Supprimer |
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