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MessageSujet: the man who sold the world ♔ Gíl   the man who sold the world ♔ Gíl Empty14.07.14 21:08 par InvitéCiter Editer Supprimer 

He said I was his friend,
Which came as some surprise.

Les pigeons de la place Saint-Marc s'envolent dans une mêlée désordonnée lorsqu'il la traverse d'un pas vif. Le ciel est gris et la basilique semble crever la canopée des nuages amassés au-dessus de la ville. Il esquive un groupe de touriste en levant les mains pour les repousser, se presse un peu plus pour joindre la station de vaporetto. La foule se masse au rio dei giardinetti et il joue des coudes pour se frayer un passage. Il est pressé, comme toujours. Pio ne semble jamais trouver réellement le repos. Même adossé à l'un des poteaux du bateau-taxi, il pianote nerveusement sur son téléphone portable, incapable de profiter du paysage, sans doute blasé, sûrement préoccupé. Le trajet est long, trop ; les murmures des touristes se mêlent aux clapotis des canaux.

Le quartier Cannaregio est de ceux qu'il aime le plus. À la foule des touristes se mêlent les voleurs à la tire et les petits receleurs ; il esquisse un signe de tête en en croisant quelques uns, adresse un sourire en coin à un policier qu'il croise plus loin. Le pas sûr, le dos droit, il sait où il se rend, ne fait pas tellement de mystère à propos de ça. Ça, c'est la boutique d'antiquités de Gíl Dylman. Il y était entré la première fois dans l'espoir de trouver un lustre qui se fondrait à la décoration de son hall d'entrée. Il n'en avait pas trouvé, ce jour-là. Par contre, il avait trouvé Gíl.

Pio ne fréquente jamais les gens sans ne rien en attendre et le fait qu'il revienne dans la boutique alors même qu'il n'y avait rien trouvé la première fois est le premier signe avant coureur de la stratégie qu'il met en place. Un antiquaire, quelle bonne idée, s'est-il dit en revenant. Quelle meilleure personne aurait-il pu trouver pour dénicher tous les secrets des vieilles familles qui règne sur la ville ? Personne, personne sans doute. Mais Gíl ne le laisse pas vraiment approcher. Mais il ne sait pas sur quel pied danser. Alors il revient. Il revient toujours, tourne autour ; vautour. Il se laisse happer par le cercle vicieux de l'obstination, incapable de lâcher prise sans avoir extorquer à l'autre quelque chose qu'il ignorait jusqu'alors désirer.

Aujourd'hui encore, c'est là-bas qu'il se rend.

Tout cela commence à le lasser mais il s'en voudrait d'abandonner alors que le jeu pourrait être intéressant. Si sa main tremble lorsqu'il pousse la porte de la boutique, ce n'est pas par peur ; c'est l'adrénaline, qui se précipite dans ses veines, le frisson de l'excitation, à l'idée d'engager une nouvelle partie contre un joueur innocent.

▬ Monsieur Dylman? fredonne-t-il presque en s'engouffrant dans la boutique. Je venais voir si vous aviez ce que je cherchais, cette fois...

La voix porte, sûre d'être entendue, et il inspecte avec une attention feinte les objets qui passent au niveau de ses yeux. Il guette un bruit, un pas, un souffle, l'indication d'une présence. Chasseur, il attend, les doigts posés sur le merisier lustré d'un antique et majestueux vaisselier.

▬ Vous êtes mon antiquaire préféré, sans nul doute, vous savez, adresse-t-il d'une voix badine au vide alentour. Je me demandais si vous offriez à vos clients de rechercher certains objets en particulier.

Il tend l'oreille, à l’affût, cherche une faille, un appât, titille les eaux troubles d'un interlocuteur trop peu connu. Il lève la main pour effleurer le cristal d'un lustre qui pend au niveau de sa joue, la rabaisse.

Quelque part, pas très loin, il lui a semblé entendre du bruit.

Gil Dylman
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MessageSujet: Re: the man who sold the world ♔ Gíl   the man who sold the world ♔ Gíl Empty14.07.14 23:29 par Gil DylmanCiter Editer Supprimer 

“ who knows ?
not me.


Plus son stylo griffonnait sur le registre, plus il se disait que ça n’en finirait jamais.
L’inventaire. Tâche ingrate, pas la préférée de son métier. Mais nécessaire, qu’il acceptait d’effectuer non sans une résignation certaine. Il pouvait tout du moins se dire qu’une fois que c’était fait, c’était fait. Et actuellement, il était encore loin d’avoir terminé. Un bref regard sur sa montre bon marché lui indique également qu’il est en retard sur son horaire de base. Un soupir agacé lui échappe, sa main serre un peu plus le stylo. Il fixe le registre et se dit qu’il est prêt à tout recommencer s’il le faut, même s’il n’en a pas tellement envie.
Il jette un regard aux étagères et vitrines alentours, ne peut retenir un long soupir las. Non. Il n’est pas prêt d’avoir fini, et si ça continue, il devra assister le prochain curieux à pousser la porte de sa caverne tout en inventoriant les vestiges qui s’y trouvent.

Il griffonne encore quelque chose, un peu au hasard, quelque chose en suédois qu’il est le seul à comprendre. Pour un peu, un juron lui échapperait. Il commence sérieusement à en avoir assez, il se demande s’il ne devrait pas fermer pour la journée. A moins que ce ne soit déjà le cas. Il hausse les épaules et retourne à son inventaire, histoire de le finir. Quitte à rester à ne rien faire pour la journée, il tient au moins à avoir fini ça avant.
Il continue de déambuler entre ses étagères, il lui vient même l’idée de revendre les chevaux de Dalécarlie que lui envoie sa mère. Il n’a plus de place sur son étagère personnelle pour un nouveau locataire en bois verni. Il se demande simplement s’il sera possible d’en vendre aux vénitiens. Il n’en sait rien, mais il se sent prêt à tenter l’expérience avec le prochain qu’il recevra dans le même éternel colis.

Il passe dans l’arrière de la boutique pour continuer son inventaire. L’endroit est encombré par des boîtes en carton à moitié déballés, des étagères pleines à craquer de vieilleries toutes plus ou moins intéressantes, vénitiennes pour la plupart.
Il tourne à peine la tête, toujours plongé dans son registre, quand il entend la porte s’ouvrir puis se fermer. Ce n’est qu’une voix à peine familière qui le ramène à la réalité. S’il s’attendait… Il soupire en silence, laisse son bras retomber le long de son corps, ramène machinalement le registre contre lui, ne jetant pas un regard en arrière, vers les vitrines de la boutique. Pio Vescovi.
Il l’écoute, savourant le sentiment qu’il donne de parler dans le vide. Il attend là, patiemment. Il cherche un endroit où poser le registre, avise une étagère où il reste une place. Un bref sourire étire ses lèvres. Il attend. Dix secondes, vingt secondes.
Peut-être un peu plus, pas loin d’une minute.

Puis il pose le registre.
Et il va rejoindre son invité surprise, feignant à peine de l’être lui-même.

« Tiens donc, moi qui pensais avoir fermé la porte à clef… »

Il a encore son stylo dans la main alors il le range dans la tasse qui fait office de pot à crayons. Il n’accorde pas un regard à son potentiel client, par pure désinvolture. Il attend le bon moment, il cherche encore les bons mots. Il a parfaitement écouté ce que Vescovi a dit alors qu’il mimait l’absentéisme à la limite du spectral.
Il fait mine de jeter un œil à son livre de comptes, puis regarde l’homme qui attend entre les vieilleries.

« Je suis presque surpris que vous connaissiez d’autres antiquaires. Ceci étant, ce sont généralement les clients qui m’offrent quelque chose en échange d’une de ces petites raretés, comme le lustre à côté de vous. »

Nouveau sourire.

« Mais si vous me fournissez une description assez détaillée de l’objet que vous aimeriez trouver, je peux peut-être m’arranger pour en dégoter un spécimen semblable quelque part. Qu’en dites-vous ? »

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MessageSujet: Re: the man who sold the world ♔ Gíl   the man who sold the world ♔ Gíl Empty15.07.14 13:19 par InvitéCiter Editer Supprimer 

With our backs to the wall, the darkness will fall
We never quite thought we could lose it all

Le sourire de Pio est sans joie lorsque l'homme apparaît. Un rapide signe de tête en guise de salut et le voilà qui fait mine d'examiner avec attention les objets qui remplissent la pièce. Toutes les antiquités du monde n'auraient pu le satisfaire mais ce n'est pas le moment de jouer cartes sur table, pas le moment de dévoiler son jeu. Peut-être le fera-t-il lorsque l'autre aura chuté, peut-être le fera-t-il lorsque Gil ce sera finalement trahi. Patient, Vescovi ronge son frein, acquiesce, sourit. Il y a une faille quelque part, sous ce lustre de propreté, un défaut, une escarre, un doute à exploiter. Il laisse dodeliner sa tête, en bonne imitation de touriste déconcerté, prend le temps de réfléchir, une seconde, deux, trois, assez pour feindre la sincérité, pas assez pour paraître stupide aux yeux d'un adversaire si honorable.
Face à un autre, peut-être aurait-il servi le manège du riche ingénu, un battement de paupière et l'air contrit de celui qui ne s'attendait pas à un prix si élevé mais son ego crie, mais son ego tiraille et il se sent bien incapable de se rabaisser cette fois-là. Au lieu de tout ça, il enroule pensivement son index sur les franges d'un tapis poussiéreux, avant de redresser la tête pour observer Gil.

▬ Vous seriez surpris du nombre de gens que je connais, répond-t-il avec un sourire un rien narquois. Les gens ont souvent du mal à se représenter l'ampleur des choses abstraites.

Les « gens » comme dans les « esprits moyens », les « êtres inférieurs » ; les gens comme lui – les Supérieurs, les Carnassiers – voient les liens invisible qui relient les jours, pèsent les poids des alliances qui se tissent. Le Monde, dans les yeux de Pio, était une vaste toile d'araignée. Il fallait faire attention avant d'y poser le pied, faire résonner les fils dans le sens qui serait le plus favorable avant de commencer à tisser ses propres cordes, s'attacher à ses alliés, pas trop faiblement pour ne pas être soupçonné, pas trop fort pour ne pas tomber lorsque ces derniers chuteraient.
Il se masse la nuque une seconde pour avoir le bon goût de sembler réfléchir à la proposition de l'antiquaire avant d'esquisser un sourire navré :

▬ Votre proposition me semble sympathiquement, seulement, comprenez moi bien, les reproductions ne m'intéressent pas. Il marque une pause, ménage ses effets, recommence à effleurer d'un air pensif calculé le lustre. Je n'achète que des originaux.

Il tend des perches sans se mouiller, ne prend pas la peine d'observer son interlocuteur lorsqu'il s'adresse à lui. Il ne compte rien acheter, dans tous les cas, espère juste le voir succomber. Il suffit d'un faux pas maintenant pour qu'il s'engouffre dans la brèche pour l'envahir, en armée conquérante et dévastatrice. Il se retourne vers l'homme, esquisse un sourire en s'adossant au vaisselier :

▬ Vous ne pouvez rien proposer de plus intéressant ?

Il provoque, un discret sourire un peu narquois sur les lèvres. Il ne lâche à présent plus des yeux, comme pour étudier la structure subtile des mimiques qu'affichent son visage. Il creuse, il cherche, pillard sans scrupule face aux secrets que l'autre renferme. La difficulté l'amuse, le jeu fait naître une fugace étincelle de plaisir au fond de ses iris. Aucune raison pour que les choses dégénèrent, n'est-ce pas.

Gil Dylman
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MessageSujet: Re: the man who sold the world ♔ Gíl   the man who sold the world ♔ Gíl Empty15.07.14 14:11 par Gil DylmanCiter Editer Supprimer 

you're face, to face,
with the man who sold the world.


Il continue de regarder son invité surprise, sans ciller. Son visage est affable, il cligne simplement des yeux de temps à autres. Il incline à peine la tête de côté, sans que son expression ne change. Pourtant, il aurait bien envie de rire. De rire de Pio et de ce qu’il dit. Oh mais il se doute qu’il connaît d’autres personnes, il se doute qu’il doit naviguer dans les rues de Venise. Pas comme lui. Le casanier. Une fois qu’il s’était installé, il n’avait pas vraiment ressenti l’envie de visiter. S’il se perd, eh bien tant pis.
Et finalement, un sourire étire son visage. Il ne peut pas s’en empêcher, c’est ce sourire à peine sincère qui vient étirer ses lèvres. Il a toujours autant envie de rire, mais il se contient. Ce n’est pas le moment. Il pourra toujours se moquer de Pio quand l’occasion viendra, et ce sera d’autant plus amusant ainsi.

Et quand c’est au tour de Pio de sourire, le sien s’élargit un peu plus, il devient plus narquois. Il ne peut pas dire qu’il s’attendait à une remarque du genre, mais ce n’est pas les réponses qui lui manquent. Il se détache simplement de la tablette où il entrepose tout son bazar administratif, et fait un simple tour dans les allées, feignant de remettre quelques objets en place.
Il jette un coup d’œil à l’homme, ses yeux trahissent un début de ressentiment. Il ne peut pas dire qu’il apprécie vraiment cette visite surprise, ni qu’il apprécie le visiteur en question. Pourtant, il continue de sourire, presque l’air de rien.

« Et je ne vends que des originaux. Mais vous vous en doutiez déjà, je suppose. N’oubliez pas, cependant, que certains objets ont eu leurs semblables, il suffit d’une série. Je ne pourrais sans doute pas, bien sûr, vous trouver le tout premier, mais les suivants seront tout aussi originaux que leur prédécesseur. »

Il replace un petit objet, machinalement, sur son étagère. Ses doigts pianotent doucement dessus, l’espace de quelques secondes, avant qu’il ne se tourne de nouveau vers Pio. Mais son regard est devenu plus dur, sa voix un peu plus cassante.

« Et détachez-vous de ce vaisselier. Il est plus vieux que votre arrière-grand-mère. »

Avant qu’il ne décide de le chasser de sa boutique exiguë pour être tranquille. Il retourne chercher son registre et le pose à côté des classeurs. Que Pio bouge ou pas, il trouvera un moyen de se débarrasser de lui. Un jour. Il espère, dans un avenir proche. Il se demande quelle sera la bonne ficelle à tirer. Pour l’instant, son visiteur a l’air décidé à ne pas repartir les mains vides. Sauf qu’il n’a aucune idée de ce qu’il cherche.
Un lustre. Oui. Mais encore ? Il existe des dizaines de lustres différents. Quels matériaux ? Quelle époque ? Et à quoi ressemblerait donc le lustre des rêves de Pio ?

« Pour en revenir à notre histoire de lustre… Que voulez-vous que je vous propose sans avoir une seule petite idée de ce que vous cherchez ? »

Il incline la tête de côté, croise les bras et toise son interlocuteur. Ses yeux ont retrouvé leur lueur affable, son visage ne trahit rien d’autre qu’un léger agacement. Pio joue avec lui, il s’en doute. Ne serait-ce qu’un peu. Et il joue avec Pio. Chacun sa croix.

« Et si vous ne trouvez pas votre bonheur ici, pourquoi n’allez-vous pas voir ailleurs ? »

Une question qui lui semble légitime. Il y a bien d’autres antiquaires à Venise, qui doivent bien avoir le lustre que Pio voit en rêves et continue de faire tourner dans sa tête en attendant de le trouver comme on trouverait une perle rare.

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MessageSujet: Re: the man who sold the world ♔ Gíl   the man who sold the world ♔ Gíl Empty18.07.14 20:38 par InvitéCiter Editer Supprimer 

All the other others they'll just fade to black
When you think you have me's when i don't look back

Les doigts de Pio tapotent impatiemment contre sa cuisse alors qu'il dévisage son adversaire, un sourire trop léger pour ne pas être contenu sur les lèvres. L'homme en face de lui s'impatiente et il est trop fin pour ne pas avoir entendu son changement de ton ; ça ne l'effraie pas, cela étant. Rares sont les choses qui lui font peur, de toute façon, et il n'est pas question qu'un malheureux antiquaire s'ajoute sur une liste si peu fourni. Même ses peurs, ne manquent pas de grandeur, tout du moins aime-t-il le penser. Ce n'est ni tout à fait faux, ni tout à fait la réalité, mais son ego se satisfait d'un demi mensonge qui le rassure – quoi qu'il n'ait pas besoin d'être rassuré, il ne connaît pas la peur, rappelez-vous.
Patiemment, il attend que les déblatérations insensées de l'autre cessent. Non qu'elle l'affecte mais il s'approprie la conversation d'une façon qui l'agace un peu. Aller ailleurs, et puis quoi, encore, a-t-il l'air d'un homme prêt à courir les boutiques sans être certain de trouver son bonheur ? Certainement pas. La flânerie – ou paresse, selon son bon vouloir – ne faisait pas partie de son caractère. Il paraît au plus pressé de la façon la plus efficace possible – et l'efficacité ne tolérait pas l'approximation ; lui non plus, du reste.
Un sourire calme se pose sur ses lèvres et il hausse un sourcil en se décollant d'un geste souple du meuble contre lequel il s'était appuyé.

▬ Un lustre ? lance-t-il avec l'émerveillement de l'homme qui s'étonne encore de la stupidité des gens. Mais qui a parlé d'un lustre ? J'ai réglé ce problème depuis... Son geste de la main veut dire beaucoup de choses mais l'idée reste la même. Longtemps. Ça fait bien longtemps déjà que le lustre n'est plus un problème. Ses problèmes sont souvent passagers. Les livres que je cherche sont plutôt uniques, voyez-vous, rien qui n'ait pu être réellement refait.

À vrai dire, il sait très bien où se trouvent les livres qu'il cherche. Il n'en a même pas réellement besoin – envie serait le terme juste pour définir ses sentiments. La même envie avide qu'ont les enfants de posséder les bonbons du voisin, la même envie avide qui lui passe dès qu'il possède ce qu'il convoite.
Agacé, il lève les yeux au ciel lorsqu'il se rappelle de la question qu'on vient de lui poser. Pourquoi revenir, s'il n'avait rien de ce qu'il cherchait, se demande son interlocuteur comme s'il avait le droit de le questionner sur ses raisons. Il ne doit de justifications à personne et se serait fait une joie de le lui faire savoir mais ce n'est ni le lieu, ni le moment, au lieu de quoi, il sourit, hésite, obtempère, joue plus ou moins carte sur table, un jeu faussé où il mènerait deux parties de front :

▬ Vous n'aviez pas l'air spécialement regardant sur la provenance de vos produits, alors, je me suis intéressé à votre boutique. Du reste, vous avez de belles pièces. Le tapis que j'ai acheté la dernière fois est une merveille dans ma bibliothèque.

Avec un haussement d'épaules, il s'éloigne pour se frayer un chemin entre les antiquités, caressant du bout du doigt la tranche d'un livre ancien. Sirupeux, il finit par glisser, d'un peu plus loin :

▬ Vous aurai-je vexé dites-moi ? Vous m'avez l'air sur vos gardes.

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MessageSujet: Re: the man who sold the world ♔ Gíl   the man who sold the world ♔ Gíl Empty18.07.14 23:08 par Gil DylmanCiter Editer Supprimer 

mais moi je tourne,
à l'imperfection.


« Tiens donc ? »

Il reste sur la défensive, il essaie de ne laisser aucune percée à Pio. Il n’est qu’à moitié surpris que ce dernier ait fini par régler son histoire de lustre, il se demande si ce n’est pas une sorte de feinte maladroite pour l’amener vers un chemin complètement différent. Quelle drôle d’idée, lui qui était presque prêt à se décarcasser un peu plus pour trouver la perle rare. Pio ne sait probablement pas ce qu’il rate, parce qu’il ne lui dira rien. Il avait été prêt à l’aider, l’espace d’un instant.
Tout son bon cœur s’est envolé avec les quelques mots que l’italien a prononcés. Il commence légèrement à s’intéresser, en revanche, quand ce dernier passe à un autre sujet. Les livres. Les vieux livres, les vieux originaux. Il esquisse un léger sourire, se retient de dire qu’il a tout un rayon de ses vieilleries, chez lui, dans son petit salon étriqué, rétréci par un canapé, et des étagères en bois.

Il garde les bras croisés, il regarde Pio évoluer dans l’espace restreint de la salle, sans bouger de là où il est. Il le fixe, de ses yeux ambre-ocre, cillant à peine. Que son cher visiteur réagisse ou non à ça, il n’en a rien à faire. Il veut juste garder un œil sur l’importun. Il ne le pense pas voleur, juste assez malsain pour tenter quelque chose qui justifierait qu’il s’emporte. Et de son côté, il cherche la même chose de Pio.
Il cherche à avoir une excuse pour le chasser de sa propriété, une excuse pour lui dire de partir et de ne jamais revenir.
Il sourit un peu plus, quand l’italien lui parle du tapis. Il ricane légèrement, l’air de rien, continuant de le suivre du regard, le regardant effleurer la tranche d’un livre du bout des doigts.
Et puis, Pio répond à sa question. Son regard se durcit, mais son visage ne trahit toujours rien d’autre qu’un agacement presque aérien.

« La prochaine fois, je vous fournirai un certificat, avec la pièce que vous achèterez, pour que vous soyez sûr que je suis regardant sur l’origine des pièces, ainsi que leur état, mon très cher Vescovi. »

Et il ne peut s’empêcher de ricaner encore un peu plus quand il continue sur le tapis. Ce tapis. Il s’en souvient si bien, de ce tapis, qu’il lui a vendu.

« Tant mieux, alors ! Maintenant je peux vous informer de son plus gros inconvénient, sa capacité étonnante à amasser la poussière en un rien de temps. »

Un détail qu’il s’était gardé de révéler quand Pio avait acheté la lourde pièce tissée à la main. Il aurait voulu que l’homme s’en rende compte lui-même, il aurait pu guetter une quelconque réaction de la part de celui-ci, mais lui faire part de ce secret à l’instant avait été beaucoup trop tentant. Et il avait cédé.
Finalement, il bouge. Il se décale d’un pas ou deux, gardant les bras croisés. Il veut être certain d’avoir une vue imprenable sur les faits et gestes de son interlocuteur, ses tympans percevant nettement ses paroles dans l’espace exigu de la petite boutique encombrée de vieilleries en tous genres.
Il regarde le livre. Il connaît ce livre. Un ouvrage qui tient plus une place de curiosité qu’autre chose dans cette caverne aux mille et un trésors.

Et un sourire froid vient décorer ses lèvres avant qu’il ne réponde à son invité.

« Je ne me vexe pas pour si peu, voyons. Disons plutôt que vous m’avez dérangé en plein inventaire, que j’aimerais finir, mais que je ne peux pas continuer tant que vous n’êtes pas parti. »

Et il refuserait de le terminer tant que Pio serait dans les parages. Il le guetterait, il attendrait d’être sûr que cet homme ait tourné au coin de la rue pour reprendre son activité du jour, à savoir, recenser toutes les pièces de sa collection à vendre.
Il désigne le livre d’un signe de tête.

« Et ceci, est une pièce que vous ne trouverez nulle part ailleurs. C’est un manuscrit norvégien, une édition unique au monde. Une petite curiosité de plus. »

Il était le seul à vendre des objets qui venaient de son coin du monde, dans une boutique au cœur de Venise, une envie de partage, inhabituelle mais bien là. Ou simplement celle de se débarrasser de vieilles choses étudiées pendant des années, de choses qui encombraient l’espace déjà restreint de son appartement.


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