Août 2o14, 13h23.

Leonardo avait plusieurs indic' pour mener à bien ses missions. Il était seul dans leurs réalisations, mais un réseau était nécessaire pour pouvoir sortir la tête de l'eau au bon moment. Certains étaient des malfrats, d'autres de simples apothicaires, et puis il y avait les universitaires. Plus nombreux que ce qu'on pourrait croire, un certain nombre d'étudiants et de professeurs prennent parti à cette guerre d'entreprises : convictions et rémunération généreuse étaient leurs maîtres-mots.

Aujourd'hui, Leo était passé voir son père et avait englouti un des bons petits plats préparés par sa mère avant de partir dans ses recherches. Il devait se renseigner sur les fondations d'un vieil édifice à abattre, protégé bien entendu par la PV et ses mercenaires pas très nets (plus dangereux que ce qu'il n'y parait, en soi). Cela faisait déjà un jour ou deux qu'il était sur cette affaire, et elle avançait bon train, mais il avait besoin d'un léger coup de patte bien dosé pour se renseigner sur les dangers potentiels.
Il prit la direction de l'Université, qui n'était pas loin de la grande maison parentale. Son indic' du jour était un professeur d'archéologie qu'il connaissait bien depuis plusieurs années : ce jeune éducateur avait besoin d'argent, et en tant que fervent opposé au fanatisme religieux, il avait décidé d'être une sorte d'agent-double pour la FFOV. Leonardo était son contact habituel, devenu ami avec le temps puisqu'il l'aidait à trouver de bons coins de fouilles pour ses recherches.

Il monta les escaliers pour s'approcher des bureaux des professeurs du département de sciences humaines et sociales. Une fois arrivé au niveau de la porte qu'il croyait être la bonne, sans même toquer, il en tourna rapidement la poignée et entra dans la pièce en une sorte de fracas assourdissant.
“Ton prochain spot, c'est les lagunes en partant de Santa Croce ! Paraîtrait que le fond n'ait pas encore révélé tous ses secrets et que les fouilles y sont plus... Vous, vous n'êtes pas le Pr. Fabrini... Mais, enchanté de vous rencontrer.”

Ce n'était pas tous les jours qu'en poussant une simple porte on se retrouvait face à une femme en petite culotte qui danse sur du George Michael. Ce genre de chance se comptait sur les doigts d'une main, et pour cela, Leonardo avait déjà définitivement gagner sa journée. En l'observant quelques secondes, il se dit qu'elle était plutôt une belle femme. Elle devait avoir à peu près le même âge que lui, la trentaine, le moment où une femme est au paroxysme de son sex-appeal. Mais il n'était pas venu pour penser à ce genre de choses, aussi déconcertante que la situation puisse être.

“Non mais, ne vous arrêtez pas hein, faites comme si j'étais pas là, si ça vous arrange...” Il referma la porte par laquelle il était entrée, quitte à être là autant y rester, puis il s'y adossa en croisant les bras et souriant à sa nouvelle déesse en nuisette. “Je cherchais un vieil ami pour discuter et... Et partir avec lui faire quelques fouilles à la recherche de deux ou trois sculptures romaines. Mais j'ai tout mon temps !”

Il se mit à rire, puisque le contexte était, mine de rien, des plus amusants. “Je ne savais pas que les universitaires étaient aussi libres dans leurs corps ! Autrement, je serais devenu prof, croyez-moi !”
Il s'approcha d'elle et ramassa les vêtements abandonnés à terre quelques minutes plus tôt. Il les épousseta un minimum et fit tomber un petit morceau de papier qu'il ne remarqua pas, bien que "Per Venezia" était inscrit dessus, parmi d'autres mots illisibles de sa hauteur. Il finit par tendre son trésor à sa propriétaire. “Quand même. Vous risqueriez d'attraper froid.”

Visiblement la jeune femme n'était pas des plus sympathiques ou de bonne humeur. Pourrir un groove n'est pourtant pas la fin du monde, mais visiblement cela avait un effet très négatif sur elle. Ceci dit, elle avait un petit quelque chose d’intrigant à s'énerver et rire en même temps, assez pour perturber Mr Gianni. Mais pas assez pour le faire taire.

“Eh bien, tout doux, voyons. Qui vous a dit que ces fouilles étaient à Venise, ou qu'on ne travaillait pas pour l'Etat italien ? Vous connaissez votre métier, je le conçois, mais ne pensez pas être la seule. Quand aux universitaires, il n'y a pas qu'un pas entre les années 70 et le fait de danser à moitié nue dans son bureau. Mais je n'ai jamais dit que votre tenue dérangeait, si vous vous êtes à l'aise...”

Derrière son bureau, elle commençait à devenir agressive et à menacer Leonardo, ce qui avait pour ainsi dire un effet plutôt neutre, il entrerait de nouveau dans l'Université, s'il en avait besoin. Il s'avança près du bureau avant de lui répondre. Posant l'une de ses mains sur ce dernier, il s'avança près de la professeure - sûrement d'antiquité romaine, pour si bien le reprendre dans les détails - et posa sa seconde main sur celle de la jeune femme, raccrochant ainsi le téléphone. Il faisait en sorte que sa poigne soit la plus douce possible, et ainsi ne forcer personne à raccrocher, mais aidant simplement le geste à se faire naturellement - plus ou moins.
“Vous n'allez pas appeler la sécurité. Vous savez pourquoi ? Parce que ça se voit, que vous êtes curieuse. Et pourquoi est-ce que je répondrais si vous me faites sortir d'ici à coup de balais dans le cul, hein ?”

Il se redressa un peu, passant la main dans ses cheveux puis les mettant dans ses poches pour y chercher une sorte de porte-carte. A l'intérieur de celui-ci se trouvait une vingtaine de cartes de visite, toutes à son nom, mais chacune avec une profession différente inscrite dessus. Il prit celle qui indiquait "Commissaire-priseur". Oui, il avait tout sur ses petites cartes.
“Tenez, je m'appelle Leonardo Gianni, je m'occupe des enchères privées pour collectionneurs d’œuvres d'art, surtout dans le domaine antique. J'ai l'habitude d'accompagner Fabrini sur ses fouilles de temps en temps. Et vous ?”

Cette femme, méfiante comme elle était, cachait sûrement un petit quelque chose elle aussi. En y songeant et en remettant son porte-carte dans sa poche, Leonardo baissa sa tête. Il aperçu alors le petit papier qui était tombé précédemment. Il ne lut rien de ce qui y était marqué, et se contenta de le prendre pour le tendre à cette femme. “Tenez, je crois que vous avez perdu...” Il eu l'impression de déchiffrer "Per Ven-" écrit, mais le bras tendu, cela aurait été bien trop suspect de le rabattre si vite pour en lire tranquillement le contenu. Il se contenta d'avoir le souffle légèrement coupé.

Décidément, cette femme était aigrie. On dirait qu'elle passe du coq à l'âne, mais de façon toujours si sèche que Leonardo commençait à en être énervé, d'être traité comme une vulgaire sous daube.
Rien de ce qui ne disait était vrai, mais ce n'était pas tous les jours qu'on ne le croyait pas, et surtout pas avec tant de rage dans ses paroles. Ces menaces de plainte et ces "attaques" aux poignets étaient légèrement en trop. Leonardo n'était pas du genre à s'énerver, encore moins face à une femme, mais il ne commençait à plus la voir comme telle, sinon comme une hydre dont on coupe la tête en furie pour en voir deux autres pousser. Il fallait donc être comme Hercule, et l'éradiquer sous une tonne de roches.

Il restait de marbre face à ces réprimandes, il l'écoutait sans rien dire, en haussant de temps à autre un sourcil en guise d'étonnement. Il se contenait. Même lorsque lui essayait d'être à peu près agréable et qu'il répondait enfin à sa question, cela ne convenait toujours pas pour Mme la professeure. Et c'est là qu'elle fit définitivement déborder le vase. Il se retint de hurler lorsqu'elle insinua qu'il était un voleur. Mais après lui avoir rendu son papier, pourtant suspect - il aurait mieux fait de le garder -, trop c'était trop.

Il retourna chercher le déchet dans la poubelle et l'ouvra entièrement. C'était une note à elle-même, un mémo, pour ne pas oublier d'appeler la PV pour leur faire le compte-rendu de ses recherches. Elle était donc comme lui, depuis le départ, et elle osait lui faire la morale comme à un vulgaire élève de 19 balais tout juste.
Il approcha du bureau où elle était vulgairement assise et lui attrapa les deux bras en la serrant sûrement trop fort pour les poignets d'une femme.

“Écoutez-moi bien ma grande, vous allez tout de suite arrêter votre petit jeu de méchante madone qui a assez duré.” Il lui plaqua les bras sur le bureau et approcha son visage du sien, la regardant toujours dans les yeux. “Visiblement, vous n'êtes pas plus blanche que neige vous non plus, alors ne me parlez comme à un de vos élèves pour me faire la morale ou pour me menacer. J'ai été bien gentil pour l'instant, et si vous fouinez trop dans mes affaires, ce n'est pas un doyen ou la sécurité que vous allez avoir sur le dos mais une belle bande de mercenaires aux lames acérées qui vous suivront jusque dans vos chiottes. C'est bien clair ?”

Il lâcha un soupire, se retira du bureau et commença à s'éloigner pour s'approcher de la porte. Il devait réfléchir à comment faire pour qu'elle ne soit pas un problème, et lorsqu'il était énervé, il n'en était pas capable sans faire intervenir de funeste idées.

Leonardo était un peu en train d'halluciner. Elle le retenait ? Elle qui l'avait envoyé paître de façon si agressive devenait soudainement un petit mouton curieux ? Depuis le couloir dans lequel il venait d'entrer, il se retourna vers son nouveau bourreau et la regarda dans les yeux. “Vous voyez, j'avais raison pour la curiosité, c'est maladif ce genre de chose.” Leo, ésita quelques secondes à y retourner. Après tout, elle était en contact avec les PVs, elle pouvait être une personne digne d'intérêt. Mais au fond, elle avait surtout l'air folle et il était hors de qu... Quelqu'un était en train de monter les escaliers, et ce n'était toujours pas le professeur Fabrini. S'il les voyait, elle serait capable de hurler au viol...

Il devait maintenant faire un choix, et une petit voix lui conseilla de ne pas trop se risquer à lui laisser la possibilité d'hurler un bon coup, il se dit que ce n'était pas un si mauvais compromis puisqu'elle avait soudainement l'air plus coopérante.
“Rentrez, vite ! Vous... Vous n'êtes pas quelqu'un de normal, pas vrai ?” Il l'avait légèrement poussée sur l'épaule pour la faire retourner à l'intérieur de la salle et s'était lui-même plaqué contre le dos de la porte. Il souffle en réfléchissant à comment se sortir de là où il avait les pieds.

“Si vous êtes plus intéressante comme vous le pensez, dites-moi plutôt que ce vous avez à voir avec la Per Venezia ? Et alors, je vous dirais ce que je suis venu faire ici.”
Il lui souriait à nouveau, histoire de l'amadouer. Vu l'aperçu de son caractère, elle ne serait sûrement pas si coopérative, mais il essayait. Il entrebâilla la porte pour voir si la personne qui marchait dans le couloir était toujours là. Visiblement, la voie était libre. “Il est où votre bureau ? Ce serait plus simple d'y aller.”

Cette femme devenait de plus en plus intéressante. Passant du coq à l'âne à tout va, elle était maintenant semblable à une lionne, menant la danse. “Peur ? Oh non, au contraire même. Vous êtes en effet une femme intéressante. Et ne vous inquiétez pas pur mon costume, il est intact.” Poussé contre le mur, d'une force si frêle, Leonardo leva ses sourcils devant le petit oiseau qui tentait de devenir grand du haut de ses deux pattes. Petit oiseau avait d'ailleurs une certaine jugeote, mais découvrir cette vérité ne semblait pas perturber plus que ça.

“Bravo. Vous avez retrouvé votre intelligence. J'avais l'impression qu'elle s'envolait de temps à autre, pour vous transformer en une sorte de... chose. Avec des griffes.” Il n'était pas habitué à ce qu'une femme le secoue de cette façon, se montre persévérante et si forte. Ca lui changeait de son habitude d'homme fort, et ce n'était pas déplaisant - quoi qu'il n'appréciait pas du tout être considéré comme un cafard. “Je vous suis, Milady.”

Il s'échappèrent en direction de ce nouveau bureau, dont Leonardo prit le temps d'observer la décoration. Cette femme se prenait décidément pour Indiana Jones. Le nom sur la porte indiquait "Ferrante Cornelia", il avait enfin une identité à poser sur un visage. “Cornelia... Cornelia... Votre nom ne me dit rien. Pourtant les sbires de la PV, je les connais normalement. Vous ne devez pas être assignée au QG pas vrai ? D'avantage... Fouineuse, visiblement.”

Il se baladait dans la pièce, regardant chacun des bibelots présents sur les meubles, cherchant des indices sur son rôle, qui elle était. “A en croire ce que je vois, on n'est définitivement pas si différents. C'est vos capacité d'investigation que vous leur offrez, pas vrai ?” Il s'assit sur une chaise, croisa les jambes pour faire en sorte que son mollet gauche vienne sur sa cuisse droite, et attendit patiemment de savoir réellement qui il avait en face de lui.

Il commençait à trouver cela insupportable, d'essayer de discuter avec une folle à lier. Et ce pauvre poisson avait de la chance d'être simple d'esprit et de ne pas se farcir les élucubrations de Cornelia. Leonardo préférait n'écouter que d'une oreille, maintenant qu'il était certain qu'il n'y avait rien à faire pour redonner raison à la femme face à lui. Le mieux était encore d'attendre, de trouver une faille, et d'essayer de faire en sorte de l'exploiter pour qu'elle ne pose pas de problème.

“Payer ma place ? Et vous comptez faire ça comment, avec un deal rien qu'entre nous, camarade espionne ?” Il avait noté les pilules avalées quelques secondes plus tôt et songea à une façon d'utiliser cette nouvelle découverte. “La PV le sait, que vous n'êtes pas juste folle mais malade ?” Ils étaient sûrement au courant, mais comme rien n'était mieux valait d'abord tenter de se renseigner, si tant est qu'il faudrait pour cela une réponse avec du sens...

“C'est quoi d'ailleurs, ce que vous avez ? C'est au niveau de votre personnalité, non ?” C'était forcément cela, on ne pouvait pas passer du coq à l'âne sans gène à sa manière sans être atteinte d'un souci neuronal. Leonardo était un peu perdu devant une personne comme Cornelia, il ne savait pas comment la manipuler, encore moins comment la comprendre. Alors peut-être qu'il serait plus simple d'essayer d'agir comme elle, d'oublier les conventions, et de laisser ses "sentiments" prendre le dessus ?

Premièrement, venait la colère. Leonardo se leva de sa chaise avec agressivité. Elle contourna le bureau pour se retrouver du même côté que Cornelia et la plaqua contre ce dernier, une main sur ses hanches, l'autre tenant sa main. Elle aurait du mal à bouger si elle essayait, et Leo la regardait en fronçant les sourcils - ce qui détestait, il ne supportait pas cette ride du Lion qui se formait entre ses sourcils. “A moins que vous ne vous foutiez de moi depuis le départ ?!”
Puis soudain, la situation engendra un petit quelque chose de plus sensuel, qui lui ressemblait plus. Il agrippa les cheveux de Cornelia pour lui faire basculer la tête sur le côté et s'approcha dangereusement de ses lèvres. Juste avant de dépasser la limite, il réalisa que parfois, ça devait avoir du bon, ce genre de maladie. Pour la première fois depuis qu'il l'avait croisé, il se sentait lui-même. Ce qui le fit sourire de toutes ses dents.

Bipolaire, et Leo aurait pu en mettre sa main (ou plutôt un truc moins utile, comme un doigt de pied) à couper. Et elle avait raison, c'était en effet plaisant de se laisser aller, de faire ce que son cerveau veut faire au moment où il en a l'idée, de laisser ses pulsions devenir maîtresses de la situation. Leonardo avait presque l'impression d'être dans un film, avec l'un de ses personnages dont on ne comprend pas la réflexion, à qui l'on hurle à travers l'écran "Mais t'es un abruti, fais pas ça !".

Ce côté imprévisible plaisait à Leo autant qu'il l'effrayait réellement. Il cachait son jeu comme il le pouvait, mais en réalité, après ce faux coup de morsure, il était mort de trouille. Il retira son visage sans pour autant lâcher Cornelia et força son sourire à rester de marbre, intact. “Je pense qu'on est tous les deux bons pour hurler.” Cela ne lui déplaisait pas, que des jambes telles des tentacules s'enroulent autour de lui. Mais que ces jambes appartiennent à une dingue était moins rassurant. Il réfléchit un instant à la situation dans laquelle il était, et il explosa de rire. Il explosa littéralement, écroulant son buste tout entier sur Cornelia, s'agrippant autour de son cou pour ne pas tomber à cause de l'immobilité de ses jambes.

“Vous êtes... incroyable.” Il avait perdu ses moyens, et si l'une de ses anciennes conquêtes poussait la porte à ce même instant, elle ne le reconnaîtrait pas. Il était totalement vulnérable, inhabituellement peu confiant en ses capacités à se sortir de là, et on pouvait presque l'entendre crier "Sortez-moi de là".
“Je... Il faut que vous me laissiez partir. Je dois absolument retourner au QG pour leur parler de vous, ils vont adorer que la PV vous ait embauchée.” Il lui souriait encore, comme un enfant sourit à sa mère qu'il aime plus que tout. Elle était devenue pour lui une nouvelle mission à relever, avec enfin un peu de défi et de risque. “Dites-moi que malgré votre folie, vous buvez quand même des cafés, à l'occasion. Je... Je tuerais pour un café avec vous. ”

Il posa ses mains sur les jambes de Cornelia toutes entortillées autour des siennes, et commença à les pousser pour essayer de se sortir de là, sans la lâcher des yeux.

Un animal. Il fallait peut-être essayer de la considérer comme un animal, ainsi, elle n'aurait pas un comportement si perturbant et lunatique. Ou du moins, peut-être pas pour son espèce. Leo avait du mal à se débattre et ne voulait pas non plus frapper une femme. Il est peut-être un enfoiré, mais il a une éducation. Il se laissait donc faire, mener pas le bout du nez, dragué et menacé à la fois. Au fond, encore une fois, il avait peur. Mais son visage ne laissait apparaître que ce même grand sourire qui ne l'avait pas quitté.

Il ne faut pas non plus oublier qu'il n'est pas indifférent au charme de son interlocutrice, même si elle a beau, visiblement, ne pas l'apprécier. Se faire désirer ou se faire haïr, au final, ce n'est pas si différent. Entre les femmes qui le désirent et finissent par le haïr, et celles qui le haïssent et finissent par le désirer, le pas n'est que minime. Peut-être Cornelia serait une nouvelle catégorie, de celles qui le haïssent et finissent par le tuer à grand coup de couteaux en rigolant hystériquement. Il y songea un instant, et la légère tension sexuelle qui montait descendit rapidement. Sûrement le moyen de contraception le plus efficace jusqu'à ce jour : l'imagination.

“... Que je le garde pour moi ou pas, ils sont sûrement déjà au courant. Je suis pas le seul à faire mon métier, vous savez... Mais je préfèrerais éviter le cratère en haut du crâne donc, ça restera entre vous et moi.” Il poussa les joues de Cornelia pour la retirer de son lobe d'oreille, dont il comptait encore se servir un petit peu.
Lorsqu'il entendit le nom d'Adélaïde, et surtout l'histoire qui suivit, et déglutit. La tension évoquée plus tôt revenait en un claquement de cil, rien qu'en imaginant la scène - c'était une réaction masculine incontrôlée, il ne faut pas lui en vouloir. Jamais il n'aurait penser qu'elle... Enfin de toute façon, il ne soit pas quoi vraiment penser de cette femme, qui elle est et ce dont elle est capable est une énigme qui restera insolvable pour Leonardo. Et comme cette fois ses mensonges ne l'aideraient pas, autant qu'il reste lui-même, petit fils à papa coureur de jupons.

“Les toilettes, ce n'est pas intéressant. Un jacuzzi, il n'y a rien de tel. On en reparle quand vous voulez, vous avez ma carte.” Il réussit à se dégager une jambe de sa prison de chair, le reste était encore trop bien attaché.

Une jambe toujours coincée, Leonardo ne pouvait que la laisser lui retirer son attirail d'homme élégant. Comme tout le reste qu'il utilisait en temps qu’apparat, Leo n'aimait pas réellement mettre des cravates. Il ne le faisait d'ailleurs pas à chaque sortie, mais lorsqu'il avait la possibilité de croiser une personne qu'il connaissait, il essayait tant bien que mal de toujours avoir ce petit air arrogant mais distingué. D'autres diront qu'il a un balais entre les fesses, mais comme bon nombres de femmes témoignent aisément du contraire, il n'en aurait rien à faire.

Sans sa cravate, il se sentait presque nu. Non que ce soit déplaisant, plutôt qu'il n'en avait plus l'habitude maintenant. Nu, il l'était dans des moments de détente, pas lorsqu'il était en mission ou qu'il cherchait des renseignements pour son travail. Il avait regardé le doigt de Cornelia se balader pour défaire un bouton de sa chemise, et voler sa cravate pour l'enfermer à tout jamais en compagnie de ce qui semblait être une petite culotte. Il arrêta d'y penser, autrement il s'y perdrait, et s'avança une nouvelle fois près d'elle, la couchant presque sur le bureau. Il put ainsi défaire sa seconde jambe de son étreinte.

“Vous n'avez ni cravate en souvenir, ni chemisier à déboutonner. J'en serai presque triste.” Il commençait à reprendre confiance en lui, maintenant qu'il était de nouveau maître de ses pieds. Pour cette raison, il glissa l'une de ses mains dans le dos de Cornelia. La passant sous sa nuisette, en prenant bien soin de lui frôler les fesses, autrement le souvenir n'aurait aucun goût, il lui dégrafa son soutien-gorge en un pincement rapide et efficace. Des années d'entrainement.

“Appelez-moi, quand vous n'avez rien à faire.” Il approcha son visage du sien et lui vola un baiser forcé mais expéditif, ayant monté sa main jusque sur sa nuque. Il enleva cette dernière tout aussi rapidement et s'enfuit non-loin de l’entrebâillement de la porte tout aussi précipitamment, attendant un geste d'adieu de son nouveau bourreau.
En y réfléchissant, il frôlait presque le syndrome de Stockholm.