— WORLD SPINS MADLY ON — Clio [TERMINÉ]

Elle secoue la tête, enfonce ses mains dans les poches de son trench bleu marine. Elle roule des yeux, hausse les épaules. Tous ces gestes qui ne trompent pas : désolée mon gars mais je n’en ai rien à foutre. C’est dingue, quand même. Tomber sur Miguel, une deuxième fois, dans la même rue. Il recommence son numéro de charme, déroule la queue comme un paon. Elle soupire suffisamment bruyamment pour qu’il se rende compte qu’elle n’est pas plus intéressée par lui que par une chasse au vers de terre. C’est cruel à dire mais c’est comme ça. Elle se retourne, va pour s’en aller loin de lui et de ses copains qui regardent la scène en commentant tout bas. Elle sent sa main qui se referme sur son poignet, elle met fin au contact d’un geste sec. Il lui demande si c’est à cause du garçon de l’autre fois, l’autre enculé de merdeux avec son verre d’eau, celui du bar avec qui elle flirtait ouvertement, salope. Elle répond qu’il n’a rien à voir dans tout ça, que si elle apprend qu’il l’a touché, elle lui enfoncera ses talons tellement profondément dans les couilles qu’il éjaculera par les mauvais trous. Qu’elle n’est pas partie pour rien, que ce n’était qu’une histoire de compatibilité. C’était clair. Clio et Miguel étaient incompatibles.

Elle repart, il la rattrape encore une fois. Cette fois, elle en a marre et elle le lui fait savoir en lui criant le plus de choses possibles. Il est con, vraiment con. Et inintéressant. Elle s’est trompée la première fois qu’elle lui a adressé la parole. Maintenant, elle veut que ça s’arrête, qu’il arrête. Elle appuie chacun de ses mots. Elle s’en fout des gens qui la regardent. Ils doivent bien comprendre qu’elle en a marre. Rien qu’en regardant Miguel, on en aurait déjà marre. C’est un bébé joufflu, un fils à papa et maman, le genre à qui on ne refuse rien. Egoïste, il ne s’intéresse qu’à son propre intérêt. Un sourire mauvais, elle agite ses doigts en face de son visage et elle se retourne. Ça, c’est fait.

Elle avance de quelques pas, suffisamment pour s’éloigner des gémissements de Miguel. Elle a mal à la tête de s’être énervée. Mal à la tête d’avoir passé sa nuit sur deux masques. Mal à la tête d’avoir entendu les roucoulements de cinq couples aujourd’hui. Elle épie les amoureux sur les bancs, elle se retient d’éternuer derrière eux quand ils s’embrassent. Elle avise la terrasse d’un café, bondé. Elle remarque une place à une table. L’homme est face au soleil, elle adore l’avoir dans le dos, le soleil. Elle s’habille de son plus beau sourire et les mains toujours dans ses poches, elle s’avance vers lui. Elle pose une main sur le dossier de la chaise, regarde l’homme.

Clio – Je peux m’asseoir avec vous ? A moins que vous n’attendiez quelqu’un… ?

Il n’attend personne, elle prend place. Elle lui sourit, promène son regard sur la rue, les gondoles. Ça fait longtemps qu’elle a fait une balade en gondole. Une vraie, bien touristique comme ça. Romantique, aussi. Sauf qu’elle n’aurait personne à embrasser en riant. Rien à battre. Elle avait choisi d’être la malheureuse qui soupirait, accoudée sur le pont des soupirs. Et elle le vit bien. Elle le vit vraiment bien. Elle enroule distraitement une mèche autour de son doigt. Il lui adresse la parole. Elle sursaute, reporte son attention sur lui. Il lui a demandé ce qu’elle voulait, elle regarde le serveur.

Clio – Un martini blanc, merci.

Elle observe l’homme avec qui elle partage la table. Il trempe ses lèvres dans un café au lait. Il a les cheveux en bataille, il semble épuisé. Elle se mord la lèvre. Elle pense à tellement de choses, ce soir qu’elle n’est pas très causante. Reprends-toi, Clio. Elle secoue la tête, lui offre un sourire.

Clio – C’est bon, je peux payer. Je vous ai déjà piqué une partie de votre table, je ne vais pas abuser de votre générosité.

Elle porte une main à sa bouche, mordille et arrache les peaux mortes qui dépassent. Ça lui fait mal parfois mais elle s’en fout. Elle entend un cri, derrière elle. Son nom. Elle pense qu’elle a entendu son nom alors, elle se retourne. C’est Miguel, elle soupire. Marmonne un « non mais ce n’est pas possible… » en roulant des yeux. C’est l’autre qui intervient, cet homme en face d’elle. Il place sa canne sur le passage de l’autre abruti pour que celui-ci s’étale de tout son long sur les pavés. Elle regarde l’autre, perplexe. Puis, elle regarde Miguel et une grimace mauvaise se dessine sur ses lèvres. Elle se penche pour rapprocher son visage de sien.

Clio – Miguel. Je vais tellement, tellement prendre mon pied avec toi, quand je te déformerai la face…

Elle promène ses doigts sur la table, trouve la cuiller de l’inconnu et l’empoigne pour la passer sous le nez de Miguel. Elle passe sa langue ses lèvres et s’arrange pour parler avec le ton le plus froid qu’elle a en rayon.

Clio – Tu vois cette cuiller ? Cette charmante, cette mignonne petite cuiller… Je vais te l’enfoncer tellement profondément dans les orbites que tes yeux globuleux de Tarsier vont faire un « blop » quand ils sortiront de leur nid. Ensuite, je te forcerai à les avaler rond. Maintenant, tu vas te relever, tu vas tourner les talons et tu vas disparaître de ma putain de vie avant que je ne te bute réellement.

Elle le regarde, bat des cils.

Clio – Ne m’oblige pas à compte jusqu’à trois.

Elle repousse une mèche de cheveux derrière son oreille, se redresse en même temps que Miguel, à la différence qu’elle, elle reste assise sur sa chaise. Quand il disparaît complètement, elle se retourne vers l’homme assis et lui rend sa cuiller. Elle éclate de rire.

Clio – Rien que pour ça, ce que vous lui avez fait, je vous invite. Je paierai. Et désolée, pour votre cuiller…

Elle rit encore un peu, secoue sa tête pour dégager ses cheveux.

Clio – Je m’appelle Clio.

Il est parti, elle ose espérer qu’il ne reviendra pas. Pas demain, pas dans une semaine, pas même dans trois mois. Elle espère qu’elle n’aura plus jamais à le revoir. En même temps, elle ne peut pas entièrement le blâmer. Elle est responsable, en partie. Elle lui a donné de faux espoirs, elle l’a quitté sans lui donner plus d’explications que ça. Mais il serait temps qu’il se fasse une raison, qu’il trace une croix sur son visage. Eux deux, s’il y avait eu une histoire, ça n’aurait pas duré plus d’une nuit. Clio savait qu’elle était incapable de s’attacher à ce genre d’homme. Ce genre auquel Milo appartenait. Le genre à revenir la queue entre les jambes, en couinant. Elle secoue la tête pour se débarrasser d’eux. Les reléguer au rang de souvenirs. Elle rit, il dit que ça fait longtemps qu’il voulait le faire. D’accord, d’accord. Il dit s’appeler Istvan. Elle n’a jamais entendu ce nom auparavant, ça l’intrigue.

Clio – Istvan ? C’est bizarre, je n’ai jamais entendu ce nom auparavant. De quelle origine est-ce ?

Elle regarde autour d’elle. Certains les dévisagent. Comme le type, à la table d’à côté. Un gros plein de soupe, gras, luisant, une calvitie naissante. Il regarde la canne, la jambe d’Istvan puis son visage. Elle fronce les sourcils. Il est totalement happé par cette canne. Elle croise les bras sous sa poitrine, remercie du bout des lèvres le serveur quand il dépose devant elle son martini. Elle fixe l’homme qui ne semble pas faire attention à elle. Et ça l’énerve encore plus.

Clio – Hé. Vous. Oui, vous.

« Quittez la ville. » est la suite de la réplique. C’était dans quoi, ça… Bob l’Eponge. Elle jurerait que c’était dans Bob l’Eponge. Oh mais pourquoi elle pensait à ce dessin animé stupide et sans intérêt dans un moment pareil.

Clio – C’est à vous que je parle. Vous ne vous rendez pas compte que à quel point c’est impoli de fixer les gens de la sorte ?

Elle secoue la tête, ramène ses boucles auburn sur le côté.

Clio – Est-ce que je vous dévisage, vous ? Non. Et pourtant, je pourrais vous dévisager parce que vous avez une de ces patates obèses à la place du nez.

Elle claque des doigts, pointe le canal de son index.

Clio – Alors maintenant, vous allez regarder ces jolies gondoles passer sur le canal. Compris ?

Elle soupire, regarde Istvan en souriant.

Clio – Franchement, les gens de nos jours…

Tu parles comme une vieille.

Il est Hongrois. Un Hongrois de Hongrie. Elle se dit que la Hongrie, ça doit être joli à visiter. Enfin, certains coins doivent être jolis à visiter, elle se passera des autres. Elle tient à la vie, au contenu de son sac à mains et à tout le reste. Elle prend une gorgée de son Martini. Toutes ces menaces jetées dans la figure des gens, ça lui a donné soif. Elle repose le verre sur le sous-verre cartonné, à l’effigie d’une bière.

Clio – Ça explique l’accent, dans votre voix. Je ne l’avais pas reconnu. Il faut dire que les Hongrois, ça ne court pas les rues – ou du moins, ma rue. Je vois beaucoup de Français, d’Anglais, d’Italiens, aussi. Mais je vois peux d’Hongrois, voire même pas du tout.

Elle fait tourner le verre sur la table du bout des doigts, elle regarde autour d’elle. L’homme à la patate suit ses conseils, il évite soigneusement son regard. Elle est satisfaite, elle sourit.

Clio – C’est bien, la Hongrie ? Moi, je n’ai jamais quitté Venise. Je suis née à Venise, je mourrai probablement à Venise – je devrai peut-être l’inscrire, dans mon testament, « mourir à Venise ».

Elle hausse les épaules quand il la remercie, replace une mèche de cheveux derrière son oreille et reprend une gorgée de Martini. L’alcool lui brûle la gorge, ça fait du bien. Elle roule des yeux, coule un regard sur le côté pour surveiller les yeux de Monsieur Patate. Il ne bronche toujours pas. On dirait qu’il se dépêche de boire son verre pour partir plus vite. Clio en ronronnerait presque.

Clio – C’est rien, c’est gratuit. Ça m’a fait plaisir – non pas que ça me fasse plaisir d’être méchante mais je me dis que si c’était moi qui avais un problème, je n’aimerais pas qu’on me dévisage. Alors, je me dis que c’est sans doute pareil pour les autres.

Elle passe une main sur sa nuque en soupirant.

Clio – Avoir un problème à la jambe, ce n’est pas une tare, ça peut arriver à tout le monde. Puis, il y a des hommes qui ont du succès malgré ça. Regardez… Euh… Le Docteur House ! Il a la classe, quand même… Ouais, bon. Je manque de tact, sur ce coup-là, pardon. C’est le seul exemple qui m’est venu naturellement.

Elle lui sourit, le menton dans la paume de sa main, le coude sur la table.

Clio – Vous travaillez dans quoi, sinon ?

Elle ne saura jamais à quoi ressemble la Hongrie. Tant pis, elle se contentera des photos qu’elle trouve sur Google Image. Oh, c’est tout aussi bien. Elle fait ça, quand elle s’emmerde chez elle. Elle allume son ordinateur, chipote un peu sur des boutiques en ligne en se demandant si telle ou telle robe bleue marine lui ira, puis elle tape un mot au hasard et elle regarde les images défiler. Elle se fait des films, elle imagine ce que ça donnerait si elle partait en vacances là-bas. Seule ou entre copines, qu’importe. Elle ne sait pas pourquoi, mais ses voyages imaginaires tournent toujours à la catastrophe. Elle rigole. Il paraît qu’elle a plus de tact que son stagiaire.

Clio – C’est qu’il doit voler bien bas, le pauvre ! Déjà que je ne vole pas très haut…

Il est médecin légiste. C’est quoi, ça ? Ce sont les mecs qui découpent les cadavres, non ? Ouais. Ouais, c’est ça. Elle bat des cils. Oh merde, alors. Ça existe vraiment – oui, bien sûr. Elle sait que ça existe vraiment, que ce n’est pas une histoire inventée par les séries américaines. Mais quand même. Elle ne peut pas s’empêcher de pousser un « wow », admirative jusqu’au bout des ongles.

Clio – Ça alors, c’est terrible ! C’est la première fois que je rencontre un médecin légiste !

Elle retient de battre des mains comme une petite qui découvrirait que pour Noël, elle recevait un poney. Allons, il est médecin légiste, ce n’est pas une tare ça non plus. C’est juste… La classe. C’est la classe. La classe totale, la grande, grande classe. Elle lui sourit.

Clio – Ça fait longtemps que vous exercez le métier ?

Oh, à la vue de sa tête crevée, tu peux te douter que oui, ça fait. Elle reprend une gorgée de Martini, il a recommandé un café.

Clio – Ça doit vraiment être génial, comme métier – enfin, si on aime les odeurs de javel, les cadavres et les morgues froides, bien sûr – mais je trouve ça intéressant. Moi, j’aurais été incapable de faire médecine si j’avais continué mes études…

Elle rigole encore une fois. Miguel s’est enfui, elle a retrouvé sa bonne humeur habituelle. Ou peut-être que ce n’est que l’effet du Martini sur son estomac vide. Elle décide de croire que ce n’est pas ça. Elle préfère rire que pleurer, de toute manière.

Clio – Alors, j’ai une question – une question stupide, je le conçois – mais…

Elle enroule une mèche autour de son index, reprend un peu de son Martini. Pour le courage. Elle décide de partir du principe qu’aucune question n’est stupide.

Clio – Est-ce que c’est comme dans les films, les séries. Du style… Mh. NCIS ?

Clio avait ce besoin primitif de rallier tout ce qu’elle entendait à des images. Ainsi, après d’intenses réflexions, elle avait sorti la seule série qu’elle connaissait dans laquelle le légiste avait quand même une importance certaine. Elle avait bien pensé à Esprits Criminels mais elle ne se rappelait pas avoir vu un légiste dedans. Bones, ce n’était pas exactement un légiste – c’était un truc s’en approchant, elle ne revenait plus sur le nom. Elle aurait pu citer Castle mais NCIS restait quand même l’exemple le plus flagrant. D’accord, le détergent, ça ne dérange pas tant que ça. Elle se dit qu’à force, ils doivent être complètement shootés à la fin de la journée. Tu m’étonnes, qu’il faut penser à la réorientation si on tombe encore dans les pommes après deux ans d’autopsie… Elle rigole quand il parle de son stagiaire. C’est la deuxième fois.

Clio – Vous lui en voulez, à votre stagiaire… Il ne doit pas être bien méchant, je me trompe ?

Plus de temps d’autopsie. Mais dans les lignes générales, c’est pareil. La paperasse, le dictaphone. Comme dans les séries ou les romans qu’elle lit le soir. Elle hoche la tête en souriant.

Clio – En même, si vous deviez encore aller jusqu’à la centrale de police alors que c’est eux qui vous demandent de l’aide sur une affaire… Ce serait fort.

Elle passe une main dans ses cheveux, regarde le canal. Sur l’eau, un couple de touristes se fait conduire en gondole. Ils sourient comme deux niais, prennent des photos des bâtiments, des ponts sous lesquels ils passent. Et ils prennent des photos d’eux, aussi. Un coup ils sourient normalement, l’autre ils font une grimace. Ils tirent la langue, s’embrassent. S’ils font la même chose partout, elle n’ose pas imaginer le nombre de clichés accumulés en une seule journée de visite. Elle se dit que demain, elle aura probablement un couple comme ça, dans sa boutique, à qui elle devrait dire en italien, en anglais ou même en français « pas de photos, merci. ». Elle va passer du coq à l’âme, la joue dans la paume de sa main.

Clio – Il y a toujours autant de couples à Venise… Depuis que je suis petite, je ne vois que ça, des lunes de miel à Venise.

Des lunes de miel, des anniversaires de mariage.

Clio – Figurez-vous que tout à l’heure, j’ai eu à faire à un couple qui prenait des vacances à Venise pour fêter leurs noces d’Or. Cinquante ans de mariage, qu’ils m’ont dit. Ils voulaient revenir sur les lieux de leur lune de miel. Même hôtel, même planification touristique. Enfin, ils ont fait un crochet par chez moi pour rapporter des masques à leurs petits-enfants.

Elle soupire, sourit à Istvan.

Clio – C’est le genre de couples que j’aime encore bien.

Le genre de couple qu’elle aime, oui. Parce qu’ils ne font pas chier. Ils ne vous étalent pas un bonheur spongieux sous le nez, ne s’appellent pas par des surnoms hideusement mignons et gardent de la pudeur. Non, ils avaient des limites – et de l’âge aussi. Vraiment le genre de couple qu’elle supporte encore assez bien. Elle a plus de mal avec les jeunes couples, avec les babillages, les histoires de la première rencontre qu’ils racontent à qui les écoutent encore. Ils ne pensent pas à mal, ils cherchent dans leur entourage commun une personne célibataire pour vous accompagner. Un sale moche, aux chemises sales, du duvet sur le coin des lèvres. Bien gentil mais tellement lourd.

Elle apprend sur le coup qu’Istvan est célibataire – en instance de divorce depuis cinq ans. Que son mariage n’a même pas tenu cinq ans. Décidément, le chiffre cinq ne lui porte pas chance. Elle hausse les épaules, en souriant toujours. Elle peut comprendre qu’il ne parvienne pas à sourire. Elle, elle sourit pour cacher tout ça.

Clio – Ma dernière relation n’a pas tenu trois ans.

Comme si ça pouvait le rassurer. La prochaine fois, tu tourneras la langue sept fois dans ta bouche avant de parler de ce genre de sujets avec une personne que tu ne connais pas. Tu sais avec qui tu peux parler de ça, en plus… Avec Gianbattista, Maxine. Tu peux même t’acharner sur ce sujet avec Doralice. Pourquoi diable t’acharnes-tu à parler de ça avec les inconnus, alors ?

Clio – Enfin, ça, c’est ce que je croyais. Après, j’ai compris qu’il avait passé deux années sur les trois à me tromper avec deux autres femmes, alors…

Elle hausse les épaules en souriant. Toujours ce sourire infatigable. Il devrait fatiguer n’importe qui, ce sourire. Et pourtant, elle l’ancre sur ses lèvres toute la journée – ce ne serait même pas surprenant d’apprendre que tu souris dans ton sommeil.

Clio – Bah ! La vie est ainsi faite.

Elle lève son verre dans sa direction en riant.

Clio – A la santé des histoires foireuses !