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All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125
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 All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125



Cal Gray
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MessageSujet: All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125   All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125 Empty19.07.16 21:17 par Cal GrayCiter Editer Supprimer 




Les rares clients qui sont au rendez-vous ce soir ont déjà été servis.
Le patron essaie, encore et toujours, de savoir de quoi exactement est composé le liquide vaisselle qu’il achète lui-même.
Antonine râle en semi-silence, à s’occuper des lettres auxquelles elle doit répondre dans la prochaine édition du journal de Pelagia. Tad est même passé pour avoir son repas du jour.
Et Clio. Clio fait ce qu’elle a à faire. C’est tous plus ou moins ce qu’ils font, sauf que Light se demande encore à quoi la composition du liquide vaisselle peut servir. Seis n’en démord pas, il réussira bien à savoir quels en sont les composants, mais l’utilité d’une telle découverte échappe encore au mercenaire. A moins que l’ex-plastiqueur ne découvre que le savon qui permet de nettoyer les verres peut aussi faire sauter un bâtiment quelconque dans la cité, le QG de Magnus, par exemple.
Quelque chose comme ça.

Light soupire. Non. Décidément. Le mystère du liquide vaisselle restera aussi gluant qu’à ses débuts. Finalement, il se détache de son coin pour venir voir ce que Nine fait. C’est l’une des rares occasions qu’il a de pouvoir la charrier un peu, ce n’est certainement pas dans le bar du patron qu’elle lui mettra un flingue sous le nez, même si elle en aura sans doute très envie.

« Y a des jours je me demande où tu peux trouver l’inspiration nécessaire pour leur répondre. C’est pas un peu désespérant par moments ? »

Bien sûr que ça l’est, et le grognement qu’elle lui adresse lui dit clairement d’aller voir ailleurs si les bulots y sont. Le barman s’exécute, les mains à hauteur des épaules. Non. C’est bon. Je m’en vais. Pas la peine de me faire regretter ce que j’ai dit maintenant, de toute façon je sais que tu vas prendre ta revanche, tu le fais toujours. De toute façon, entre eux, c’est toujours comme ça. Ils se cherchent mutuellement des noises, pinaillent sur l’efficacité de tel ou tel flingue.
Les seuls moments où ils sont d’accord, c’est pour dire aux autres de se taire.
Pour dire à Seis de rester en vie, ou quelque chose d’approchant.
Et sinon, le liquide vaisselle ?
Un client paie ses consommations, part, et c’est le seul événement marquant des dix prochaines minutes dans le bar. Calme, certes. C’est le but de départ. Mais trop calme pour Light qui préfère le bruit des vagues au silence épais des fonds marins, à ceci près qu’il n’a jamais eu l’occasion d’entendre le premier. Il a pris l’habitude de nager dans le bruit.

D’ailleurs, en parlant de bruit, c’est la porte du bar qui vient de s’ouvrir.



Eirlys S. Hilbilge
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MessageSujet: Re: All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125   All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125 Empty19.07.16 23:00 par Eirlys S. HilbilgeCiter Editer Supprimer 

    L'opale du Chat. Une pierre qu'elle a toujours appréciée, l'opale et les chats sont un bon présage à ses yeux. Elle regarde la porte de cet endroit où travaille Clio, ses hauts talons dans sa main, la pointe de ses pieds frôlant le sol, les talons en l'air. Elle a une étrange grâce venue de ses années de danse et de maintien. Quelques boucles de ses longs cheveux s'échappent de son chignon, dansant elles aussi dans son dos. Sa robe de soirée, ornée d'une tâche plus sombre qui descend de son décolleté jusqu'à son nombril. Elle sent toujours l'alcool. L'humidité s'est dissipée. Elle a mal au cœur mais est toujours debout, perdue, éteinte, debout. Est-ce à cause de Gil ou la suite de l'étrange crise qui l'a saisie d'un coup, elle ne sait pas. Elle ne sait plus grand chose, elle qui avait toujours avancé soutenue par des certitudes.

    La nuit bat son plein. Après avoir quitté Gil et la soirée, elle a erré un long moment dans les méandres du niveau 1 puis les escaliers du niveau 2. Evidemment, son maintien et sa tenue lui ont valu des remarques plus ou moins distinguées en fonction du niveau mais son ancien ami avait raison, rien de grave, rien qui ne puisse porter à préjudice. La fatigue continue de la ronger, accentuant ses traits, agrandissant ses yeux hagards. Elle pousse la porte, aspirée à l'intérieur par les éclairages et les meubles art-déco. Il n'y a pas grand monde. Une femme dans un coin travaille, un homme proche d'elle. Ami ? Amant ? Les deux ? Qui sait. Il y a une ombre frêle dans un coin, et la rousse qui travaille et qui ne l'a pas encore vue. C'est elle qu'elle est venue voir. Maintenant qu'elle sait qu'elle ne sait rien, elle a besoin d'apprendre et elle n'a personne d'autre à qui demander.

    Elle s'avance. L'homme l'a probablement vue, peut-être les autres aussi. Elle doit avoir l'air ridicule aussi elle s'arrête pour remettre ses talons en place et continue à traverser la salle vide avec la même aisance qu'auparavant. L'habitude. Sans s'arrêter, elle marche jusqu'au bar, se hissant sur un des hauts tabourets. Elle ne sait pas ce que l'on sert dans ce genre d'endroit. Elle aimerait quelque chose qui ne soit pas trop calorique. Avec des bulles. Une eau pétillante au citron ou quelque chose dans ce goût là. Du thé sinon. Au pire un verre de quelque chose d'alcoolisé qu'elle ne boira pas. Comme personne ne l'a vandalisé, elle a toujours dans sa jolie pochette d'apparat assez d'argent pour vivre un bon mois dans le niveau 3, une bonne décade dans le niveau 2, un jour entier au niveau 1. Elle ne rentre pas ce soir. Demain. Et elle affrontera son père et la légendaire colère des Hibilge. Demain.

    Demain. Demain, le niveau 1 pourra exploser. Ce soir, elle veut juste fuir.

Clio Chatterton
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MessageSujet: Re: All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125   All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125 Empty21.07.16 20:41 par Clio ChattertonCiter Editer Supprimer 

Clio nettoyait les verres. Certes, il y avait plus distrayant comme occupation. Elle aurait pu lire – si tant est qu’elle ait apporté un livre avec elle. Elle aurait pu parler. Avec Light ou avec Antonine, assise au comptoir à rédiger ses lettres. Elle lançait bien deux-trois phrases, de temps en temps quand Antonine lisait à voix haute un passage. Ainsi, Clio exposait-elle sa culture romantico-cynique en évoquant des princes charmants coincés au rayon des biscuits et autres « De toute façon, l’amour dure trois heures. Après, ils sont heureux, ils rentrent chez eux. ». Parfois, elle ponctuait un passage par un bon « Assumez vos couilles, bordel ! » ou grognait un truc sur la niaiserie des femmes avant de se remettre à essuyer frénétiquement les verres, sans risquer de les casser. Le bar est vide et apparemment, elle n’est pas la seule à se faire chier. Même les clients n’ont pas l’air heureux.

La porte sonne, annonçant l’entrée d’un nouveau client. Clio, sur la pointe des pieds, essaie de remettre un verre sur une étagère avant de se retourner, l’éternel sourire chaleureux qu’elle offre aux clients. C’est comme de la prostitution, se souvenait-elle avoir un jour dit. Son sourire s’accompagne d’habitude d’un pétillant « Bonsoir ! » mais cette fois, rien ne sort. Clio se contente d’observer Eirlys, un « oh » muet inscrit sur les lèvres. Elle contemple les dégâts d’une soirée qu’elle imagine arrosée et plutôt chicos, à en croire la tenue. Elle bat des cils, fronce les sourires et un sourire mi-interrogateur, mi-moqueur se dessine sur ses lèvres.

« Eirlys ! Quelle apparition ! Tu es… Tu n’es pas comme d’habitude parce que d’habitude, tes cheveux sont mieux attachés que ça mais… Oh, par Jo’Trab, Eirlys ! Qu’est-il arrivé à cette si jolie robe ? Et à ton maquillage, aussi, parlons-en… »

D’un coup, elle redevient la Clio que les autres attendent qu’elle soit. La Clio prête à ne pas se coucher pour écouter un ami. La Clio qui encaisse, la Clio qui écoute sans se plaindre, qui dispense des conseils juste comme ça, pour motiver les autres. La Clio des autres. Son sourire disparait, elle reprend l’air grave des grandes circonstances et elle se déplace le long du zinc pour se mettre en face d’Eirlys, même si pour ça, elle doit pousser Light d’un coup de hanche.

« Respire un grand coup et raconte-moi le pourquoi du comment tu en es arrivée à tâcher ta robe et à venir t’abandonner ici… Et dis-moi ce que tu veux boire, je te paie un verre. A ta mine déconfite et aux traces de mascara sous tes yeux, je devine que tu en as grand besoin. »





Dernière édition par Clio Chatterton le 22.07.16 21:56, édité 1 fois

Eirlys S. Hilbilge
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MessageSujet: Re: All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125   All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125 Empty22.07.16 19:47 par Eirlys S. HilbilgeCiter Editer Supprimer 

    La sollicitude de Clio la prend totalement par surprise. Son sourire, son étonnement si visible sur son visage mobile et puis ses questions, teintées d'humour plutôt que de pitié la frappent de plein fouet, menaçant de faire à nouveau déborder le vase de ses émotions. Mais Eirlys, même assise, est debout. Elle a reprit le contrôle et ferme mentalement le robinet de ses sensibilités. Si la crise est toujours là, si elle est de plus en plus conscience de son état lamentable, elle refuse de se laisser aller à nouveau aux pleurs, se contentant de regarder son amie, inconsciente de l'air d'enfant apeuré qu'elle doit avoir derrière les traînées de maquillage. Elle se penche, attrape un coton dans son aumônière, versant un peu de démaquillant dessus pour se le passer sur le visage avec une mimique de chaton qui éternue. L'ouate est teintée de noir mais au moins, si on voit moins bien ses yeux d'acier, ceux ci ne sont plus entourés que de cernes. Il faudra plus qu'un produit magique pour les ôter celle là. Toujours sans répondre, elle attrape ses deux mèches folles pour les nouer dans le chignon. Elles tomberont bien assez tôt. Il n'y a rien qu'elle puisse faire pour la robe. S'écouterait-elle, elle l'enlèverait simplement mais un reste de pudeur la retient. Elle n'est pas assez partie pour ce genre de folie là. Posément, elle range ses affaires dans son sac à main qu'elle pose sur ses genoux et lève le regard vers la jeune femme à présent en face d'elle, prenant une grande inspiration.

    « Un maladroit m'a reversé l'équivalent d'une bouteille de champagne sur le torse. » Elle frissonne au souvenir de cette agression. Oui, elle sait bien qu'à l'échelle des vraies catastrophe, ce n'est rien mais ça avait été soudain et très violent pour elle que ces tintements, le bruit du verre brisé et le nectar alcoolisé collant à sa peau. « J'ai peur de ne pas pouvoir remettre cette robe. C'est dommage. »] L'autre elle, celle de d'habitude aurait haussé les épaules avec un sourire et embrayé sur les prix des tailleurs ou le sourire de son prochain couturier. Curieusement, elle n'arrivait plus à mentir comme ça et l'hypocrisie qui avait pourtant été la base de son éducation lui semblait comme un lac de pétrole, visqueuse et mortelle. Elle n'arrivait plus à faire ce qu'elle savait faire. Elle se mord la lèvre inférieure, remettant derrière son oreille une énième boucle vagabonde. Que dire d'autre ? Il était assez évident qu'elle avait craqué. C'était tellement stupide de craquer ainsi alors que des gens du niveau de Clio vivaient bien pire tous les jours.

    « Je...j'aurais aimé dire que je ne suis venue que pour te voir mais en réalité, j'ai besoin de ton aide. » Elle espérait que, cette fois, cette prière ne serait pas vaine et qu'on pourrait vraiment l'aider à se reconstruire. « Mais cela peut attendre, je ne veux pas te distraire dans ton travail. Si tu veux bien, je vais juste me prendre quelque chose à boire et attendre la fin de ton service. Je peux payer, ne t'en fait pas. Qu'est ce que vous servez ici ? »

Cal Gray
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MessageSujet: Re: All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125   All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125 Empty22.07.16 20:33 par Cal GrayCiter Editer Supprimer 




Le temps pour Light d’aller récupérer les verres des clients qui partent et d’encaisser l’argent des consommations, de caser les pourboires dans le bocal prévu à cet effet, Antonine a l’air d’avoir oublié qu’elle rêve probablement de le tuer deux ou trois fois de plus que ce qui est prévu à la base. Il ne s’en plaint pas. Il laisse Clio s’occuper de la nouvelle arrivante. Elles ont l’air de se connaître, et bien qui plus est. Il leur jette un coup d’œil en allant jusqu’à l’évier pour nettoyer les verres et les sécher, tranquillement.
De là où il est, il entend parfaitement ce qui se dit. J’ai peur de ne pas pouvoir remettre cette robe. Le barman arque un sourcil, se tourne vers Antonine, attendant qu’elle réagisse pour la regarder l’air de lui demander, très sérieusement, s’il a bien entendu.
Pour un peu, sur ses lèvres se formeraient les mots elle a quand même pas dit ça ?, mais elles restent immobiles et la journaliste se contente d’un haussement d’épaules que Light lui rend aussitôt avant de retourner à sa vaisselle.

C’est bien les gens du niveau 1, ça, de préférer remiser ce qui a été abîmé plutôt que de le rattraper avec les moyens du bord. Pas comme si le niveau 1 était connu pour être un adepte des économies.
Une fois les verres nettoyés, il revient vers Antonine, attrape une des lettres déjà ouvertes pour lire les premières lignes. C’est désespérant. Profondément désespérant. Un peu comme la remarque sur la robe, qui tourne dans sa tête.
Elle a quoi, d’abord, cette robe ? A part qu’elle coûte sûrement une bonne partie, si ce n’est la totalité, d’un mois de salaire au service de Seisyll dans un bar plus calme que les tréfonds de la fosse des Mariannes les trois quarts du temps.

C’est bien parce que Seisyll n’est pas loin qu’il ne s’est pas fendu d’un commentaire. Il rend la lettre à Antonine qui le remercie en haussant vaguement un sourcil et le laisse retourner vaquer à ses occupations, qui sont principalement se tenir de son côté du bar et observer les alentours.
Observer la nouvelle venue. L’air de rien. Jamais trop longtemps, pour qu’elle ne s’en rende pas compte non plus. Un ou deux regards, ici et là, toujours posés sur des détails. Les cernes sous ses yeux. La couleur de ses yeux. Les traces de maquillage que le coton a épargné. La coiffure qui a probablement connu de meilleurs jours.

Finalement, il se tourne de nouveau vers Antonine.

« Tu veux de l’aide ? »

Non, bien sûr que non. Ça coûte rien de demander, ceci dit.



Clio Chatterton
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MessageSujet: Re: All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125   All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125 Empty22.07.16 22:12 par Clio ChattertonCiter Editer Supprimer 

Et sous ses yeux, Eirlys se transforme. Elle efface la majorité des traces d’un maquillage fuyant, remet ses cheveux en place. Eirlys redevient l’Eirlys qui maîtrise mais elle ne trompe personne. Clio a connu tellement de personnes au bord du gouffre qu’elle distingue les catégories de ceux qui pensent maîtriser et de ceux qui maîtrisent. Eirlys parle de sa robe, de bouteille de champagne. Clio se penche pour regarder la tâche s’étalant sur le tissu. Elle fronce les sourcils, grave.

« Tu ne vas pas jeter cette robe, Eirlys. Ce serait du gâchis. Même l’utiliser pour récurer les sols ou les bassines, ce serait du gâchis. Allons, elle n’est pas faite pour les ordures, cette robe, ni même pour être remisée dans une armoire en attendant la prochaine lune. » Clio expire profondément, s’adoucit. « Tu veux que je regarde ? Que je l’arrange ? J’ai fait des ménages, des lessives, des repassages. Je dois sûrement encore avoir un produit miracle remisé au fond d’une armoire. Un produit miracle, un peu d’huile de coude… Ta robe sera comme neuve et tu pourras le porter à nouveau, au prochain bal. Elle te va si bien, ce serait dommage, tu ne trouves pas ? »

Clio se détache du comptoir. Eirlys lui avoue avoir besoin de son aide et Clio lui sourit, attendrie. Elle balaie les excuses de son amie de la main, toujours souriante et se hisse sur la pointe des pieds pour attraper un verre.

« Je peux travailler en parlant, tu sais. Récurer des verres et ranger des bouteilles, ça ne demande pas une attention toute particulière, je peux faire deux choses en même temps. Puis, c’est vide pour le moment. Ce n’est pas comme si nous devions gérer une salle pleine à craquer. » Clio pouffe légèrement tout en s’activant autour du verre qu’elle a délogé. Elle y verse quelques centilitres de « Pimm’s », de la liqueur de cerise, un soupçon de Gin et arrose le tout de champagne. « Ne te tracasse pas pour le verre. Je te le paie, ça me fait plaisir. Tu as bien payé le thé la dernière fois, c’est bon. » Elle dépose le verre devant Eirlys et essuie ses mains sur son tablier. « Je t’écoute. A moins que ça ne te dérange de discuter là, dans un bar. Si tu préfères attendre, c’est toi qui vois. Mais si tu es prête à te lancer, avale une gorgée et parle. »

Pas loin d’elle, elle surprend la voix de Light qui demande quelque chose à Antonine. Et elle se rappelle subitement qu’ils existent, eux aussi.

« Mais… Avant que tu ne parles, il faut que je te présente… » Deux ou trois pas sur le côté, Clio abat sa main sur celle de Light et l’entraîne avec elle sans ménagement. « Il faut que je te présente Light ! … Enfin, c’est Cal mais il préfère Light… Bref ! C’est Light ! Tu te souviens, l’homme dont je te parlais la dernière fois. Mon ami d’enfance. Light. » Elle tend une main vers Eirlys, se penche sur le côté pour observer le visage de Light. « Light, voici mon amie, Eirlys. »





Dernière édition par Clio Chatterton le 23.07.16 20:03, édité 1 fois

Eirlys S. Hilbilge
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MessageSujet: Re: All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125   All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125 Empty22.07.16 23:30 par Eirlys S. HilbilgeCiter Editer Supprimer 

    L'indignation de l'inconnu passa totalement inaperçue aux yeux de la jeune femme. Que lui importait le jugement d'un barman d'un bouge – même propre – du niveau 2 ? Les sourcils froncés de Clio l'ennuyaient beaucoup plus. Qu'avaient-ils tous avec cette robe ? Ne pouvaient-ils pas comprendre que ce n'était pas tant la question de la tâche que celle des souvenirs de la soirée associés au tissu ?

    « Tu peux la garder si elle te plaît. Il faudrait l'élargir au niveau du décolleté et des hanches, et la reprendre vers la taille, tu as plus de formes que moi mais c'est faisable. Si tu veux je la ferais porter au pressing ».

    Il y avait des gens, en effet, avec des produits magiques et de l'huile de coude dont l'effacement des tâches était le métier. Un métier honorable même si pas des plus intellectuels. Eirlys avait ses habitudes dans une petite boutique du niveau 2 qui s'y connaissait bien en tissus délicats et faisait des miracles sur les teintes irisées qu'elle utilisait habituellement. C'était simple. Ce n'était pas le problème. Elle ne voulait plus porter cette robe, c'était tout. Elle ne voulait plus porter aucune robe de soirée. Plus de masques. Plus de mensonge. La vérité sans fards. Elle soupire.

    « C'est vraiment gentil à toi de proposer. Ne le prend pas mal d'accord. Je n'ai pas toute ma tête ce soir. »

    Tête qu'elle secoua, faisant retomber ses boucles, d'autre s'échappant pour encadrer son visage, ombrant ses joues, accentuant ses traits. Ses yeux, d'un gris si profond qu'ils paraissaient presque noirs, suivaient avec fatigue et dépression son amie chercher un verre puis y verser le contenu de différentes bouteilles. En voyant le champagne, elle eut un sourire fatigué. La vie avait décidé de se montrer ironique. Il inspira un grand coup, prête à se lancer et à demander l'adresse d'un endroit tranquille pour passer la nuit. Un endroit payant bien sûr, l'idée n'était pas de squatter chez son amie. Elle ne voulait pas non plus pas que son père la retrouve et la ramène à la maison par la peau du cou comme un nouveau chaton pas sage. Or Magnus savait beaucoup de choses mais – elle en était certaine – Clio en savait plus encore sur les recoins salubres mais discrets de Pélagia. Elle ouvrit la bouche, interrompue par les tergiversations de la serveuse. Docile, elle prit une gorgée d'alcool, savourant les saveurs sucrées, presque enfantines. Elle rougit un peu. En réalité, elle buvait peu d'habitude. Elle n'aimait pas perdre le contrôle. Ah. Un moment de silence. Elle ouvrit la bouche, à nouveau, pour être interrompue, à nouveau. Un sourire de convenance s'installa sur son visage tandis qu'elle jaugeait l'inconnu. Hum. Elle ne savait pas quoi en penser.

    « Enchantée de vous rencontrer, Light. Et oui Clio, crois le ou pas, j'écoute quand tu parles. Il m'arrive même de retenir certaines choses. Light était un ami d'enfance que tu avais perdu de vue et que tu as retrouvé en prenant ce travail. Vous devez avoir mal à la tête, Light, à l'écouter bavasser toute la journée, non ? »

    Ils étaient repartis dans les gentillesses et les paroles recouvertes de miel. Mais, pour une fois, le léger sourire de la jeune femme était sincère. Et ses taquineries aussi.

Cal Gray
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MessageSujet: Re: All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125   All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125 Empty23.07.16 11:52 par Cal GrayCiter Editer Supprimer 




Antonine n’a pas besoin d’aide.
Et ça tombe bien, parce que Clio, elle, a l’air de s’être souvenu qu’il n’était pas qu’un simple élément du décor. Elle l’attrape par la main, ne lui laissant pas vraiment la possibilité de protester. Elle le traîne, en face de la jeune femme et commence à faire les présentations. Une des parties qu’il aime le moins après celle qui consiste à rencontrer des gens et à établir un contact avec eux. Les présentations. C’est toujours compliqué, de toute façon, et s’il doit encore broder un semblant d’histoire crédible sans impliquer Seis et le reste de leur bande de joyeux drilles, il a intérêt à répéter presque mot pour mot ce qu’il a déjà dit à Clio il y a plus d’un an.
Elle a bonne mémoire, Clio, hélas.

Pour faire bonne mesure, d’ailleurs, il lui colle une pichenette sur la joue. Elle a osé, la sale bête. Elle a osé prononcer son prénom.

« Tiens, ça c’est offert. »

C’est cadeau.
Light reporte son attention sur la jeune femme. Eirlys, de son prénom. Il continue de l’observer. Elle lui rappelle quelqu’un. Mais qui ? Là est la question. Mais il y a quelque chose de familier, chez elle, bien qu’il soit certain de ne l’avoir encore jamais croisée avant cette nuit. Il s’en souviendrait sinon.
En attendant de pouvoir trouver ce qui cloche dans le décor, il hausse vaguement les épaules en guise de moitié de réponse. Pour un peu, il mettrait ses mains dans ses poches. Sauf qu’il ne le fait pas.
C’est le niveau 1, ici, et Seis ne rigole pas avec l’accueil des clients, et il a très bien capté le regard dubitatif de celle qui est installée au zinc.

« Ce n’est pas vraiment la manière la plus gentille de parler d’une de ses amies, non ? Surtout, juste devant elle. Mais, bon, je vous laisserais régler ça entre vous plus tard. Quoiqu’il en soit, ravi de vous rencontrer aussi. Et si vous voulez vraiment que je réponde à la question, je peux toujours vous dire que si elle devait me donner mal à la tête à la fin de la journée à force de parler, je serais déjà migraineux depuis longtemps et j’aurais probablement plus de mal à me supporter moi-même que ce n’est déjà le cas. »

Il n’a jamais été un exemple en matière de silence. Le silence, ça ne lui va pas, il n’aime pas ça. C’est rarement bon signe, le silence. Mais c’est comme chez tout le monde. Ça dépend des sujets. Certains méritent plus son attention que d’autres.
Quand Seis ne dit rien, c’est qu’il y a quelque chose qui cloche quelque part. Le tout, c’est de trouver ce qui cloche. Comme cette vague impression familière. Elle est toujours là. Cette Eirlys lui rappelle définitivement quelqu’un.
Il se tourne légèrement vers Clio.

« Je vois que tu t’es chargée de relayer l’histoire, je ne sais pas vraiment si je dois te remercier pour ça. »

Retour vers Eirlys.

« Et puis, par ici, c’est assez calme, en général. On n’a pas autant d’affluence que si le bar était installé dans les niveaux deux ou trois. C’est plutôt une clientèle d’habitués ou de curieux qui veulent essayer la “nouveauté” qui est sous leurs yeux depuis un bon moment déjà. Par moments, on en arrive à s’ennuyer, c’est bête, mais c’est ainsi. Et puis, au moins, entre pipelettes, on est certains de toujours avoir quelque chose à se dire pour s’occuper en attendant de voir si la vaisselle va se faire toute seule. »

Ce n’est d’ailleurs toujours pas le cas.
Mais il sait à qui Eirlys lui fait penser. Et ça aussi, c’était sous ses yeux depuis le début. Yeux qui clignent vaguement, rapidement, sous l’effet de la surprise. Ça lui revient, maintenant. Manque de chance.
Light se retourne vers Clio, s’écarte un peu du zinc et jette un coup d’œil à Antonine par la même occasion, même si c’est à la rouquine qu’il s’adresse.

« Je te laisse t’occuper de la suite ? Il faut que j’aille dire quelque chose au maître des lieux, en plus de vérifier qu’il est toujours là. »



Clio Chatterton
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MessageSujet: Re: All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125   All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125 Empty23.07.16 20:06 par Clio ChattertonCiter Editer Supprimer 

Clio ne voulait tout simplement pas de cette robe. Elle ne voulait ni la porter parce qu’elle n’en aurait jamais l’occasion, ni même la stocker dans son armoire parce qu’elle avait d’autres choses à stocker. Et si Eirlys joignait le geste à la parole, elle la revendrait. Ou elle l’offrirait à sa mère, qui devait avoir les mêmes mensurations qu’Eirlys, quoique Vivian était plus mince encore. Parce que Vivian était malade. Très malade. Clio passa la main sur cette histoire, bien trop occupée à surveiller l’échange entre ses deux amis. Elle essuie la pique d’Eirlys sur le fait qu’elle parle – apparemment – trop tout comme elle ne prête qu’une pâle attention à la pichenette que Light lui assène. Bien sûr, qu’elle avait osé dévoiler son prénom. Ce n’est pas comme si quelqu’un qu’il ne connaissait pas allait porter une attention toute particulière à un prénom jusque-là inconnu. Elle hausse les épaules quand Light fait remarquer à Eirlys qu’elle n’a pas été très correcte envers la rouquine. Elle s’en moque pas mal, Clio. Ce n’était pas méchant. Ou alors, ce n’était pas voulu. Light lui demande si elle prend le relais, Clio acquiesce mais suit le regard que Light lance à Antonine sans le comprendre. Que se passait-il qu’elle ne saisissait pas ?

« Oh, oui. Vas-y, vas-y… Puis, même si un client devait par miracle arriver, je peux encore m’en occuper toute seule. Prends ton temps. » Clio se retourne vers Eirlys en souriant. « Bon, hé bien… C’était Light ! Ne le prends pour toi, il est constamment dans cet… Dans cet état, si on veut. Grognon, mais pas méchant. Je pense qu’il est comme ça quand il ne connait. Je n’en sais rien. Je pense. »

Elle tire un tabouret qu’elle pose devant Eirlys, se sert un verre avec l’eau du robinet et le dépose devant elle, sur le zinc. Assise, droite. Les mains posées sur les genoux. Le sourire accroché aux lèvres, comme indélébile.

« Alors, maintenant, lance-toi. Cet état, cette arrivée dans le bar… Je ne suis pas stupide, Eirlys. Ce n’est pas parce qu’un maladroit t’a renversé du champagne dessus que tu es comme ça – on ne se met pas dans un état pareil pour des choses aussi futiles. On s’énerve, d’accord. Mais pas au point de se décoiffer et de faire couler du maquillage. Alors, vas-y. Parle. Et bois, aussi. Ça te fera du bien. »




Dernière édition par Clio Chatterton le 23.07.16 21:48, édité 2 fois

Eirlys S. Hilbilge
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MessageSujet: Re: All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125   All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125 Empty23.07.16 21:01 par Eirlys S. HilbilgeCiter Editer Supprimer 

    Il devait y avoir dans l'air une nouvelle sorte d'Essence inodore et invisible qui rendait les gens agressifs. Ce n'était qu'une taquinerie pour briser la glace. Clio devait savoir qu'elle ne le pensait pas et il n'y avait pas de raison pour que son ami se montre aussi froid et protecteur. Enfin, elle savait déjà que ce n'était pas sa nuit et ce ne serait pas une mauvaise impression qui changerait quoi que ce soit à ce qu'était devenu son existence. Elle écouta poliment le reste du discours de Light puis le laissa s'éloigner. Pourtant, il y avait eu quelque chose d'étrange dans le regard qu'il avait posé sur elle. Quelque chose d'attentif, d'intense. Etait-ce de cela que parlait son amie quand elle avait évoqué le fait de se faire reluquer comme un morceau de viande ? Elle n'en n'avait pas l'impression. Ce regard n'était pas chargé de désir. Il était chargé de réflexions. Bah. Elle se faisait sûrement des films. Il se demandait probablement comment une fille se retrouvait dans un tel endroit et dans un tel état. Ou bien, comment il se faisait qu'elle et Clio se connaissait. Ou alors, il la trouvait pathétique. A moins qu'il ne s'agisse d'un savant mélange des trois, qui pouvait bien savoir. De toute façon, il était parti, et c'était tant mieux.

    Retournant au présent, Eirlys se surprend à hausser un peu les épaules. Si elle devait se fâcher à chaque grognement d'ours qu'on lui assène, elle n'aurait pas survécu un an à son frère et son penchant pour balancer la figure des gens dans leur propre merde. Les reproches et les remarques, certes, entraînaient des remises en questions mais elles n'étaient pas pour plaire à l'autre, elles étaient toujours pour évoluer soi, pour lui permettre, elle, de devenir quelqu'un de meilleur, de plus juste et de plus conscient de qui elle était vraiment. S'il fallait en croire les retours de la soirée, elle était une stupide petite chose amère et pleurnicharde. Bien. Soit. Elle reprit une gorgée de bulles, laissant le sucre atténuer l'amertume de l'alcool.

    « Ce n'est rien. Une accumulation de plusieurs petites choses. J'ai beaucoup de travail ces temps-ci, entre ma position, les événements sociaux et mes dossiers, je n'ai pas vraiment le temps de me poser. » ou de dormir, ou de manger si elle voulait être parfaitement honnête. Mais cet état de fait n'était pas à imputer seulement sur Magnus, c'était une fuite en avant, un combat déjà perdu contre quelque chose de plus fort et de plus grand qu'elle qui lui troublait l'esprit. « Quand j'ai été...aspergée disons, j'ai été prise par surprise. J'ai crié, je me suis donné en spectacle et je me suis enfuie dans les jardins. Gil m'y a suivie, il a tenté de me consoler mais nous nous sommes disputés – je pense que je suis très maladroite ce soir. C'est dommage parce que c'était notre première discussion sincère depuis très longtemps. - enfin bref, je me suis enfuie à nouveau, j'ai erré un peu, puis je suis venue ici sans vraiment l'avoir décidé. Je suis consciente de ne pas avoir de droit de me plaindre. Ce que je vis est sans commune mesure avec ce que d'autres peuvent supporter. J'ai juste besoin, pour ce soir, de n'être ni jugée, ni jaugée. »

    Elle reprit une nouvelle gorgée, fixant de ses yeux fatigués le ballet des bulles dans sa flûte rosée. Il lui semblait avoir le poids de l'océan sur les épaules. Elle savait que son amie pouvait comprendre ça. Elle espérait qu'elle ne prendrait pas son récit comme un reproche. Elle n'essayait pas d'insinuer que Clio la jugeait. Au contraire.

Clio Chatterton
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MessageSujet: Re: All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125   All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125 Empty23.07.16 21:50 par Clio ChattertonCiter Editer Supprimer 

Clio n’était pas dupe. Elle n’était pas diplômée, n’avait pas eu à porter la toge et l’espèce de chapeau bizarre dont elle ne se rappelait pas du nom mais elle n’était pas dupe. Elle n’avait pas eu besoin d’étudier la médecine ou la communication ou l’Histoire ou qu’importent les disciplines qu’on étudie à l’université pour comprendre qu’il y avait bien plus que le « travail », que la « position », que les « événements sociaux » ou que les « dossiers » derrière cette affaire. Il y avait autre chose. D’autres choses, peut-être. Il y avait une sorte d’abcès qu’Eirlys se refusait à percer, à faire éclater. Peut-être par peur du pu, peut-être pour continuer à se bercer dans des illusions de « Je vais bien, tout va bien ». Pourtant, c’était là et ça ne trompait personne. Du moins, ça ne trompait pas Clio. Peut-être les riches avaient-ils trop de paillettes, trop d’or, trop de champagne dans les yeux, dans le sang, dans la merde que pour voir que quelque chose n’allait pas chez cette jeune personne. Et c’était tout bonnement malheureux. Tout bonnement affligeant. Particulièrement désespérant.

Gil était un grand garçon. Il se remettrait de cette dispute sans que Clio ait à tapoter son dos en attendant qu’il ait craché sa rancœur. Clio ne pouvait tapoter que sur le dos d’une seule personne à la fois. Et ce soir, elle tapoterait sur le dos d’Eirlys, quitte à ce que celle-ci doive toucher le fond. Car une fois que le fond est atteint, il faut le vouloir pour tomber encore plus bas. Eirlys ne pourrait que remonter. Elle avale une gorgée de son verre d’eau, tranquillement, les yeux braqués sur Eirlys. Le sourire n’est plus de circonstances. Eirlys estime ne pas avoir le droit de se plaindre et il est vrai que si elle comparait sa vie avec ce que d’autres personnes subissaient, elle n’y aurait pas le droit mais Clio fera exception. Car se plaindre, c’est parfois la meilleure chose à faire.

« Je ne suis pas habilitée à juger les autres. Du moins, je ne suis pas habilitée à juger les personnes qui ne le méritent pas. En l’occurrence, tu n’es pas une vieille sournoise qui hurle pour un diamant trop petit ou un petit gras qui, comme on dit dans le Niveau Trois, « pète plus haut que son trou de balle ». Je ne suis pas habilitée à te juger, Eirlys. » Elle repasse une mèche derrière son oreille – cette foutue mèche qui ne cesse de tomber contre sa joue ronde – et elle reprend. « Cela dit, je ne suis pas dupe, Eirlys. D’accord, il y a la pression du travail et, apparemment, la pression de la société mais je ne suis pas dupe. Il y a autre chose. Alors continue. »





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MessageSujet: Re: All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125   All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125 Empty23.07.16 23:10 par Eirlys S. HilbilgeCiter Editer Supprimer 

    Il y avait un peu de surprise dans les yeux qu'Eirlys releva sur Clio. Autre chose ? Vraiment ? Elle n'avait pas l'impression qu'il y ait quelque soit d'autre. Elle réfléchit, défaisant une à une les épingles de son chignon pour laisser tomber dans son dos ses longues boucles brunes et épaisses qui s'épanouissait en mèches lourdes sur la peau dévoilée par le décolleté dorsal de sa robe. Si elle en a l'expression, elle n'a pas l'immobilité de son frère. Celle-ci est réservée aux événements graves. Elle ne veut pas que sa crise soit grave. Une simple petite remise en question, sûrement, rien de plus.

    « Je pense que c'est cette histoire de fiançailles... » Elle n'avait pas plus parlé à Clio de son fiancé qu'elle ne l'avait fait de son frère avant mars dernier. « Mes parents m'ont appariée avec cet homme...je n'ai rien contre lui, c'est à peine si l'on se connaît. Ce n'est pas un mauvais bougre. Il essaie de me faire croire qu'il m'aime mais n'est pas très convainquant. Seulement... » Seulement il n'est pas Seisyll. Et, à défaut de ne pas l'être, Seisyll n'est pas là comme il l'aurait du, pour l'épauler, donner son avis, se moquer, casser la gueule de ce type qui fait les yeux doux à sa sœur. Il n'est pas là pour soutenir son âme et comment peut-être continuer avec juste une moitié d'âme ? Elle secoue la tête, achevant de libérer sa chevelure. « C'est compliqué. Dans ma tête. Je ne vois plus que des masques. Et là, ce soir, je pense que j'ai atteins ma limite. Je ne peux pas être deux personnes. Je ne peux pas être à la fois la jolie poupée écervelée, éduquée, souriante, maîtresse d'elle-même et de la maison, et le fils ambitieux, fort et travailleur. Je ne peux pas m'enfermer dans un mariage le soir et jouer à la femme indépendante le jour. Je ne peux pas avoir deux visages. Je n'y arrive pas. Plus j'essaie, et moins ça marche. Et, en même temps, je ne peux pas me permettre de tout envoyer valser et de partir suivre mes rêves ou autre folie du genre. Parce que je dois à Pélagia d'exister et qu'il n'est que justice que je lui rende ce qu'elle a investi en moi. Parce que j'aime mes parents et que Père serait dévasté de me perdre moi aussi. Parce que Sixtine ne s'en remettrait pas. Et parce que je ne veux pas être inutile. Ou pleurnicharde. Ou puérile. Et pourtant, je suis tout ça et où que je regarde, je ne vois que des murs, comme s'il n'y avait pas d'autre solution que de continuer à marcher. »

    Elle a laissé son verre. Elle n'a pas encore tout dit. Elle a passé sous silence la terrible violence paternelle, les mots si forts et si douloureux qu'il utilisait pour parler de son frère, le silence de sa mère, qu'elle méprise autant qu'elle l'aime, la pression du niveau 1, de son excellence, l'absence de vrais rires, d'amusement, de vacances, de repos. Elle a besoin de repos. Celui de l'esprit que l'on a en se changeant les idées avec des amis. Quand on en a. Et la soudaine réalisation que, sans Seisyll, Eirlys n'a pas d'amis et que c'est l'ours grognon le sociable des deux. Si elle attirait les gens, lui les séduisait alors que l'austérité de la jeune femme en refroidissait plus d'un....

Cal Gray
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MessageSujet: Re: All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125   All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125 Empty23.07.16 23:50 par Cal GrayCiter Editer Supprimer 




Quand il revient vers le bar, Light a envie de faire demi-tour. De s’enfermer quelque part, dans le bureau de Seis et de rester là, à le fixer, en attendant que quelque chose se passe.
Il n’a pas le choix, il est obligé de retourner dans la salle, et ce n’est pas vraiment de gaité de cœur qu’il le fait. En passant, en retournant derrière le zinc, il glisse le papillon à Antonine.

« Tiens. »

Le napperon en papier est calmement rangé dans sa poche. Il attend, de savoir s’il doit le sortir ou pas. En attendant, il contemple la salle vide et croise les bras, sans rien ajouter de plus. Il sait que Clio va lui poser des questions. Parce qu’il a l’air encore plus de bonne humeur qu’en entrant pour commencer son service. Clio se doute de quelque chose, et Clio est curieuse. Pire. Il y a encore la question de Seis qui l’agace. Et si son patron avait raison et que le sous-entendu de sa question était parfaitement fondé ? La curiosité de la rouquine n’en serait que plus gênante.
Light repousse l’idée dans un coin de sa tête comme il sait si bien le faire. Il n’a pas envie de penser à ça. Il veut juste pouvoir se dire que la gamine qu’il a connue dans le niveau trois n’a pas tant changé que ça. Qu’elle n’a pas choisi de camp, contrairement à lui. Clio ne pense qu’au travail.
Oui, et Magnus emploie des gens, rappelle-toi. Crétin.

Le mercenaire réprime un soupir. Il n’a pas vraiment le temps de réfléchir à tout ça. C’est Antonine qui l’interrompt. Antonine qui a décidé qu’elle allait suivre le message de Seisyll. Pas forcément celui auquel il s’attendait. Nine l’embrasse. Ça le surprend, il ne sait absolument pas comment réagir, et c’est sans doute mieux comme ça. C’est plus vrai.
Light a déjà eu des vues sur la journaliste. Pendant un moment. Avant de découvrir qu’elle aussi avait une arme à feu dans son sac et était capable de s’en servir en plus d’être capable de tuer sans vraiment avoir de scrupules. Mais il ne niera pas non plus qu’il s’attendait plutôt à se faire frapper.
Elle le frappera sûrement à la sortie du bar.

Finalement, il se tourne vers Clio, hausse les épaules et articule en silence : je suis censé faire quoi, là ?. Le pire, c’est qu’il n’en sait vraiment rien.
Retourner vers Antonine, entamer une prétendue discussion banale avec elle ? D’abord, il a un cocktail à offrir à Eirlys et une heure de travail à épargner à sa collègue. Il jette un coup d’œil à Antonine. Oui. Il retournera discuter avec elle, de toute façon. Communiquer sur des sujets sensibles sous couvert d’une conversation banale, ils ont appris à faire.

Light soupire un peu. Il a toujours un cocktail à faire pour l’employée de Magnus qui est installée au bar, alors il s’y met. Refait le même que lui a d’abord fait Clio.

« Ah, oui, Clio. Le patron t’accorde de partir une heure plus tôt, si Eirlys ne va pas mieux d’ici là. Je ferai la fermeture, t’en fais pas. »

Il hésite à rajouter “pas comme si j’avais envie de dormir” mais ne le fait pas. Il dispose le napperon de papier sur le zinc, feignant de l’avoir pioché dans ceux posés près des verres, et installe le verre tranquillement dessus, s’adressant à Eirlys.

« Et celui-ci est offert. »

Et avec un léger sourire sur les lèvres, il va voir Antonine, en cherchant quelque chose qui ne soit pas complètement bête à dire. Quelque chose d’autre que “tu as abandonné tes projets qui consistent à avoir ma tête sur une étagère chez toi ?”
Quelque chose qui ressemble à une conversation normale.



Clio Chatterton
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MessageSujet: Re: All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125   All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125 Empty24.07.16 11:40 par Clio ChattertonCiter Editer Supprimer 

Clio n’était pas entraînée à ça. A écouter les problèmes graves des gens, assise derrière son comptoir. D’habitude, elle entendait des jérémiades, des « Je ne sais pas ce que je dois faire pour être belle » ou autres niaiseries, le genre de niaiseries évoluant sous l’œil critique de la société. Elle ne savait alors pas comment réagir à cette histoire de pression du boulot – bien qu’elle ne la connaisse que trop bien, à force d’avoir du cumuler les emplois – tout comme elle ne savait pas comment réagir à cette histoire de fiançailles. Encore un peu et elle serait prête à abandonner le bar là, à lui-même, que Light soit à ses côtés ou derrière, avec le patron, pour aller claquer des têtes. Parfois, Clio rêvait d’être un poulpe. Pour pouvoir baffer huit personnes en même temps. Elle ne comprenait pas cette manie qu’avaient les gens du Niveau Un à essayer de marier les personnes non pas par le cœur, mais par le porte-monnaie. Clio roule des yeux, agacée par ce besoin d’enfermer les cœurs. Comme si un cœur pouvait vivre en cage… Elle passe une main sur ses lèvres en fermant les yeux. Pourquoi était-ce toujours à elle de réparer les conneries des autres ?

Un geste sur le côté, un éclair blanc qui passe d’une main à l’autre. Clio observe Light tout en réfléchissant aux paroles d’Eirlys. Elle repense au regard qu’il ne lui a pas adressé, à ce regard qu’il a jeté à Antonine, assise au bar. Elle détourne les yeux mais pas assez pour manquer le baiser qu’Antonine presse sur Light. Elle écarquille les yeux. Elle ne les avait jamais vus s’embrasser, pourtant ce n’était pas faute d’avoir croisé Antonine au bar plus d’une fois. Light lui-même ne lui avait jamais parlé de cette relation – pourtant, ce n’était pas comme si c’était le genre de secret gênant qu’on cache à son amie d’enfance… Si ? Elle croise le regard Light, l’articulation silencieuse d’un « Je suis censé faire quoi, là ? » auquel elle répond, les yeux écarquillés, par un silencieux « Putain mais t’as fait quoi, surtout ? ». Abasourdie, elle observe Light s’afférant à préparer un cocktail. Sûrement pour sa « conquête ». Elle repose ses yeux sur Eirlys et un « cocktail offert » arrive sur le zinc. Disposé sur un joli napperon en papier, qui plus est. Elle se retourne brusquement vers Light pour lui assener un « Mais bordel ! T’as mangé de la gentillesse en boîte avant de partir ou comment ça se passe ? » mais elle est coupée par une permission de partir plus tôt. Pourquoi veut-on qu’elle parte plus tôt ? Elle ne rien demandé, elle ! Elle peut rester jusqu’à la fermeture. Mais il y a Eirlys. Clio s’adoucit.

« De toute façon, qu’elle aille mieux ou pas d’ici-là, elle repart quand même avec moi. Il y a apparemment un grand ménage en préparation… Tu es sûr que tu veux que je parte ? Parce que je peux rester, sinon. » Elle repose ses yeux sur Eirlys, droit dans les yeux. « Je ne te laisse pas le choix, Eirlys. Tu vas rentrer avec moi. Chez moi. Et on va tout remettre dans l’ordre, même si on doit y passer le restant de la nuit et prendre une bonne partie de la matinée. »







Dernière édition par Clio Chatterton le 24.07.16 17:25, édité 1 fois

Eirlys S. Hilbilge
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MessageSujet: Re: All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125   All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125 Empty24.07.16 12:23 par Eirlys S. HilbilgeCiter Editer Supprimer 

    Le silence est parlant. Il dit tout ce qu'il y a à dire, c'est à dire rien et Eirlys est de nouveau confronté au néant de ses possibilités. Il n'y a rien qu'elle puisse dire, ou faire, pour régler son problème. Sa robe est ruinée. Elle ne pourra plus jamais la remettre. Ces mots qu'elle avait tenté de dire, d'abord à Gil, puis à Clio et sans le vouloir à Light, ces mots sont plus qu'ils ne le laissent entendre. C'est la synthèse métaphorique de ce qu'il vient de se passer. Et c'est pour ça qu'elle a frappé Gil. Et c'est pour ça qu'elle aurait frappé Light si elle avait eu conscience de ses pensées. Et c'est pour ça qu'elle avait répondu n'importe quoi à Clio. Elle s'en fiche, de la robe en elle-même. Elle aurait très bien pu la laisser dans un coin pour que les employées de maison la ramasse et s'en occupe puis décider plus tard de la remettre, ou non, comme elle le sentirait. La robe c'est son père. C'est sa place dans la société. C'est le Niveau 1 en entier, son existence, ce qu'on l'a entraînée à faire. C'est joli, délicat, fragile. Ce n'est pas elle qui l'a commandée, choisie ou qui ait décidé de la porter. La robe est son masque et son masque est tombé quand, elle ne sait pourquoi, ses yeux se sont brutalement ouverts sur le monde qui l'entourait. Sa robe est ruinée. Et maintenant qu'elle voit, qu'elle comprend, qu'elle affronte, elle sait avec toute la lucidité qui lui a toujours pourri la vie qu'elle ne pourrait plus faire semblant, fermer les yeux, détourner le regard. Elle ne pourra plus jamais la remettre. La femme qu'elle connaissait n'est plus. Elle n'a plus de masque, elle est vulnérable et nue dans un monde d'apparence.

    Light revient. Il ne leur adresse pas un regard tandis qu'Eirlys le suit vaguement des yeux tandis qu'il se rapproche de la jeune femme au bar. Un baiser est échangé. La jeune femme soupire, détournant les yeux, sans surprise ni gêne. Ces gens font bien ce qu'ils veulent. Elle reporte son attention vers le bar, laissant les intrigues amoureuses se lier et se délier entre les trois employés. Elle-même n'est que trop consciente de son inexpérience en ce domaine. Elle n'est jamais tombée amoureuse. Elle n'a jamais embrassé personne ni connu l'étreinte d'un homme. Tout ce qu'elle a eu étaient des danses plus ou moins rapprochées, quelques jeux de mains et des murmures frôlant son cou. Ca ne lui manque pas. Elle n'a pas le temps de tomber amoureuse.

    Et puis, sans attendre qu'elle ait fini sa première coupe, l'homme s'approche d'eux à nouveau, lui en collant une nouvelle d'autorité sous le nez. Pauvre service. Trop surprise pour réagir vraiment, la jeune femme murmure un « merci » étonné, regardant Light avec une légère stupéfaction. Elle a l'impression que ce type la déteste. Ca ne la dérange pas, mais quelque part, ça l'interroge. Elle hausse mentalement les épaules. Elle se fait probablement des idées. Voyant une goutte d'eau, sûrement due à la condensation tombée sur le zinc, elle s'amuse à l'étirer du bout du doigt pour lui donner une forme. Son regard est attiré par des écritures sur le napperon. Elle s'approche, curieuse, retirant son verre pendant que Clio et son collègue parlent. Les chiffres sont autant de mots dans son esprit. Quand on a grandit avec Seisyll, on sait coder et décoder comme l'on respire, un talent qu'elle a toujours caché à Magnus sans vraiment savoir pour quoi.

    Lorsque Clio vient saisir son regard, elle a déjà sorti une gomme de son sac, dissimulée dans la paume de sa main fermée. Elle s'efforce de sourire, cachant le truc en papier de son bras, par réflexe.

    « Si tu veux, Clio. Mais je ne veux pas que tu aies d'ennuis pour moi. J'ai deux verres, je peux très bien attendre la fin réelle de ta journée de travail, cela ne me dérange pas. Ton ami n'a certainement pas envie d'avoir le double de travail si tard dans la nuit. Voit avec lui ce qui vous dérange le moins et ne vous en faites pas pour moi. Je te promets de ne pas m'enfuir pendant que tu auras le dos tourné. »

    Elle a bien autre chose à faire. Une énigme à résoudre. Parce que si le code est très facile à comprendre, son message déjà semble un rien plus confus et son émetteur reste un mystère. Le seul à pouvoir avoir lu les règles du Livre était son frère. Sauf que celui-ci était mort. Elle joue une petite seconde avec l'idée que la femme au bout du comptoir soit cette Swann dont parlait tant son frère et qui aurait survécu à l'explosion mais elle ne colle pas du tout avec la description qu'en faisait son jumeau ; Pourtant, si Seysill avait pu parler des règles d'Eirlys, ça ne pouvait pas être à quelqu'un d'autre. Swann aurait également pu être ce « patron » si discret dont avait parlé Clio si ce n'était que cette dernière en parlait au masculin et que Swann – bien évidemment – était une femme. Pas de Swann donc ou alors quelqu'un en qui Swann aurait toute confiance ? Au point de lui apprendre le Code par cœur ? Dernière hypothèse, leur Père a lu le code et c'est lui qui se cache derrière cette farce. L'idée la fait frissonner. Elle doit savoir. Discrètement, elle attrape sa gomme, enlevant tous les chiffres, ne laissant que le 1 du 15. Elle pose alors le bas du carton sur la goutte d'eau, le laissant s'imbiber.

    « Excusez-moi...Light c'est ça ? Je suis maladroite, j'ai renversé de l'alcool sur ce napperon. Pouvez-vous l'échanger s'il vous plaît ? Avec mes excuses... »

Cal Gray
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MessageSujet: Re: All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125   All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125 Empty24.07.16 13:35 par Cal GrayCiter Editer Supprimer 




Au bout d’une ou deux minutes, Antonine lui fait signe de la laisser.
Bien, madame, comme vous le souhaitez, madame. Light s’éloigne. Continuer de jouer leur petit jeu commencé par Seisyll. Ils auront tout le temps de le continuer, et retourner faire son job de barman fait partie du tableau, de toute façon. En plus, il n’a toujours pas répondu aux questions de Clio. Sur le moment, il avait décidé de les ignorer. La question silencieuse, comme celle qu’elle avait énoncée à voix haute. Qu’est-ce qu’il avait fait ? Oh, rien. Il a juste donné un papier à Antonine. Ça pouvait passer pour tout et n’importe quoi. L’imagination de Clio peut faire le reste.
Elle doit savoir qu’Antonine et lui se connaissent depuis un moment. Si elle ne soupçonnait aucune relation de ce genre entre la journaliste et lui, c’est probablement parce qu’il n’y en a pas. C’est une façade. Un petit jeu qui lui plaît pas mal, finalement.

Et l’autre question ? Light adresse un vague sourire à la rouquine.

« Tu peux y aller, je saurai me débrouiller si tu pars plus tôt. Après, tu fais comme tu veux, je ne t’empêche pas de rester non plus. Et puis, au final, ce n’est pas non plus comme s’il y avait toujours foule ici. »

Il saura très bien gérer le bar une fois qu’elle sera partie. Il se peut même que le bar ferme juste après son départ, ce soir. Qu’il se prenne la gifle à laquelle il s’attend tellement. Que Seis sorte de son bureau et que derrière les murs de l’établissement respectable du niveau 1 se tienne une sorte de cellule de crise. Eirlys. Eirlys est peut-être sur une piste, Light ne doute pas que son patron a fait passer un message en douce. Lequel, il n’en sait encore rien mais il pourra toujours creuser la question plus tard.
La seule chose qui est certaine, dans toute cette histoire, c’est que les membres de leur petit groupe de faussaires ne dormiront pas avant un moment, pour ne pas dire qu’ils ne dormiront tout simplement pas cette nuit. De toute façon, ce n’est pas lui que ça dérange. Les horaires complètement décalés, ça le connaît.

Il s’approche un peu de Clio pour lui parler dans l’oreille.

« Et comme je sais déjà que tu vas insister, oui, je te raconterai pour Antonine. Demain. »

Il aura tout le temps qu’il veut pour s’accorder avec elle sur une version crédible à donner à la rouquine s’il le faut. Ou si elle n’essaie pas de le tuer juste après. Elle risquerait d’être trop rapide et de l’achever avant que Seisyll ne vienne confirmer que c’est vraiment son idée.
Finalement, c’est Eirlys qui l’appelle. Eirlys et son napperon en papier détrempé. Light acquiesce, ajoute un “pas de problème” et revient vers le zinc pour attraper le petit morceau de papier décoré de dentelle dont la méthode de découpe lui échappe encore. Il n’y a plus rien dessus. Plus de numéros. Sauf le 1, désespérément seul et vaguement effacé par le liquide qui a imbibé le papier. Les autres chiffres n’existent plus sur la surface blanche de la feuille, c’est tout ce qu’il remarque.
Ils n’ont même pas été atténués par l’eau, ou quoi que ce soit d’autre. Comme un coup de gomme. Mais il ne va pas tergiverser là-dessus.

Il attrape un nouveau napperon et le glisse sous le verre.

« Voilà. Et si jamais vous n’aimez pas les napperons, vous pouvez le laisser de côté, il partira avec le ménage avant la fermeture. »

Ce n’est qu’un napperon.
Un petit morceau de papier finement découpé.



Clio Chatterton
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MessageSujet: Re: All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125   All my friends are heathens. / Clio, Eirlys - 06.125 Empty24.07.16 17:27 par Clio ChattertonCiter Editer Supprimer 

Clio allait avoir besoin de temps pour noter les questions qui lui trottaient dans la tête. Le regard, d’abord. Ce regard qui lui sautait aux yeux dès qu’elle observait Antonine ou Light. Puis le baiser, il faudrait y penser aussi. Pourquoi diable Antonine avait-elle embrassé Light ? Et pourquoi s’était-il laissé faire, aussi ? Ils n’avaient rien d’un couple. Elle ne se rappelait pas avoir jamais vu un geste d’affection de l’un envers l’autre et inversement. Elle les avait toujours vu se chamailler mais ça n’allait pas jusqu’au flirt. Alors pourquoi ? Est-ce qu’ils lui avaient caché ça ? Puis, le billet qu’il lui avait passé, aussi. Qu’est-ce que c’était ? Et le cocktail gratuit ? Depuis quand offrait-il des cocktails gratuits aux clientes ? Depuis quand offrait-il des cocktails gratuits aux clients après avoir embrassé une autre femme ? Elle ne pouvait même pas même ça sur le coup d’une tentative de séduction, lui qui s’était montré si agressif aux premiers abords. Décidément, rien ne tournait rond. C’était bizarre. Les manières de Light étaient bizarres, ce soir. Elle serait obligée de lui en toucher un mot. Et d’en toucher un mot à l’autre, aussi. Eirlys s’inquiète de lui causer des ennuis. Clio hausse des épaules. Light lui a assuré qu’elle pouvait partir sans encombre, que le patron la libérait. Et pourquoi la libérait-on si tôt ? N’est-elle pas censée rester pour le rangement, après le service ? N’est-elle pas censée rester pour le service ? D’un côté, elle vivait ce renvoi chez elle comme une punition. D’un autre côté, elle le vivait comme une bénédiction. Elle pourra se consacrer à Eirlys et avec le bordel qu’elle avait mis dans sa vie.

« Tu vois, Eirlys. Tu ne me causeras pas de problème puisque le patron a lui-même donné son accord. Et puisque Light est d’accord… Nous reprendrons ta conversation depuis le début une fois que nous serons à l’appartement. Tu seras sûrement plus à l’aise sans cette robe et après avoir pris un bain. »

Elle observe Eirlys en souriant, plus calmement que d’habitude. Elle sent la présence de Light près d’elle, proche de son oreille. Il lui murmure que demain, elle saurait pour Antonine. Clio soupire. De soulagement, probablement.

« Bon. Prends le temps de terminer tes verres, nous rentrerons par la suite. En attendant, je vais déjà commencer à ranger deux-trois petites choses. Pour que tu aies un peu moins à ranger en attendant. »

Et elle s’affaire à continuer de nettoyer les verres trempant dans l’évier, sans se soucier de cette histoire de napperon en papier à changer. Les gens du Niveau Un faisaient toujours des manières.





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